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Diplomacy & Crisis News

La fabrique des indésirables

Le Monde Diplomatique - Mon, 12/06/2017 - 12:02
Cécile Carrière. — de la série « Barques », 2014 cecilecarriere.fr - Collection Fondation François Schneider

Camps de réfugiés ou de déplacés, campements de migrants, zones d'attente pour personnes en instance, camps de transit, centres de rétention ou de détention administrative, centres d'identification et d'expulsion, points de passage frontaliers, centres d'accueil de demandeurs d'asile, « ghettos », « jungles », hotspots... Ces mots occupent l'actualité de tous les pays depuis la fin des années 1990. Les camps ne sont pas seulement des lieux de vie quotidienne pour des millions de personnes ; ils deviennent l'une des composantes majeures de la « société mondiale », l'une des formes de gouvernement du monde : une manière de gérer l'indésirable.

Produit du dérèglement international qui a suivi la fin de la guerre froide, le phénomène d'« encampement » a pris des proportions considérables au XXIe siècle, dans un contexte de bouleversements politiques, écologiques et économiques. On peut désigner par ce terme le fait pour une autorité quelconque (locale, nationale ou internationale), exerçant un pouvoir sur un territoire, de placer des gens dans une forme ou une autre de camp, ou de les contraindre à s'y mettre eux-mêmes, pour une durée variable (1). En 2014, 6 millions de personnes, surtout des peuples en exil — les Karens de Birmanie en Thaïlande, les Sahraouis en Algérie, les Palestiniens au Proche-Orient... —, résidaient dans l'un des 450 camps de réfugiés « officiels », gérés par des agences internationales — tels le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens — ou, plus rarement, par des administrations nationales. Souvent établis dans l'urgence, sans que leurs initiateurs aient imaginé et encore moins planifié leur pérennisation, ces camps existent parfois depuis plus de vingt ans (comme au Kenya), trente ans (au Pakistan, en Algérie, en Zambie, au Soudan) ou même soixante ans (au Proche-Orient). Avec le temps, certains se sont mis à ressembler à de vastes zones périurbaines, denses et populaires.

La planète comptait également en 2014 plus de 1 000 camps de déplacés internes, abritant environ 6 millions d'individus, et plusieurs milliers de petits campements autoétablis, les plus éphémères et les moins visibles, qui regroupaient 4 à 5 millions d'occupants, essentiellement des migrants dits « clandestins ». Ces installations provisoires, parfois qualifiées de « sauvages », se retrouvent partout dans le monde, en périphérie des villes ou le long des frontières, sur les terrains vagues ou dans les ruines, les interstices, les immeubles abandonnés. Enfin, au moins 1 million de migrants sont passés par l'un des 1 000 centres de rétention administrative répartis dans le monde (dont 400 en Europe). Au total, en tenant compte des Irakiens et des Syriens qui ont fui leur pays ces trois dernières années, on peut estimer que 17 à 20 millions de personnes sont aujourd'hui « encampées ».

Au-delà de leur diversité, les camps présentent trois traits communs : l'extraterritorialité, l'exception et l'exclusion. Il s'agit tout d'abord d'espaces à part, physiquement délimités, des hors-lieux qui souvent ne figurent pas sur les cartes. Quoique deux à trois fois plus peuplé que le département de Garissa où il se trouve, le camp de réfugiés de Dadaab, au Kenya, n'apparaît pas sur les représentations de ce département. Les camps jouissent également d'un régime d'exception : ils relèvent d'une autre loi que celle de l'État où ils sont établis. Quel que soit leur degré d'ouverture ou de fermeture, ils permettent ainsi d'écarter, de retarder ou de suspendre toute reconnaissance d'une égalité politique entre leurs occupants et les citoyens ordinaires. Enfin, cette forme de regroupement humain exerce une fonction d'exclusion sociale : elle signale en même temps qu'elle dissimule une population en excès, surnuméraire. Le fait d'être ostensiblement différent des autres, de n'être pas intégrable, affirme une altérité qui résulte de la double mise à l'écart juridique et territoriale.

Si chaque type de camp semble accueillir une population particulière — les migrants sans titre de séjour dans les centres de rétention, les réfugiés dans les structures humanitaires, etc. —, on y retrouve en fait un peu les mêmes personnes, qui viennent d'Afrique, d'Asie ou du Proche-Orient. Les catégories institutionnelles d'identification apparaissent comme des masques officiels posés provisoirement sur les visages.

Ainsi, un déplacé interne libérien vivant en 2002-2003 (soit au plus fort de la guerre civile) dans un camp à la périphérie de Monrovia sera un réfugié s'il part s'enregistrer l'année suivante dans un camp du HCR au-delà de la frontière nord de son pays, en Guinée forestière ; puis il sera un clandestin s'il le quitte en 2006 pour chercher du travail à Conakry, où il retrouvera de nombreux compatriotes vivant dans le « quartier des Libériens » de la capitale guinéenne. De là, il tentera peut-être de rejoindre l'Europe, par la mer ou à travers le continent via les routes transsahariennes ; s'il arrive en France, il sera conduit vers l'une des cent zones d'attente pour personnes en instance (ZAPI) que comptent les ports et aéroports. Il sera officiellement considéré comme un maintenu, avant de pouvoir être enregistré comme demandeur d'asile, avec de fortes chances de se voir débouté de sa demande. Il sera alors retenu dans un centre de rétention administrative (CRA) en attendant que les démarches nécessaires à son expulsion soient réglées (lire l'article page 16). S'il n'est pas légalement expulsable, il sera « libéré » puis se retrouvera, à Calais ou dans la banlieue de Rome, migrant clandestin dans un campement ou un squat de migrants africains.

Les camps et campements de réfugiés ne sont plus des réalités confinées aux contrées lointaines des pays du Sud, pas plus qu'ils n'appartiennent au passé. Depuis 2015, l'arrivée de migrants du Proche-Orient a fait émerger une nouvelle logique d'encampement en Europe. En Italie, en Grèce, à la frontière entre la Macédoine et la Serbie ou entre la Hongrie et l'Autriche, divers centres de réception, d'enregistrement et de tri des étrangers sont apparus. À caractère administratif ou policier, ils peuvent être tenus par les autorités nationales, par l'Union européenne ou par des acteurs privés. Installées dans des entrepôts désaffectés, des casernes militaires reconverties ou sur des terrains vagues où des conteneurs ont été empilés, ces structures sont rapidement saturées. Elles s'entourent alors de petits campements qualifiés de « sauvages » ou de « clandestins », ouverts par des organisations non gouvernementales (ONG), par des habitants ou par les migrants eux-mêmes. C'est ce qui s'est produit par exemple autour du camp de Moria, à Lesbos, le premier hotspot (centre de contrôle européen) créé par Bruxelles aux confins de l'espace Schengen en octobre 2015 pour identifier les migrants et prélever leurs empreintes digitales. Ces installations de fortune, qui accueillent généralement quelques dizaines de personnes, peuvent prendre des dimensions considérables, au point de ressembler à de vastes bidonvilles.

En Grèce, à côté du port du Pirée, un campement de tentes abrite entre 4 000 et 5 000 personnes, et jusqu'à 12 000 personnes ont stationné à Idomeni, à la frontière gréco-macédonienne, dans une sorte de vaste zone d'attente (2). En France, également, de nombreux centres d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA) et centres d'hébergement d'urgence ont ouvert ces dernières années. Eux aussi souffrent d'un déficit chronique de places et voient se multiplier les installations sauvages à leurs abords. Les migrants refoulés de la structure ouverte par la mairie de Paris à la porte de la Chapelle à l'automne 2016 se retrouvent contraints de dormir dans des tentes, sur le trottoir ou sous le métro aérien.

Quel est l'avenir de ce paysage de camps ? Trois voies existent d'ores et déjà. L'une est la disparition, comme avec la destruction des campements de migrants à Patras, en Grèce, ou à Calais, en France, en 2009 puis en 2016, ou encore avec l'élimination répétée de campements dits « roms » autour de Paris ou de Lyon. S'agissant des camps de réfugiés anciens, leur disparition pure et simple constitue toujours un problème. En témoigne le cas de Maheba, en Zambie. Ce camp ouvert en 1971 doit fermer depuis 2002. À cette date, il comptait 58 000 occupants, dont une grande majorité de réfugiés angolais de la deuxième, voire de la troisième génération. Une autre voie est la transformation, sur la longue durée, qui peut aller jusqu'à la reconnaissance et à un certain « droit à la ville », comme le montrent les camps palestiniens au Proche-Orient, ou la progressive intégration des camps de déplacés du Soudan du Sud dans la périphérie de Khartoum. Enfin, la dernière voie, la plus répandue aujourd'hui, est celle de l'attente.

D'autres scénarios seraient pourtant possibles. L'encampement de l'Europe et du monde n'a rien d'une fatalité. Certes, les flux de réfugiés, syriens principalement, ont beaucoup augmenté depuis 2014 et 2015 ; mais ils étaient prévisibles, annoncés par l'aggravation constante des conflits au Proche-Orient, par l'accroissement des migrations durant les années précédentes, par une situation globale où la « communauté internationale » a échoué à rétablir la paix. Ces flux avaient d'ailleurs été anticipés par les agences des Nations unies et par les organisations humanitaires, qui, depuis 2012, demandaient en vain une mobilisation des États pour accueillir les nouveaux déplacés dans des conditions apaisées et dignes.

Des arrivées massives et apparemment soudaines ont provoqué la panique de nombreux gouvernements impréparés, qui, inquiets, ont transmis cette inquiétude à leurs citoyens. Une instrumentalisation du désastre humain a permis de justifier des interventions musclées et ainsi, par l'expulsion ou le confinement des migrants, de mettre en scène une défense du territoire national. À bien des égards, le démantèlement de la « jungle » de Calais en octobre 2016 a tenu la même fonction symbolique que l'accord de mars 2016 entre l'Union européenne et la Turquie (3) ou que l'érection de murs aux frontières de divers pays (4) : ils doivent faire la démonstration que les États savent répondre à l'impératif sécuritaire, protéger des nations « fragiles » en tenant à l'écart les étrangers indésirables.

En 2016, l'Europe a finalement vu arriver trois fois moins de migrants qu'en 2015. Les plus de six mille morts en Méditerranée et dans les Balkans (5), l'externalisation de la question migratoire (vers la Turquie ou vers des pays d'Afrique du Nord) et l'encampement du continent en ont été le prix.

(1) Cf. Gérer les indésirables. Des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire, Flammarion, coll. « Bibliothèque des savoirs », Paris, 2008.

(2) Pour une description plus large des camps en Europe, cf. Migreurop, Atlas des migrants en Europe. Géographie critique des politiques migratoires, Armand Colin, Paris, 2012, et Babels, De Lesbos à Calais. Comment l'Europe fabrique des camps, Le Passager clandestin, coll. « Bibliothèque des frontières », Neuvy-en-Champagne, à paraître ce mois-ci.

(3) Lire Hans Kundnani et Astrid Ziebarth, « Entre l'Allemagne et la Turquie, l'enjeu des réfugiés », Le Monde diplomatique, janvier 2017.

(4) Cf. Wendy Brown, Murs. Les murs de séparation et le déclin de la souveraineté étatique, Les Prairies ordinaires, Paris, 2009.

(5) Cf. Babels, La Mort aux frontières de l'Europe. Retrouver, identifier, commémorer, Le Passager clandestin, coll. « Bibliothèque des frontières », 2017.

PE 2/2017 en librairie !

Politique étrangère (IFRI) - Mon, 12/06/2017 - 11:23

Le nouveau numéro de Politique étrangère (2/2017) vient de paraître ! Il consacre un dossier complet à l’ASEAN qui fête ses 50 ans d’existence, tandis que le « Contrechamps » propose deux visions opposées sur les politiques économiques et budgétaires de la zone euro : Sous les dettes, la croissance ? Enfin, comme toujours, de nombreux articles viennent éclairer l’actualité, comme la Turquie, entre coup d’État et référendum ou encore le Brexit, représentatif d’une certaine idée de l’Europe.

