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Diplomacy & Crisis News

64 Years Later, CIA Finally Releases Details of Iranian Coup

Foreign Policy - Tue, 20/06/2017 - 19:43
New documents reveal how the CIA attempted to call off the failing coup — only to be salvaged at the last minute by an insubordinate spy.

Is China Pulling the Strings Down Under?

Foreign Policy - Tue, 20/06/2017 - 17:21
Revelations about Chinese influence have rocked Australian media and politics. Should the U.S. have the same debate?

The significance of the battle for Mosul’s Great Mosque: This is where modern Iraqi history meets the medieval

Foreign Policy - Tue, 20/06/2017 - 16:53
A looming battle around Mosul’s medieval Great Mosque of al-Nuri as part of the final stages to push the Islamic State out of the city is expected to deliver another important tactical and even symbolic victory against the Islamic State.

Sudan Hires U.S. Lobbyist to Roll Back Sanctions

Foreign Policy - Tue, 20/06/2017 - 16:52
As Khartoum tries to convince the Trump administration it's worth more as a counterterror partner than as a designated sponsor of terrorism.

Tom on ‘Morning Edition’

Foreign Policy - Tue, 20/06/2017 - 16:32
I like the interview that Steve Inskeep did with me about my new book on Churchill and Orwell.

« What is Brexit ? »

Le Monde Diplomatique - Tue, 20/06/2017 - 16:15

Qu'est-ce que c'est que cette histoire de « Brexit » ?

En 2016, la troupe de comédiens irlandais Foil Arms and Hog ironisait sur le flou entourant les multiples espaces du monde britannique.

— Tu as vu l'agenda pour le meeting ?

— Oui ! Dis donc, c'est quoi ces histoires de « Brexit » et de « Rue » ?

— « Rue » ? Tu veux dire « RU » ?

— Ah voilà. C'est quoi ce truc ?

— C'est le Royaume-Uni. Tu sais, l'Écosse, l'Angleterre, le Pays de Galles, l'Irlande du Nord.

— Mais non, ça ce sont des pays distincts.

— Oui, mais ensemble, ils forment le RU.

— Attends. Si tu viens de l'un de ces pays, qui est-ce que tu représentes aux Jeux olympiques ?

— « L'équipe GB ».

— L'équipe quoi ?

— L'équipe Grande-Bretagne. (…)

— Et pour le championnat d'Europe de football, ils jouent aussi sous le nom d'« équipe GB » ?

— Non, ils jouent chacun de leur côté.

— Une seule personne par équipe ?

— Non, chaque pays de son côté : Écosse, Angleterre, Pays de Galles, Irlande du Nord.

— Pourquoi ?

— Ça ne serait pas juste s'ils mettaient toutes leurs ressources à contribution !

— Mais pour les Jeux olympiques, ça ne pose pas de problème ! Et pour le rugby, ça donne quoi ? Angleterre, Écosse, Irlande du Nord et Pays de Galles ?

— Non, en rugby, l'Irlande du Nord joue avec la République d'Irlande, sous le nom d'« Irlande ».

— Quoi ? Un instant, reprenons tout ça : le RU se trouve en Europe…

— Oui.

— … donc ils utilisent l'euro.

— Non.

— D'accord, ça veut dire qu'il ne font pas partie de l'UE.

— Si, si : ils font partie de l'UE.

— Quoi ?

— Pour l'instant.

— Qu'est ce que ça veut dire « pour l'instant » ?

— Brexit.

— C'est quoi ça, « Brexit » ?

— La sortie britannique de l'UE.

— Donc la Grande-Bretagne veut quitter l'UE. (…)

— Enfin, juste le Pays de Galles et l'Angleterre.

— Et les deux autres alors ? Ce n'est pas juste.

— Eh bien, quand le RU quittera l'UE, alors l'Écosse pourrait sortir du RU et rejoindre l'UE.

— Et l'Angleterre ?

— Elle va se rapprocher du Commonwealth.

— C'est quoi ça, le « Commonwealth » ?

— Les anciens territoires de l'Empire britannique.

— Et maintenant, ils ont un empire ! (…)

Foil Arms and Hog, « WTF is Brexit ? », 30 juin 2016.

Payer en un clin d'œil

Le Monde Diplomatique - Tue, 20/06/2017 - 15:46

« Approchez votre œil... Merci de votre collaboration. » La voix métallique provient d'un boîtier luminescent accroché à un bras articulé. Elle s'adresse directement aux réfugiés syriens. Dans ce supermarché implanté au milieu du camp de Zaatari, en Jordanie (lire « Les réfugiés, une bonne affaire »), chacun doit dorénavant faire scanner son œil à la caisse pour payer ses achats. Mis en place en février 2016 par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le dispositif vérifie, grâce au balayage de l'iris, l'identité du réfugié, puis la solvabilité de son compte virtuel, crédité de 50 dollars par mois et domicilié dans une banque locale, la Jordan Ahli Bank. Cette opération se déroule « en un clin d'œil », selon la communication enthousiaste du HCR, et permet d'« éviter les fraudes ». Le système a également été mis en œuvre quelques mois plus tard à Azrak, l'autre grand camp de réfugiés syriens, dans le nord du pays.

Qu'ils viennent de franchir la frontière pour fuir les combats ou qu'ils séjournent depuis plusieurs années dans le camp, nombre de réfugiés ne placent pas la question de la biométrie au premier rang de leurs préoccupations. « D'une certaine manière, c'est plus pratique, on ne peut pas perdre la carte », commente laconiquement une femme dans les allées du magasin. Tout au plus cette mère de famille regrette-t-elle de ne plus pouvoir envoyer ses enfants faire les courses à sa place. À Amman, la capitale du pays, M. Hani Maoued, ancien journaliste syrien passé par le camp de Zaatari, affirme pourtant que de nombreux réfugiés s'inquiètent en privé : « Pour eux, ce sujet est considérable. Ils vivent déjà dans des camps, c'est-à-dire que tout leur environnement est fondé sur la contrainte ; tout leur est imposé. Ils voient ce système comme une forme d'obligation supplémentaire. »

Domiciliée depuis 2003 dans les îles Caïmans, l'un des paradis fiscaux les plus opaques de la planète, l'entreprise IrisGuard avait jusque-là implanté son outil de reconnaissance de l'iris dans les prisons américaines, aux postes-frontières des Émirats arabes unis ou dans les unités antidrogues de la police jordanienne. À son conseil de surveillance siègent M. Richard Dearlove, directeur jusqu'en 2004 du Secret Intelligence Service, le service de renseignement extérieur du gouvernement britannique, et Mme Frances Townsend, conseillère spéciale du président américain George W. Bush pour la sécurité intérieure et le contre-terrorisme de 2004 à 2008. « Une simple expertise de qualité » pour le fondateur et directeur général, M. Imad Malhas, qui assume parfaitement les objectifs sécuritaires de son entreprise. « Je suis fasciné par cette technologie. Vous savez, aucun être humain n'a le même iris, et, de plus, c'est la seule partie du corps qui reste la même tout au long de la vie. C'est beaucoup plus fiable que les empreintes digitales. » Un marché d'avenir pour sa société, qui a « offert » ses machines au HCR. En échange, elle perçoit 1 % de chaque paiement effectué par les réfugiés. « Tout cela coûte 20 % moins cher au HCR que l'ancien système de distribution des colis alimentaires. Nous cherchons maintenant à nous étendre à deux niveaux : horizontalement, c'est-à-dire au sein des Nations unies, et géographiquement, avec la Turquie, qui est aujourd'hui le pays qui accueille le plus de réfugiés syriens (1). (...) Nous espérons obtenir de nouveaux marchés très rapidement. »

Dès 2002, soit plus de trois ans avant l'introduction du passeport biométrique dans l'Union européenne, le HCR lançait en Afghanistan la « première mise en pratique dans le monde de la technologie par reconnaissance d'iris » : un programme d'enregistrement « expérimental » destiné à la vérification de l'identité des réfugiés afghans de retour des camps situés au Pakistan voisin (2). Quinze ans plus tard, le gouvernement procédait à l'identification biométrique de l'ensemble de la population afghane, faisant de ce pays l'un des plus avancés en la matière (3). Un paradoxe pour une nation régulièrement classée comme l'une des plus pauvres de la planète. « Dans tous ces camps de réfugiés, les populations marginalisées servent de cobayes pour les nouvelles applications biométriques », affirme M. Paul Currion, consultant indépendant sur les questions humanitaires après avoir travaillé notamment en Irak et en Afghanistan pour diverses organisations non gouvernementales (ONG). « Pour les entreprises qui développent ces technologies, les camps de réfugiés sont une formidable aubaine. Cela leur permet d'associer leur image à celle de l'humanitaire, de tester leurs outils à large échelle, et enfin d'approcher les gouvernements occidentaux pour essayer de les leur vendre. » Les entreprises trouvent là une population docile et peu encline à se mobiliser politiquement.

