La fiche de prison de Spinelli datant de 1937 (crédit : www.altierospinelli.orgvia Rivista on line, le magazine du centre John Hopkins de l’université de Bologne, http://www.jhubc.it)
(BRUXELLES2) Les dirigeants des trois grands pays européens — qui ne sont plus que trois avec le départ du Royaume-Uni — le Premier ministre italien Matteo Renzi, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande se retrouvent lundi sur l’île de Ventotene pour réfléchir, avant le sommet informel à ’27’ de Bratislava le 16 septembre, … à l’avenir de l’Europe et préparer les prochaines échéances européennes. Espérons que l’air du large et l’atmosphère chargée d’histoire du lieu leur permettra de se dégager des contraintes du terre-à-terre et d’être un peu plus ambitieux et… concrets.
Une ile symbolique
C’est là que furent emprisonnés par le régime de Mussolini les militants communistes et autres opposants au fascisme, notamment Altiero Spinelli et Ernesto Rossi. C’est de cette île, au printemps 1941, qu’est écrit un « Projet de Manifeste » « Pour une Europe libre et unie » (Per un’Europa libera e unita. Progetto d’un manifesto), un des principaux textes fondateurs de l’idée européenne, qui a irrigué la résistance italienne durant la guerre, et au-delà, et a servi de fondement au Mouvement fédéraliste européen créé à Milan en 1943. C’est là qu’Altiero Spinelli est enterré, en 1986, dans le cimetière de Ventotene.
Retirer au nationalisme les moyens de nuire
L’idée du « Manifeste de Ventotene » est « simple » — écrit Bernard Poignant, conseiller de François Hollande (2), le jour du centenaire de la naissance de Spinelli — « les Etats nationaux souverains ne sont plus en mesure de garantir la sécurité de leurs citoyens. Ils ne savent plus promouvoir des échanges commerciaux pacifiques. Leur horizon est borné à la conquête des pays voisins les plus faibles. Leur nationalisme écrase tout et est devenu leur credo. Il faut donc malgré eux et contre eux sauver la civilisation européenne. Pour cela il n’existe qu’une seule solution : retirer aux Etats des pans substantiels de souveraineté. »
Sur du papier à cigarettes au fond d’une boîte en fer
La façon même dont ce texte a vu le jour, permet d’en mesurer la teneur. « Il fallait tenir ce texte secret et ils le cachèrent dans le double fond d’une boîte en fer ». « Ils n’avaient pas de papier, matériau jugé dangereux par les fascistes. Ils l’écrirent par conséquent sur du papier à cigarettes. »
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : L’Italie appelle à un Schengen de la Défense. L’appel sera-t-il entendu ?
Télécharger le manifeste de Ventotene (traduit en Français) par l’institut des études fédéralistes Altiero Spinelli
(1) Lire sur l’histoire du pénitencier de Santo Stefano
(2) Ancien maire de Quimper et eurodéputé (PS)
(BRUXELLES2) Le dernier rapport de la mission des observateurs de l’OSCE dans l’Est de l’Ukraine, le 16 août (1) est éloquent. Les accords de Minsk sont régulièrement violés dans l’Est de l’Ukraine que ce soit au niveau du cessez-le-feu ou du retrait des armes lourdes. En revanche, autour de la Crimée, malgré des paroles enflammées de responsables politiques, la situation est plutôt calme.
Tirs de mortiers et d’artillerie dans le Donetsk, et dans le Luhansk
La mission a noté « un grand nombre de violations du cessez-le-feu dans la région de Donetsk, en particulier (…) avec un nombre élevé continu d’explosions dans la région de Donetsk » de différents types : mortier de 82 mm, provenant de véhicules blindés (type BMP1), artillerie de 152mm. Elle « note la poursuite des combats dans la région de Yassynouvata-Avdiivka, y compris avec des lanceurs multi-roquettes de type Grad » (BM-21 de 122mm). Positionnée dans le centre-ville de Donetsk, la mission a ainsi entendu, « dans la nuit du 15 au 16 août, au nord-nord-ouest, 143 explosions indéterminées quant à leur emplacement ». Les observateurs notent également « une augmentation du nombre d’explosions enregistrées dans la région de Luhansk par rapport à la veille ».
Des tirs des deux côtés selon les analyses des cratères
La mission a réalisé des analyses de cratères des bombes et explosions « des deux côtés de la ligne de contact à Donetsk et Louhansk ». Elle a ainsi observé dans le quartier Mykytiskyi de la république auto-proclamée du Donetsk (DPR), à Horlivka (38km au nord-est de Donetsk), « des fenêtres brisées et des traces d’éclats sur les murs de l’école n° 84, ainsi qu’un cratère de 1 mètre récent, causé par un obus d’artillerie de 122 mm tiré à partir d’une direction nord-ouest ». Dans le quartier Bessarabka de Horlivka, il a analysé « deux cratères récents, provoqués par des obus d’artillerie de 152 mm, mais n’a pas pu déterminer la direction du tir ». (…) A Chermalyk (77 km au sud de Donetsk), dans la zone contrôlée par le gouvernement, la mission a observé 19 cratères récents, causés par des obus d’artillerie de 122mm tirés depuis une direction Est et Est-nord-est, résultant « selon les officiers des Forces armées ukrainiennes du Centre commun de contrôle et de coordination (CMCD) qui accompagnaient la patrouille, de bombardements qui ont commencé juste après minuit ». Les cratères étaient tout proches « d’habitations et d’une ferme voisine, où une grange brûlait encore, à environ 250 mètres des stocks de munitions des Forces ukrainiennes ». Etc.