En cinquante années d’existence, l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) a défini une approche complexe, progressive, équilibrée, de l’intégration régionale. Loin des affirmations spectaculaires de la construction européenne, elle articule les stratégies économiques et politiques d’États très divers avant tout soucieux de leurs propres souverainetés. La « voie asiatique » s’affirme ainsi très particulière, sans nul doute efficace. Mais suffira-t-elle face aux reclassements imposés par la montée en puissance du géant chinois ?

Le débat sur les politiques économiques et budgétaires de la zone euro s’est ré-ouvert à l’approche d’élections déterminantes, et suite aux inflexions des choix de la Commission européenne ou de la Banque centrale. La rubrique Contrechamps en propose deux visions, autour d’analyses contradictoires des notions de dette et de croissance. Un débat central pour la relance de la construction européenne tout entière.

La Crimée est-elle le nouveau trou noir de l’Europe ? Une contribution originale et informée fait le point sur les difficultés multiples d’une péninsule enclavée, auxquelles l’annexion russe paraît pour l’heure impuissante à répondre.

Également au menu du n° 2/2017 de Politique étrangère : la Turquie post-coup d’État et post-référendum ; Daech hors du territoire de l’État islamique ; et les conflits africains, pauvrement pensés par l’Occident selon des grilles de lecture décalées.

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Anti-Trump (II)

German Foreign Policy (DE/FR/EN) - Mon, 12/06/2017 - 00:00
(Own report) - On her trip to Argentina and Mexico last week, Chancellor Angela Merkel sought to use the tensions between US President Donald Trump and Latin America to strengthen German influence on the subcontinent, by expanding business relations. Berlin would like to knit closer ties to Argentina through a free trade agreement with the South American Mercosur alliance and is planning to expand bi-lateral trade with Mexico, on the basis of the existing free trade agreement. Already long before Trump's electoral victory, the German government had been seeking to strengthen its trade with Latin America. Trump's threats to fortify the Mexican border with a wall and the revocation of the NAFTA free trade agreement have practically driven the countries of this region into Berlin's arms. This was even reinforced, when Chancellor Merkel publicly criticized the wall project. The coup had the desired effect, despite the fact that the EU - under German pressure - is surrounding itself with wall-like border fortifications. The German effort to expand its Latin American influence is also directed at China.

The ‘Covfefe’ Coalition to Squeeze Qatar

Foreign Policy Blogs - Sun, 11/06/2017 - 19:27

Welcome to the twilight zone of foreign policy and geopolitics where facts and fiction are inseparable and alliance formation is ever more elusive. In a tweet sent out early on Monday morning June 5th, the Saudi Ministry of Foreign Affairs announced: “Protecting national security from threats of terrorism and extremism, Saudi Arabia has decided to sever diplomatic and consular relations with the State of Qatar.”

The official statement accused Qatar of supporting “various terrorist and sectarian groups aimed at destabilizing the region, including the Muslim Brotherhood group, Daesh (ISIS), and Al-Qaeda, promoting the ethics and plans of these groups through its media (Al-Jazeera)”. The charge seems hyperbolic if not dubious.

While the diplomatic discontent between Saudi Arabia and Qatar has been written on the wall since the Arab Spring, it caught foreign policy experts in the Middle East and the West by surprise. Saudi Arabia has assembled a coalition that include UAE, Bahrain, Egypt and few others that are less important politically and economically to join in an effort to squeeze Qatar into submission. They simultaneously cut their relationships with Qatar and denied that tiny state any access to their sea, land and airspace. A significant amount of Qatar’s food import comes through Saudi Arabia and this being the holy month of Ramadan it could have severe consequence on the former’s food supply.

International Reaction

While the diplomatic dominoes were falling one after the other, the Pentagon, via its military Central Command, has issued a statement confirming that there was “no plans to change our posture in Qatar,” in reference to the US military base and troops stationed in that country. On the other hand, Avigdor Lieberman, Israel’s Defense Minister went public with his nation’s enthusiasm: “There is no doubt that this opens very many possibilities of cooperation in the struggle against terror”.

Meanwhile, Kuwait and Turkey have offered diplomatic intervention and urged all parties to de-escalate and exercise restraint. The Emir of Kuwait has been busying himself with ‘shuttle diplomacy’.

So, what is driving this issue, and why now? The possible answers might not please all parties.

Chameleons In The Desert

Multilateral diplomatic divorces of this nature are not something that occur haphazardly. If it is a single motive it would have to be a multifaceted one. And since the Gulf Cooperation Council (GCC) is the epicenter of Arab oil wealth, it is fair to conclude that there are other actors, interest groups and nations whose hands are not always visible.

Of course, each actor who is part of this coalition is there to gain something; some of them might have short-term interests while others are motivated by the strategic outcome or the long-term.

The HackGate

The recent public release of hacked emails of UAE Ambassador to the US Yousef Al-Otaiba raise many questions and implicate UAE along with some former US officials as a co-conspirators in a multiparty effort to isolate Qatar.

Virtually the entire agenda of a two day conference that took place a year ago between Foundation for Defense of Democracies (FDD)—a neocon think tank—and high level UAE government officials seemed as a deliberate effort to project Qatar as a rogue nation that finances and hosts “terrorist organizations”. Within 24hrs after since the hacked emails appeared in the public domain, the operation to sever relationship with Qatar was in full force.

Saudi Arabia, UAE, Egypt and Bahrain share four particular interests:

First, to uproot the Muslim Brotherhood as they have what’s generally considered as a legitimate moral grievance per el-Sisi led coup in Egypt and the subsequent atrocities of public massacres, mass incarceration, etc. And the brotherhood’s various institutions, expertise and intellectual capacity present to the coalition threats that are more consequential than that of ISIS and al-Qaida.

Second, to isolate Iran to prevent it from broadening its political influence in the Middle East, especially in Yemen and Syria.

Third, to seriously look into the split, or the two-Yemen solution since the Yemen war is becoming a bloody quagmire.

Fourth, to undermine Qatar’s rising political clout with blockade and negative campaign especially since 2022 World Cup could elevate its international profile and influence.

‘Hiding In The Shadows’

Erik Prince of the infamous Blackwater is a close friend of Sheik Mohamed bin Zayed al-Nahyan the Crown Prince of Abu Dhabi and he has an ‘intimate relationship’ with the US President Donald Trump. According to journalist Jeremy Scahill, Erik Prince is the de facto Trump adviser on military and intelligence matters. He “was with Donald Trump and his family at Trump Tower on election night in November.” Erik Prince is also the brother of Trump’s loyal friend, hefty campaign donor, and Secretary of Education, Betsy Devos. There is no RealityTV that can outdo this reality.

As someone who considers conventional military apparatuses to advance geopolitical interests both costly and obsolete and that paramilitary options could adequately fill their roles and achieve their objectives, Prince sees Trump’s myopic world view and rhetorical attack on Qatar as a valuable opportunity to rearrange US Qatar military partnership. For Prince and company, this is an opportunity to carve out his enterprise a much broader role. Prince and UAE partnership already has contracts in Somalia (Bosaaso Seaport) and Somaliland (Berbera Seaport).

The Trump Factor

In late May, at the Riyadh Summit, Donald Trump had addressed 50 Arab and Muslim leaders. In hindsight, Donald Trump clearly had four objectives. Two of them were for his political base and the Israel and Saudi lobbies: Escalate the anti-Iran rhetoric to pave the way for US pullout of the Iran deal negotiated by former President Barack Obama. Further isolate the Muslim Brotherhood to ultimately place that outfit in the international terrorist list.

The other objectives were to dominate the headlines to turn mainstream media away from the scandalous saga of the Trump presidency, ongoing investigation and Senate hearings implying illegal shenanigans.

And lastly, to hand the Deep State whom he is convinced is actively conspiring against him a payback punch by shaking the foundation on the US military arrangement with Qatar and thus the American grand strategy.

Any shake up in the current arrangement will make space for paramilitary entrepreneurs such as Erik Prince to expand their sphere of influence and indeed business. The danger in this option is that these private paramilitaries are accountable to none.

Trump wasted no time in taking credit. In his own special way and through his favorite platform, Trump praised Saudi Arabia and the Covfefe Coalition with these two historic tweets:

During my recent trip to the Middle East I stated that there can no longer be funding of Radical Ideology. Leaders pointed to Qatar – look!

— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) June 6, 2017

And

…extremism, and all reference was pointing to Qatar. Perhaps this will be the beginning of the end to the horror of terrorism!

— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) June 6, 2017

Notice the contradiction between Trump’s tweets and the Pentagon statement quoted earlier.

In these times of uncertainty when a number of Middle East states have been collapsing one after another, Qatar has been making sound strategic decisions. It is the richest nation in the world in terms of per capita and is the standard bearer of Arab progress. It has press freedoms that standout in the Arab world as media in countries such as Egypt and Lebanon have been growing flagrantly jingoistic or sectarian. Also, in 2022 it is set to step up to the global center stage as it becomes the first Arab and first Muslim nation to ever host the FIFA World Cup.

This enviable position has emboldened Qatar to act independently when it comes to its own self-interest and maintaining strategic partnerships with Iran and Turkey—the two main contenders against Saudi Arabia’s quest for Middle East leadership. Though the Kingdom has zero tolerance for ‘insubordination’ and criticism, sustainability of its current stance is very questionable.

When the dust settles down, geopolitics will supersede the Kingdom’s neighborhood politics and traditional sword dance.

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Mattis and Inada Draw Fire at Shangri-La Dialogue in Singapore

Foreign Policy Blogs - Sun, 11/06/2017 - 19:17

U.S. Secretary of Defense Jim Mattis and Tomomi Inada, the minister of defense for Japan, during the IISS 16th Asia Security Summit in Singapore on June 3, 2017. (DOD/Air Force Staff Sgt. Jette Carr)

The Shangri-La Dialogue concluded last weekend in Singapore, marked by sharp differences between Beijing and Washington over the South China Sea and Taiwan. Hailed by its sponsor, the International Institute for Strategic Studies (IISS), as the most important regular gathering of defense professionals in the Asia-Pacific region, the forum (previously known as the Asia Security Summit) remains the only annual meeting for defense ministers from across the Asia-Pacific region according to its website.

Since its launch in 2002, the Dialogue has attempted to build confidence and foster security cooperation among Asia’s defense and security policymakers. On Sunday, however, Beijing expressed strong dissatisfaction with some countries both inside and outside the region, who “have been bent on going against the trend, making repeated erroneous remarks, ignoring the facts and confusing black from white with entirely ulterior motives”. The remarks by Chinese Foreign Ministry spokeswoman Hua Chunying were in reference to “irresponsible remarks” made by U.S. Secretary of Defense James Mattis and Japanese Defense Minister Tomomi Inada.

In his speech at the forum, Mattis had alluded to China’s activities in the South China Sea, stating “We oppose countries militarizing artificial islands and enforcing excessive maritime claims unsupported by international law”. Inada, in her remarks, also mirrored Mattis’ remarks, saying “In the East and South China Seas, we continue to witness unprovoked, unilateral attempts to alter the status quo based on assertions incompatible with existing international norms”.

In her regular press conference on June 4, Hua Chunying disputed their remarks, stating “China builds relevant facilities on islands and reefs of the Nansha Islands for the purpose of improving the working and living conditions for people stationed there, better defending its sovereignty and performing China’s international obligations and responsibilities. It is totally within China’s sovereignty to deploy necessary defense facilities on its own territory. It is exercising the self-preservation and self-defense rights that a sovereign state is entitled to, and has nothing to do with “militarization”.

