(B2) La frégate espagnole ESPS Navarra qui vient d’intégrer la force maritime européenne en Méditerranée (EUNAVFOR Med / Opération Sophia) a effectué sa première opération de sauvetage, lundi (3 octobre). Les opérations de sauvetage ont « commencé au cours de l’après-midi et ont duré jusqu’au coucher du soleil » indique le QG de l’opération de Rome. 522 migrants ont été enregistrés, dont 122 femmes, 37 enfants et 15 bébés. (NGV)
L’aviso Premier maitre L’Her en mission de contrôle des armes (crédit : Marine Nationale / Cols Bleus)
(B2) Le patrouilleur de haute mer français « Enseigne de Vaisseau Jacoubet » (F-794) est arrivé dans l’opération EUNAVFOR Med / Sophia de lutte contre les trafics en Méditerranée, au large de la Libye (êtres humains, armes). Il relaie son alter ego « Premier maître L’Her » (F-792) engagé depuis le 12 septembre (1). Cette présence française, au niveau maritime est nouvelle. Jusqu’à présent la contribution française à l’opération était plutôt limitée. Elle consistait davantage en des moyens humains (officiers au QG à Rome), de renseignement (ISR) et un avion (type Falcon 50) mis à disposition quelques jours par mois (avec souvent des missions doubles, sous égide national ou égide européen) (2).
Le changement de focus de l’opération décidé en juin par les 28 pour permettre à l’opération européenne d’opérer des contrôles des navires au large de la Libye, dans le cadre de l’embargo sur les armes édicté par l’ONU en 2011 et de la lutte contre Daesh (3), a changé la donne. La France contribue désormais avec des moyens maritimes à cette opération dans le cadre de qu’on appelle le contrôle des flux d’armes à destination de Daech (CFAD). Le port de Marseille a même été offert (4) pour servir de port de diversion en cas de flagrant délit, pour dérouter le navire concerné, l’équipage et les armes saisies, avec une conséquence indirecte : la justice française pourra être saisie de tels faits et le procureur de la République actionner les poursuites. Le Royaume-Uni a également offert un navire de plus pour effectuer cette tâche (5). On retrouve, ici, le couple franco-britannique, à l’action en Libye en 2011, qui a été un des moteurs principaux de cette nouvelle tâche d’EUNAVFOR Med.
Cette nouvelle phase passe « par une montée en puissance progressive » — explique-t-on à la marine nationale. « Le contrôle sur les armes nécessite en particulier une part importante de recueil de renseignement. » Contrôler tous les navires qui sont en Méditerranée serait, en effet, à la fois impossible en termes de moyens et assez inutile. Il faut opérer à bon escient sur des bateaux ‘suspects ». Ce qu’on appelle au niveau technique « caractériser les flux ». L’aviso Premier maître L’Her a ainsi déjà conduit deux opérations de visite sur des navires suspectés de s’adonner à un tel trafic. Les enquêtes de pavillon menées n’ont cependant pas permis « pour le moment, déceler d’irrégularités qui auraient autorisé une fouille complète des bâtiments ». Les informations collectées « ont été transmises aux partenaires et agences concernées par le contrôle sur les flux d’armes à destination de Daech en Libye ».
Même si les quelque fouilles opérées par les navires français et britanniques n’ont permis aujourd’hui de détecter aucun flagrant délit, cette présence — et la communication qui l’entoure — a un certain effet dissuasif. Les trafiquants, se sachant surveiller, pourraient modifier leurs modus operandi. Ce qui, d’une certaine manière, participe à l’objectif de perturber les trafics.
(Nicolas Gros-Verheyde)
NB : le Jacoubet avait été envoyé sur le Crash d’Egypt air : les forces égyptiennes, françaises et grecques déployées sur zone et a également participé à l’opération européenne de lutte contre la piraterie dans l’Océan indien (lire : Dans le Golfe, les pirates s’en donnent à coeur joie).
(1) Tous deux sont des navires de la classe d’Estienne d’Orves, de type A69
(2) Depuis juin 2015, les avions de reconnaissance maritime ont réalisé une vingtaine de missions, cumulant ainsi plus de 120 heures à surveiller le trafic maritime dans la zone d’action de l’opération Sofia.
