Hódmezővásárhely MJV Polgármesteri Hivatal
Városfejlesztési és Építéshatósági Iroda
a közszolgálati tisztviselőkről szóló 2011. évi CXCIX. törvény 45. • (1) bekezdése alapján
pályázatot hirdet
pályázati ügyintéző
munkakör betöltésére.
A közszolgálati jogviszony időtartama:
határozatlan idejű közszolgálati jogviszony.
Foglalkoztatás jellege:
Teljes munkaidő
A munkavégzés helye:
Csongrád megye, 6800 Hódmezővásárhely, Kossuth tér 1.
A közszolgálati tisztviselők képesítési előírásairól szóló 29/2012. (III. 7.) Korm. rendelet alapján a munkakör betöltője által ellátandó feladatkörök:
1. melléklet 32. Település-, terület- és vidékfejlesztési, település-üzemeltetési feladatkör I. besorolási osztály
A munkakörhöz tartozó főbb tevékenységi körök:
Közreműködik a pályázatokkal kapcsolatos előterjesztések készítésében, a pályázati eljárások külső és belső lebonyolításában, gondoskodik az egyes eljárások megfelelő dokumentálásáról. Az eljárásokról beszámolókat, jelentéseket készít, figyelemmel kíséri a pályázati kiírásokat. A benyújtott pályázatokat menedzseli, rendszeresen információt ad a projekt előrehaladásáról.
Jogállás, illetmény és juttatások:
A jogállásra, az illetmény megállapítására és a juttatásokra a közszolgálati tisztviselőkről szóló 2011. évi CXCIX. törvény rendelkezései az irányadók.
Pályázati feltételek:
A pályázat részeként benyújtandó iratok, igazolások:
A munkakör betölthetőségének időpontja:
A munkakör legkorábban a pályázatok elbírálását követően azonnal betölthető.
A pályázat benyújtásának határideje: 2017. június 25.
A pályázatok benyújtásának módja:
A pályázati eljárás, a pályázat elbírálásának módja, rendje:
A pályázatok szakmai véleményezés után kerülnek elbírálásra. A kinevezésről a polgármester egyetértésével a jegyző dönt. Minden pályázó írásban értesítést kap az eredményről. A pályázat kiírója fenntartja a jogot arra, hogy a pályázatot eredménytelennek nyilvánítsa.
A pályázat elbírálásának határideje: 2017. július 23.
A pályázati kiírás további közzétételének helye, ideje:
A munkáltatóval kapcsolatban további információt a www.hodmezovasarhely.hu honlapon szerezhet.
A KÖZIGÁLLÁS publikálási időpontja: 2017. június 10.
A pályázati kiírás közzétevője a Közszolgálati Személyzetfejlesztési Főigazgatóság (KSZF). A pályázati kiírás a közigazgatási szerv által a KSZF részére megküldött adatokat tartalmazza, így annak tartalmáért a pályázatot kiíró szerv felel.
« Si on veut contraindre les partis à s’ouvrir, à se renouveler, la proportionnelle est la pire des solutions », prévient le politologue alors que le débat s’est ouvert après le premier tour des législatives. PROPOS RECUEILLIS PAR CARL MEEUS On s’oriente vers une majorité absolue de la République en marche, avec quelques 400 députés. […]
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La Grèce et l’euro, c’est une Odyssée qui débute en 1991. Retour sur une crise sans fin au lendemain d’un nouvel Eurogroupe qui a accordé un nouveau prêt de 8,5 milliards d’euros à ce pays.
- Quai d’Orsay, juin 1991
La scène se passe dans le bureau de Pierre de Boissieu, l’un des deux négociateurs français, avec Jean-Claude Trichet, alors directeur du Trésor, du traité qui va devenir le traité de Maastricht. Ce diplomate haut en couleur explique à quelques journalistes le mécanisme de passage à la monnaie unique qui ne s’appelle pas encore l’euro, mais l’écu. Il insiste sur le fait que les douze États membres de l’époque en deviendront tous membres. Un journaliste s’étonne : « mais la Grèce, vu l’état de son économie et de son administration publique, n’a aucune chance d’en faire partie ! » Réponse méprisante de Boissieu : « la Grèce, c’est notre club Méditerranée, on a les moyens de se la payer »… Il ne croyait sans doute pas si bien dire : vingt-six ans plus tard, la Grèce est certes bien membre de la zone euro, mais, comme c’était prévisible, elle est en faillite depuis 2010, administrée par ses partenaires et le Fonds monétaire international (FMI) et il a fallu lui prêter plus de 320 milliards d’euros…
- Santa Maria da Feira, juin 2000
La Grèce a loupé le premier train de l’euro : seuls onze pays se sont qualifiés, en juin 1998, pour faire partie de la monnaie unique lancée le 1er janvier 1999. Mais elle a déjà réussi à obtenir, en 1996, malgré le scepticisme allemand sur se capacité à rejoindre un jour les pays qualifiés, que le nom d’euro soit inscrit en lettres grecques sur les billets. En mars 2000, Costas Semitis, alors Premier ministre socialiste de Grèce, officialise la candidature de son pays à l’euro qui respecte la plupart des critères de convergence : même si sa dette est encore de 104 % du PIB, son déficit public n’est que de 1,3%. Réunis au Portugal pour un sommet, les quinze chefs d’État et de gouvernement de l’Union, dont Jacques Chirac et Lionel Jospin, donnent un feu vert à cette adhésion après les rapports enthousiastes de la Commission et de la Banque centrale européenne (BCE). La Grèce entre dans la zone euro le 1er janvier 2001, un an avant l’apparition de la monnaie fiduciaire. La presse européenne s’extasie sur « le miracle grec ».