Unfortunately, some defense ministers at the forum would disagree with China’s claim of sovereignty over all the Spratly islands and their waters, which are contested among Brunei, Indonesia, Malaysia, Taiwan (ROC), the Philippines and Vietnam. Others would disagree with her definition of “militarization”, including the Merriam Webster dictionary, which defines “militarize”: 1) to give a military character to; 2) to equip with military forces and defenses; and 3) to adapt for military use.

According to AMTI, China “appears to have built significant point-defense capabilities, in the form of large anti-aircraft guns and probable close-in weapons systems (CIWS), at each of its outposts in the Spratly Islands.”

This latest refusal to acknowledge its militarization of occupied artificial islands bodes ill for any reasonable dialogue between Washington and Beijing – and will no doubt add to the distrust and discord between China the other littoral nations which claim features in the South China Sea.

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Middle Eastern Dissidents: Iranian Regime Responsible for Twin Attacks

Foreign Policy Blogs - Sun, 11/06/2017 - 19:07

Following the twin terror attacks in Iran that killed at least 16 people, ISIS claimed responsibility for them on its affiliated website and the Iranian regime blames the Saudis, whom they claim support ISIS.

However, more than one Middle Eastern dissident stated in exclusive interviews that perhaps what happened in the Iranian Parliament building and in Khomeini’s mausoleum was an inside job perpetrated by the Iranian regime. According to Iranian human rights activist Kaveh Taheri, “This is likely to be closer to the reality if you focus on the tragic events.”

“It could be completely staged,” Iranian journalist Mohsen Behzad Karimi related. “There is a big chance due to the security measures and the wrong date. If it was an ISIS attack, they would do it two days earlier, when thousands of people were commemorating Khomeini’s death in the same place. In addition, penetrating the parliament is impossible. There are three layers of security.” As one of the victims related, “We are not allowed to bring a pen into the Iranian Parliament but the attackers easily fired at us in the building.”

Iranian dissident Shabnam Assadollahi added that the attackers were dressed as women wearing chadors and they shot most of the victims in the legs, which is not ISIS style terrorism: “Have you ever seen ISIS members shooting at people like that? They create horror in public areas for ISIS creates fear among ordinary people. They don’t shoot in the legs. They behead people. They don’t go to parliaments. I believe it was a plan to create victimhood.”

Syrian Kurdish dissident Sherkoh Abbas concurred, stressing that the Iranian regime wanted to portray Sunnis in a negative light especially after the GCC meeting on the Iranian threat and Trump’s meeting with the Saudis.

Middle East scholar Robert Sklaroff stressed that Trump developed a strategy in recent times to rid the world of ISIS without empowering Iran: “And that is why he has embedded Americans with Kurdish forces attacking Raqqa for it is impossible to be a player without having placed pieces on the board.” He added that in recent times, the Sunni Gulf Arab countries are more pro-NATO than pro-Ankara and they are very hostile towards Iran, which is why these countries are increasingly cooperating with the US.

According to Abbas, all of these developments are not positive for the Islamic Republic: “Now the Iranians are going to the next step, which is the GCC and other Sunni Arabs are behind horrible terror acts within Iran to make themselves as a victim and to distance themselves from ISIS.” He implied that this is an Iranian strategy to derail America’s relations with these countries. In addition, Abbas argued that the twin attacks can be used to justify Iran’s presence in both Syria and Iraq as well as to crack down further upon their own people: “When you have a terror attack, people prefer security over freedom and democracy.”

Aside from the issues mentioned above, these twin attacks in Iran occurred at a time when the Iraqi Kurds are preparing a referendum on independence that can suffer as a buffer against Iranian aggression in the region and Abbas noted that there is an alliance between Russia, Iran and Turkey to thwart Kurdish national aspirations: “They agreed on a safe zone in Syria with the blessing of Assad. That tells you there is an understanding and agreement. This is a marriage of convenience. The Kurds are in the middle and are targeted by Iran and Turkey. The twin attacks gives them legitimacy to stay in Iraq and Syria to thwart Kurdish national aspirations. Before, they had no reason for there were no attacks on them.”

According to Karimi, even if ISIS was responsible, they had to have been given a free pass by the regime to implement the terror attack: “They let it happen. It was a very good moment. It happened on the very day that the US Senate was to decide on Iranian Revolutionary Guard terrorist activity. At the same time, there were a lot of activities going on about Iran in the EU. It was the right moment from the Iranian regimes point of view to victimize themselves and to show the world that they are also under attack.”

Abbas argued that some of ISIS is compromised by the Iranian regime: “ISIS is not a homogenous group. There are ISIS groups that you can call on as needed. Many of those ISIS groups are Syrian military and intelligence officials. These staged things occurred in the past in Syria in order to coerce Kurds, Christians and others in order to submit that Assad is their only protector so they can’t shift to any other alliance.”

In some corners, the Iranian regime clearly benefited from these twin attacks, giving credit to claims that the twin attacks were an inside job. Canada’s Foreign Minister mourned the two attacks in Iran but she did not condemn Iran for assisting the Taliban and deporting ISIS to Afghanistan. Furthermore, Senator Bernie Sanders proclaimed on the US Senate floor: “Let us tell the people of Iran that while we have serious disagreements with them on a number of issues that today when they are mourning and dealing with the shock of a terrorist attack, today is not the day to pass this legislation.”

Assadollahi stressed that as the Cinema Rex Arson Attack demonstrated in 1978, the Iranian regime has no problem committing an act of terror as an inside job and blaming it on others. In the Cinema Rex Arson Attack, which killed at least 470 Iranians, the mullah’s blamed Savak (the Shah’s Secret Police) for the attack but later on, it was proven that the Islamists who now make up the present Iranian regime were responsible for it: “They don’t have any problem terrorizing the nation. They don’t have any love for our country. Their interest is Shia political Islam.”

According to Taheri, Iran’s Supreme Leader proclaimed that “terrorist fumbling with firecrackers won’t impact the Iranian nations’ willpower” yet the Iranian regime has not even declared a public day of mourning in solidarity with the victims. As an Iranian dissident, he declared: “We stand firmly with the people of Iran and will advocate for their right to freedom and true democracy. Violence and terrorist acts against the people of Iran must not be tolerated and shall be condemned unequivocally.”

In conclusion, Abbas proclaimed: “If the Arab GCC are serious about the Iranian threat, now is the time to put Arab nationalism behind them and to view the Kurds as allies to prevent the emerging threats of Iran and Turkey. Turkey is interfering in Syria. The Turkish Parliament approved sending its military to Qatar. Iran is supporting Qatar. It is interesting what is going on in that area. They need to view the Kurds and Israel not as a threat.”

“It is easier to win by supporting an independent Kurdistan, Balochistan, and Azeristan. It won’t cost a lot of money like wars. Then you don’t need a few hundred troops to fight the battle. You let the people there fight for themselves and naturally, you benefit from that for fighting Iran even with a few thousand troops won’t defeat Iran. Saddam tried and failed. Therefore, let the minorities do it for you.”

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President Trump’s War Room on Russia, As If Russia Were Running It

Foreign Policy Blogs - Sun, 11/06/2017 - 18:38

President Trump is setting up a “war room” to counter the Russia probe. With all of the talk about Russian government tactics for meddling in Western democratic processes, I thought it would be interesting to tease out what the Russians might do in such a war room.

There are several timely monographs detailing Russian tactics in Central and Eastern Europe (CEE), including from the Center for Strategic and International StudiesJamestown Foundation, the journal of Comparative Strategies, and Yale Press. Together, these pieces highlight three tactics that Russia might use if it were running Trump’s new war room:  high-level pressure, information dissemination and persuasion, and revisionism.

We have already witnessed high-level pressure in the form of Trump asking investigators in federal agencies to halt a line of query and pledge loyalty to the president, or be fired. The White House could next offer deceptive interactions, such as pretending to support an investigation by slowly offering information, while at the same time trying to subvert it.

This has been used by Russia in regard to conflict resolution measures in separatist and war torn parts of Eurasia. By pretending to be for peace, Russia has been able to delay resolving conflicts, while aiding one side, or sometimes both.

Meanwhile, the White House could find an otherwise legitimate actor to apply pressure on members of the investigation teams. This could include carrots, such as favors, or sticks, such as the collection and threat of dissemination of personally embarrassing information or threatening to support a politician’s opponent in the next race. This has done by Russia to gain leverage over political outcomes and business assets in CEE.

Another means to apply pressure could be a significant increase in White House staff allegiant to the president. Tens more people working the case for the White House could substantially strengthen their collection of information and abilities to counter information. Since Putin came to power, Russian embassy staff in every CEE capital has increased, including hundreds of intelligence agents working across Europe. This has strengthened counterespionage efforts, as well as recruitment.

The Trump team could tap into a growing admiration of the ‘strongman’ Putin and his way of governing.  Among broader society, there is already a sympathetic base that does not like the ‘Russia bashing’ by the liberal media.

A counter effort to recruit businesspeople, journalists, academics, and other public figures in the U.S. to speak more positively about ties to Russia could take place. Russia has covert and overt funds for this and has managed to retain a list of pro-Russian voices throughout Europe.

The Trump Administration could also infiltrate and pressure civil society in America by creating a fund to cultivate divides, and then offer mediation services, all the while recruiting subversives. By manipulating societal tensions, the government and society will turn their attention to addressing this issue rather than the Russia probe. In Russia’s case, this has included encouraging campaigns for minorities, advising on separatist tactics, and even arming groups in third countries.

The second tactic—sophisticated information dissemination—has become a hallmark of Russia in CEE, including the buying up of media outlets.

More recently, Russia’s toolkit includes cyber, trolling, and propaganda dissemination combined with actions, or “active measures,” such as disinformation campaigns, media manipulation (particularly on political and public opinion), media creation, or spreading confusion and fear, i.e. “psychological operations.” The White House has several loyal media outlets that could ramp up their operations.

Ideologically, the White House could claim victimization by creating an alternative story behind the “witch hunt” on Russia. Russia has gone after foreign funded NGOs, multinational institutions, and the media, labeling them “enemies of the state” and crippling their capability, including jailing citizens and closing down organizations.

An image of the wounded Russians at the hands of the sinful, racist, and fascist Russophobic Westerners could translate into the wounded conservative at the hands of sinful, violent, and irrational liberals.

Finally, rewriting the wrongs of history by literally revising history is a Russian tactic. According to current historical rewriting, Russia tried to join the West, but was rebuffed. So, it had no option but to create new alliances by revising borders and international alliances. In blaming ‘the other’ by revising the Obama/Clinton years as sacrificing American greatness and making America weak, the Trump Administration is righting wrongs by making relations with Russia great again.

Trump’s war room against the Russia probe, if run by the Russians, could employ the tactics of high-level pressure, information dissemination and persuasion, and revisionism. Governments in CEE, meanwhile, are taking measures to counter Russian tactics.

The first step is recognizing what is happening and mobilizing to counter it.

The second step is informing society about potential subterfuge, such as false media reports and disruptive organizations.

The third step is to strengthen government institutions and ensure they remain independent and immune from corrupt practices.

The fourth step is ensuring freedom of the press, protecting journalists from influence as well as external financing for media outlets.

Fifth and final, educational bodies must continue to check for historical accuracies and take measures to reeducate society.

Perhaps most important of these countermeasures is that we, the people, make more of an effort to discern when these tactics are being used and urge our lawmakers to take action. We face a critical point in preserving our democratic system, our freedom of the press, and our own interpretation of ourselves.

Stacy Closson is a Global Fellow with the Kennan Institute at the Wilson Center in Washington, D.C. and a Truman National Security Fellow. She lives with her family in Bismarck. Views expressed are her own.