(3) Résolution 2292 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
(4) Paris s’est un peu fait tirer l’oreille pour offrir ce port. Mais les Italiens qui assurent déjà tout le traitement des demandeurs d’asile et la poursuite en justice des trafiquants d’êtres humains a refusé de contribuer davantage à une action demandée essentiellement par les Français et les Britanniques.
(5) On peut noter que Londres, en « mode » départ sur le Brexit a renforcé son action sous le drapeau européen là, où il y a quelques années, elle refusait de à l’Union européenne.
(B2) La Haute représentante de l’Union, Federica Mogherini, et le commissaire européen à l’Aide humanitaire, Christos Stylianides, ont lancé un appel solennel à « toutes les parties au conflit » pour soutenir et faciliter « une initiative humanitaire d’urgence pour Alep » visant à permettre aux organisations humanitaires de faire leur travail et les civils d’être sauvés et protégés. Cette initiative, prise en coopération avec l’ONU, se compose de deux éléments principaux.
Faciliter l’acheminement de l’aide
Il s’agit d’abord de faciliter « l’acheminement d’aide d’urgence aux civils dans l’Est d’Alep pour pourvoir aux besoins médicaux, en eau et en alimentation ». Un « convoi d’agence inter-aide est prêt à se déplacer de l’Ouest vers l’Est d’Alep », puisant dans les stocks prépositionnés (un prépositionnement rendu possible grâce au financement européen de ‘réponse de première ligne’). Ce convoi peut apporter de l’aide à un maximum de 130.000 personnes, précise-t-on du côté européen.
Assurer les évacuations médicales
En second lieu, « en parallèle et en même temps », il faut « assurer les évacuations médicales des blessés et des malades de l’est d’Alep », avec une priorité donnée aux « femmes, aux enfants et aux personnes âgées ».
Des conditions minimales pour protéger travailleurs humanitaires et civils
L’UE appelle également toutes les parties à « fournir d’urgence les autorisations nécessaires pour la livraison de l’aide et pour les évacuations médicales ». Les opérations doivent être « menées sous la seule responsabilité des organisations humanitaires, et selon des modalités qui garantissent l’impartialité et la neutralité des opérations d’aide » avec des « conditions minimales pour assurer la sécurité et la protection des travailleurs humanitaires et des civils ». Ces conditions humanitaires devraient « être telles que la communauté internationale puisse travailler ».
Faciliter les évacuations médicales
L’UE demande également aux parties d’autoriser des évacuations médicales « non seulement pour l’est d’Alep, mais pour toutes les zones assiégées, y compris les «quatre villes» où des vies sont également en danger en raison du manque de médicaments et de traitements médicaux ».
Un pont médical vers l’Europe
L’UE est « prête à faciliter et à soutenir l’évacuation et l’orientation des patients vers les installations médicales adéquates dans la région » mais aussi « si nécessaire en Europe pour les soins médicaux spécialisés non disponibles dans la région », précisent les deux responsables européens.
(NGV)
(crédit : MoD Tchèque)
(B2) Les forces tchèques et slovaques ont effectué mardi (27 septembre), un exercice commun de contrôle des frontières.
L’objectif était de vérifier si les différentes forces, tchèques et slovaques, policiers et militaires, pouvaient faire face à un « afflux de migrants ». Il reposait sur une décision fictive du gouvernement slovaque de passer au plus haut niveau de contrôle. 500 policiers, douaniers et soldats ont ainsi été mobilisés sur cet exercice qui s’est déroulé sur 250 kilomètres de la ligne frontière et 16 postes-frontaliers, avec contrôles de véhicules réalisés de façon aléatoire.
Tester la coopération police – armée aux frontières
« Pour les hommes, cet exercice était une excellente occasion d’améliorer la coopération sur le terrain avec la police pour [prévoir] toutes les procédures face à une situation d’urgence d’afflux de migrants illégaux », a souligné le ministre tchèque de la Défense, Martin Stropnický en visite dans un des postes frontaliers à Lanžhot Břeclav, mardi (27 septembre), ville frontière des trois pays (Autriche, Slovaquie, Rép. Tchèque). « C’est également un message important pour nos populations que nous sommes prêts face à ces événements extraordinaires. En ce moment, nous ne sommes pas confrontés à un tel afflux (…) mais nous suivons de très près l’évolution » (*).