Depuis 2002, le HCR a implanté le système d'enregistrement biométrique dans près de dix pays, de la Malaisie au Kenya. En 2008, il a mandaté M. Simon Davies, fondateur de l'association Privacy International et spécialiste de la protection des données personnelles, pour évaluer dans plusieurs camps ce nouveau dispositif : « Ce que nous avons découvert était très inquiétant. Dans cet environnement, tout le monde est désespéré, de sorte que les réfugiés sont prêts à accepter n'importe quoi. En Éthiopie, par exemple, ils exprimaient de grandes inquiétudes à propos des empreintes digitales ; ils disaient qu'on prenait leur identité, quelque chose d'eux (...). Nous avons découvert des ordinateurs non chiffrés avec des informations confidentielles, des arrangements avec les gouvernements d'accueil sur les données, notamment en Malaisie. Et impossible d'avoir des informations sur les accords passés avec les entreprises. En Europe, obtenir et conserver ainsi de telles données serait totalement illégal. » Transmis à la direction du HCR, le rapport a été enterré par l'agence et n'a jamais été publié. L'organisation a balayé la question du consentement des réfugiés.

Neuf ans après ces mises en garde, elle n'a pas modifié ses pratiques de collecte des données. Professeure au centre d'études militaires de l'université de Copenhague, Katja Lindskov Jacobsen dénonce la création inutile et dangereuse par le HCR d'un « réfugié numérique ». « Paradoxalement, nous explique-t-elle, l'introduction de la biométrie à large échelle au cours des dix dernières années a rendu les réfugiés encore plus vulnérables. Les politiques de protection des données sont très floues. Celles-ci peuvent être échangées avec des États, comme cela a été le cas avec le Kenya, qui a pu croiser la base des réfugiés avec celle de ses citoyens. Dans les appels d'offres des entreprises, il est même stipulé que les informations pourront être partagées “à la discrétion du HCR”. » Précieuses informations dont l'utilisation commerciale et politique semble promise à un bel avenir.

(1) Actuellement, on compte en Turquie 2,7 millions de réfugiés syriens, selon le HCR (janvier 2017). Ce dernier ne gère pas de camps dans le pays, car le gouvernement turc refuse toute ingérence.

(2) Peter Kessler, « Iris testing of returning Afghans passes 200,000 mark », HCR, New York, 10 octobre 2003.

(3) Cf. Paul Currion, « Les enjeux de la biométrie dans l'humanitaire », Irin News, Genève, 26 août 2015.

Citizen Participation (I)

German Foreign Policy (DE/FR/EN) - Tue, 20/06/2017 - 00:00
(Own report) - The Federal Academy for Security Policy (BAKS) is calling for a propaganda campaign to strengthen the German population's resilience to attacks in their country by enemy combatants. In collaboration with "media partners" and "civil society," an "understanding" must be achieved that "firmness against crisis" by each citizen towards "terrorist attacks" forms an "integral part" of society's overall resilience," explains the government's military policy think tank. BAKS explicitly refers to the "White Paper on Security Policy and Future of the Bundeswehr," presented by the German Defense Ministry in 2016, which is also pleading "to improve the ability of both state and society to withstand and adapt" to all kinds of attacks, necessitating a "whole-of-government approach to security." The state-owned Fraunhofer-Gesellschaft had launched urban projects along the same lines, already years ago, in which "each individual citizen" is considered "part of a comprehensive concept of resilience to multiple security risks."

Partager la chaîne

Le Monde Diplomatique - Mon, 19/06/2017 - 21:57

Hubert Truxler a passé plus de trente ans sur les chaînes d'assemblage des usines Peugeot, de 1972 à 2003. Dans « Grain de sable sous le capot », écrit sous le pseudonyme de Marcel Durand afin ne pas s'approprier une mémoire collective, il décrit son quotidien, la solidarité ouvrière, les plaisanteries potaches, les grèves, la fragmentation du travail…

Boris Séméniako

Les fayots sont toujours collés au cul du chef. Comme les mouches à la merde. Heureusement qu'il y a quelques copains sympas. Casquette travaille depuis quinze ans en France, dont douze chez Peugeot. Il n'a pas perdu son accent slave et ça pimente ses histoires. Et puis, un beau jour, il annonce : « Moi retourner Yougoslavie. Ici trop bordel. Travail comme esclave et pis pas beaucoup paie. »

Il est retourné au pays, mais son anecdote la plus piquante est encore inscrite dans nos mémoires : un jour, il va faire des courses, avec un ami fraîchement débarqué en France. Son ami a repéré une fille. Il l'aborde : « Toi connais moi ? Moi connais toi ! Moi niquer toi ? »

Chaque fois qu'on croisait Casquette, la question rituelle revenait : « Toi connais moi ? » Et lui de répondre : « Oui, moi niquer toi ! »

C'est débile et c'est fort. C'est rien et c'est tout. Cette complicité verbale ramène la bonne humeur, redonne la pêche. Au-delà de ces quelques mots dérisoires, on sent une complicité, un courant qui passe. On s'est compris.

(…)

La force productive a vieilli. Il faut du sang jeune. Le voilà. La cuvée 1987 est arrivée. La direction prend prétexte du lancement de la 405 pour embaucher des intérimaires. Elle venait de débaucher mille cinq cents ouvriers (préretraites, renvoi des immigrés, licenciement des malades). Manœuvre préfectorale pour faire baisser le taux de chômage, mais surtout maints avantages pour Peugeot.

Un intérimaire, c'est jeune et plein de santé. Ça sort de mois (ou d'années) de chômage, donc ça travaille dur. Ça apprend un poste en quelques heures alors qu'un ancien met plusieurs jours. Ça n'est jamais malade. Ça fait pas grève. Un, parce que c'est un personnel scrupuleusement trié. Deux, parce que le statut d'intérimaire le leur interdit. (...) Les intérimaires sont donc la nouvelle race des exploités, les immigrés de l'intérieur. Mais ça a beau être jeune et bosser dur, ça n'en pense pas moins, un intérimaire. Suffit parfois d'une étincelle. Si vous saviez, les copains, c'te trouille qu'y zont, les patrons. Qu'on s'unisse. Une seule force qui les balaie, tchak !

(…)

La production repart plein pot. Jusqu'ici, les intérimaires étaient recrutés dans d'autres régions, à quelques exceptions près. Cette fois, la main-d'œuvre jetable vient des quartiers avoisinants. Le tri est moins sélectif. Plus de délit de faciès, de visage basané pour décrocher un emploi (temporaire) chez Pijo.

Les petits chefs ras du crâne ne l'ont pas compris tout de suite, cette nuance autour du faciès. Qu'est-ce qu'elle a, ma gueule ? Entre le chef et l'intérimaire immigré se noue une véritable histoire d'amour.

On vous l'a expliqué, l'arrogance de certains chefaillons est proportionnelle à la docilité des ouvriers. Même les anciens s'habituent à ce qu'on leur crie dessus comme s'ils étaient encore des gamins. Cause ou plutôt bave toujours...

Les chefs hargneux ne modifient pas leurs façons de diriger une équipe. Des invectives vexantes, des menaces et des propos ouvertement racistes, sauf que les intérimaires de la troisième génération (d'immigrés) changent la donne. Des gosses, la plupart le sont encore, mais pas timorés. Du répondant verbal et le réflexe vif des poings. Et pan ! dans la tronche du chef derechef. De toute façon, Karim projetait de se tirer au plus vite de ce cirque. Le cas Karim n'est pas isolé. Sans parler du cassage de gueule hors de l'usine. Voili qui remet les pendules à l'heure. Dans une des réunions mensuelles délégués-direction, la CGC [Confédération générale des cadres] demande davantage de protection pour le personnel d'encadrement. Et pourquoi pas un garde du corps derrière chaque chef ? Le respect. Voilà le mot juste dans la bouche des jeunes de cité.

Grain de sable sous le capot. Résistance & contre-culture ouvrière : les chaînes de montage de Peugeot (1972-2003), Agone, Marseille, 2006.

Le prix de la Carpette anglaise

Le Monde Diplomatique - Mon, 19/06/2017 - 16:14

Le prix de la Carpette anglaise a été créé en 1999 par quatre associations de défense et de promotion de la langue française : Avenir de la langue française, Association pour l'essor de la langue française, Défense de la langue française, Droit de comprendre. L'Académie de la Carpette anglaise décerne chaque année (le 16 décembre en 2016) ce prix d'indignité civique à un membre des « élites » françaises qui s'est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l'anglo-américain en France et dans les institutions européennes et internationales, au détriment de la langue française.

Le prix spécial du jury à titre étranger est attribué depuis 2001 à un membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise dans les institutions européennes et internationales.

Lauréats français

2016. Mme Anne-Florence Schmitt, directrice de la rédaction de Madame Figaro, pour l'abus constant d'anglicismes et d'anglais de pacotille dans ce magazine destiné à un large public féminin.

2015. M. Alexandre de Juniac, PDG d'Air France-KLM, pour la campagne de publicité « Air France, France is in the air » remplaçant l'élégante publicité « Faire du ciel le plus bel endroit de la terre ».