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Remembering My Mentor Zbigniew Brzezinski

Foreign Policy Blogs - Sun, 11/06/2017 - 18:31

Brett Edkins and Dr. Brzezinski in Guilin, China.

By Brett Edkins

When I first met Zbigniew Brzezinski, he was 78 years old. I was a recent college graduate looking for a job.

It was 2006, and three decades after serving as Jimmy Carter’s National Security Advisor, Dr. Brzezinski was still a giant of American foreign policy. On every major issue, diplomats, scholars, and politicians sought his opinion and strategic guidance. His long opposition to the war in Iraq was now the mainstream consensus, and it made him a sudden and surprising darling of the political left.

Sitting in his office in a brown, tufted leather chair, Dr. Brzezinski quietly reviewed my resume and transcript. I did not think I would get the job as his research assistant, so I was not too anxious. I was just excited to be meeting someone so famous. Brzezinski paused. “What happened in biochemistry?” he asked. He sounded serious. I wasn’t sure what to say. How could I explain away that terrible grade? After what seemed like a long pause, Brzezinski grinned. He was ribbing me.

Thankfully, Brzezinski hired me despite my biochemistry grade, and for two years I had a front row seat to American foreign policy.

One of my first tasks was to accompany Dr. Brzezinski to a meeting with Democratic members of the House of Representatives. A black town car with tinted windows drove us to Capitol Hill. Addressing the group, Brzezinski outlined a simple four-point approach to ending the war in Iraq. Brzezinski had an uncanny ability to speak in self-contained, perfectly constructed paragraphs. After his remarks, a few congressmen asked me to send them a copy of Brzezinski’s speech. I told them, there was no speech, no prepared remarks.

Afterwards, Nancy Pelosi ushered Brzezinski out of the building, along with former Secretary of State Madeline Albright and former NATO Supreme Allied Commander Wesley Clark, who also addressed the group. I found myself walking next to Albright and tried to make small talk. She worked for Brzezinski in the Carter White House and helped him write his memoirs, Power and Principle. Brzezinski, she told me, was the nicest boss she ever have. When they worked together, Albright never knew what to call herself, “assistant” or “research assistant,” so Brzezinski told her to use whatever title helped her get what she needed from other people. Albright said that quickly devolved into calling herself “Grand Empress of Diplomacy” or something similarly outrageous.

The next few weeks were spent editing Brzezinski’s new book, Second Chance, which assessed the foreign policies of Presidents H.W. Bush, Clinton, and W. Bush, and suggested that America had one last chance to restore its political credibility and reclaim the mantle of the world’s leading power. Brzezinski and I bickered (politely) throughout the editorial process, as I tried to make his dense, insightful prose lighter and more colloquial. Sometimes I won. Usually he won. But we both enjoyed the back-and-forth.

The book became a New York Times bestseller after Brzezinski appeared on The Daily Show with Jon Stewart. I munched on M&M’s in the studio’s green room as Brzezinski and Stewart cracked jokes and talked about the book. Brzezinski leveled some harsh criticism on President Bush for squandering the global consensus after 9/11 on a war of choice in Iraq, and for his “Manichean paranoia”—his tendency to see the world in black and white, divided us from them, and using our assumed moral superiority as an excuse to justify immoral acts.

When Dr. Brzezinski was on your side, you could ask for no better spokesman. During the Bush years, he excoriated neoconservatives for advocating the ill-conceived and historically naïve war in Iraq. “You don’t change a region by injecting a foreign army and pulverizing a state and then saying that you are, in fact, nurturing democracy,” he once said. His sharp tongue warned against expanding the conflict into Iran, as some in the administration wanted.

In October 2007, Brzezinski and I traveled to China, along with his wife Emilie, a renowned sculptress known to her friends as Muska. The Chinese held Dr. Brzezinski in high regard for his role in normalizing diplomatic relations between our countries. When Jimmy Carter was elected president in 1976, normalization was far from certain, despite the progress made under President Nixon. Brzezinski, however, was determined to make it happen. In 1978, over the objections of the State Department, he went to China to begin negotiations. By December, an agreement had been reached to establish full diplomatic ties, ending decades of estrangement and hostility and laying the foundation for what is arguably the most important bilateral relationship in the world today.

On our first full day in China, Brzezinski and I met with former President Jiang Zemin, instantly recognizable in his oversized black glasses. Jiang cheerfully told us about his exercise routine and weekly lessons in English and world history. He recounted the many Brzezinski books he had read. And he discussed Taiwan, the Iranian nuclear issue, and other global issues with Dr. Brzezinski. In the next ten days we met with the Chinese prime minister, defense minister, foreign minister, and dozens of other dignitaries and scholars.

Our Chinese hosts, mostly former military officials, took us on a whirlwind tour of the country. In Beijing, we visited the Forbidden City. Fourteen black-suited bodyguards circled Brzezinski at all times. In Guilin, we took a boat down the Li river. Our host offered us a snack of fried fishes on a stick. Quick on his toes, Dr. Brzezinski feigned a seafood allergy, and I got stuck scarfing down the little anchovies. In Zhengzhou, we toured a Buddhist temple and a provincial museum. Every night ended with a large dinner and toasts of highly-alcoholic baijiu. After one particularly extravagant ten-course meal, Brzezinski quipped, “How do you like my 1.3 billion friends?”

Meanwhile, back in the United States, the 2008 presidential campaign was heating up. In August 2007, Dr. Brzezinski became one of the first foreign policy heavyweights to endorse Barack Obama. Brzezinski even campaigned with Obama in Iowa in March 2008, introducing him for a major speech about the Iraq War, a conflict that both men opposed from the beginning.

He also used his sharp tongue to defend Obama from critics. In the midst of the Democratic nomination fight, Tucker Carlson, then of MSNBC, asked Brzezinski about Hillary Clinton’s claim that Obama had no foreign policy experience. Brzezinski let it rip: “Well I sort of don’t take that very seriously. She says she’s been to eighty countries and trips. My travel agent has been to a 150 countries and trips. That doesn’t make him qualified to be president.” Then he compared Clinton to Mamie Eisenhower. The Morning Joe crew roared with laughter, calling the critique “devastating.”

Dr. Brzezinski did not suffer fools or foolish arguments. He would listen politely, then calmly dismantle your argument until there was nothing left. As his research assistant, you had to present your work logically, carefully, and, above all, you had to be prepared for a tough cross examination.

This was excellent preparation for law school, which is where I went after my two-year stint with Dr. Brzezinski. Back when he hired me in 2006, I had a rudimentary understanding of foreign policy, but no framework for understanding the geopolitical implications or overall significance of events happening abroad. Brzezinski changed that, instilling in me a sense of realism and history.

For most, Zbigniew Brzezinski will be remembered as a foreign policy great—a man who helped end the Cold War, establish diplomatic ties with China, and negotiate peace between enemies in the Middle East. For me, he was an example to emulate, to strive for. He was also a genuinely fun person to work for. I will miss him.

 Brett Edkins is an attorney and a Forbes contributing writer living in New York City. He graduated from Yale Law School in 2011.

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The ‘Moon’ Drive: Fast, Furious, yet Deft

Foreign Policy Blogs - Sun, 11/06/2017 - 14:24

Moon Jae-in, The 19th President of the Republic of Korea. (flickr)

The Blue House’s new tenant, South Korea’s 19th President, Moon Jae-in, readily takes up his cudgels against South Korea’s ‘accumulated evils’, foregoing the tea time celebration for his overwhelming election victory.

The former senior presidential secretary for civil affairs under the Roh Moo-hyun administration unsurprisingly trounced the remaining four major candidates in the 19th presidential election. Moon overwhelmingly garnered 41% of the total votes, followed by Hong Jun-pyo (Liberal Korea Party) at 24% and Ahn Cheol-soo (People’s Party) with 21%. The conservative camp’s expert curmudgeon, Hong Jun-pyo’s impressive infighting remarkably clipped the fledgling wings of bland political amateur, Ahn Cheol-soo.

Yet his polarization strategy was not effective enough to stop swing voters’ dispersive dislodging to the scattered value niches on the political spectrum. A significant number of Korea’s non-Moon supporters cast their ballots to the major centrist right candidate, Yoo Seung-min (Bareun Party, 7%), and even to the major far-leftist candidate, Shim Sang-jung (Justice Party, 6%). This dispersive voting behavior is also attributable to the May 9 election’s 77% turnout rate, the highest in two decades.

Two weeks after his inauguration, Moon remains popular. A poll released on May 26th revealed that approximately 88% of the Korean people are confident that the liberal president will perform successfully. The record-breaking popularity trend also transferred to the new ruling party, the Democratic Party, challenger against the decade long conservative reign, which for the first time in its long opposition party career earned an approval rate higher than 50% at 51%.

Riding the tide of such a surge of public trust in the government, the new president’s focus is to dissolve the so-called ‘accumulated evils’, the corrupt and malfunctioning bureaucratic residues inherited from past military regimes’ strong statism.

The opening decisions of the “Moon Jae-in administration” (as it is officially titled) appear to have been strategically orchestrated. Some of the administration’s nominations regarding Blue House staff and the cabinet clearly conveys the message that the administration is determined to reform the two main origins of Korea’s ‘accumulated evils’: the supreme prosecutors’ office and family-owned conglomerates, or chaebols.

Corrupt precedents indicate that a number of politically greedy prosecutors at the supreme prosecutors’ office have parasitized presidential powers by neglecting their investigative neutrality in favor of the Blue House’s agendas.

The newly appointed Blue House Senior Civil Affairs Secretary, Cho Kuk, is a long devoted human rights activist and a progressive law professor with no bureaucratic background. Considering the fact that the position has generally been one of the last echelons for Korea’s prosecutors, Cho’s outsider stature is a foreboding overture that galvanizes future theatrics in the administration’s reformist campaign against the supreme prosecutors’ office.

Can the rookie with the blemish of having participated in socialist activities agreeably dismantle ossified bureaucratic mannerisms and pure-bloodism within the organization? The answer to this question will primarily be shaped by the ironically pure liberal elite’s un-value-laden rational calculation regarding the extent of reform.

The newly appointed Blue House Chief of Staff for Policy, Jang Hasung, is also a bureaucratic maverick. Nicknamed ‘chaebol (Korea’s family-owned conglomerates) sniper’, the progressive economics professor has been an ardent proponent of shareholder activism throughout his career with the People’s Solidarity for Participatory Democracy. I

n Korea, chaebols’ owner-family-directed excessive abuse of corporate power over small shareholders has increasingly been a significant obstacle to economic democratization. For example, inter-affiliate overseas trading for the top 10 conglomerates have quintupled over the past four years, further establishing the already deeply embedded circular-shareholding corporate governance structure. Such moth-eaten and corrupt corporate governance culture has nevertheless been exonerated by the public, largely because amoral families are the main breadwinners of the export-oriented economy.

The Korean people are, however, unhappy with the cyclic recurrence of this mega-‘Gap-jil, their indignation toward it exemplified by the glaring torch of the Candlelight Revolution. Undoubtedly, ordinary Korean people will find Jang’s appointment a refreshing move.

Despite the ongoing impasse in the National Assembly concerning approval of the nominees for its cabinet members, the Moon administration has thus far successfully embellished the façade of the Blue House with a ‘cool’ yet ‘humane’ liberal reformist image. The administration is overall younger, more gender-balanced, and more region-representative, compared to the former Park administration. Most importantly, in stark difference to the Park administration, the Moon administration prioritizes effective but less formalized communication with the Korean people in its endeavors to strengthen the country’s grassroots democracy.

Nonetheless, the administration faces an onerous political challenge in terms of continuously surfing the populist tide. The president needs to skillfully survive the tsunami of Korea’s unprecedented ‘parliamentalizing’ politics. The success of his ‘cooperative governance’ in collaboration with the leviathan opposition forces in the National Assembly will largely be determined by his capability to institutionally accommodate integration throughout the country.