Une menace ressentie
L’arrivée de réfugiés et migrants en masse est une des hantises des forces de sécurité tchèques, slovaques (et de la plupart des pays d’Europe de l’Est d’ailleurs). Le précédent de l’été 2015 avec l’arrivée de nombreux réfugiés et migrants, via la Grèce et les Balkans résonnant dans toutes les têtes. « Même si nous observons une baisse de 40% des migrations illégales, nous devons nous préparer à toute situation à risques », a justifié Tomáš Tuhý, le chef de la police tchèque, selon l’agence CTK. Un premier exercice a ainsi eu lieu à la fin septembre 2015, avec 800 soldats et policiers engagés dans un exercice à la frontière tchèque avec l’Autriche. Un second exercice a eu lieu sur la même frontière, en mars 2016. Un test grandeur nature a été réalisé, en avril 2016, pour tester les temps de réponse à la frontière en cas de crise soudaine en Moravie. Un test similaire devrait être réalisé le long de la frontière allemande cette année. Et un autre exercice est prévu le long de la frontière polonaise en 2017.
(NGV)
(*) Version originale en tchèque, traduite par nos soins
(B2) L’IRSEM organise, les 5 et 6 octobre 2016 à l’École militaire à Paris, un colloque consacré aux armées d’Afrique subsaharienne. Objectif : avoir une meilleure compréhension du fait militaire dans cette région, des forces armées et de ceux qui les composent.
« Les différentes armées d’Afrique subsaharienne se trouvent aujourd’hui dans une période de transition entre un modèle issu des indépendances et un modèle plus adapté à la conflictualité actuelle » écrivent les animateurs du colloque. « Lors des indépendances, ces armées ont incarné la souveraineté des Etats, bien qu’elles aient été parfois négligées par le pouvoir politique et qu’elles aient servi occasionnellement d’outil de développement ou de maintien de l’ordre. Elles apparaissent depuis la fin de la Guerre froide de plus en plus sollicitées pour améliorer la prévention, contribuer à la résolution des crises sécuritaires sur le continent africain et protéger ou garantir l’évolution politique vers des formes plus démocratiques. Aujourd’hui, elles se trouvent au centre de nouveaux enjeux, avec le développement du terrorisme djihadiste sur fond de renouveau de la concurrence entre puissances internationales et d’intensification des défis liés à la gouvernance. »
Trois thèmes principaux sont abordés :
Avec sept tables rondes et de nombreuses interventions de chercheurs et professeurs… mais un seul papier remis sur l’aspect européen, par Anne Hamonic, maître de conférences, université Rennes 1. Les conclusions scientifiques seront rassemblées par Frédéric Turpin de l’université de Chambéry.
(B2) La photo de famille de la réunion informelle des ministres de la Défense, mardi (27 septembre) comporte quelques trous sérieux… Cette tradition bien ancrée des réunions européennes de réunir pendant quelques minutes, l’ensemble des participants sur un podium pour immortaliser, pour la postérité, a connu un léger raté à Bratislava, mardi (27 septembre). Certes la plupart des ministres étaient présents sur la photo. Mais vous remarquerez comme un certain vide au second rang derrière Jens Stoltenberg, Peter Gajdos et Federica Mogherini…
Eh oui ! Notre couple mythique — le Français Le Drian et l’Allemande von der Leyen — ne sont pas venus à la photo. Ils étaient bien là cependant, et bien présents. Étaient-ils retenus ailleurs… ou — particulièrement mécontents du peu d’enthousiasme qu’a rencontré leur initiative pour renforcer la défense européenne —, ont-ils boudé la photo de famille ? L’histoire nous le dira. Ils n’étaient pas les seuls à ne pas être flashés par les photographes : le ministre portugais José Azeredo Lopes et son alter-ego polonais Antoni Macierewicz (1) n’étaient pas aussi présents.