2014. M. Pierre Moscovici, commissaire européen, pour avoir adressé à M. Michel Sapin, ministre des finances et des comptes publics, une lettre officielle rédigée entièrement en anglais.

2013. Mme Geneviève Fioraso, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, pour avoir fait voter une loi légalisant les enseignements en anglais.

2013. M. Guillaume Pepy, président de la SNCF, pour les Smiles, les TGV Family et autres médiocrités linguistiques, ainsi que pour la proposition de cours de langue anglaise uniquement, dans ses trains champenois.

2012. M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué aux transports, à la mer et à la pêche, pour avoir déclaré — selon Le Parisien — que, dans le domaine du transport, « l'anglais devrait être la langue d'usage et de rédaction des documents officiels harmonisés ».

2011. M. Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP (aujourd'hui Les Républicains), pour sa vigoureuse promotion de l'usage de l'anglais, de la maternelle aux grandes écoles, et pour sa volonté de faire de l'anglicisation de la télévision publique un des enjeux de son parti et de l'élection présidentielle.

2010. Mme Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste (et ses conseillers en communication), pour leur recours systématique à des slogans anglo-saxons, du care à « What would Jaurès do ? ».

2009. M. Richard Descois, directeur de l'Institut d'études politiques de Paris, pour avoir imposé des enseignements uniquement en langue anglaise dans certaines filières, et pour correspondre en anglais avec le lycée français de Madrid.

Lauréats à titre étranger

2016. L'École normale supérieure (ENS Ulm), qui développe des filières d'enseignement uniquement en anglais en prétendant être une école internationale.

2015. Luc Besson, réalisateur de films principalement en anglais, pour avoir patronné une modification des dispositions fiscales du crédit impôt cinéma en faveur des films tournés en langue anglaise. Les films tournés en anglais en France vont ainsi pouvoir être déclarés fiscalement « français » et bénéficier d'aides publiques.

2014. Mme Paula Ovaska-Romano, directrice déléguée de la direction générale de la traduction de la Commission européenne, pour avoir violemment tancé en anglais une responsable associative qui la sollicitait en italien et avoir qualifié, à cette occasion, l'italien de « langue exotique ».

2013. M. Tom Enders, président exécutif d'EADS, pour avoir annoncé, en anglais seulement, à tous les salariés allemands, espagnols et français de la branche Défense et espace, un vaste plan de licenciements par une vidéo... elle-même sous-titrée en anglais.

2012. L'Agence française pour les investissements internationaux (AFII) et l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) pour la campagne publicitaire « Say oui to France, say oui to innovation », qui promeut la France à l'étranger en utilisant l'anglais comme seul vecteur de communication, au lieu de s'exprimer dans la langue des pays visés par cette campagne.

2011. La compagnie Ryanair, pour avoir imposé, en Espagne, aux femmes enceintes de plus de vingt-huit semaines un certificat médical exclusivement rédigé en anglais, y compris pour les vols intérieurs. Ryanair a menacé de ne plus desservir les aéroports ne se pliant pas à cette exigence.

2010. M. Paul Kagamé, président de la République du Rwanda, pour avoir imposé dans son pays le passage du français à l'anglais comme langue officielle et comme langue de l'enseignement, et pour avoir quitté l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) pour adhérer au Commonwealth.

2009. M. Jean-Louis Borloo, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, pour avoir signé le traité de l'Agence internationale de l'énergie renouvelable (Irena) dont la seule langue de travail est l'anglais. Cela en invoquant l'urgence, alors que cinq pays importants ne l'ont toujours pas signé.

Le vent nouveau de la Big Society

Le Monde Diplomatique - Mon, 19/06/2017 - 15:46

En mai 2010, le conservateur David Cameron prend la tête d'un gouvernement de coalition avec les libéraux-démocrates. Son grand projet ? La Big Society, qu'il détaille dans l'un de ses premiers discours, le 19 juillet 2010, que nous présentons ci-dessous. Il s'agit d'inviter la population à « en faire davantage » grâce à la philanthropie et, surtout, au bénévolat. Moins d'un an plus tard, en mai 2011, M. Nat Wei — chargé de piloter le projet — démissionne de son poste pour… « gagner plus d'argent ». Il avait été recruté sur la base du volontariat…

Affiche satirique combinant les visages de David Cameron et de Margaret Thatcher, Londres, 2010.

Cela fait quelques mois que j'ai pris mes quartiers au 10 Downing Street maintenant et il me semble que l'action gouvernementale se divise en deux catégories.

Il y a les choses que vous faites parce que c'est votre devoir. Elles sont parfois impopulaires, mais vous accomplissez votre tâche parce qu'il en va de l'intérêt national. Réduire le déficit, vous l'aurez deviné, fait partie de cette catégorie.

Mais il y a aussi les choses que vous faites parce qu'elles vous passionnent. Les choses qui vous font partir du bon pied le matin, qui vous motivent, dont vous êtes convaincu qu'elles vont faire la différence pour ce pays que vous aimez tant.

Moi, ma grande passion, c'est de construire la Big Society [littéralement, la « grande société »]. (…) Et aujourd'hui, je voudrais saisir l'occasion qui m'est offerte d'expliquer certaines des mesures concrètes, pratiques, que nous prenons pour que la Big Society devienne une réalité.

Mais avant de rentrer dans les détails, permettez-moi d'expliquer ce qu'est la Big Society et pourquoi il s'agit d'une idée aussi puissante.

Certains parlent de libéralisme, d'autres de redonner le pouvoir aux gens. Certains parlent de liberté, d'autres de responsabilité. Moi, je parle de Big Society.

La Big Society, c'est une révolution culturelle, grâce à laquelle les gens, dans leur vie de tous les jours, chez eux, dans leurs quartiers, au travail, décident de ne plus se tourner systématiquement vers les responsables politiques, les autorités locales ou le gouvernement pour régler leurs problèmes, mais, plutôt, se sentent libres et capables de se débrouiller tout seuls et de venir en aide à ceux qui les entourent.

La Big Society, ce sont des gens qui créent de nouvelles écoles de qualité ; des entreprises qui aident les autres à se former pour devenir employables ; des organisations caritatives qui aident les délinquants à se réinsérer.

C'est une forme d'émancipation, la plus importante, la plus formidable redistribution de pouvoir des élites de Whitehall [siège du gouvernement] vers M. et Mme Tout-le-Monde. (…)

L'heure est venue d'essayer autre chose, de faire preuve d'audace, de ne plus se contenter de déverser des montagnes d'argent dans le puits sans fond des programmes gouvernementaux.

Ce quelque chose de différent, d'audacieux, c'est la Big Society.

C'est ce à quoi l'on croit lorsqu'on a compris que, pour que les choses changent pour de bon, il faut que les gens se retrouvent et apprennent à se donner la main — car nous sommes tous dans le même bateau.

Évidemment, la question est la suivante : comment faire pour y parvenir ?

Bien sûr, nul n'imagine qu'il existerait un bouton sur lequel il suffirait d'appuyer pour créer la Big Society dans notre pays.

Et il faudrait être naïf pour s'imaginer que, si le gouvernement se contente d'en faire moins, la société s'organisera comme par miracle pour le remplacer sur-le-champ.

Non, la vérité, c'est que nous avons besoin d'un gouvernement qui aide à la création de la Big Society. Et cela implique une nouvelle approche de ce qu'est un gouvernement et de la façon dont il doit agir. (…)

Voici les trois piliers de notre programme pour la Big Society.

Tout d'abord, agir sur le plan social.

La réussite de la Big Society dépendra des décisions quotidiennes de millions de gens, du fait qu'ils donnent de leur temps, de leur énergie et même parfois de leur argent, au profit de causes qui les préoccupent.

Le gouvernement ne peut donc pas rester les deux pieds dans le même sabot : il doit favoriser et soutenir une culture du volontariat, de la philanthropie, de l'action sociale.

Deuxièmement, la réforme du service public.

Nous devons nous débarrasser de cette bureaucratie centralisée qui gaspille notre argent et ruine les enthousiasmes.

À la place, il nous faut donner plus de liberté aux gens qui travaillent, et ouvrir les services publics à de nouveaux acteurs, comme les organisations caritatives ou les entreprises, de façon à favoriser l'innovation, la diversité et notre capacité à répondre aux besoins du public.

Et, troisièmement, redonner le pouvoir aux gens.

Nous devons créer des communautés de gens audacieux, des quartiers qui prennent en main leur propre destin, qui savent que, s'ils s'y mettent tous ensemble, ils peuvent améliorer le monde qui les entoure.

Voici donc les trois piliers de notre programme pour la Big Society ; il existe également trois outils pour les consolider.

Tout d'abord, la décentralisation.

Nous devons faire redescendre le pouvoir du gouvernement central vers les autorités locales. Et, surtout, ne pas nous arrêter là.