- Athènes, septembre 2004
Un audit des finances publiques mené par le nouveau premier ministre conservateur, Konstantinos Karamanlis, révèle que les comptes publics ont été maquillés, le déficit public réel étant deux fois supérieur à celui affiché : 3,4 % en 1999 au lieu de 1,9 %, 4,1 % en 2000 au lieu de 2 %, 3,7 % en 2001 et 2002 au lieu de 1,4 %, 4,6 % en 2003 au lieu de 1,7 %, 5,3 % en 2004 au lieu de 1,2 % annoncés. Explication officielle : l’État a « omis » de comptabiliser des dépenses d’investissement militaire... Les partenaires d’Athènes ne réagissent pas, pas plus que la Commission, alors présidée par Romano Prodi, qui se contente de souligner que ce mensonge gravissime ne remet pas en cause sa qualification de la Grèce pour l’euro. L’exécutif européen propose simplement de donner des pouvoirs d’investigation à Eurostat, l’office européen de statistiques, une proposition que Berlin et Paris bloquent immédiatement par peur que l’on vienne fouiller dans leurs propres comptes…
- Berlin, février 2009
La crise financière de 2007-2008, et l’accroissement brutal de la dette publique qui en est résulté, a brutalement tendu les taux d’intérêt des pays les plus fragiles de la zone euro : jamais depuis le lancement de l’euro, les écarts de taux entre l’Allemagne et ses partenaires n’ont été aussi importants. En janvier 2009, alors que le bund allemand est à 2,90 % , le taux portugais atteint 4,19 %, le taux italien 4,41 %, le taux irlandais 4,62 % et le taux grec 5,34 %, soit un écart de 244 points de base, ce qui est faramineux ! Le message est clair : les marchés doutent de la solvabilité de certains pays et parient sur l’éclatement de la zone euro. Paris, Berlin, la Commission et la Banque centrale européenne comprennent immédiatement la gravité de la situation. En marge d’un G7 finances au Canada, ils se concertent afin de mettre au point leur réaction. L’Italie qui est tenue à l’écart pour des raisons de confidentialité n’apprécie pas. Il est convenu que l’Allemagne, en grande coalition entre la CDU-CSU et le SPD, va envoyer un signal aux marchés. En février, le social-démocrate Peer Steinbrück, déclare, — après avoir jugé que les spéculations d’un éclatement de la zone euro étaient « absolument absurdes » — que si « certains pays rencontraient progressivement des difficultés avec leurs paiements » de la dette, « nous nous montrerions en capacité d’agir pour stabiliser ces pays ». Vendredi, il a remis le couvert pour être certain d’être bien compris des marchés : « les traités de la zone euro ne prévoient aucune aide en faveur de pays devenus insolvables, mais en réalité les autres États seraient obligés de secourir ceux qui rencontrent des difficultés ». Et d’appeler à une « démarche commune » des pays européens. Le message est reçu et les marchés se calment
- Luxembourg, octobre 2009
« Je suis très impressionné par le décalage » entre les anciens et les nouveaux chiffres du déficit public grec, s’exclame Jean-Claude Juncker, le Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, à l’issue d’une réunion des ministres des Finances de la zone euro qui a eu lieu dans la capitale du Grand Duché. Le gouvernement conservateur sortant avait en effet annoncé un déficit de 6 % en 2009, mais le nouveau premier ministre socialiste de George Papandreou, qui a gagné les élections qui ont eu lieu au début du mois, annonce un déficit de 13 %. Il s’avèrera, au bout de quelques mois, que le chiffre réel est de 15,3% avec une dette de 134,6 %... En chiffre absolu, cela signifie que ce pays de 11 millions d’habitants dépense 36,3 milliards d’euros de plus qu’il ne dispose de revenus ! La Grèce loin de profiter des bas taux d’intérêt pour investir a au contraire dépensé sans compter pour soutenir la consommation : par exemple, les salaires des fonctionnaires ont augmenté de 126 % entre 2000 et 2009.
Les Européens pensent que cette répétition de l’épisode de 2005 n’aura pas de conséquence spéciale. Après tout, la Grèce, 2 % du PIB de la zone euro, est l’enfant turbulent de la classe et tout le monde le sait. Mais les circonstances sont totalement différentes : la crise financière de 2007 est passée par là, les marchés sont inquiets, l’endettement des États a explosé ce qui rend centrale la question de leur solvabilité et surtout les élections allemandes de septembre 2009 ont accouché d’une coalition entre la CDU et les libéraux du FDP qui sont opposés à toute solidarité financière entre les États. Pas question donc de répéter les assurances de Peer Steinbrück. Ce sont les réticences de Berlin qui vont précipiter la crise : en dépit des assurances répétées des chefs d’État et de gouvernement, notamment lors de leur somme de février et de mars 2010, en dépit des engagements d’Athènes d’adopter une politique d’austérité, les taux d’intérêt exigés par les marchés pour prêter à la Grèce s’envolent (350 points de base de plus que le bund allemand), l’étouffant petit à petit. Il faut dire que la zone euro se contente de mots, aucun plan crédible et chiffré n’étant mis sur la table à cause de l’opposition allemande. En mars 2010, le ministre des Finances Wolfgang Schäuble et la chancelière Angela Merkel évoquent même la possible exclusion de la Grèce de l’euro. C’est l’hallali.
- Ile de Kastelorizo, 23 avril 2010
Sur fond de mer bleue et sous le soleil des Cyclades, George Papandreou demande officiellement l’aide financière de ses partenaires : la Grèce n’a plus accès aux marchés financiers et est donc menacée d’un défaut de paiement si elle ne trouve pas rapidement de l’argent frais : 10 milliards avant le 19 mai. Sur les marchés, c’est la débandade : en quelques jours, la Grèce devient l’un des pays les plus risqués de la planète pour les marchés.