Des violations des retraits d’armes lourdes
Les armes lourdes continuent de circuler « en violation des lignes de retrait » fixées dans les accords de Minsk. Les observateurs ont ainsi remarqué « deux mortiers de 82 mm (2B9 Vasilek) remorqués par des camions vers le sud vers Shchastia (20 km au nord de Luhansk), (…) des camions militaires transporter, à 3,5 km au nord-est de Shchastia, au moins quatre mortiers de 120 mm (2B11) vers Shchastia ». Différents matériels ont aussi été observés comme « manquants » dans des zones apparemment abandonnées par les forces ukrainiennes : huit mortiers de 120mm (2B11) et trois mortiers de 82mm (2B9) dans la première zone, six mortiers de 120mm (2B11) dans la seconde zone. « Des armes ont également été notées comme manquantes dans d’autres zones des Forces armées ukrainiennes : 12 obusiers autotractés (2A36 Giatsint-B, 152mm), dix chars (T-64), 11 obusiers autotractés (2S3 Akatsiya, 152mm), et 12 lance-roquettes multiples (BM-21 Grad, 122mm) ». Etc.
Calme sur la ligne frontière avec la Crimée
Du côté de la ligne-frontière avec la Crimée, la situation est « calme ». Le 15 août aux points de passage Kalanchak, Chaplynka et Tchonhar (67, 167 et 72 km au sud-est de Kherson), il y avait « peu de trafic (véhicules et piétons) observés dans les deux sens ». Le chef d’équipe de la 80e Brigade Parachutiste et le commandant d’astreinte des gardes frontières (ukrainiens), présents à Cape Kutara, ont tous deux « décrit la situation comme calme ». Tandis que le chef d’équipe à la position de Ad Penisula décrivait la situation de façon identique. C’est « calme ». « Un vol d’un drone en arrière et au-dessus de la ligne de démarcation » a-t-il indiqué tout comme « des hommes armés ont été vus s’entraînant de l’autre côté tôt dans la journée ». Le chef de la police régionale de Kherson a dit aux observateurs de l’OSCE que la police « avait renforcé les mesures de sécurité et augmenté le nombre de patrouilles le long de la ligne de démarcation administrative ».
(NGV)
(1) Télécharger le rapport détaillé des observateurs pour les journées des 15 et 16 août
(BRUXELLES2) Le général de brigade aérienne Serge Cholley a pris le commandement de l’opération Chammal, l’opération française contre Daesh, depuis début août. Son mandat évolue. En plus de commander les militaires déployés, le chef de mission aura désormais l’unité de la chaine de commandement sur toute la palette des moyens engagés dans la coalition « Inherent Resolve » : sur terre, sur mer et dans les airs.
Simplification de la chaîne de commandement
La France semble, en effet, avoir fait le choix d’une « simplification » de la chaine de commandement de l’opération. Le chef de l’opération « concentre l’ensemble des responsabilités opérationnelles de l’opération Chammal » annonce l’état-major des armées. Jusqu’ici, le commandement était assuré par différentes autorités militaires. A savoir, le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), situé à Paris, au ministère de la Défense, sous le commandement du général de Villiers, chef d’état-major des armées (CEMA) et l’amiral commandant la zone Océan Indien (ALINDIEN), actuellement le contre-amiral Beaussant — qui exerçait un contrôle opérationnel sur les navires évoluant dans la zone du Golfe notamment —.
Représenter et assurer le fonctionnement de Chammal
Depuis le Koweit, le chef de l’opération Chammal aura ainsi toute l’autorité pour représenter la France au sein de l’Etat-major de la coalition internationale contre Daesh ainsi qu’auprès des autorités irakiennes et des alliés engagés dans la lutte contre l’organisation de l’Etat islamique. Il a, à la fois, le pouvoir d’« assure(r) aux soldats français les moyens nécessaires pour réaliser leur mission » comme de contrôler « le bon emploi des moyens français » dans le cadre de l’opération de la coalition « Inherent resolve ».
Un homme du renseignement aérien aux commandes
Né en 1961 (55 ans), diplômé du Lycée Kléber de Strasbourg (Sup et Spé), Serge Cholley intègre ensuite l’Ecole de l’air de Salon de Provence et suivra aussi les cours de chinois à l’Inalco / Langues O (1991). Membre du corps des officiers des bases de l’Air et auditeur de la 62e session de l’Institut des Hautes études de défense nationale (IHEDN), il débute dans les escadrons de chasse mais se spécialise assez vite dans la guerre électronique. Il a notamment commandé la 54ème escadre (Air) électronique tactique de Metz (qui dispose du Transall C160 configuré en mode « Gabriel »), la BA 190 — la base aérienne de Tahiti — et a servi comme adjoint, en charge de la composante aérienne, du commandant supérieur des forces armées (Comsup) en Polynésie française. Il a aussi été engagé dans différentes opérations extérieures en coalition, comme l’opération Enduring Freedom en Afghanistan.