Nous devons avoir l'ambition de le faire redescendre encore davantage, jusqu'à ce que Phil Redmond [producteur pour la télévision, présent lors du discours] appelle le niveau « nano », jusqu'aux communautés, aux quartiers et aux individus.

« Nous le savons, il y aura des résistances de la part des groupes privilégiés »

Deuxièmement, la transparence.

Il va sans dire que, si nous voulons que les gens jouent un rôle plus important dans la société, nous devons leur fournir les informations dont ils ont besoin.

En publiant, par exemple, les détails sur les lieux et les scènes de tel ou tel acte criminel de rue, on peut aider les gens à ne pas se contenter de s'en référer à la police, mais à aller plus loin : à prendre les choses en main. En organisation un système de patrouille dans le voisinage, par exemple ; en créant des clubs pour la jeunesse ; ou des structures où les jeunes peuvent se rendre après l'école, quand on observe que c'est à ce moment de la journée que les problèmes commencent.

Enfin, en mettant des moyens à disposition.

Nous croyons dans l'approche qui consiste à payer les prestataires de services publics en fonction de leurs résultats.

Cette démarche encourage l'efficacité et l'innovation d'un même élan.

Mais le problème, c'est que l'on peut finir par barrer la route à des organisations plus petites si on ne leur donne pas accès à un capital de départ.

Le gouvernement doit donc jouer un rôle-clé pour répondre à cette difficulté et, de manière plus générale, pour assurer que capital privé et projets d'investissement social puissent se rencontrer.

Nous l'avons déjà dit : nous allons créer une Banque de la Big Society pour contribuer au financement des entreprises, des organisations caritatives et des groupes de volontaires par le biais d'intermédiaires. (…)

Nous le savons, il y aura des résistances : au niveau local mais aussi de la part des groupes de privilégiés que notre démarche dérange.

Mais, vous voulez que je vous dise ?

Nous en sommes ravis.

La Turquie, entre coup d’État et référendum : 3 questions à Ahmet Insel

Politique étrangère (IFRI) - Mon, 19/06/2017 - 14:24

Auteur de l’article « La Turquie, entre coup d’État et référendum » paru dans le numéro d’été 2017 de Politique étrangère (2/2017), Ahmet Insel, chroniqueur au quotidien Cumhuriyet et ancien professeur à l’université Galatasaray d’Istanbul, répond à trois questions en exclusivité pour politique-etrangere.com.

1) Quelles ont été les grandes étapes de la vie politique turque depuis le coup d’État de juillet 2016 ?

La proclamation de l’état d’urgence, quatre jours après le coup d’État avorté, a ouvert la voie au règne général de l’arbitraire. Le gouvernement, en violant les limites que la Constitution impose au champ de compétence de l’état d’urgence, utilise depuis lors ce pouvoir exceptionnel pour purger massivement l’administration des éléments indésirables, et fermer des écoles, des universités, des journaux, des fondations et des associations par simple décision administrative, sans aucun recours possible. La seconde étape a été le projet d’amendement constitutionnel, préparé à la va-vite avec le soutien inattendu du leader du parti d’extrême droite, le Parti d’action nationaliste (MHP), qui instaure un régime hyper-présidentiel et donne au président élu tous les pouvoirs, y compris le contrôle de la justice et la possibilité de gouverner par décrets.

Ces amendements constitutionnels ont été soumis au référendum le 16 avril 2017 et adopté avec une très faible majorité. Le rapport des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) souligne l’énorme inégalité entre les partisans du « oui » et ceux du « non » lors de la campagne référendaire, la suspension du droit au rassemblement sous prétexte d’état d’urgence, la détention des députés du parti d’opposition, le Parti démocratique des peuples (HDP), et de graves irrégularités lors du dépouillement des bulletins avec la bénédiction des autorités judiciaires chargées de surveiller les élections.

La campagne référendaire a aussi donné l’occasion au président Erdogan d’entamer une vive polémique avec l’Union européenne (UE), notamment avec l’Allemagne et les Pays-Bas à la suite de la limitation par ces pays des meetings de soutien au « oui » organisés avec la présence des ministres du gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP). Les accusations de nazisme et de fascisme prononcées par Erdogan à l’encontre des dirigeants de ces deux pays ont renforcé dans l’opinion publique européenne la conviction qu’il est désormais impossible de poursuivre le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE.

Enfin la détention d’une dizaine des députés du HDP – notamment de ses co-présidents –, la nomination des administrateurs judiciaires dans trois quarts des municipalités dirigées par le parti pro-kurde et la mise en détention des maires élus, ainsi que la reprise des opérations militaires contre les positions tenues par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont éloigné encore plus l’espoir d’une reprise des négociations pour résoudre pacifiquement le problème kurde.

2) Concrètement, quels effets immédiats perçoit-on dans la vie politique turque à la suite du référendum d’avril 2017 ?

Le référendum prévoit la mise en application du nouveau régime en deux étapes. D’une part, il permet tout de suite au président de devenir membre d’un parti politique ; d’autre part, il impose de former dans les 30 jours le nouveau Conseil des magistrats et des procureurs. Il s’agit des dispositions que Tayyip Erdogan tenait le plus à faire entrer en vigueur. En effet, début mai, il a adhéré de nouveau à l’AKP et lors d’un congrès extraordinaire le 21 mai, il est redevenu président de ce parti. Ainsi, concrètement, la Turquie a actuellement un président de la République qui est aussi président du parti majoritaire au Parlement, et un Premier ministre qui est vice-président de l’AKP et en même temps le président du groupe parlementaire de ce parti. La séparation – ne serait-ce que symbolique – entre les pouvoirs législatif et exécutif n’existe plus. Erdogan est un chef de parti qui bénéficie en même temps de l’irresponsabilité politique reconnue aux présidents de la République ! Nommé président du parti, il a tout de suite modifié les membres des instances dirigeantes de l’AKP qui s’est transformé totalement en un parti personnel.

Fin mai, la nomination des 11 membres du nouveau Conseil des magistrats et des procureurs a été effectuée. Tayyip Erdogan en a nommé quatre et sa majorité parlementaire, les sept autres. Désormais les nominations et les avancements des magistrats seront entièrement sous contrôle de Tayyip Erdogan. Depuis le coup d’État, le quart du corps judiciaire a été limogé et les nouvelles nominations dans les postes vacants de juges se font par des procédures spéciales accélérées, avec une forte majorité des avocats membres de l’AKP parmi les nouveaux nommés.

Les autres dispositions prévues dans les amendements constitutionnels acceptés entreront en vigueur à la suite de la future élection présidentielle de 2019. Les résultats du référendum ont revigoré l’opposition qui espère pouvoir garder l’unité du camp du « non » pour l’élection présidentielle à venir, espoir qui s’avère pour le moment être un vœu bien difficile à réaliser. En revanche le référendum a révélé la polarisation extrême de la Turquie, divisée en deux parts égales : d’un côté les partisans d’Erdogan qui lui vouent un véritable culte ; de l’autre ceux qui lui manifestent une haine profonde. Le reflet de cette polarisation est très visible dans la répartition géographique des résultats du référendum.

3) Comment qualifier le régime mis en place par Erdogan et quelles évolutions peut-on anticiper ?

Le régime qui est mis en place est bien plus qu’un simple autoritarisme mais il n’est pas non plus une dictature classique. Il s’agit d’une autocratie élective. C’est une autocratie, parce que tous les pouvoirs, sans exception, sont concentrés dans les mains d’une seule personne. La justice est sous le contrôle personnel d’Erdogan ainsi que le pouvoir religieux, via la Direction des affaires religieuses. Enfin l’armée est totalement chamboulée par les purges successives depuis 2008. Actuellement 40 % des généraux de l’armée turque sont en détention et environ 10 % des officiers ont été limogés.

Tayyip Erdogan exprime de plus en plus ouvertement sa volonté de poursuivre une politique de réislamisation de l’espace public. Il fait notamment généraliser progressivement des cours de religion dans l’enseignement et soutient activement le développement des écoles religieuses. Pour assurer sa réélection en 2019, il poursuit l’absorption du parti d’extrême droite par l’affichage d’une posture islamo-nationaliste. Lors du congrès extraordinaire de l’AKP, il a fait inscrire dans les statuts « quatre principes » : un seul État, une seule nation, une seule patrie et un seul drapeau. Deux autres principes, sans être prononcés, s’ajoutent en creux aux quatre autres : une seule langue (le turc) et une seule religion (islam sunnite). Et un seul chef, cela va sans dire !

La fermeture officieuse de la perspective d’adhésion à l’UE, les nouvelles tensions avec certains membres de l’OTAN comme l’Allemagne ou l’Autriche, les échecs successifs dans la politique extérieure, et la disparition de la sécurité juridique réduisent l’attractivité de la Turquie pour les investisseurs étrangers. Or la Turquie a un besoin structurel de l’apport de capitaux extérieurs pour assurer sa croissance. Le gouvernement essaye de compenser le désamour croissant des investisseurs internationaux pour la Turquie par l’apport des capitaux du Golfe et sans trop regarder l’origine des fonds qui arrivent dans le pays. L’année dernière, la ligne « erreur et omission » de la balance des paiements affichait environ dix milliards de dollars, c’est-à-dire l’équivalent d’un peu moins d’un mois d’exportations.