With the regime’s unfloundering popularity, some scholars argue that the constitutional-reforms-oriented decentralization of presidential powers should be preceded by the party-reforms-oriented decentralization of party leadership. The assumption underlying this argument is that intra-party factional hegemonism is a major problem in Korean politics and as such, congressmen, independent of their party bosses’ influence, can better-serve the public’s diverse interests.

However, what must be remembered is that unless the degree of the demand-side innovation in public services (the degree of the public’s new and evolving civil participation, as well as the vitality of their social capital) is commensurable to such decentralization of party power, the society may encounter irrational adaptive problems if the polarization of presidential powers is accompanied by un-pluralistic populism.

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« Tout le monde profite du libre-échange »

Le Monde Diplomatique - Sun, 11/06/2017 - 12:44

Innombrables sont les intellectuels français ayant promis que la mondialisation, nécessairement « heureuse », déverserait ses bienfaits sur l'humanité. Pauvreté, chômage, corruption… trouvaient chez eux une même solution : davantage d'ouverture économique. Mais, comme les inégalités n'ont cessé de croître, une question se pose : tout le monde profite-t-il de la même façon du libre-échange ?

Dessin de Mathieu Colloghan, 2005. © Mathieu Colloghan.

Nous sommes en 1993. Les pays européens viennent de ratifier le traité de Maastricht, leurs frontières s'effacent, tout au moins douanières. Un an plus tard, de l'autre côté de l'Atlantique, l'Amérique du Nord s'unifie elle aussi, du Canada jusqu'au Mexique, sous le régime de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena). L'Accord général sur les tarifs et le commerce (GATT) propulse l'agriculture dans la grande valse du libre-échange. L'objectif de toutes ces mesures ? « Notre bonheur à tous ! », répètent en chœur la plupart des économistes néolibéraux, souvent rétribués par les banques (voir « Un foisonnement d'écoles de pensée »).

Certains partisans du libre-échange, de l'« ouverture » des économies les unes aux autres, avancent toutefois d'autres raisons.

Ainsi du lauréat du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel (lire « Quand une banque distribue des médailles »), l'influent économiste néo­libéral américain Gary Becker : « Le droit du travail et la protection de l'environnement sont devenus excessifs dans la plupart des pays développés. Le libre-échange va réprimer certains de ces excès en obligeant chacun à rester concurrentiel face aux importations des pays en développement » (Business Week, 9 août 1993).

Ainsi du célébrissime Lawrence Summers, alors économiste en chef de la Banque mondiale, dans une note de service intitulée « Bonnes pratiques environnementales » : « Juste entre vous et moi, la Banque mondiale ne devrait-elle pas encourager davantage la migration des industries sales vers les pays moins développés ? » (12 décembre 1991).

« Pink Man Begins n° 7 », de Manit Sriwanichpoom, 1997. © Manit Sriwanichpoom / agence VU.

Ainsi, encore, d'Anne Krueger, directrice générale adjointe du Fonds monétaire international : « Plus vite une économie est ouverte, mieux c'est. Parce que plus une économie est ouverte, plus il est difficile de revenir en arrière et de renverser les réformes » (conférence à l'université de Nottingham, septembre 2004).

Et ainsi, bien sûr, de Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH et homme le plus riche de France : « Nous évoluons dans un système beaucoup plus mobile qu'il y a une quinzaine d'années. Face à cela, que peuvent faire les États ? Il leur est pratiquement impossible de s'opposer à une mobilité des entreprises à travers l'Europe. » Et d'avertir : « Toute velléité nationaliste est vouée à l'échec. À trop augmenter les charges sociales et imposer les trente-cinq heures à des entreprises qui n'en n'ont pas les moyens, le gouvernement risque d'accélérer le processus de délocalisation d'un certain nombre d'usines. » (La Passion créative, 2000).

Une somme de contraintes internationales qui n'aiguise pas la combativité des salariés

Le libre-échange a transformé le monde en un supermarché pour les multinationales et l'oligarchie : législations environnementales laxistes ici, coûts salariaux pressurés plus loin, zones franches pour sièges sociaux là-bas et paradis fiscaux tout au fond… Dans le même temps, moins mobiles, les travailleurs subissent le chômage, la baisse des salaires, des fiscalités injustes, de façon à demeurer « compétitifs ». Une somme de contraintes qui n'aiguise pas leur combativité.

Le courant libre-échangiste estime que l'ouverture internationale entraîne une réduction des inégalités au sein de chaque économie. C'est tout le contraire : la mondialisation étire l'échelle des revenus par les deux bouts. Le plancher s'affaisse tandis que le plafond s'élève toujours davantage.

L'ancien poste-frontière d'Hestrud, entre la France et la Belgique, reconverti en Musée de la douane. Photographie de Nicolas Fussler, 2008. © Nicolas Fussler.

Soit, rétorquent certains, mais le tiers-monde en a profité. Vraiment ? En 2003, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) évaluait les gains économiques liés à la libéralisation des échanges à 832 milliards de dollars, dont 539 pour les pays moins avancés, les plus pauvres. C'était considérable. Mais, deux ans plus tard, l'OMC ramenait le gain total à 200 milliards et la part des moins bien lotis à… presque rien.

Quelles nations gagnent au libre-échange ? Quelles autres y perdent ? Le débat tend à en masquer un autre, plus facile à trancher : au sein de chaque nation, quelles classes sociales en bénéficient et lesquelles en pâtissent ?

In Kyrgyzstan, UN chief Guterres highlights importance of governance for sustainable development

UN News Centre - Sun, 11/06/2017 - 07:00
Underscoring the importance of accountable and inclusive governance and institutions for the successful implementation of the 2030 Agenda for Sustainable Development, United Nations Secretary-General António Guterres today called for public services to be more responsive, efficient and collaborative.

Juin 2017 en perspective

Le Monde Diplomatique - Sat, 10/06/2017 - 20:04

À quoi ressemblent les parcours professionnels des politiciens de l'Assemblée nationale française avant son renouvellement ? De l'autre côté de la Manche, les élections législatives ont bénéficié au Labour, malgré des divergences sur le Brexit — lesquelles étaient déjà sensibles dans les années 1970, comme le rappelle la dernière livraison de « Manière de voir ». En 1985, dans le dossier « Les biotechnologies peuvent-elles changer la société ? », Jean-Pierre Berlan réfléchissait aux conséquences de la mécanisation de la culture de tomates de conserve. Trente ans plus tard, le concentré de tomate est un excellent concentré de capitalisme. Une sélection d'archives en rapport avec le numéro du mois.