Habitué de la DRM
Le général Cholley est aussi un féru du renseignement et de la guerre électronique. Depuis 2014, il occupait le poste de sous-directeur « opérations » à la DRM, la direction du renseignement militaire. Une direction qu’il connait bien pour avoir été sous-directeur adjoint « exploitations » de 2005 à 2007. Une double expérience (aérienne / renseignement) d’une grande utilité. L’opération Chammal comportant tout un volet de frappes aériennes pour détruire les infrastructures contrôlées par Daesh, la préparation comme la planification de ces frappes reposent sur une bonne analyse et le croisement des sources de renseignement.
Quant au chinois, cet ancien attaché militaire « Air » en Chine, devrait pouvoir y puiser les ressources nécessaires en « zenitude » pour pouvoir apprécier les complexités du travail en coalition et imposer un certain regard français sur la conduite des opérations qui reste, essentiellement, assurée par les Américains.
(Lucas Millet, avec NGV)
Peter Mandelson a caressé, un moment, le désir de prendre la place de Haut représentant puis, une fois, la candidature de Ashton présentée n’a eu de cesse de la dénigrer, selon un conseiller de Hillary Clinton. – Visite de Peter Mandelson à la Commission européenne le 6 novembre 2009, crédit : CE / archives B2)
(BRUXELLES2) La façon dont les Américains ont suivi les différentes évolutions des candidats (surtout britanniques) aux postes européens lors de la composition de la Commission en octobre et novembre 2009 est intéressante. Les avis contenus dans les mails reçus par Hillary Clinton de la part de son conseiller diplomatique (révélés par Wikileaks), à base d’analyses personnelles ou de revue de presse sont plus que tranchés et révélateurs d’un climat à couteaux tirés entre Torys et Travaillistes, et au sein du Labour sur la répartition des postes européens…
Les tories vent debout contre la candidature de Blair : sur le principe
« Tony Blair a perdu ses chances. Les Tories ont monté une campagne contre lui, pas seulement parce qu’ils ne veulent pas de lui mais parce qu’ils ne veulent pas d’un président de l’UE efficace. » note Sidney Blumenthal (1), dans un email adressé à la Secrétaire d’Etat le 27 octobre 2009. Le leader de l’opposition, David Cameron, se range alors du côté de la branche anti-EU. Sa lettre appelant ouvertement le président tchèque à ne pas ratifier le Traité de Lisbonne sonne comme une guerre ouverte envers les autres dirigeants européens. Selon les Américains, dans une manoeuvre intrigante, (les Tories) évoquent aussi ouvertement le nom de David Miliband comme « ministre des affaires étrangères de l’UE si Tony ne devient pas président de l’UE », ce même si Miliband « a nié tout intérêt (pour le poste) et soutient Tony ». « Une partie de la campagne anti-Blair égrenée par les Tories, (vise) à blesser Miliband s’ils le peuvent ». La candidature de Miliband était cependant soutenue à la fois par « Sarkozy et aussi par (Gordon) Brown (devenu Premier ministre britannique en juin 2009) qui n’y était pas opposé et même favorable ».
Une tentative désespérée de Mandelson pour obtenir le poste
Quand il s’avère que Miliband refuse de rejoindre ce poste, l’ancien commissaire européen au Commerce (et alors ministre chargé du Business, de l’Energie et de l’Industrie), Peter Mandelson prend le relais, faisant personnellement campagne pour son propre compte parmi les Européens. Au départ, cependant, Mandelson avait « hâte que Miliband prenne le poste de l’UE. Ce qui lui aurait libéré la possibilité d’être nommé ministre (britannique) des Affaires étrangères ». Lorsque Miliband refuse, « l’ambition de Mandelson a été contrecarrée. Il a donc essayé de saisir la position de l’UE pour lui-même, mais sans aucun soutien en Europe ou de Gordon (Brown) ».
De la folie pensent les Européens
« Les Européens pensaient qu’il était devenu fou. Ils se sont rappelé son mauvais comportement voire étrange comme commissaire européen. » Lorsque Cathy Ashton a été nommée, Mandelson a mené campagne dans la presse sur son manque de crédits, etc. C’est là le début d’une campagne qui reposait en partie sur de bons arguments mais qui sera nourrie tout au long des premiers mois de Cathy Ashton de l’intérieur : l’équipe Mandelson, d’abord, l’équipe Barroso ensuite. La Haute représentante n’ayant pas fait vraiment grand chose pour accréditer le contraire, facilitant ainsi la tâche de ses détracteurs.
(NGV)
(1) ancien assistant et conseiller spécial du président Bill Clinton. Homme de confiance de Hillary Clinton, il fait sa campagne aux primaires démocrates de 2008 et lui servit durant ses fonctions de conseiller ‘officieux’.