***

Retrouvez l’article d’Ahmet Insel sur Cairn.

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Stranded Chemical Tanker Threatens Vietnamese Shores

Foreign Policy Blogs - Sat, 17/06/2017 - 13:13

The Chemroad Journey vessel from the British Cayman Islands is stranded off Vietnam’s central coast. (FleetMon)

The British Cayman Island-registered ship tanker Chemroad Journey, en route from Singapore to China with some 30,000 tons of chemicals and 27 crew members, has reportedly been grounded on a rocky bottom off the central coast of Vietnam. According to the Maritime Bulletin, the vessel became grounded June 11 and suffers from a hull breach or breaches in its ballast tanks area.

The tanker is around 70 nautical miles off the coast of Binh Thuan Province, threatening the popular coastal resort town of Mui Ne. The Vietnam National Search and Rescue Committee (VNSRC) confirmed the ship was tilting some 15 degrees and could sink, and has demanded the captain of Chemroad Journey not release its chemical load in order to free itself. The tanker is believed to be holding butyraldehyde, ethylene glycol, ethyl hexanol, and ethanol amine, as well as 170 tons of fuel oil and 113 tons of diesel oil.

The response of Vietnamese authorities to the stranded tanker will be closely watched by the Vietnamese public. One year ago, protests broke out in several cities following the release of chemicals from a steel mill waste pipeline in Hà Tĩnh owned by Taiwan’s Formosa Plastics Group. The chemical spill killed over 100 tons of fish along a 200-kilometer coastline just north of the popular beach tourist city of Da Nang.

While Vietnamese authorities were quick to deny the spill reached the beautiful beaches of Da Nang, Vietnam’s environmental ministry has confirmed the region will take at least a decade to recover from the spill.

Vietnam is attracting record amounts of international visitors this year, and many flock to Mui Ne for its clean beach, windsurfing and red sand dunes. Last year’s waste spillage led one Formosa official to try to explain, “It is only possible to choose one: either fishing or the development of modern steel industry”. The spill and subsequent response by Formosa has heightened environmental awareness and anger among the Vietnamese population—to the extent unchecked development could threaten the Party’s claims to good governance.

With Vietnam growing at some 6% annually, the new leadership will need to step up efforts to assure an ever-skeptical population that this much-needed growth can be managed sustainably.

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Helmut Kohl (1930-2017)

Politique étrangère (IFRI) - Fri, 16/06/2017 - 18:04

Helmut Kohl vient de disparaître.

Nous venons d’apprendre la disparition de l’ancien homme politique allemand Helmut Kohl. Chancelier fédéral de 1982 à 1998, il avait été l’un des principaux artisans de la réunification allemande.

Helmut Kohl avait écrit deux articles dans la revue Politique étrangère, disponible sur la plateforme Persée. Le premier, en 1981, avait trait à l’Ostpolitik. Le second, en 1989, portait sur « la question allemande et la responsabilité européenne ». Il se ponctuait par un vibrant appel à la coopération franco-allemande :

« L’Europe de l’avenir ne peut se faire sans une étroite concertation franco-allemande. Dans la période de l’après-guerre, la France et l’Allemagne ont fourni l’exemple unique de deux peuples voisins ayant parcouru qui les a menés d’une rivalité destructrice pour l’Europe entière à une entente également bénéfique pour les autres partenaires européens. Ce chemin, nous continuerons de le parcourir à l’avenir. »

Son ouvrage L’Europe est notre destin. Discours actuels (Éditions de Fallois, 1989) a par ailleurs fait l’objet d’une recension écrite par Jean Klein dans notre revue (Politique étrangère, n° 1/1990).

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Migrations, une nouvelle donne

Politique étrangère (IFRI) - Fri, 16/06/2017 - 12:02

Cette recension a été publiée dans le numéro d’été de Politique étrangère (n°2/2017). Corinne Balleix, chargée de la politique européenne d’immigration et d’asile au ministère des Affaires étrangères et enseignante à Sciences Po Paris, propose une analyse croisée de l’ouvrage de Catherine Wihtol de Wenden, Migrations, une nouvelle donne (FMSH Éditions, 2016, 184 pages), et de l’ouvrage dirigé par Cris Beauchemin et Mathieu Ichou, Au-delà de la crise des migrants : décentrer le regard (Karthala, 2016, 200 pages).

Dans un contexte électoral propice aux surenchères populistes sur les questions migratoires, les ouvrages de la spécialiste française des migrations Catherine Wihtol de Wenden, et de chercheurs de l’Institut national d’études démographiques (INED), Cris Beauchemin et Mathieu Ichou, fournissent, par un décentrement du regard sur les chiffres, l’histoire et la géographie des migrations, des clés salutaires de compréhension de la « crise des migrants » actuelle.

Ces deux livres s’attaquent d’abord à certaines idées reçues sur les migrations. La première est celle de l’invasion. Or, les 244 millions de migrants actuellement recensés dans le monde ne représentent que 3,5 % de la population mondiale, contre 5 % au début du xxe siècle. Les immigrants représentent en 2015 les trois quarts de la population au Koweït ou au Qatar, 15 % en Australie, 10 % en Amérique du Nord et dans l’Union européenne, et 12 % en France. Que les Français évaluent à 30 % la part des migrants dans la population témoigne donc d’une formidable distorsion. Plus de la moitié des migrants en Europe sont des Européens (52 % en 2015), 27 % sont africains, 20 % sont asiatiques. S’agissant des réfugiés, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) estimait qu’en 2014 l’Union européenne accueillait 11 % des 13,7 millions de réfugiés, chiffres inférieurs à ceux de l’année 2000, où l’Europe accueillait 22 % des réfugiés de la planète, le nombre maximum (18 millions) ayant été atteint en 1992. Parallèlement, l’Europe détient en 2016 un triste record, les trois quarts des disparitions de migrants étant intervenues en Méditerranée.

Les chercheurs de l’INED montrent en outre – en dépit de lacunes statistiques sur les migrations de retour et de « re-migrations » – que les migrations ne sont pas si permanentes que cela, 20 à 50 % des migrants repartant dans les cinq années suivant leur arrivée. En France, le solde migratoire de 2013 (140 000) a diminué par rapport à celui de 2006 (164 000). Les retours sont motivés notamment par l’atteinte d’un montant suffisant d’économies, ou de l’âge de la retraite, ou encore par l’évolution de la situation socio-économique et politique dans le pays d’origine ou d’accueil. Cependant, la fermeture des frontières produit une « trappe migratoire » conduisant à la sédentarisation des migrants dans leur pays de destination, en particulier quand ils ont un statut irrégulier.

Par ailleurs, les Subsahariens qui, en 2012, représentaient 12 % des ressortissants de pays tiers en Europe n’abusent pas du regroupement familial. Beaucoup optent en effet pour un mode de vie familial transnational, la venue en France de leur famille leur paraissant coûteuse, tandis que les familles africaines, plus solidaires, s’opposent souvent au départ des enfants et de l’épouse, qu’elles considèrent comme des ressources. Ainsi, dix ans après leur départ en Europe, 49 % des Congolais avaient retrouvé leurs enfants en rentrant chez eux, et 27 % avaient été rejoints par leurs enfants en Europe.

De même, les capacités d’intégration des pays de destination sont plus grandes qu’il n’y paraît. En 1939, environ 500 000 Espagnols fuyant le franquisme se sont réfugiés en France. Initialement mal accueillis car perçus comme trop à gauche, ils se sont pourtant parfaitement intégrés, grâce, notamment à leur participation à la résistance contre le nazisme. De même, en 1962 – certes dans la période des Trente Glorieuses – 600 000 « pieds noirs » ont été rapatriés d’Algérie et ont bénéficié d’une politique volontariste d’intégration motivée en particulier par la dette coloniale. Enfin, en 1975, alors même que l’immigration de travail était officiellement terminée depuis 1974, la France a réinstallé et intégré activement 120 000 réfugiés d’Indochine présentés comme victimes du communisme.

« L’arrivée de migrants n’a au pire, aucun effet sur l’économie, et, au mieux, un effet légèrement positif », car elle augmente la demande et crée de nouvelles opportunités économiques. Les migrants, qui sont souvent plus éduqués que la moyenne de la population de leur pays d’origine, peuvent apporter leurs contributions fiscales aux systèmes sociaux quand ils sont en situation régulière. L’immigration irrégulière, elle, répond à un fort besoin de main-d’œuvre peu qualifiée dans des secteurs d’activité souvent désertés par les populations locales. Ainsi, en Floride, l’économie a-t-elle mis cinq années pour absorber un flux de 125 000 Cubains arrivés en 1980 ; en Israël, l’immigration en provenance de Russie a entraîné une augmentation de 4 % de la population en 1990, mais pas de baisse des salaires ; en Turquie, la vague de réfugiés syriens de 2015 rend certes plus difficile l’accès au marché informel de l’emploi pour les Turcs, mais reste sans effet sur les salaires. […]

Pour lire la recension de Corinne Balleix dans son intégralité, cliquez ici.