- Bruxelles, mai 2010
« Les mouvements sur les marchés étaient devenus incontrôlables, je n’avais jamais vu ça », confiera plus tard Jean-Claude Trichet, le patron de la BCE. Le monde entier panique : le président américain Barack Obama appelle même Angela Merkel pour qu’elle assouplisse sa position. Finalement, les ministres des Finances de la zone euro décident, le 2 mai, d’accorder 80 milliards d’euros à la Grèce sur trois ans sous forme de prêts bilatéraux, mais à des taux jugés « punitifs », auxquelles s’ajoutent 30 milliards d’euros prêtés par le FMI. En échange, Athènes doit appliquer un plan d’austérité particulièrement salé, le troisième depuis janvier… Cela ne suffit pas, car d’autres pays de la zone euro sont jugés fragiles par les marchés : la panique s’étend, menaçant l’euro lui-même. Une semaine plus tard, les ministres des Finances créent le Fonds européen de stabilité financière (FESF) doté de 500 milliards d’euros auxquels le FMI prêtera main-forte à hauteur de 220 milliards d’euros. La BCE, qui a décidé de s’affranchir des notations des agences privées, intervient massivement sur les marchés, y compris en rachetant de la dette des États attaqués, ce qui est une révolution, pour ramener le calme.
- Bruxelles, octobre 2010
La zone euro va rallumer la crise en annonçant qu’à l’avenir les dettes publiques d’un pays en crise pourront être restructurées. Une grossière erreur : comme elle s’est portée, dès le début de la crise financière, garante des dettes des banques afin d’éviter leur faillite, elle donne le signal d’un endettement sans frein sur les marchés. Or, en ne garantissant pas les dettes des États, cela signifie que les investisseurs risquent d’y laisser leur chemise. Logiquement, ils demandent donc une prime de risque aux États les plus faibles, ceux qui sont jugés trop fragiles pour sauver leurs banques… Le Portugal et l’Irlande vont devoir à leur tour faire appel à l’aide européenne.
- Bruxelles, février 2012
La Grèce n’est toujours pas sortie d’affaire : les réformes votées par le Parlement hellène ne sont pas ou mal appliqué et le pays n’est pas en état de revenir sur les marchés. Un nouveau plan de sauvetage est décidé par la zone euro, après les 110 milliards du printemps 2010 : 130 milliards sur trois ans auxquels s’ajoute une restructuration de la dette publique. Le secteur privé se prend une paume de 115 milliards d’euros. En juin, l’Union décide de lancer l’Union bancaire, ce qui, avec la création du Mécanisme européen de stabilité (MES) qui prend la succession du FESF inverse la causalité instituée entre 2007 et 2010. À l’avenir, les banques devront prendre leurs pertes alors que les dettes publiques sont enfin garanties. En juillet 2012, Mario Draghi met le point final à la crise de la zone euro en annonçant que la BCE fera « tout ce qui est nécessaire » pour défendre la monnaie unique. Désormais, on mettra du temps à s’en apercevoir, il n’y a plus qu’un problème grec. Fin 2012, la zone euro restructure la dette de 200 milliards d’euros qu’elle détient sur la Grèce : elle diminue ses taux d’intérêt, allonge les maturités à 30 ans en moyenne et décrète un moratoire jusqu’en 2023 sur le paiement des intérêts.
- Athènes, janvier 2015
Syriza, le parti de gauche radicale, gagne les élections législatives anticipées (d’un an) convoquées par le Premier ministre conservateur, Antonis Samaras. À la fin du printemps 2014, il a cru son pays sorti d’affaires : les taux d’intérêt diminuaient rapidement et plusieurs émissions de dettes à court terme avaient été des succès. Les banques grecques, après leur recapitalisation financée par la zone euro, étaient de nouveau d’aplomb et le budget de l’État était en excédent primaire (hors charge de la dette). Surtout le pays avait enfin renoué avec la croissance (+ 0,8 %), ce qui commençait à se traduire par une réduction du chômage. Pour 2015, les institutions grecques, européennes et internationales misaient sur une croissance comprise entre 2,5 % et 3 % du PIB, le plus fort taux de la zone euro. Samaras, sûr de son fait, renonce à présenter un programme de réformes comme il s’y était engagé. En particulier, il s’oppose aux demandes du FMI et de la zone euro qui, avant de verser la dernière tranche d’aide du second plan (7,2 milliards d’euros), veulent obtenir une réforme d’un régime de retraite insoutenable au regard de la natalité et des moyens du pays (16 % du PIB), une augmentation de la TVA et une réforme du marché du travail. En clair, il donne le signal que le temps des réformes est terminé et que tout va redevenir comme avant, clientélisme, populisme, dépenses non financées compris. À partir du mois de novembre 2014, les taux d’intérêt grecs flambent à nouveau sur le marché secondaire et la bourse s’effondre, les marchés estimant que le pays n’est pas prêt à voler de ses propres ailes. Samaras joue son va-tout en convoquant des élections et perd. L’arrivée au pouvoir d’un parti qui a promis la fin de l’austérité achève de ramener la panique sur les marchés. Athènes a donc de nouveau besoin de financement. Mais le gouvernement d’Alexis Tsipras va surestimer ses forces et la peur de ses partenaires devant un Grexit : la zone euro de 2015 n’est plus celle de 2010.