  • Profession : député Julien Boelaert, Sébastien Michon & Étienne Ollion • page 3 Aperçu Adeptes du cumul des mandats et de l'embauche de leurs proches comme assistants, nombre de parlementaires français symbolisent cette « caste » de politiciens professionnels avec laquelle le président de la République a promis d'en finir. Mais en quoi consiste cette professionnalisation ?
  • → Faire de la politique ou vivre de la politique ? Rémi Lefebvre • octobre 2009 Aperçu
  • → Représentants du peuple ? Alain Gresh • mai 1997 Aperçu
  • → Comment en finir avec l'exclusion des femmes Christine Delphy • mars 1997 Aperçu
  • Élections, club-sandwichs et nids-de-poule au Royaume-Uni Paul Mason • pages 20 et 21 Aperçu L'attentat du 22 mai à Manchester a interrompu la campagne pour les législatives anticipées au Royaume-Uni. Le scrutin du 8 juin n'en demeure pas moins décisif pour l'avenir du pays : le résultat déterminera les marges de manœuvre du 10 Downing Street pour négocier la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.
  • → Quand la gauche travailliste dénonçait Bruxelles Anthony Benn « Royaume-Uni, de l'Empire au Brexit », Manière de voir nº 153, juin - juillet 2017 Aperçu
  • → Les mille et un « Brexit » du Labour Renaud Lambert • juin 2016
  • → Contre l'Europe du plus fort Claude Bourdet • juin 1979
  • Le capitalisme raconté par le ketchup Jean-Baptiste Malet • pages 1, 6 et 7 Aperçu La force d'un système économique tient à sa capacité à s'insinuer dans les moindres replis de l'existence, et en particulier dans nos assiettes. Une banale boîte de concentré de tomate contient ainsi deux siècles d'histoire du capitalisme. Jean-Baptiste Malet a mené une enquête au long cours sur quatre continents.
  • → Le Sahara algérien, eldorado de la tomate Pierre Daum • mai 2016
  • → Et pour quelques tomates de plus Aurel & P. D. • mars 2010
  • → Des limites qui tempèrent l'enthousiasme Jean-Pierre Berlan • juin 1985 Aperçu
  • Le rêve américain au miroir du basket-ball Julien Brygo • pages 4 et 5 Aperçu Avec près de trente millions de joueurs occasionnels, le basket-ball compte parmi les sports les plus populaires aux États-Unis. Selon qu'il est pratiqué sur le parquet des Chicago Bulls, dans les rues d'un ghetto noir ou dans l'université d'une petite ville de l'Indiana, il revêt des fonctions sociales très disparates.
  • → Grandeur et délires du catch américain Balthazar Crubellier • mai 2010 Aperçu
  • → Immigration choisie dans le football français Johann Harscoët • juin 2006 Aperçu
  • → Splendeurs et misère du « fast-foot » Jean-Louis Ivani • septembre 1996 Aperçu
  • Un barrage peut en cacher un autre Pierre Rimbert • page 28 Aperçu L'accession de Mme Marine Le Pen, la candidate du Front national, au second tour de l'élection présidentielle aura au moins eu pour vertu d'éliminer les prudences et rondeurs déontologiques qui d'ordinaire enrobent le discours journalistique. Et de donner à voir les grands médias pour ce qu'ils sont : une force politique, celle qu'on oublie de décompter dans les temps de parole.
  • → Information sous contrôle Serge Halimi & P. R. • juillet 2016
  • → Le Pen au second tour : unanimisme médiatique obligatoire Edgar Roskis • juin 2002
  • → Le faux procès du journalisme Edwy Plenel • février 1998
  • CFDT, un syndicalisme pour l'ère Macron Jean-Michel Dumay • pages 1, 12 et 13 Aperçu Pressé de réécrire le code du travail, le nouveau président français espère s'appuyer sur les syndicats dits « réformistes », et en premier lieu la Confédération française démocratique du travail. Alors qu'elle incarna un profond renouvellement de l'action collective dans les années 1960 et 1970, celle-ci accompagne depuis trente ans le détricotage du droit social, tout en jurant rester fidèle à ses valeurs.
  • → Imposture de la démocratie d'entreprise Sophie Béroud • avril 2016
  • → Les interrogations du syndicalisme français Serge Depaquit • octobre 1997 Aperçu
  • → Les syndicats français mis au défi Jacques Kergoat • mars 1996 Aperçu
  • Retrouver le rire de Bertolt Brecht Marie-Noël Rio • page 27 Aperçu Parce qu'il proposait au spectateur le plaisir de se libérer des fausses évidences que sécrète l'ordre en place, Bertolt Brecht ouvrit à la représentation théâtrale un champ radicalement nouveau, tant dans les formes que dans l'objectif. Cette grande secousse fut célébrée lors de sa découverte en France, puis peu à peu neutralisée. Son timide retour signe celui de l'audace de penser avec gaieté.
  • → Art et politique, que l'action redevienne sœur du rêve Evelyne Pieiller • juillet 2013 Aperçu
  • → Un homme révolté Philippe Lafosse • décembre 2000 Aperçu
  • → Bertolt Brecht face à ses diffamateurs Brigitte Pätzold • février 1998 Aperçu
  • L'Europe en retard d'une guerre industrielle Jean-Michel Quatrepoint • pages 18 et 19 Aperçu Pour la première fois, la Commission de Bruxelles a présenté un plan d'action destiné à soutenir les industries de la défense du Vieux Continent. Il serait doté de 5,5 milliards d'euros par an à partir de 2020. L'histoire industrielle européenne est toutefois jalonnée de promesses qui, aussi modestes soient-elles, n'aboutissent pas.
  • → Un nouvel élan, mais pour quelle Europe ? Etienne Balibar • mars 2014 Aperçu
  • → Avatars du « consensus de Washington » Moisés Naim • mars 2000 Aperçu
  • → Le GATT c'est « l'Amérique d'abord » Marie-France Toinet • avril 1993 Aperçu
  • Minsk se rebiffe contre le grand frère russe Ioulia Shukan • pages 22 et 23 Aperçu Depuis le changement de pouvoir en Ukraine, la Biélorussie tente d'échapper à la montée des tensions entre la Russie et l'Union européenne. En jouant les bons offices, Minsk espère diversifier ses échanges et affirmer son indépendance vis-à-vis de Moscou. Mais, soucieux de préserver son pouvoir et son partenariat stratégique, le président Loukachenko connaît bien les lignes rouges à ne pas franchir.
  • → Pourquoi le pouvoir biélorusse se croit à l'abri Alexandre Billette & Jean-Arnault Dérens • mars 2006 Aperçu
  • → La Biélorussie se tourne vers Moscou Bruno Drweski • septembre 2001 Aperçu
  • → La Biélorussie resurgit sans précipitation Erlends Calabuig • mars 1993 Aperçu
  • Quand le bio dénature le bio Claire Lecœuvre • page 17 Aperçu Démarche vertueuse en termes d'emploi, d'utilisation des ressources et de santé publique, l'agriculture biologique progresse rapidement en France. Alléchées, l'industrie agroalimentaire et la grande distribution entendent bien s'emparer de ce marché. Au risque d'en effacer les fondements en faisant pression sur la Commission européenne pour réduire les exigences de qualité.
  • → Florissante industrie de l'agriculture biologique Philippe Baqué • février 2011 Aperçu
  • → Un autre modèle pour l'agriculture Jacques Berthelot • avril 2001 Aperçu
  • → Main basse sur les produits bio Chantal Le Noallec • mars 1999 Aperçu
  • L'Afrique du Sud lassée de ses libérateurs Sabine Cessou • page 16 Aperçu Coup dur pour l'Afrique du Sud : fin mai, General Motors annonce son retrait du pays. Cette décision n'est qu'une illustration du trou d'air que traverse la première économie du continent. Sur fond de tensions sociales, de corruption et de violence, le pays de Nelson Mandela cherche un nouveau souffle.
  • → Trois émeutes par jour en Afrique du Sud S. C. • mars 2013 Aperçu
  • → Le « lumpen-radicalisme » du président Jacob Zuma Achille Mbembe • juin 2009 Aperçu
  • → Difficile transition démocratique en Afrique du Sud Pierre Beaudet & Hein Marais • février 1995 Aperçu
  • La Palestine, toujours recommencée A. G. • pages 14 et 15 Aperçu Le 5 juin 1967 à l'aube, l'armée israélienne détruit au sol l'aviation militaire égyptienne. En six jours, elle conquiert le Sinaï, le Golan syrien et la partie de la Palestine historique qui avait échappé à son contrôle en 1948 : la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza. Cinquante ans plus tard, l'occupation se poursuit, mais la stratégie d'éradication de l'aspiration nationale palestinienne se heurte à une résistance enracinée dans une longue histoire.
  • → Quand la Palestine refuse de disparaître Leila Farsakh • décembre 2012 Aperçu
  • → De l'Afrique du Sud à la Palestine L. F. • novembre 2003 Aperçu
  • → Victimes consentantes Edward W. Said • novembre 1994 Aperçu
  • Vote FN, une bataille de proximité Willy Pelletier • page 11 Aperçu La progression continue du Front national a agrégé des groupes sociaux disparates qui, parfois, ne sont pas seulement attirés vers lui par son discours xénophobe et antimusulman. Flexibilité, précarité, austérité, chômage : le vote d'extrême droite leur a semblé mieux répondre à ces humiliations que les propositions d'une gauche en voie de disparition dans leur environnement immédiat.
  • → Les pompiers entre dévouement et amertume Romain Pudal • mars 2017 Aperçu
  • → Le FN loin des mythes, dans l'isoloir Sylvain Crepon & Joël Gombin « Nouveaux visages des extrêmes droites », Manière de voir nº 134, avril - mai 2014 Aperçu
  • → Offensive sociale du Front national Jacques Breitenstein • mars 1997 Aperçu
  • Pathologies de la démocratie E. P. • page 10 Aperçu Le fonctionnement du « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » suscite aujourd'hui de plus en plus de critiques, sinon de doutes. Les analyses des limites et des dérives de la démocratie en désignent comme principales responsables soit l'impuissance du politique, soit l'incapacité des citoyens mêmes. Serait-on donc condamné à l'oligarchie ou au populisme ?
  • → Egalité, identités et justice sociale Nancy Fraser • juin 2012 Aperçu
  • → Votez bien, ils feront le reste André Bellon • juillet 2005 Aperçu
  • → Les sociétés libérales victimes d'elles-mêmes ? Claude Julien • mars 1976 Aperçu
  • Au Chiapas, la révolution s'obstine François Cusset • pages 8 et 9 Aperçu Au début des années 1990, le soulèvement zapatiste incarnait une option stratégique : changer le monde sans prendre le pouvoir. L'arrivée au gouvernement de forces de gauche en Amérique latine, quelques années plus tard, sembla lui donner tort. Mais, du Venezuela au Brésil, les difficultés des régimes progressistes soulèvent une question : où en est, de son côté, le Chiapas ?
  • → Passés de mode, les zapatistes... Bernard Duterme • octobre 2009 Aperçu
  • → Marcos marche sur Mexico Ignacio Ramonet • mars 2001 Aperçu
  • → La quatrième guerre mondiale a commencé le sous-commandant Marcos • août 1997
  • Catastrophe of Aral Sea shows 'men can destroy the planet', warns UN chief Guterres

    UN News Centre - Sat, 10/06/2017 - 07:00
    Continuing his visit to Central Asia, United Nations Secretary-General António Guterres today visited the Aral Sea &#8211 once the world&#39s fourth largest inland sea, that has now shrunk to about a quarter of its original size due to human mismanagement &#8211 where he urged the world to take lesson from the catastrophe and to ensure that such tragedies are not repeated.

    UN chief Guterres highlights importance of sustainable energy in message to EXPO 2017

    UN News Centre - Sat, 10/06/2017 - 07:00
    Underlining the importance of energy, in particular for realizing the Sustainable Development Goals, United Nations Secretary-General António Guterres called for urgent action to ensure that everyone has access to clean, affordable and efficient energy so that they can rise to their full potential.

    Le poids du secteur informel

    Le Monde Diplomatique - Fri, 09/06/2017 - 14:30

    Difficile à quantifier par nature, l'économie informelle occupe une place centrale dans toutes les sociétés africaines. Peu de gouvernements s'y attaquent, parce qu'elle fonctionne comme un amortisseur social et correspond à une vision particulière des rapports humains. Cependant, certaines activités font l'objet de tentatives de « formalisation ».

    Par définition, le secteur informel — l'autre nom donné au « marché noir » en Afrique et en Asie — échappe à toute statistique. S'il est difficile à mesurer, son importance est indéniable : il représenterait près de 55 % du produit intérieur brut (PIB) cumulé de l'Afrique subsaharienne, selon la Banque africaine de développement (1).

    De manière plus détaillée, l'Agence française de développement a relevé en 2006, après enquête sur le terrain, que 90 % des personnes actives exercent dans l'informel au Cameroun et au Sénégal, contre 80 % en Afrique du Sud, 50 % en Ethiopie et moins de 40 % au Maroc (2).

    Qui sont-ils ? Commerçants, artisans, couturiers, ferrailleurs, mécaniciens, plombiers, maçons, chauffeurs, taxis… Souvent appris sur le tas, ces métiers représentent une véritable planche de salut pour la majorité. C'est le seul moyen de gagner sa vie, en gérant l'argent frais qui transite de main en main, hors de toute fiscalité.

    Autre indicateur de l'importance du secteur informel : le faible taux de bancarisation qui persiste en Afrique subsaharienne (pas plus de 20 % selon la Banque mondiale). Ceux qui n'ont pas de compte gèrent autrement leurs flux financiers, par le biais d'une épargne elle aussi informelle. Il s'agit des fameuses « tontines », ces pots communs dont l'intégralité bénéficie successivement à chacun des participants, sous des formes parfois non financières — avec des biens immobiliers et du bétail.

    Comme le relève l'économiste Kako Nubukpo, chercheur invité à Oxford, le secteur informel « n'est pas clairement séparé du secteur formel (3) ». Des entreprises de construction dûment enregistrées ont recours à des sous-traitants non fiscalisés, par exemple. Des fonctionnaires mal payés arrondissent leurs fins de mois en exerçant le soir une autre activité, informelle, zémidjan (taxi-moto) ou épicier…

    Le secteur informel n'est pas vraiment combattu par les pouvoirs en place, malgré les nombreuses injonctions des institutions financières internationales, car il sert d'« amortisseur » social. « Il permet d'accuser les chocs externes subis par le secteur formel, le plus souvent un secteur privé de petite taille tourné vers les exportations, nous explique Nubukpo. La vitalité du secteur informel s'explique aussi par l'immersion de ses pratiques dans les aspects socioculturels de chaque pays — proximité, solidarité, liens sociaux forts, sentiment d'appartenance familiale, ethnique, clanique, etc. »

    La coexistence d'un immense secteur informel aux côtés d'un secteur formel plus réduit aboutit à une forme de schizophrénie économique, selon Mahamadou Lamine Sagna, ancien professeur d'économie à Princeton (Etats-Unis) et spécialiste du rapport à l'argent dans les sociétés subsahariennes. « On observe une coupure, voire un morcellement du corps social : dans l'économie formelle, on trouve une Afrique moderne, aisée, sophistiquée et mondialisée, qui vit à l'heure du XXIe siècle. Dans le secteur informel, en revanche, se renforcent des logiques traditionnelles parfois féodales, autour d'une solidarité organique que l'on ne retrouve ni dans la logique financière occidentale, ni dans les services des banques classiques (4). »

    Très rares sont les pays d'Afrique qui donnent l'exemple en matière de lutte contre le secteur informel. Le Rwanda est l'un des rares à se distinguer dans ce domaine : depuis 2006, les petites et moyennes entreprises sont incitées à tenir des registres comptables et à payer les taxes. Selon une enquête gouvernementale effectuée en 2006, le secteur informel non agricole (14,5 % du PIB) comprend des entreprises opérant dans les mines (0,78 %), les manufactures (13 %), mais surtout les services (86 %). Il concerne 27 % des actifs et est constitué à 72 % de personnes ayant créé leur propre emploi — des hommes, majoritairement (71 %), qui gagnent 40 euros par mois en moyenne, à raison de cinquante heures de travail par semaine.

    L'enquête a souligné les fortes réticences de ces opérateurs à aller dans le secteur formel, par crainte de « tracasseries avec les pouvoirs publics » (73 % des réponses). Sur la base de ces informations, des politiques ciblées ont été mises en place pour souligner les avantages du secteur formel, notamment en termes d'accès au crédit.

    Ailleurs, c'est plutôt le secteur privé qui prend l'initiative. Au Cameroun, l'homme d'affaires Paul Fokam a monté Afriland First Bank, un empire bancaire à l'échelle de l'Afrique centrale, en commençant par un vaste réseau de microfinance. Au Kenya, le banquier James Mwangi, issu d'une famille rurale très modeste, a été le premier Africain à être désigné entrepreneur de l'année, en 2012, par le cabinet Ernst & Young. En 1993, il a racheté Equity Bank, une société de microfinance qui était au bord de la faillite, et il en a fait, en mettant l'accent sur les relations humaines (rapports avec ses employés et ses clients), la première banque généraliste d'Afrique de l'Est, avec huit millions de comptes au Kenya, au Rwanda, en Ouganda, en Tanzanie et au Soudan du Sud.