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Qui a peur du wolof ?

Le Monde Diplomatique - Fri, 16/06/2017 - 10:31

La promotion de la langue française et de la diversité culturelle et linguistique figure en tête des missions de l'Organisation internationale de la francophonie. Écrivain sénégalais d'expression française, Boubacar Boris Diop écrit également en wolof depuis 2003. Il interpelle les auteurs africains : Prenez la francophonie au mot ! Défendez aussi les langues du continent noir !

Au Sénégal, ma génération a été dans les années 1960 — aussitôt après l'indépendance — la première à étudier ce qu'on appelle, d'un terme vague et quasi insaisissable, la « littérature africaine ». En passant d'Arthur Rimbaud et Honoré de Balzac à Léopold Sédar Senghor et Mongo Beti, nous avions le sentiment de lâcher enfin, pour ainsi dire, l'ombre pour la proie. Même si nous aimions certains de nos nouveaux auteurs bien plus que d'autres, tous ont forgé, chacun à sa façon, notre caractère. En ce temps-là, les frontières de l'Afrique étaient plus mentales que géographiques, on n'avait pas besoin d'y être né pour être accepté comme un de ses fils à part entière ; je ne me souviens pas d'avoir entendu l'un de mes camarades s'interroger, par exemple, sur l'africanité d'Aimé Césaire : c'eût été aussi incongru que de se demander si Frantz Fanon (1) était algérien. Tous deux — le premier, surtout — étaient omniprésents dans les cours, pour notre plus grand bonheur. En revanche, les écrivains anglophones, lusophones et d'Afrique du Nord brillaient par leur absence. On pouvait certes croiser au détour d'une page Mohammed Dib ou Kateb Yacine, Amos Tutuola ou Chinua Achebe, mais ils n'étaient là, j'en ai bien peur, que pour faire bonne mesure. Au pays de Senghor, nous étions déjà au cœur d'une francophonie littéraire dont il allait, sa vie durant, se faire le griot.

À Ibadan ou à l'université Makerere (Kampala), les jeunes Nigérians et Ougandais de notre âge n'avaient d'autre choix que de se résigner, eux aussi, à cette confusion systématique entre la partie et le tout. Lorsque Jane Wilkinson mitonne en 1992 son célèbre Talking with African Writers (« Causeries avec les écrivains africains ») (2), c'est avec les anglophones Tsitsi Dangarembga, Wole Soyinka, Essop Patel et Mongane Wally Serote qu'elle entre longuement en conversation. En somme, les soleils des indépendances s'étaient à peine levés que leurs rayons se tournaient déjà le dos. Ce que Cheikh Hamidou Kane appellera plus tard le « premier matin de l'Occident » en Afrique était vécu comme le choc initial, l'événement hors duquel rien ne méritait d'être pris en compte.

Dans l'espace francophone, Force- Bonté, du Sénégalais Bakary Diallo (3), pose en 1926 la toute première borne d'un champ littéraire dont les contours vont se préciser au cours des décennies suivantes. Les Congrès des artistes et écrivains noirs de 1956 (Paris) et 1959 (Rome) en ont été deux repères importants ; Présence africaine — la revue et la maison d'édition — avait vu le jour dix ans plus tôt. En définitive, un héritage a été légué, que l'on voit se perpétuer tant bien que mal. À Dakar ou à Yaoundé, la presse continue à rendre compte de la parution, presque toujours à Paris, de romans ou d'essais d'auteurs africains, spécule sur les lauréats africains potentiels du Renaudot ou du Femina et, relayant les débats académiques, s'interroge gravement : le « malaxage », si réussi chez Ahmadou Kourouma, du français et du malinké, ne serait-il pas, tout bien pesé, l'avenir de notre littérature ? Quid du « réalisme magique » dans Pedro Páramo, du Mexicain Juan Rulfo, et dans Les Sept Solitudes de Lorsa Lopez, du Congolais Sony Labou Tansi ?

Coupés de leurs compatriotes

Les auteurs vivants ne sont pas en reste. On les voit sur tous les podiums et plateaux de télévision, concentrés ou désinvoltes, mais toujours bien décidés à remettre l'Afrique sur ses pieds. Toutefois, ce n'est peut-être là qu'une façon de parler : en « postcolonie », l'inquiétude pour l'avenir du continent n'est plus la chose du monde la mieux partagée, et certains auteurs, on ne sait trop pourquoi, se mettent en position de tir dès qu'ils entendent le mot « identité ». Ce sont les mêmes qui, pourtant, se vantent à l'occasion de pimenter et de faire délirer une langue française un peu trop sage et pâlichonne à leur goût…

En vérité, ils se seraient bien passés de ces cabrioles stylistiques, mais il est si difficile, pour parler comme le poète haïtien Léon Laleau, de « dire avec des mots de France [un] cœur venu du Sénégal »… Si tout écrivain entretient des rapports orageux avec les mots, dans le cas de l'auteur africain, c'est sa langue d'écriture qui est tout entière problématique. On m'a ainsi demandé d'abord : « Pourquoi écrivez-vous en français ? », puis, après la parution de mon roman Doomi Golo : « Pourquoi écrivez-vous en wolof ? » Personne n'a besoin de lire vos livres pour vous poser ces questions, qui charrient toutes les frustrations d'un échange humain avorté, aux antipodes du projet littéraire.

Il se pourrait bien que la névrose linguistique soit une spécificité francophone : si, au Zimbabwe ou au Kenya — deux exemples choisis au hasard —, on ne fait pas de fixation sur le sujet, c'est en partie grâce à la cohabitation, même ambiguë, entre l'anglais et les langues nationales dans les ex-colonies britanniques. Les intellectuels francophones ont, quant à eux, toujours été plus réticents à se faire à l'idée que leurs langues ne sont en rien inférieures à celle de Molière.

Il serait simpliste, voire injuste, d'expliquer cette attitude par on ne sait quel mépris de soi : des auteurs peu suspects de complaisance pour le néocolonialisme français se sont toujours montrés assez réservés à l'égard des langues africaines, surtout par crainte, semble-t-il, de leur charge tribale. Une amie romancière vivant à Paris me dit préférer un « statu quo réaliste » parce que la moindre controverse linguistique mènerait le Cameroun, son pays, au chaos. Rien n'étant simple, elle m'avouera aussi parler de plus en plus mal sa langue maternelle, qu'elle n'a jamais su écrire. Beaucoup d'écrivains africains nés en Occident ou y ayant grandi se trouvent dans la même situation. Il n'y a donc rien d'infamant dans leur préférence pour le français. Peut-être devraient-ils tout juste s'interdire de dénigrer des langues africaines qu'ils connaissent si mal.

Il est vrai aussi que des esprits chahutés par l'histoire peuvent avoir le sarcasme facile : un roman en soussou, en sénoufo ou en fon, est-ce bien sérieux ? Qui va donc lire ça ? Cet argument de la rentabilité, brandi en toute occasion, paraît frappé au coin du bon sens. En fait, il est totalement insensé, en ce qu'il présuppose une bonne tenue commerciale, purement imaginaire, de la production en langue française... Pour autant qu'on parle de littérature, il n'existe nulle part un commerçant nommé « public » passant commande de sa fiction à un fournisseur et payant à la livraison. À ce compte, un certain Guy des Cars, qui a sans doute vendu plus de livres que Jean-Paul Sartre et Albert Camus réunis, serait le plus grand romancier français du XXe siècle. Dès lors que la trace est l'enjeu, ce sont les textes qui créent le public, et non l'inverse. Stendhal met en évidence ce pari sur la durée lorsque, comparant l'écriture de son roman Le Rouge et le Noir à l'achat d'un billet de loterie, il conclut : « Le gros lot se réduit à ceci : être lu en 1935. »

À quoi il faut ajouter que le risque pour un texte de tomber dans l'oubli est beaucoup plus faible en 2017 que du temps de Stendhal. Tout pouvant être traduit, il importe peu que l'on écrive pour un milliard de Chinois, onze millions de Grecs ou quatorze millions de Sénégalais. Le seul danger ici serait de n'être à l'écoute que des langues les plus parlées, comme l'anglais ou l'espagnol. Des amis et moi-même avons voulu montrer, en lançant aux éditions Zulma le label Céytu, qu'au rendez-vous des cultures toutes les voix ont une égale dignité. Cette collection a en effet pour vocation de traduire en wolof des titres majeurs de la littérature universelle.