- Bruxelles, février 2015
« Ça se passe lors d’une réunion, le 16 février, entre Jeroen Dijsselbloem, moi-même et le ministre grec, en l’occurrence Yanis Varoufakis », raconte Pierre Moscovici, le commissaire aux affaires économiques et financières. » Varoufakis a tenté de m’opposer à Dijsselbloem en laissant filtrer un document qu’il a appelé le plan Moscovici, mais qui n’était pas le plan Moscovici, qui était un document qui sortait du 13e étage de la Commission (là où se trouve le bureau du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, NDA), qui était une contribution, qui était bien sûr passé par la moulinette de l’Eurogroupe. Mais il y avait 2 papiers : un papier de la Commission daté de la veille et un papier préparé par les services de l’Eurogroupe qui était différent. On est entré dans cette réunion et il y a eu un moment de tension physique entre Dijsselbloem et Varoufakis, ils ont failli se battre. Ils se sont accusés d’être des menteurs. J’ai dû m’interposer. Je les ai pris un moment donné, ils ne se seraient pas battus vraiment, comme ça, physiquement, en les écartant, pour essayer en même temps de les rapprocher. J’ai réussi à les écarter, mais je n’ai pas réussi à les rapprocher. D’ailleurs à partir de ce moment-là ils ne se sont plus jamais parlé en vérité ».`
Une anectode qui montre l’ampleur des tensions entre Syriza et ses partenaires européens. Le 24 février la zone euro accepte la prolongation du programme d’assistance financière jusqu’au 30 juin, 30 % du programme de réformes étant revu pour tenir compte de ses priorités. Mais au lieu de le mettre rapidement en musique, le gouvernement grec fait le mort jusqu’au mois de juin en espérant, manifestement, qu’à l’approche de l’échéance du 30 juin, la zone euro, effrayée par les conséquences d’un « Grexit », reverrait ses exigences à la baisse. C’est l’exact contraire qui se passe : de l’agacement, les partenaires d’Athènes passent à l’énervement puis à la colère contre un partenaire qui ne comprenait pas la gravité de sa situation. Mais, entre le 18 et le 25 juin, après un sommet de la zone euro et plusieurs Eurogroupes, Tsipras semble revenir à la raison: un paquet comprenant un programme de réformes, un plan d’investissement, une nouvelle aide financière et une discussion sur une restructuration de la dette grecque est en passe d’être conclu. Mais dans la nuit du 26 au 27, le Premier ministre grec prend tout le monde par surprise en annonçant un référendum pour la semaine suivante portant sur un texte de compromis daté du 25 juin et non celui, plus favorable, du 26. Tsipras fait plonger l’économie de son pays, déjà plombée par cinq mois d’incertitudes politiques : pour que la BCE continue à fournir des liquidités aux banques grecques, il n’a eu d’autres choix que de fermer les banques (jusqu’au 20 juillet) et d’établir un contrôle des capitaux dès le 29 juin pour éviter que les Grecs vident leurs comptes.
- Grèce, juillet 2015
Le référendum se solde par un plébiscite personnel pour Tsipras, le non l’emportant par plus de 61 %, à sa grande surprise d’ailleurs : l’appel à voter oui des leaders ND et PASOK, totalement décrédibilisés, a joué en sa faveur. Cette victoire lui permet, dans la foulée, de se débarrasser de l’encombrant Varoufakis. Surtout, il continue à plaider pour l’épreuve de force quitte à risquer le Grexit. Or, comme l’expliquera Tsipras à la télévision le 14 juillet suivant, il a demandé en mars une étude sur les conséquences pour son pays d’une sortie de la zone euro : cela l’a convaincu que ce n’était pas une option, sauf à prendre le risque d’un soulèvement du peuple qui ne l’a pas élu pour ça. Et les fantasmes, entretenus par l’aile gauche de Syriza, d’une aide russe, chinoise ou vénézuélienne se sont dissipés : personne, en dehors de la zone euro, n’a les moyens financiers de sauver la Grèce…
Tsipras s’imagine que sa victoire lui donnera des marges de manœuvre vis-à-vis des Européens. Erreur. Le sommet de la zone euro, qui se réunit le 7 juillet, lui signifie brutalement que, faute de nouvelles propositions sérieuses pour la fin de la semaine, ce sera le Grexit de fait. En cas d’échec, un sommet à 28 est même convoqué pour le 12 juillet afin de dégager une aide humanitaire pour la Grèce. C’est la fin de partie pour Athènes. Faute de plan B sérieux, Tsipras comprend enfin qu’il est déjà au-dessus du précipice et il décide donc de préparer dans l’urgence, avec l’aide de la Commission et de la France, un programme de réformes qui ressemble comme deux gouttes d’eau au compromis du 26 juin, programme qu’il fait adopter par son Parlement lors d’une séance dramatique le vendredi 10 juillet, la veille d’un nouvel Eurogroupe.
Mais ses partenaires ne veulent pas qu’il s’en sorte à si bon compte : si la Grèce veut rester dans la zone euro, ce sera à leur prix, pas au sien. En clair, les compromis du 25 et du 26 juin ne sont plus d’actualité. À l’issue d’un sommet des chefs d’État et de gouvernement de la zone euro dramatique, quinze pays étant même en faveur du Grexit, le 13 juillet au matin, le Premier ministre grec doit capituler en rase campagne : ce qu’il accepte fait ressembler le compromis du 25 juin rejeté par référendum à une aimable promenade de campagne. En particulier, avant même de commencer à négocier le troisième plan d’aide, la zone euro exige que son Parlement adopte une série de réformes : privatisations, hausse de la TVA et des cotisations sociales, transposition de la directive sur la résolution des crises bancaires, nouveau code de procédure civile, réforme des retraites… Ce qui est fait les 16 et 22 juillet. En échange, il recevra une nouvelle aide de 86 milliards d’euros.
- Grèce, septembre 2015
Amputée de son aile d’ultra gauche, Syriza gagne les élections anticipées avec 35 % des voix, soit à peu près le score qu’il avait enregistré en janvier 2015, en dépit de sa capitulation de juillet.
- Luxembourg, juin 2017
La Grèce a reçu 8,5 milliards d’euros (second décaissement du troisième plan) pour éviter la faillite qui menace toujours. L’accord ne faisait guère de doute, l’Allemagne n’ayant aucune envie qu’une nouvelle crise grecque éclate avant ses élections de septembre.