    Une leçon qu'a bien comprise le jeune banquier ivoirien Jean-Luc Konan, 42 ans, qui a fondé en 2013 la Compagnie financière africaine (Cofina) à Abidjan et Dakar, pour desservir en crédit ce qu'il estime être un immense marché. « C'est là, dans ces 80 % d'opérateurs ignorés par les grandes banques, que se trouvent les multinationales africaines et les champions de demain (5) », explique cet entrepreneur africain qui a financé trois mille dossiers en moins de deux ans, pour un encours de 30 millions d'euros.

    (1) Perspectives économiques en Afrique 2014, www.africaneconomicoutlook.org

    (2) Voir les rapports d'enquête effectués en Afrique du Sud, en Angola, au Bénin, au Cameroun, au Maroc et au Sénégal, publiés en 2006 par l'Agence française de développement.

    (3) Entretien réalisé en 2014. Voir aussi Kako Nubukpo, L'Improvisation économique en Afrique. Du coton au franc CFA, Karthala, coll. « Les Afriques », Paris, 2011.

    (4) Mahamadou Lamine Sagna, « Pourquoi l'épargne informelle échappe-t-elle aux banques ? », Géopolitique africaine n° 53-54, Paris, pp. 187-194.

    (5) Jean-Luc Konan, « Il faut soutenir les champions de demain », Afrique Méditerranée Business, n° 9, Paris, juillet-août 2015.

    Quand la gauche travailliste dénonçait Bruxelles

    Le Monde Diplomatique - Fri, 09/06/2017 - 12:55

    En juin 1975, le gouvernement travailliste de Harold Wilson organise un référendum demandant au Britanniques : « Pensez-vous que le Royaume-Uni doive rester membre de la Communauté européenne (le Marché commun) ? » Alors que le premier ministre défend le « oui », son ministre de l'industrie Anthony (« Tony ») Benn, qui incarne l'aile gauche du Parti travailliste, défend le point de vue opposé. En janvier, il s'adresse aux électeurs par voie de presse.

    « Voici votre nouveau chef du personnel ». Affiche de la campagne des syndicats anglais contre la loi sur les relations industrielles de 1971. Cette loi, défendue par les conservateurs, visait entre autres à limiter le droit de grève.

    En 1975, chacun d'entre vous aura la responsabilité de décider, par le biais d'un vote, si le Royaume-Uni doit rester membre du Marché commun ou s'il doit le quitter, afin de rester une nation indépendante et souveraine. Une fois prise, cette décision sera sans doute irréversible. (…)

    Je vous écris, non pour vous demander de voter de telle ou telle façon, mais pour vous expliquer — aussi bien que je le peux — l'impact de la participation du Royaume-Uni au Marché commun sur la relation constitutionnelle entre les députés et ceux qu'ils représentent. La démocratie parlementaire que nous avons développée et établie au Royaume-Uni repose non sur la souveraineté d'un Parlement, mais sur celle du peuple qui, en exerçant son droit de vote, prête son pouvoir souverain aux députés ; un pouvoir qui doit être utilisé au nom du peuple, pour la durée d'un mandat unique, un pouvoir qui doit être rendu intact aux électeurs auxquels il appartient, de façon à ce qu'il puisse être transmis à d'autres députés. Cinq droits démocratiques de base découlent de cette relation et tous sont fondamentalement altérés par la participation du Royaume-Uni à la Communauté européenne.

    Un : la démocratie parlementaire implique que toute femme et tout homme de plus de 18 ans a le droit d'élire son ou sa représentante à la Chambre des communes. Or cette institution est déterminante car elle peut décider de nouvelles lois ou de nouveaux impôts. La participation à la Communauté européenne nous soumet à des lois et des taxes qui n'ont pas été décidées par nos députés, mais par des autorités que nous n'élisons pas directement et que nous ne pouvons pas renvoyer par les urnes.

    Deux : la démocratie parlementaire implique que les membres du Parlement, dont le pouvoir provient directement du peuple britannique, peuvent changer toute loi ou toute mesure fiscale par un vote à la majorité. La participation du Royaume-Uni à la Communauté européenne prive le Parlement britannique de la possibilité de supprimer des lois ou des mesures fiscales : seules des autorités communautaires qui n'ont pas été élues directement par le peuple britannique peuvent le faire.

    Trois : la démocratie parlementaire implique que les tribunaux et les juges britanniques ont la responsabilité de défendre les lois votées par le Parlement. Si le Parlement change une loi, les tribunaux doivent s'assurer que sa nouvelle version entre en vigueur puisqu'elle a été décidée par le Parlement, qui a été élu directement par la population. La participation du Royaume-Uni à la Communauté européenne exige des tribunaux britanniques qu'ils fassent respecter des lois communautaires qui n'ont pas été décidées par le Parlement, et que le Parlement ne peut pas modifier ou amender, même lorsque ces lois entrent en conflit avec d'autres (votées, elles, par le Parlement), puisque la hiérarchie des droits place les directives communautaires au-dessus des textes britanniques.

    Quatre : la démocratie parlementaire implique que les gouvernements, ministres et fonctionnaires britanniques ne peuvent agir que dans le cadre des lois britanniques et qu'ils sont comptables de leurs décisions devant le Parlement et donc, par Parlement interposé, devant les électeurs. La participation du Royaume-Uni à la Communauté européenne impose aux gouvernements britanniques des contraintes et des devoirs qui n'ont pas été décidés par le Parlement. Les ministres n'ont donc plus à s'expliquer de leurs actions devant le Parlement, ou le peuple britannique qui les a élus.

    Cinq : donnant la possibilité aux électeurs de désigner ou de renvoyer les membres du Parlement, la démocratie parlementaire garantit la continuité du devoir de responsabilité des députés face à l'électorat, les obligeant à écouter la population pendant les campagnes électorales, mais également en dehors des campagnes électorales, ce qui impose au Parlement de prendre en compte les besoins de la population. La participation du Royaume-Uni à la Communauté européenne transfère une partie des pouvoirs législatifs et financiers à des autorités communautaires qui n'ont pas été élues directement par les Britanniques, ce qui les isole du contrôle direct des électeurs britanniques. Comme ces derniers ne peuvent pas retirer leur mandat à qui que ce soit, leur point de vue n'importe guère et nul n'est tenu de prendre en compte leurs récriminations.

    Aucun doute à avoir sur l'effet de la participation à l'Europe

    En résumé, une partie du pouvoir de l'électorat britannique de faire des lois, de décider de nouveaux impôts, de changer des textes législatifs que les tribunaux doivent faire respecter, de contrôler la mise en œuvre des affaires publiques à travers ses représentants directs au Parlement, a été abandonnée à la Communauté européenne, dont le Conseil des ministres et la Commission ne sont ni collectivement élus ni collectivement révocables par le peuple britannique, ni par aucun des peuples qui forment cette Communauté.

    Ici, ces cinq droits nous ont protégés des pires abus du pouvoir ; ils nous ont prémunis des dérives de la bureaucratie ; ils ont défendu nos libertés ; ils nous ont offert la possibilité de changer les choses dans la paix ; ils ont réduit le risque de conflits au sein de notre société ; et ils nous unissent les uns aux autres en créant un cadre national de consensus pour toutes les lois qui nous gouvernent. (…)

    Bien entendu, je ne m'intéresse pas ici aux arguments politiques et économiques pour ou contre le Marché commun ; je ne vise pas, non plus, à commenter l'analyse selon laquelle les avantages de la participation effacent la perte de droits démocratiques que je viens de décrire. Mais aucun électeur ne doit entretenir le moindre doute sur l'effet que la participation britannique à la Communauté européenne a eu, et ne manquera pas d'avoir : elle érode la capacité de la population britannique à se gouverner elle-même.

    Ayant longtemps fait campagne pour que vous puissiez disposer du droit à un référendum sur cette question, je suis fier de servir dans un gouvernement qui a promis que les électeurs auraient le dernier mot. La nation tout entière, et tous les partis politiques, sont divisés sur la question du Marché commun. Nous devons respecter la sincérité de ceux qui défendent un autre point de vue que le nôtre. Nous devons accepter le verdict du peuple britannique, quel qu'il soit, ce que j'ai bien l'intention de faire.

    Source : The Spectator, Londres, 18 janvier 1975.

    L'internationale de la Couronne

    Le Monde Diplomatique - Fri, 09/06/2017 - 11:27

    « Pendant que nous nous préparons à quitter l'Union européenne, nous organisons la prochaine rencontre bisannuelle des chefs de gouvernement des pays du Commonwealth en 2018, un rappel du réseau unique global dont nous sommes fiers », proclama la première ministre conservatrice Theresa May lors de son discours sur le Brexit, le 17 janvier 2017.

    Le British Commonwealth of Nations − une association de pays regroupant le Royaume-Uni et ses anciennes colonies − fut officialisé en 1931 par le statut de Westminster selon lequel « tous les pays du Commonwealth reconnaissent la reine Élisabeth II comme leur chef ». La déclaration de Londres de 1949 prend note de la décolonisation en retirant le mot « British » du nom de l'association. Pour autant, le club de « pays libres et égaux », synonyme de décolonisation douce, fut surtout un moyen pour le Royaume-Uni de maintenir son influence économique et culturelle sur une population de 2,4 milliards d'individus.

    Dans les années 1960, la volonté du Royaume-Uni de prendre part à la construction européenne a posé problème aux pays du Commonwealth. En 1929, déjà, Leopold Amery, journaliste et membre du Parti conservateur, expliquait : « Autant est grande ma sympathie pour le mouvement paneuropéen, et profond mon sentiment qu'il est juste en lui-même et propre à faire face aux difficultés de la situation mondiale actuelle, autant je combattrai jusqu'à mon dernier souffle l'idée que la Grande-Bretagne se proclame puissance européenne et non puissance mondiale. » Le Canada et l'Australie s'opposeront ainsi à l'entrée du Royaume-Uni au sein des institutions européennes : ils le feront savoir lors de la conférence du Commonwealth de 1962.