L'Afrique est le continent où l'écart entre les auteurs et leurs compatriotes est le plus grand. On en est même venu à douter de l'aptitude de ses langues à la création littéraire. Un tel préjugé est plus répandu qu'on ne croit. En témoigne la mésaventure d'un jeune et brillant chercheur sénégalais occupé à démontrer dans sa thèse que les fictions en kikuyu ou en wolof ne sauraient être que linéaires et leurs intrigues sans surprises, et qui dut complètement changer d'avis en lisant mon roman Doomi Golo, puis Mbaam Aakimoo, de Cheik Aliou Ndao. Ces deux ouvrages font partie d'une riche production en wolof qui ne se porte pas moins bien que sa sœur francophone, pourtant plus présente dans les médias et en librairie.

De telles avancées n'ont pas pu être réalisées à partir de rien. Le scientifique et historien sénégalais Cheikh Anta Diop, nourri dans son enfance de la poésie wolofal — c'est-à-dire le wolof transcrit avec l'alphabet arabe — de Serigne Mor Kayré et Serigne Moussa Kâ, a réussi à faire le lien entre eux et les intellectuels occidentalisés. C'est à leurs écrits qu'il pense lorsque, en 1948, il exhorte les Africains à ne plus se résigner au viol de leur imaginaire. De Cheikh Anta Diop, on peut dire qu'il a été prophète en son pays, puisque tout ce qui s'y fait dans le domaine des langues nationales résulte de ses travaux. C'est aussi de lui que se réclame la linguiste Arame Fal, à qui l'on doit les publications scientifiques si utiles pour l'enseignement du wolof, en particulier dans le supérieur. L'université Gaston-Berger de Saint-Louis s'y est mise bien plus récemment que celle de Dakar, mais elle a innové en se concentrant sur la prose en pulaar et en wolof.

Ce serait toutefois aller trop vite en besogne que de parler de libération culturelle. L'évolution constatée ne résulte pas d'un quelconque patriotisme linguistique. Les militants qui essaient de suppléer aux défaillances de l'État oscillent sans cesse entre un optimisme quelque peu forcé et un profond découragement. De fait, l'élite sénégalaise continue à respecter et à aimer d'un amour sincère le français, seule langue officielle — la Constitution exige d'ailleurs sa maîtrise pour tout candidat à la présidence de la République ! Abondante et de qualité, la création en pulaar, sérère et wolof reste si invisible que, pour tout le monde, on ne peut être écrivain qu'en langue française. En réalité, seul l'effondrement du système éducatif a pu ouvrir une brèche telle que, pour paraphraser Cheikh Anta Diop, le pays peut basculer à tout moment sur la pente de son destin linguistique.

Les textes appelés à rendre possible cette révolution culturelle sont en train d'être conçus dans l'ombre par des auteurs peu intéressés par le miroir aux alouettes d'une réception immédiate. Le Sud-Africain J. M. Coetzee, qui n'est certainement pas ce qu'on pourrait appeler un militant des langues africaines, nous conduit pourtant dans Elizabeth Costello à l'exact point de jonction entre l'esthétique et le politique. L'une des nouvelles de l'ouvrage, intitulée « Le roman en Afrique », met en scène Emmanuel Egudu, écrivain nigérian plutôt vaniteux, qui se fait sèchement remettre à sa place par l'héroïne : « Le roman anglais, lui dit-elle, est avant tout écrit par les Anglais pour les Anglais. C'est son essence même, c'est ce qui fait que l'on parle du roman anglais. Le roman russe est écrit par les Russes pour les Russes. Le roman africain, lui, est écrit par les Africains, mais il ne s'adresse pas aux Africains. Certes, les romanciers africains parlent de l'Afrique, décrivent des expériences africaines, mais j'ai l'impression qu'ils sentent tout le temps par-dessus leur épaule le regard des étrangers en train de lire leur texte. Que cela leur plaise au non, ils se sont résignés au rôle d'interprètes ; ils expliquent l'Afrique. Or comment un romancier peut-il explorer un univers humain dans toute sa profondeur s'il lui faut mobiliser autant d'énergie pour l'expliquer à des étrangers ? »

Ce que Coetzee nous rappelle ici, c'est que l'écrivain reçoit sa langue en héritage et, à force de vouloir la plier à sa volonté, la recrée sans cesse. De proche en proche, il change ainsi l'idée qu'une nation se fait d'elle-même, au point de la réinventer. Cela suppose au départ une intimité absolue avec le dire de la société : nous ne parlons pas notre langue maternelle, nous n'en sommes que l'écho. Que peut-il bien se passer, en effet, dans la tête d'un auteur qui travaille avec des mots qu'il n'entend jamais autour de lui, pas même de sa propre bouche ? Il se prive d'une certaine richesse sonore née de la tension entre une parole vivante et les termes inertes du dictionnaire. Cela pourrait bien expliquer le manque de naturel, souvent déploré, d'une littérature afro-française qui, paradoxalement, n'est ni africaine ni française. Habiter cet entre-deux-langues suscite un mal-être en quelque sorte structurant, dans la mesure où il est à l'origine de bien des révolutions formelles en littérature africaine ; cela explique aussi un projet comme celui du Malien Massa Makan Diabaté, qui se faisait fort de « violer la langue française pour lui faire des petits bâtards ».

Mais quelques auteurs de génie ne peuvent à eux seuls nous masquer le manque de caractère de cette littérature devenue peu à peu une vague commodité stratégique pour Paris. Fait unique, la France consent à financer entièrement la littérature de ses ex-colonies parce qu'il lui faut bien tenir son rang, surtout au moment où elle sent le sol se dérober sous ses pas.

Un tel système de domination, porté par la lourde machinerie francophone, est pourtant en train de donner des signes d'essoufflement. La greffe n'a pas pris, et on se rend compte d'un seul coup que la production africaine d'expression française a toujours été, en définitive, une littérature de transition. Au Sénégal, la littérature wolof pourrait se substituer à elle plus tôt qu'on ne croit. Dans vingt ans ? Dans trente ans ? Peu importe : à l'échelle de l'histoire, c'est à peine le temps d'un clin d'œil. Si c'est devenu inéluctable dans ce pays francophile entre tous, c'est que, tôt ou tard, il en sera de même partout ailleurs en Afrique.

En somme, rira bien qui écrira le dernier…

(1) Lire Salima Ghezali, « Rendez-vous avec Frantz Fanon », Le Monde diplomatique, juillet 2012.

(2) Jane Wilkinson, Talking with African Writers : Interviews with African Poets, Playwrights and Novelists, James Currey, Londres, 1992.

(3) Bakary Diallo (1892-1979) relate dans ce livre son expérience de tirailleur sénégalais en 1914-1918.

Arms for the World

German Foreign Policy (DE/FR/EN) - Fri, 16/06/2017 - 00:00
(Own report) - German arms exports are leveling out at a new record high, as indicated by the Arms Export Report for 2016 and the first four months of 2017, published last Wednesday in Berlin. According to the report, the German government has approved €6.85 billion worth of military equipment sales in 2016 - one billion less than in 2015 but significantly more than the fluctuations around five billion in the overall value of arms exports since 2003. The main recipients of German deliveries include countries of the Arab Peninsula, particularly Saudi Arabia and the United Arab Emirates, with the aim of forming a military counterforce to Iran. For over two years, they have been waging war against Yemen - also using German weapons. Berlin has also approved the sale of patrol boats to Saudi Arabia, which can be used to escalate the famine blockade around Yemen. Algeria and Egypt are receiving German warships. A closer cooperation with the navies of these two countries would enable Berlin and Brussels to complete their control over the EU's southern flank. German arms recipients include several countries around the Pacific basin, prone to become Western partners in the event of a conflict with the People's Republic of China.

Energy Security in North Korea: From Defiance to Survival

Foreign Policy Blogs - Thu, 15/06/2017 - 20:50

With our ever-growing needs for electricity and our consumption habits, night time is not like what it was a few decades ago. Now our cities are as illuminated as in the middle of the day. Hence the astonishment in discovering this photograph of North Korea plunged into complete darkness.

It is easy to imagine the surprise of astronauts aboard the International Space Station (ISS) when they photographed East Asia and saw a ‘black hole’ between China and South Korea. No, the Sea of Japan has not joined the Yellow Sea by drowning North Korea. According to the NASA: “Coastlines are often very apparent in night imagery, as shown by South Korea’s eastern shoreline. But the coast of North Korea is difficult to detect. These differences are illustrated in per capita power consumption in the two countries, with South Korea at 10, 162 kilowatt hours and North Korea at 739 kilowatt hours.”

How can we explain the total blackness of this country of 25 million inhabitants? In a few words, the legacy of the Kim Dynasty.

Pyongyang, the capital of North Korea (DPRK), offers the surreal spectacle of immense, endless and wide arteries definitely devoid of any traffic, lined with sinister gray buildings and soulless. There are few people in the streets of this capital. Where are the shops? The crowd, the frenzy that one observes in all Asian cities?

One symbol: The Ryugyong Hotel, a sort of stylized Russian mountain that had to peak at 330 meters and offer 360,000 square meters on 105 floors has long offered the spectacle of a desolate concrete blockhouse structure. Started in 1987, the construction was stopped in 1992 due to frequent power cuts as the government was going through a lot of financial hardship. It was during these same years that North Korea went through a severe famine.