À Bruxelles, on estime que Tsipras joue désormais le jeu : les réformes sont non seulement votées, mais appliquées sur le terrain ce qui est nouveau. La situation économique s’améliore lentement, le déficit public est limité à 1 % du PIB, ce qui laisse espérer un retour sur les marchés en juillet 2018 comme prévu. Alors que l’Irlande, le Portugal et Chypre sont tous sortis du programme d’assistance européen après trois ans, comme prévu, la Grèce reste une épine dans le pieds de la zone euro. Car ses partenaires et le FMI ont mis longtemps à comprendre la gravité de la crise grecque, qui plonge ses racines dans les structures d’un État et d’une économie dignes d’un pays sous-développé, et ont préconisé des remèdes inadéquats : réformes mal calibrées et non appliquées, coupes brutales dans le budget de l’État (la Grèce va devoir faire sa quatorzième réforme des retraites en sept ans avec une baisse moyenne de 14% des pensions), sous-estimation des effets récessifs des réformes demandées qui ont abouti à faire perdre à la Grèce 27 % de son PIB depuis 2010 sans que la machine redémarre. Reste la question de la dette détenue par la zone euro : pour y faire face, l’Allemagne exige que l’excédent primaire de la Grèce qui doit atteindre 3,5 % en 2018 soit prolongé pendant 10 ans, ce que ses partenaires jugent impossible. La Commission propose plutôt 2 % sur 10 ans en tenant compte de la croissance économique. Quant à la France, elle suggère d’indexer le remboursement de la dette sur la croissance. eaucoup estiment qu’on n’échappera pas à une restructuration de la dette pour permettre à la Grèce de prendre enfin son envol.
N.B.: version longue de mon article paru dans Libé du 15 juin
Afin de rendre hommage aux victimes des attentats de Londres et de Manchester, peu avant la rencontre amicale de football qui a opposé la France à l’Angleterre, le 13 juin, la Garde républicaine a interprété « Don’t look back in anger » [Ne regarde pas le passé avec colère], une chanson phare du groupe mancunien Oasis. Pour […]
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Cher Stag-doer à Budapest,
Il y a certaines choses dont nous aimerions te parler, avant que tu n’arrives ici pour faire la meilleure fête de ta vie. Il y a certaines choses que tu pourrais avoir mal compris à propos de nous, les locaux, et de notre ville.
1. Budapest, c’est une ville historique, pas ton terrain de jeu
On comprend bien. Tu veux passer un bon moment, mais tu dois comprendre que nous vivons ici depuis des siècles et que nous avons l’intention de continuer. Nos rues ne sont pas tes toilettes et pas un bar où tu peux brailler avec tes amis.
2. Et nous, les filles hongroises, on est pas là non plus pour te divertir
Il m’est arrivé plusieurs fois que tu t’approches de moi pour me demander d’avoir une relation sexuelle avec toi. En fait, les mots que tu as utilisé étaient un peu différents. Quand je me suis excusée, en te disant que j’aimerais d’abord finir ma conversation avec ma mère, tu t’es offusqué que je ne réagisse pas comme ces filles que tu as vu dans les films que tu consommes. Les filles de l’Europe de l’Est ne sont pas toutes à ranger dans la catégorie porno. Donc non, nous ne faisons pas partie de ta soirée. En fait, ça pourrait être le cas, si tu nous traitais avec respect, si tu avais quelque chose d’intéressant à dire, si toutefois tu n’étais pas trop bourré pour articuler.
3. Ce n’est pas une plage
S’il te plait, portes un T-shirt quand tu te promènes dans la rue. Il ne fait pas si chaud.
4. Si, nous avons le sens de l’humour…
… mais quand on croise des gars habillés en Borat chevauchant un énorme ballon en forme de gode… Ça nous a fait rire la première fois quand un gars l’a fait il y a dix ans, mais on vient de croiser le même il y a deux minutes. Et hier. Et vendredi dernier aussi. Si on fait les gros yeux c’est parce que pour nous, tu n’es pas original. Juste pathétique. Non, tes tétons ne sont pas drôles. Désolée.
5. Il faut vraiment que vous arrêtiez de vous battre
Avant votre arrivée, on ne voyait quasiment jamais de bagarre dans nos rues. Personnellement, je n’en ai jamais vu à Budapest. Nous aussi on boit de la pálinka pourtant, et même beaucoup. Ensuite, on entre dans des conversations vraiment profondes (en tout cas c’est ce qui nous semble dans un tel moment), et puis on chante, et on pleure, et on va se coucher comme un bébé innocent. La bagarre n’est pas au programme. On ne veut pas avoir à se battre avec vous.
6. Nous aimons les touristes
Je veux vraiment le souligner. On aime quand vous venez et vous étonnez par le charme de la ville, les rues, l’architecture. On aime quand les voyageurs viennent ici et font de Budapest leur ville préférée. On aime vous voir y passer un bon moment. Mais vous devez comprendre que si vous ne nous respectez pas, on ne vous respectera pas non plus. […] Vous devez aussi comprendre que vous ne pourrissez pas seulement notre ville et notre comportement, mais aussi le séjour des voyageurs respectueux. Ce n’est ni une boite de nuit, ni un zoo.
Cordialement.
La promotion de la langue française et de la diversité culturelle et linguistique figure en tête des missions de l'Organisation internationale de la francophonie. Écrivain sénégalais d'expression française, Boubacar Boris Diop écrit également en wolof depuis 2003. Il interpelle les auteurs africains : Prenez la francophonie au mot ! Défendez aussi les langues du continent noir !
Au Sénégal, ma génération a été dans les années 1960 — aussitôt après l'indépendance — la première à étudier ce qu'on appelle, d'un terme vague et quasi insaisissable, la « littérature africaine ». En passant d'Arthur Rimbaud et Honoré de Balzac à Léopold Sédar Senghor et Mongo Beti, nous avions le sentiment de lâcher enfin, pour ainsi dire, l'ombre pour la proie. Même si nous aimions certains de nos nouveaux auteurs bien plus que d'autres, tous ont forgé, chacun à sa façon, notre caractère. En ce temps-là, les frontières de l'Afrique étaient plus mentales que géographiques, on n'avait pas besoin d'y être né pour être accepté comme un de ses fils à part entière ; je ne me souviens pas d'avoir entendu l'un de mes camarades s'interroger, par exemple, sur l'africanité d'Aimé Césaire : c'eût été aussi incongru que de se demander si Frantz Fanon (1) était algérien. Tous deux — le premier, surtout — étaient omniprésents dans les cours, pour notre plus grand bonheur. En revanche, les écrivains anglophones, lusophones et d'Afrique du Nord brillaient par leur absence. On pouvait certes croiser au détour d'une page Mohammed Dib ou Kateb Yacine, Amos Tutuola ou Chinua Achebe, mais ils n'étaient là, j'en ai bien peur, que pour faire bonne mesure. Au pays de Senghor, nous étions déjà au cœur d'une francophonie littéraire dont il allait, sa vie durant, se faire le griot.