    Engagée (mollement) dans la lutte pour le respect des droits humains, organisant les Jeux du Commonwealth, l'organisation renvoie au folklore du passé impérial britannique. Mais le Brexit pourrait changer la donne. Mme May ne vient-elle pas de proposer à un nouveau pays d'intégrer le Commonwealth ? Son nom : les États-Unis…

    Churchill et l'Empire

    Le Monde Diplomatique - Fri, 09/06/2017 - 11:15

    Premier ministre conservateur de 1940 à 1945, puis de 1951 à 1955, Winston Churchill — qui expliquait : « J'ai été élevé à ce stade de la civilisation où tout le monde se plaisait à admettre que les hommes naissent inégaux » — a inlassablement défendu l'intégrité de l'Empire britannique. En 1953, un journaliste l'interroge sur son éventuelle retraite : « Pas avant que mon état ne se détériore énormément, et que celui de l'Empire ne s'améliore considérablement. »

    Profession de foi :

    « Je suis un enfant de l'ère victorienne, une époque où notre pays semblait solidement établi dans ses fondements, où notre domination sur le commerce et sur les mers était incontestée, et où ne cessait de se renforcer notre foi en la grandeur de l'Empire et en notre devoir de la préserver. »

    Discours aux Communes, 17 mars 1914 :

    « Nous sommes maîtres de tous les territoires auxquels nous pouvons aspirer, mais lorsque nous revendiquons le droit de profiter sans entraves de ces vastes et splendides possessions, acquises en grande partie par la guerre et conservées en grande partie par la force, cela paraît souvent moins raisonnable à d'autres qu'à nous-mêmes. »

    Intervention au Parlement, 24 octobre 1935 :

    « Les destinées et la gloire de l'Empire britannique sont liées indissociablement aux destinées du monde. Nous prospérerons ou nous périrons ensemble. De fait, si nous survivons aujourd'hui, c'est parce qu'aux temps jadis nos ancêtres ont fait en sorte que, dans l'ensemble, les intérêts particuliers de la Grande-Bretagne coïncident avec les intérêts généraux du monde. »

    Au sujet de l'Inde, à laquelle conservateurs et travaillistes veulent accorder l'autonomie interne :

    « Si la Grande-Bretagne perdait son Empire, l'Inde, sa part du commerce mondial et sa puissance navale, elle serait comme une immense baleine portée par la marée et échouée dans une de vos baies écossaises, pour s'y asphyxier et pourrir sur la grève. Bien sûr, mon idéal est étroit et limité : je veux voir l'Empire britannique préservé dans sa force et sa splendeur, le temps de quelques générations encore. Seuls les plus prodigieux efforts du génie britannique permettront d'y parvenir ! »

    Au consul américain Kenneth Pendar à Marrakech, le 24 janvier 1943 :

    « Il y a toujours de vieilles filles consciencieuses en Pennsylvanie, dans l'Utah, à Édimbourg ou à Dublin qui persistent à écrire des lettres, à signer des pétitions et à dispenser ardemment leurs conseils au gouvernement britannique, pour le presser de rendre l'Inde aux Indiens, l'Afrique du Sud aux Zoulous ou aux Boers, etc., mais aussi longtemps qu'il plaira à Sa Majesté le Roi de faire de moi son premier ministre, je ne prendrai aucune part au démembrement de l'Empire britannique. »

    Churchill est battu aux élections de juillet 1945, et sous le gouvernement travailliste de son successeur, Clement Attlee, l'Inde accède à l'indépendance, de même que la Birmanie et le Sri Lanka.

    « Notre île est envahie par une tribu de philosophes névrosés qui se lèvent chaque matin en se demandant quelle partie de la Grande-Bretagne ils pourraient encore brader, et se couchent chaque soir en regrettant ce qu'ils viennent de faire. »

    Source : François Kersaudy, Le Monde selon Churchill, Tallandier, Paris, 2011.

    Anarcho-syndicalistes moyenâgeux

    Le Monde Diplomatique - Fri, 09/06/2017 - 11:14

    Sortie sur les écrans en 1975, la comédie « Monty Python : Sacré Graal ! » narre la légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Dans cet extrait, le roi, missionné par Dieu, se met en quête de chevaliers suffisamment preux pour se joindre à lui dans sa quête du Graal. Il tente d'obtenir des renseignements auprès d'une personne qu'il croise en chemin.

    Roi Arthur : Vieille femme !

    Dennis : Homme.

    Roi Arthur : Homme, pardon. Quel chevalier vit dans le château que l'on voit là-bas ?

    Dennis : J'ai 37 ans.

    Roi Arthur : Pardon ?

    Dennis : J'ai 37 ans. Je ne suis pas vieux.

    Roi Arthur : Enfin, je ne peux pas vous appeler « Homme ».

    Dennis : Vous pourriez dire « Dennis ».

    Roi Arthur : Je ne savais pas que vous vous appeliez « Dennis ».

    Dennis : Vous n'avez pas trop cherché à savoir non plus !

    Roi Arthur : J'ai dit que j'étais désolé de vous avoir appelé « Vieille femme » mais, de dos…

    Dennis : Ce qui me pose problème, c'est qu'automatiquement vous me traitez en inférieur.

    Roi Arthur : En même temps, je suis roi.

    Dennis : Roi, rien que ça ! Et comment est-ce que vous êtes arrivé à ça, hein ? En exploitant les travailleurs. En vous accrochant au dogme impérialiste suranné qui perpétue les inégalités économiques et sociales dans notre société. Si on cherche vraiment à améliorer les choses…

    Une paysanne [qui fouille la terre un peu plus loin] : Dennis ! Il y a de la belle saleté par ici… [elle voit le roi Arthur] Oh, bonjour.

    Roi Arthur : Bonjour, bonne dame. Je suis le roi Arthur, roi des Bretons. À qui appartient ce château ?

    Paysanne : Roi des qui ?

    Roi Arthur : Des Bretons

    Paysanne : Et c'est qui, les « Bretons » ?

    Roi Arthur : Eh bien, c'est nous. Nous sommes tous bretons. Et je suis votre roi.

    Paysanne : Je ne savais pas qu'on avait un roi. Je pensais que nous étions une collectivité autonome.

    Dennis : Tu te voiles la face. Nous vivons en dictature ! Une autocratie qui s'auto-perpétue, dans laquelle la classe ouvrière…

    Paysanne : Et voilà que tu remets ça avec tes classes sociales.

    Dennis : Mais parce que tout part de là ! Si seulement les gens…

    Roi Arthur : S'il vous plaît ! Mes amis, je suis pressé. Qui vit dans ce château ?

    Paysanne : Personne.

    Roi Arthur : Mais alors qui est votre seigneur ?

    Paysanne : Nous n'en avons pas.

    Roi Arthur : Quoi ?

    Dennis : Je vous l'ai dit. Nous sommes une commune anarcho-syndicaliste. Nous endossons à tour de rôle la fonction de directeur général, pendant une semaine…

    Roi Arthur : Oui…

    Dennis : … mais toutes les décisions doivent être ratifiées lors d'une réunion qui se tient deux fois par semaine…

    Roi Arthur : Je vois…

    Dennis : … à la majorité simple dans le cas de dossiers courants…

    Roi Arthur : Taisez-vous !

    Dennis : …mais à la majorité des deux tiers pour les…

    Roi Arthur : Taisez-vous, je vous l'ordonne !

    Paysanne : « Ordonne » ? Mais pour qui est-ce qu'il se prend celui-là ?

    Roi Arthur : Je suis votre roi.

    Paysanne : Eh bien moi, je n'ai pas voté pour vous.

    Roi Arthur : On ne vote pas pour les rois.

    Paysanne : Et comment est-ce que vous êtes devenu roi, alors ?

    Roi Arthur [alors qu'une musique céleste se fait entendre] : La Dame du lac, le bras vêtu du plus pur brocart, jaillit des profondeurs de l'onde, en brandissant Excalibur, indiquant que la grâce divine avait forgé le projet que moi, Arthur, devienne le porteur d'Excalibur. Voilà pourquoi je suis votre roi.

    Dennis : Écoutez. Des donzelles qui se dan-dinent dans des mares en distribuant des épées, ça n'a jamais suffi à forger des systèmes de gouvernement. Le pouvoir exécutif suprême provient d'un mandat des masses, pas d'une quelconque farce aquatique.

    Roi Arthur : Taisez-vous !

    Dennis : Vous ne prétendez tout de même pas vous emparer du pouvoir exécutif suprême juste parce qu'une godiche humide a lancé une épée dans votre direction !

    Roi Arthur : Silence !

    Dennis : Enfin quoi ? Si je me promenais en expliquant que je suis empereur juste parce qu'une greluche détrempée m'a balancé un cimeterre, on m'enfermerait !

    Roi Arthur [qui empoigne Dennis] : Tais-toi ! Mais tais-toi enfin !

    Dennis : Ah, voilà la violence inhérente au système !

    Roi Arthur : Tais-toi !

    Dennis : Oh ! Oh ! Venez, venez tous observer la violence inhérente au système. À l'aide, à l'aide ! On me réprime !

    Roi Arthur : Foutus paysans !

    Dennis : Oh, eh bien voilà ! Vous avez entendu ? Vous avez entendu ? C'est de ça dont je vous parle ! Vous l'avez vu me réprimer ? Vous l'avez vu, non ?

    Monty Python : Sacré Graal !, de Terry Gilliam et Terry Jones, 1975.

    Questions pour un communiste

    Le Monde Diplomatique - Fri, 09/06/2017 - 11:14

    Dans ce sketch des Monty Python présenté lors de leur spectacle au Hollywood Bowl, en 1982, un journaliste reçoit quatre illustres invités.

    Journaliste : C'est un privilège de recevoir ce soir Karl Marx, le fondateur du socialisme moderne et l'auteur du Manifeste du Parti communiste...

    [applaudissements]

    ... Vladimir Illich Oulianov, mieux connu dans le monde sous le nom de Lénine...

    [applaudissements]

    ... dirigeant de la révolution russe, écrivain, homme d'État et père du socialisme moderne ; Che Guevara, le guérillero bolivien [sic] ;

    [applaudissements]

    et Mao Zedong, secrétaire général du Parti communiste chinois depuis 1949.

    [applaudissements]

    La première question est pour vous, Karl Marx : les Hammers. Les Hammers est le surnom de quelle équipe de football anglaise ?

    Karl Marx : ...

    Journaliste : Non ? Pas de chance, Karl. Il s'agit de West Ham United.

    [applaudissements]À vous, Che Guevara. Che, Coventry City a remporté la Coupe anglaise de football pour la dernière fois en quelle année ?

    Che Guevara : ...

    Journaliste : Non ? On peut élargir au reste de nos invités ? Quelqu'un ? Coventry City a remporté la Coupe anglaise de football pour la dernière fois en quelle année ? Non ? Eh bien je ne suis pas étonné que vous n'ayez pas trouvé : il s'agissait d'une question piège ! Coventry City n'a jamais remporté la Coupe anglaise de football.

    [applaudissements]

    Et avec, à ce stade, tous nos candidats ex aequo, nous passons à la deuxième série de questions. Et Lénine, c'est à vous de commencer, pour 10 dollars. Jerry Lee Lewis a enregistré plus de dix-sept tubes importants aux États-Unis. Quel est le titre du plus connu ?

    Lénine : ...

    Journaliste : Le gros succès de Jerry Lee Lewis...

    [Mao Zedong appuie sur un buzzer jusque-là dissimulé]

    Mao Zedong !

    Mao Zedong : Great Balls of Fire ?

    Journaliste : Oui, c'est bien ça !

    [applaudissements]

    Très bien vu. Eh bien, nous en arrivons maintenant à notre troisième série de questions. Et notre candidat ce soir, c'est Karl Marx. Et notre prix spécial : ce magnifique ensemble salon « canapé fauteuil » ![applaudissements]

    Karl a choisi la série de questions portant sur le contrôle ouvrier des usines. Alors, on y va, avec la question numéro 1. Nerveux, Karl ?

    [Karl Marx fait « oui » de la tête]

    Un tout petit peu. Ne vous en faites pas, faites de votre mieux. Le développement du prolétariat industriel est conditionné par quel autre développement ?

    Karl Marx : Le développement de la bourgeoisie industrielle.

    Journaliste : Très bien !

    [applaudissements]

    C'est bien cela. Bien joué, Karl ! Si vous continuez comme ça, vous allez repartir avec votre ensemble salon.

    Question numéro 2 : la lutte des classes est une lutte comment ?

    Karl Marx : Une lutte politique.

    Journaliste : Très bien !

    [applaudissements]

    C'est exactement cela. Super, Karl ! Une dernière question et ce magnifique ensemble salon non matérialiste sera à vous. Vous êtes prêt, Karl ?

    La dernière question : qui a gagné la Coupe anglaise de football en 1949 ?

    Karl Marx : Les travailleurs doivent contrôler les moyens de production ? La lutte du prolétariat urbain ?

    Journaliste : Non, il s'agissait de Wolverhampton Wanderers, qui a battu Leicester 3 à 1.

    Karl Marx : Oh, merde !

    Monty Python, « Questions pour un communiste », « Live at the Hollywood Bowl », 1982.

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