How is this possible in a country where resources abound? The industrialization of Korea has essentially served to over-militarize the country. The figures are eloquent: first army in the world in number of military per thousand inhabitants and fifth army in the world in terms of numbers. Moreover, DPRK is now the 9th state to possess nuclear weapons, which raises the concern of the international community.

On the agricultural side, the picture is even more dramatic. North Korea has gone through a series of appalling natural disasters: floods and droughts, but aggravated by the implementation of agrarian reforms in Moscow: massive deforestation, intensive agriculture have washed out and deeply impoverished the soil. To obtain oil at preferential tariffs, North Korea had to trade agricultural commodities. Its situation deteriorated further after the collapse of the USSR. Russia naturally stopped the financial aid provided to the people’s republics during the communist era.

With a mineral resource estimated at 24 times that of South Korea, the DPRK has a major economic asset, particularly with a view to the reunification of the peninsula, since it would restore complementarity between the North (where most of the heavy industries were located in 1945) and the South, which traditionally harbors the best agricultural land.

According to the Bank of South Korea, the mining sector accounted for 8.7% of the DPRK’s gross domestic product in 2004: if energy resources (coal) are the main resource in mining production, North Korea is also rich in several strategic minerals: its reserves of magnesite, tungsten, graphite (2006 production: 32,000 tons, 6% of world reserves), gold (2006 production: 2 tons) and molybdenum (ores) place the DPRK in the first rank worldwide. The North Korean subsoil also contains tungsten, mercury, phosphates, silver, fluorine, titanium and molybdenum.

North Korea is second country in the world (after China) for magnesite reserves, estimated at 490 million tons. Annual production of magnesite (10% of the world total) ranks North Korea third in the world.

In addition, there are offshore oil reserves, not exploited, in the Western Sea, whose location straddles the Chinese and North Korean maritime areas. Coal production (mainly anthracite, with reserves estimated at 1.8 billion tones), or 23 million tones per year, is allocated in 600 mines. It is concentrated in the areas of Kaechon, Pukchang, Sunchon, and Tockchon, in South Pyongan, and Saebyol in North Hamgyong. Some of the production is exported to China (2.27 million tones in January-December 2005, accounting for nearly 10% of China’s coal imports).

Early to mid-1960s the north Korean economy actually outpaced that of South Korea. During this time both sides of the Cold War were pouring aid into both countries in an attempt to show that their system was superior. South Korea grew fast, but North Korea held its own.

Iron resources in 1970 had made the North Korean iron and steel industry the fourth most powerful in Asia, after Japan, China and India. At the end of the 1980s, the extension of the Kim Chaek Iron and Steel Complex had raised the annual steel production to 7 million tons. If energy shortages subsequently affected production capacity, they tend to be restored: in 2007, steel production was estimated at 1.23 million tones (up 16% from 2004) but decreased to 1.079 million tones in 2015. Iron production (5 million tons in 2005) places the DPR Korea at 18th place worldwide.

Copper is produced mainly in the Musan mine (North Hamgyong), the largest in Asia (its reserves are estimated at between 3 and 7 billion tons), which also produces iron, and the Unryul mine (South Hwanghae). Copper ore production amounted to 4.91 million tones in 2005 (of which 1 million tones were exported to China in 2005, compared to 600,000 tones in 2004) and 5.13 million tones in 2007.

In the case of non-ferrous metals, other production (zinc: production 2006 67,000 tons, lead: production 20,000 tons 2006) is produced in the Komdok mine (South Hamgyong) and refined in Mungyong. Production of fluoride (12,000 tons) ranks North Korea fifteenth in the world.

Given North-South complementarity in the mining sector, this sector has given rise to several inter-Korean projects, carried out on the South side by the state-owned Korea Resources Corporation (KORES), in particular for the exploitation of graphite.

The mining resources of the DPRK are also being developed in partnership with foreign countries, with China and Germany among others, in particular to modernize production structures. In 2005, a Sino-North Korean agreement (between the Chinese Metal Mining Company and the DPRK Ministry of Foreign Trade) was the first in the mining sector outside of a special economic zone. Anthracite mines in Yongtung, whose annual production amounts to 1 million tons. On December 12, 2008, an agreement in the coal and chemical industry was signed between China and North Korea.

The UK’s Ericon Company and the Dancheon mining bureau in North Korea had also agreed to set up a joint management company. According to the agreement, the Ericon Company was to invest about 400 million Euros in a mine, magnesium plant, and the Dancheon Port; however, this project was terminated without any results.

It is difficult for foreign investors to participate in the management of joint companies with North Korea. Foreign investors want to establish their own companies and operate the mines. The rights of investors to ownership, exports, and other key business arrangements related to the North Korea mining industry are unclear. North Korea is not forthcoming about its mining projects and will not provide information without prior investment agreements with foreign companies.

Additionally, the antiquated infrastructure (including power, rail, and ports) and resulting low productivity make mining operations difficult for foreign investors. North Korean groups specialize in production and trade for the mining sector, such as the Korea Kwangsong Trading Corporation and the Korea General Magnesia Clinker Industry Group

Attempt to expand oil capacities

As of March of this year, North Korea has expanded its oil import capacity as Washington seeks to tighten sanctions on its nuclear and ballistic missile programs. The expansion of the oil terminal in Nampo, a port city on the west coast of North Korea, has been under way since October 2015. The report is based on satellite images taken on October 4, 2015, and again on October 4, 2016.

It seems that North Korea has built a second wharf at the oil terminal and the dry land between the two docks should be used for a new oil terminal and storage facilities. North Korea imports 90% of its energy from China and crude oil is considered a vital link for the army and economy of Pyongyang.

Ed Royce, chairman of the Foreign Affairs Committee of the US House of Representatives, introduced in March new legislation to significantly strengthen sanctions against North Korea, including sanctions against those supplying crude oil and other products related to the North.

Seoul welcomed the legislation by saying it could be a “strong message” to exert “tangible pressure” on North Korea.

According to Chinese Customs data, in the first quarter of 2017, imports from China to North Korea increased by 18.4% compared to the same period of last year, while its exports to North Korea increased by 54.5%. From January to March 2017, China’s trade with North Korea amounted to 8.4 billion yuan (1.15 billion euros). China’s trade surplus with North Korea reached 1.52 billion yuan (208 million euros)—an increase of 37.4%.

From 19 February, China suspended imports of North Korean coal. It did not import it at all in March. As a result, in the first quarter of 2017, coal imports from North Korea were only half of what they were a year ago. According to Reuters, following the implementation of this suspension, Beijing ordered commercial companies to return the cargo of coal from North Korea.

As North Korea reach out to new friends late April, it urged Algeria to help it exploit its oil. This is what justifies the visit in the Algerian capital of Sin Hong Chol, the deputy North Korean Minister of Foreign Affairs. The official proposed to the Algerian authorities to look at the opportunities offered by his country, particularly in the field of exploration.

It was also an opportunity for the official to call for the strengthening of energy cooperation between the two countries, while highlighting his country’s skills in the field of hydrocarbon processing. With a total embargo on oil imports because of its nuclear tests, North Korea could, if indeed it received the aid of Algeria, develop a solid hydrocarbon industry in order to emancipate itself from this blockade.

According to the Energy Information Administration (EIA), as of July 2015, North Korea has no proven oil reserves or petroleum and other liquids production. During North Korea’s industrial peak in the 1970’s and 1980’s, the country was able to import oil from China and the Soviet Union at below market prices. Following the end of the Cold War, these deals ended, and North Korea’s oil consumption dropped from 76,000 barrels per day (b/d) in 1991 to 17,000 b/d in 2013.

It is difficult to get an exact estimate of the amount of oil imported into North Korea each year, states the EIA. Some estimates report that North Korea imports more than half of its oil from China and some volumes from Russia. North Korea has the capacity to refine 64 thousand barrels a day, however as a result of the economic decline, has utilization rates below 20 percent. Despite this, North Korea is able to refine enough crude oil to meet some of their domestic demand.

Patricia Schouker is an energy analyst based in Washington DC and an Associate Member of New College at Oxford University. Twitter: @Patricia_Energy.

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‘All of us can and must be prepared to speak out’ to halt abuse of older persons – UN rights expert

UN News Centre - Thu, 15/06/2017 - 18:39
Many older persons are at risk of being abused by their own relatives, a United Nations human rights expert has warned, urging greater vigilance and more reporting of suspected cases, especially since many fear on the part of older persons may not speak up for fear of reprisals – or to protect family members from criminal prosecution.

Yemen: As humanitarian crisis deepens, Security Council urges all parties to engage in peace talks

UN News Centre - Thu, 15/06/2017 - 07:00
Expressing grave concern about the humanitarian situation in Yemen, the United Nations Security Council today adopted a Presidential Statement calling on all parties to engage constructively and in good faith to find a peaceful solution to the conflict in that country.

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