À Ibadan ou à l'université Makerere (Kampala), les jeunes Nigérians et Ougandais de notre âge n'avaient d'autre choix que de se résigner, eux aussi, à cette confusion systématique entre la partie et le tout. Lorsque Jane Wilkinson mitonne en 1992 son célèbre Talking with African Writers (« Causeries avec les écrivains africains ») (2), c'est avec les anglophones Tsitsi Dangarembga, Wole Soyinka, Essop Patel et Mongane Wally Serote qu'elle entre longuement en conversation. En somme, les soleils des indépendances s'étaient à peine levés que leurs rayons se tournaient déjà le dos. Ce que Cheikh Hamidou Kane appellera plus tard le « premier matin de l'Occident » en Afrique était vécu comme le choc initial, l'événement hors duquel rien ne méritait d'être pris en compte.
Dans l'espace francophone, Force- Bonté, du Sénégalais Bakary Diallo (3), pose en 1926 la toute première borne d'un champ littéraire dont les contours vont se préciser au cours des décennies suivantes. Les Congrès des artistes et écrivains noirs de 1956 (Paris) et 1959 (Rome) en ont été deux repères importants ; Présence africaine — la revue et la maison d'édition — avait vu le jour dix ans plus tôt. En définitive, un héritage a été légué, que l'on voit se perpétuer tant bien que mal. À Dakar ou à Yaoundé, la presse continue à rendre compte de la parution, presque toujours à Paris, de romans ou d'essais d'auteurs africains, spécule sur les lauréats africains potentiels du Renaudot ou du Femina et, relayant les débats académiques, s'interroge gravement : le « malaxage », si réussi chez Ahmadou Kourouma, du français et du malinké, ne serait-il pas, tout bien pesé, l'avenir de notre littérature ? Quid du « réalisme magique » dans Pedro Páramo, du Mexicain Juan Rulfo, et dans Les Sept Solitudes de Lorsa Lopez, du Congolais Sony Labou Tansi ?
Coupés de leurs compatriotesLes auteurs vivants ne sont pas en reste. On les voit sur tous les podiums et plateaux de télévision, concentrés ou désinvoltes, mais toujours bien décidés à remettre l'Afrique sur ses pieds. Toutefois, ce n'est peut-être là qu'une façon de parler : en « postcolonie », l'inquiétude pour l'avenir du continent n'est plus la chose du monde la mieux partagée, et certains auteurs, on ne sait trop pourquoi, se mettent en position de tir dès qu'ils entendent le mot « identité ». Ce sont les mêmes qui, pourtant, se vantent à l'occasion de pimenter et de faire délirer une langue française un peu trop sage et pâlichonne à leur goût…
En vérité, ils se seraient bien passés de ces cabrioles stylistiques, mais il est si difficile, pour parler comme le poète haïtien Léon Laleau, de « dire avec des mots de France [un] cœur venu du Sénégal »… Si tout écrivain entretient des rapports orageux avec les mots, dans le cas de l'auteur africain, c'est sa langue d'écriture qui est tout entière problématique. On m'a ainsi demandé d'abord : « Pourquoi écrivez-vous en français ? », puis, après la parution de mon roman Doomi Golo : « Pourquoi écrivez-vous en wolof ? » Personne n'a besoin de lire vos livres pour vous poser ces questions, qui charrient toutes les frustrations d'un échange humain avorté, aux antipodes du projet littéraire.
Il se pourrait bien que la névrose linguistique soit une spécificité francophone : si, au Zimbabwe ou au Kenya — deux exemples choisis au hasard —, on ne fait pas de fixation sur le sujet, c'est en partie grâce à la cohabitation, même ambiguë, entre l'anglais et les langues nationales dans les ex-colonies britanniques. Les intellectuels francophones ont, quant à eux, toujours été plus réticents à se faire à l'idée que leurs langues ne sont en rien inférieures à celle de Molière.
Il serait simpliste, voire injuste, d'expliquer cette attitude par on ne sait quel mépris de soi : des auteurs peu suspects de complaisance pour le néocolonialisme français se sont toujours montrés assez réservés à l'égard des langues africaines, surtout par crainte, semble-t-il, de leur charge tribale. Une amie romancière vivant à Paris me dit préférer un « statu quo réaliste » parce que la moindre controverse linguistique mènerait le Cameroun, son pays, au chaos. Rien n'étant simple, elle m'avouera aussi parler de plus en plus mal sa langue maternelle, qu'elle n'a jamais su écrire. Beaucoup d'écrivains africains nés en Occident ou y ayant grandi se trouvent dans la même situation. Il n'y a donc rien d'infamant dans leur préférence pour le français. Peut-être devraient-ils tout juste s'interdire de dénigrer des langues africaines qu'ils connaissent si mal.