J’ai essayé de localiser tous les noms, j’espère n’avoir pas commis d’impair fâcheux (même si j’ai un doute sur un ou deux) ! Certains pays n’étaient pas, lors de la réunion, représentés au niveau d’un ministre mais un ambassadeur ou un responsable de l’administration. C’est le cas des deux pays neutres (Autriche, Irlande) ainsi que de la Lituanie (selon mes informations). La Bulgarie était représentée par son vice-ministre. En revanche, le Danemark, qui bénéficie cependant d’un opt-out en matière militaire était bien là.
Comme de tradition également, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, était invité, ainsi que le secrétaire général adjoint chargé des missions de maintien de la paix de l’ONU. On pourra remarquer que si le premier a été placé sur le devant de la scène, bien au centre — le ministre slovaque ayant bien pris soin de se retrouver au centre de la photo aux côtés de lui — ; le second a été placé tout au fond dans un coin… La Commission européenne, représentée par la commissaire chargée de l’Industrie et du Marché intérieur), E. Bienkowska, était aussi présente, comme c’est la règle dans toutes les réunions ministérielles (informelles ou formelles).
Petite précision, non sans importance sur le premier rang de la photo. Il se compose surtout des pays ayant assumé (Pays-Bas) ou allant assumer la présidence de l’UE (Malte, Roumanie, Estonie, Finlande), avec une exception assez singulière et symptomatique. On retrouve Michael Fallon, dont le pays (le Royaume-Uni) aurait dû assumer la présidence en 2017 mais y a renoncé (Brexit oblige). Une petite entorse protocolaire qui en dit parfois tout aussi long sur la pensée diplomatique que les paroles… Le Royaume-Uni est pour l’instant toujours membre de l’Union européenne et entend le rester, pleinement, surtout en matière de défense, pour bloquer tout ce qui pourrait constituer une avancée.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Un ministre polonais, qu’on peut qualifier de ‘traitre’, tant son attitude a été jugée peu constructive. Selon nos informations, Macierewicz n’a eu de cesse, durant toute la réunion, de critiquer les positions franco-allemande comme de vouloir détricoter les textes communautaires. Ce n’est pas surprenant en soi. Mais quand on sait que la Pologne est membre du triangle de Weimar et a signé, en août, un papier plutôt ambitieux sur la politique étrangère et de défense européennes (lire : Alerte ! Les ‘Weimar’ prennent de l’avance en matière de réflexion stratégique), c’est plutôt gonflé. En gros, Varsovie veut le beurre et l’argent du beurre, le pot et le (reste) de la crémière mais sans aucune obligation ni fidélité à ses engagements. Les Polonais ne sont plus des alliés fiables…
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(B2) 400 militaires étaient réunis pour l’exercice Euretex 2016 de l’Eurocorps qui vient de se dérouler du 22 au 28 septembre au camp militaire du Valdahon.
Venus de six pays européens, les unités françaises, allemandes, belges, luxembourgeoises, espagnoles et polonaises du génie ont travaillé conjointement pour tester et améliorer l’interopérabilité et la coopération. Un objectif non déclaré : se préparer à être déployé sur le terrain. Au programme : la détection des engins explosifs improvisés — avec l’intervention d’une unité NEDEX (neutralisation, enlèvement, destruction des explosifs), la lutte contre les menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRN), l’ouverture de bâtiments et d’itinéraires piégés, et une opération de franchissement de coupure humide.
Un point intéressant : la présence de militaires américains. 40 soldats de l’US Army ont pris part à tous les exercices et manœuvres, avec comme objectif de développer la coopération tactique entre les unités européennes et le partenaire outre-atlantique.
(Lucas Millet) Lire aussi :(BRUXELLES2 à Bratislava) En voulant donner quelques exemples de la faiblesse européenne en matière de défense (côté UE), le secrétaire général de l’OTAN, d’habitude très prudent, s’est avancé un peu vite dans l’histoire. « Trois des quatre bataillons alliés présents à l’Est sont dirigés par des non membres de l’Union européenne : les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni… » a indiqué face à la presse Jens Stoltenberg. Et hop ! Exit le Royaume-Uni, malgré tous les efforts de Michael Fallon (le ministre brit’ de la Défense) pour animer les débats et malgré toutes les déclarations contraires de Londres — qui n’a toujours pas déclenché la procédure de départ de l’Union européenne (le fameux article 50).
(NGV)