Il est vrai aussi que des esprits chahutés par l'histoire peuvent avoir le sarcasme facile : un roman en soussou, en sénoufo ou en fon, est-ce bien sérieux ? Qui va donc lire ça ? Cet argument de la rentabilité, brandi en toute occasion, paraît frappé au coin du bon sens. En fait, il est totalement insensé, en ce qu'il présuppose une bonne tenue commerciale, purement imaginaire, de la production en langue française... Pour autant qu'on parle de littérature, il n'existe nulle part un commerçant nommé « public » passant commande de sa fiction à un fournisseur et payant à la livraison. À ce compte, un certain Guy des Cars, qui a sans doute vendu plus de livres que Jean-Paul Sartre et Albert Camus réunis, serait le plus grand romancier français du XXe siècle. Dès lors que la trace est l'enjeu, ce sont les textes qui créent le public, et non l'inverse. Stendhal met en évidence ce pari sur la durée lorsque, comparant l'écriture de son roman Le Rouge et le Noir à l'achat d'un billet de loterie, il conclut : « Le gros lot se réduit à ceci : être lu en 1935. »
À quoi il faut ajouter que le risque pour un texte de tomber dans l'oubli est beaucoup plus faible en 2017 que du temps de Stendhal. Tout pouvant être traduit, il importe peu que l'on écrive pour un milliard de Chinois, onze millions de Grecs ou quatorze millions de Sénégalais. Le seul danger ici serait de n'être à l'écoute que des langues les plus parlées, comme l'anglais ou l'espagnol. Des amis et moi-même avons voulu montrer, en lançant aux éditions Zulma le label Céytu, qu'au rendez-vous des cultures toutes les voix ont une égale dignité. Cette collection a en effet pour vocation de traduire en wolof des titres majeurs de la littérature universelle.
L'Afrique est le continent où l'écart entre les auteurs et leurs compatriotes est le plus grand. On en est même venu à douter de l'aptitude de ses langues à la création littéraire. Un tel préjugé est plus répandu qu'on ne croit. En témoigne la mésaventure d'un jeune et brillant chercheur sénégalais occupé à démontrer dans sa thèse que les fictions en kikuyu ou en wolof ne sauraient être que linéaires et leurs intrigues sans surprises, et qui dut complètement changer d'avis en lisant mon roman Doomi Golo, puis Mbaam Aakimoo, de Cheik Aliou Ndao. Ces deux ouvrages font partie d'une riche production en wolof qui ne se porte pas moins bien que sa sœur francophone, pourtant plus présente dans les médias et en librairie.
De telles avancées n'ont pas pu être réalisées à partir de rien. Le scientifique et historien sénégalais Cheikh Anta Diop, nourri dans son enfance de la poésie wolofal — c'est-à-dire le wolof transcrit avec l'alphabet arabe — de Serigne Mor Kayré et Serigne Moussa Kâ, a réussi à faire le lien entre eux et les intellectuels occidentalisés. C'est à leurs écrits qu'il pense lorsque, en 1948, il exhorte les Africains à ne plus se résigner au viol de leur imaginaire. De Cheikh Anta Diop, on peut dire qu'il a été prophète en son pays, puisque tout ce qui s'y fait dans le domaine des langues nationales résulte de ses travaux. C'est aussi de lui que se réclame la linguiste Arame Fal, à qui l'on doit les publications scientifiques si utiles pour l'enseignement du wolof, en particulier dans le supérieur. L'université Gaston-Berger de Saint-Louis s'y est mise bien plus récemment que celle de Dakar, mais elle a innové en se concentrant sur la prose en pulaar et en wolof.
Ce serait toutefois aller trop vite en besogne que de parler de libération culturelle. L'évolution constatée ne résulte pas d'un quelconque patriotisme linguistique. Les militants qui essaient de suppléer aux défaillances de l'État oscillent sans cesse entre un optimisme quelque peu forcé et un profond découragement. De fait, l'élite sénégalaise continue à respecter et à aimer d'un amour sincère le français, seule langue officielle — la Constitution exige d'ailleurs sa maîtrise pour tout candidat à la présidence de la République ! Abondante et de qualité, la création en pulaar, sérère et wolof reste si invisible que, pour tout le monde, on ne peut être écrivain qu'en langue française. En réalité, seul l'effondrement du système éducatif a pu ouvrir une brèche telle que, pour paraphraser Cheikh Anta Diop, le pays peut basculer à tout moment sur la pente de son destin linguistique.
Les textes appelés à rendre possible cette révolution culturelle sont en train d'être conçus dans l'ombre par des auteurs peu intéressés par le miroir aux alouettes d'une réception immédiate. Le Sud-Africain J. M. Coetzee, qui n'est certainement pas ce qu'on pourrait appeler un militant des langues africaines, nous conduit pourtant dans Elizabeth Costello à l'exact point de jonction entre l'esthétique et le politique. L'une des nouvelles de l'ouvrage, intitulée « Le roman en Afrique », met en scène Emmanuel Egudu, écrivain nigérian plutôt vaniteux, qui se fait sèchement remettre à sa place par l'héroïne : « Le roman anglais, lui dit-elle, est avant tout écrit par les Anglais pour les Anglais. C'est son essence même, c'est ce qui fait que l'on parle du roman anglais. Le roman russe est écrit par les Russes pour les Russes. Le roman africain, lui, est écrit par les Africains, mais il ne s'adresse pas aux Africains. Certes, les romanciers africains parlent de l'Afrique, décrivent des expériences africaines, mais j'ai l'impression qu'ils sentent tout le temps par-dessus leur épaule le regard des étrangers en train de lire leur texte. Que cela leur plaise au non, ils se sont résignés au rôle d'interprètes ; ils expliquent l'Afrique. Or comment un romancier peut-il explorer un univers humain dans toute sa profondeur s'il lui faut mobiliser autant d'énergie pour l'expliquer à des étrangers ? »
Ce que Coetzee nous rappelle ici, c'est que l'écrivain reçoit sa langue en héritage et, à force de vouloir la plier à sa volonté, la recrée sans cesse. De proche en proche, il change ainsi l'idée qu'une nation se fait d'elle-même, au point de la réinventer. Cela suppose au départ une intimité absolue avec le dire de la société : nous ne parlons pas notre langue maternelle, nous n'en sommes que l'écho. Que peut-il bien se passer, en effet, dans la tête d'un auteur qui travaille avec des mots qu'il n'entend jamais autour de lui, pas même de sa propre bouche ? Il se prive d'une certaine richesse sonore née de la tension entre une parole vivante et les termes inertes du dictionnaire. Cela pourrait bien expliquer le manque de naturel, souvent déploré, d'une littérature afro-française qui, paradoxalement, n'est ni africaine ni française. Habiter cet entre-deux-langues suscite un mal-être en quelque sorte structurant, dans la mesure où il est à l'origine de bien des révolutions formelles en littérature africaine ; cela explique aussi un projet comme celui du Malien Massa Makan Diabaté, qui se faisait fort de « violer la langue française pour lui faire des petits bâtards ».
Mais quelques auteurs de génie ne peuvent à eux seuls nous masquer le manque de caractère de cette littérature devenue peu à peu une vague commodité stratégique pour Paris. Fait unique, la France consent à financer entièrement la littérature de ses ex-colonies parce qu'il lui faut bien tenir son rang, surtout au moment où elle sent le sol se dérober sous ses pas.
Un tel système de domination, porté par la lourde machinerie francophone, est pourtant en train de donner des signes d'essoufflement. La greffe n'a pas pris, et on se rend compte d'un seul coup que la production africaine d'expression française a toujours été, en définitive, une littérature de transition. Au Sénégal, la littérature wolof pourrait se substituer à elle plus tôt qu'on ne croit. Dans vingt ans ? Dans trente ans ? Peu importe : à l'échelle de l'histoire, c'est à peine le temps d'un clin d'œil. Si c'est devenu inéluctable dans ce pays francophile entre tous, c'est que, tôt ou tard, il en sera de même partout ailleurs en Afrique.
En somme, rira bien qui écrira le dernier…
(1) Lire Salima Ghezali, « Rendez-vous avec Frantz Fanon », Le Monde diplomatique, juillet 2012.
(2) Jane Wilkinson, Talking with African Writers : Interviews with African Poets, Playwrights and Novelists, James Currey, Londres, 1992.
(3) Bakary Diallo (1892-1979) relate dans ce livre son expérience de tirailleur sénégalais en 1914-1918.
On June 15th the EDA Steering Board accepted, by written procedure, the Outline Description for the Governmental Satellite Communications (GOVSATCOM) Pooling and Sharing demonstration project (GSC demo). Under the leadership of Spain, the project brings together Austria, Belgium, Germany, Estonia, Greece, France, Italy, Lithuania, Luxembourg, Poland, Portugal, Sweden and the United Kingdom. Norway, which has signed an Administrative Arrangement with the Agency, is also participating in the project. The next step will be the establishment of a Project Arrangement.
The project originates from an EDA Steering Board decision of November 2013 which tasked EDA to pursue its work on GOVSATCOM coordination with Member States, the European Commission and the European Space Agency in order to propose a comprehensive programme for Member States who wish to participate. Subsequently, the task to prepare the next generation of GOVSATCOM was confirmed by the European Council in December 2013 and work on GOVSATCOM has also started at the European Space Agency (ESA) and the European Commission.
The main objective of the project is to meet the GOVSATCOM demands of Member States and European CSDP actors through pooled capabilities (bandwidth/power and/or services) provided by contributing Member States. This governmental pooled capability is set up to provide SATCOM resources that cannot be obtained on the commercial market with a sufficient level of guaranteed access and security.
The Steering Board acceptance marks the end of the GOVSATCOM preparation phase where EDA employed a sequential approach in developing this project, analysing since 2014 satellite communication needs for European actors involved in the conduct of national or CSDP operations and detailing potential solutions to address the capability development.
The work in EDA has been supported by a feasibility study since mid-2015. This study identified the GOVSATCOM Information Exchange Requirements and provided a forecast tool assessing both defense satellite connectivity requirements in support of European CSDP activities and national operations of EU Member States, as well as civil government requirements for European government stakeholders. The focus was on communications requiring guarantee of access, security and autonomy that go beyond standard commercial satellite solutions, without requiring the highest level of security that only military satellite systems can provide.
The next step then was to carry out a detailed assessment of existing and planned commercial and governmental satellite systems and their suitability to meet the aforementioned requirements.
The study relied on a variety of sources and analytical processes, including the use of an external study conducted for the European Commission on civil government requirements and studies conducted for ESA to define new satellite systems to fill gaps identified in the assessment part of the EDA GOVSATCOM feasibility study.
In parallel with the study, EDA’s SATCOM project team developed the GOVSATCOM Common Staff Requirements and an associated Business Case. Both documents have been approved by the Steering Board in March 2017.
The Business Case closely follows a recommendation of the study for EDA to explore a Pooling and Sharing demonstration as part of the European GOVSATCOM initiative. The project will be put in place progressively with due consideration given to the impact it might have on suppliers, users and alternative frameworks. The Pooling and Sharing demonstration will require close cooperation, not only between the Member States which contribute to the SATCOM capability pool and those who use it but also with the other GOVSATCOM activities pursued in ESA and the Commission.
The Ad-Hoc Working Group of the GSC demo project, consisting of all 14 Member States and Norway, will now establish the Project Arrangement detailing the legal conditions for the project.
Reliable, stable and secure communications are crucial in any CSDP mission or operation. Yet, terrestrial network infrastructures are not available everywhere, for instance in areas hit by natural disasters, at sea, in the air or in hostile zones. Satellite communications (SATCOM) can be the solution: rapidly deployable, flexible and distance insensitive, they offer communication links where terrestrial networks are damaged, overloaded or non-existent.
However, access to SATCOM cannot be taken for granted at any time, especially not when government users require them at short notice and without pre-arranged agreements. In situations of high demand, competition with other users of commercial SATCOM capacities creates a risk of non-availability and high costs. Against this backdrop, EU leaders decided in 2013 that there was a need for a new solution combining the advantages of commercial and military satellite systems in order to address both civil and military needs through European cooperation. The European Defence Agency, in collaboration with the European Commission and the European Space Agency, is now preparing the next generation of GOVSATCOM.
GOVSATCOM will be a capability that is placed in between the commercial satellite communication market and the highly protected military satellite communication capability.
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