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Diplomacy & Defense Think Tank News

Balkans : quels liens entre trafic d’armes et terrorisme ?

IRIS - Wed, 01/02/2017 - 14:54

Nils Duquet est chercheur senior à l’Institut flamand pour la paix. Il répond à nos questions à l’occasion de son intervention dans le cadre du séminaire “Trafic d’armes en situation post-conflits : Etude de cas et enjeux”, organisé par l’IRIS et le GRIP avec le soutien de la DGRIS, le mardi 24 janvier 2017.
– Pourquoi la question du trafic d’armes devient-elle de plus en plus préoccupante pour la France ?
– Quels liens existent-ils entre les trafiquants d’armes aux Balkans et le terrorisme en France ?
– Comment lutter contre la prolifération des armes ?

Les incohérences économiques des « trumperies » à l’heure de la mondialisation et du multi-partenariat

IRIS - Wed, 01/02/2017 - 14:37

Les mesures prises par décret – et les responsables choisis aux postes stratégiques – sont en phase avec les annonces de la campagne et les « trumperies » ou les « faits alternatifs » de Donald Trump. Elles occupent les médias en poursuivant sa victoire en termes de communication. Elles détricotent les politiques que son prédécesseur avait difficilement mises en place du fait de l’opposition du Congrès. Elles font penser à un enfant qui cherche à détruire sur la plage le château de sable de son rival qui l’aurait humilié. Les textes qui avaient mis des années à être élaborés sont effacés par une signature dont la taille est à la mesure de l’ego du personnage.

Sur le plan géopolitique, les décrets traduisent une grande incohérence. Donald Trump s’oppose à la Chine mais la favorise en supprimant l’accord de partenariat transpacifique (TPP). Il sanctionne les victimes du terrorisme, victimes également des politiques américaines mais refuse de s’en prendre au terreau du djihadisme ou aux Etats qui le favorisent (notamment l’Arabie saoudite). Les mesures prises dans le domaine du climat attestent également de cette incohérence. Les décrets contre les réfugiés, les propos en faveur du Brexit, ceux contre les Européens, les Mexicains ou les musulmans engendrent des manifestations populaires et des réponses des Etats humiliés. Les mesures très conservatrices au niveau de la société sont durablement assurées compte tenu du basculement stratégique de la Cour suprême. Les réactions s’effectuent aussi bien sur le plan politique, éthique que juridique. Les trumperies n’ont pas, jusqu’à présent, conduit à des positions fortes de l’Union européenne ou des organisations internationales. Les diplomates sont désarçonnés par la communication immédiate et le langage des tweets.

La voix des économistes se fait en revanche peu entendre, du moins en Europe, alors que les « prix Nobel » Paul Krugman ou Joseph Stiglitz sont présents dans le débat. La critique du libre-échange, le « patriotisme » économique et le primat donné au politique sur l’économie sont en phase avec les économistes critiques mettant l’accent sur les fractures liées à la mondialisation libérale et prônant un retour à la souveraineté nationale. Les experts sont souvent considérés par les opinions et les partis « populistes » comme faisant partie du « système » et des élites et des défenseurs de la mondialisation libérale. Le minimum de consensus sur des raisonnements de base de l’économie est souvent absent chez les économistes qui, de plus, parlent une langue peu compréhensible. Les informations vérifiées ont fait faillite dans un monde de « post-truth » et de « fake news ». Or, les économistes ont, depuis leurs origines, cherché à comprendre le monde non pas comme un gâteau que l’on partage et dont les parts des uns se font aux dépens des autres. Ils ont plutôt cherché à démontrer que la taille du gâteau peut évoluer en fonction d’un certain nombre de facteurs. Les parts de chacun peuvent croître même si elles sont asymétriques. Sous certaines conditions, « nul ne gagne que l’autre ne gagne ». Il importe de dissocier les représentations simplistes immédiates des fausses évidences des analyses distanciées prenant en compte la complexité. Lier la production, le commerce, la monnaie et la finance, implique d’intégrer les rapports de force, les représentations et la confiance, les effets d’interdépendance et les incertitudes liées à des effets de système. Les interdépendances conduisent à des résultats contre-intuitifs.

L’objet de ce papier est ainsi de mettre l’accent sur les incohérences économiques des déclarations et des décrets du nouveau président américain, au regard de la complexité de la globalisation, des enseignements consensuels du raisonnement économique et de certains faits vérifiés et non pas « alternatifs ».

Les coups de menton, les mesures unilatérales d’une puissance, les liens avec les lobbies financiers, pétroliers et militaro-industriels, peuvent doper à court terme l’économie des Etats-Unis et dynamiser sa bourse (le Dow Jones est à plus de 20.000 points). La confiance, le volontarisme, la dérèglementation, le non-respect des accords internationaux peuvent évidemment libérer des énergies, réduire des carcans et favoriser à court terme la croissance et l’emploi. Le FMI a, ainsi, réévalué les prévisions de croissance des Etats-Unis du fait de l’effet Trump. Ce pays incarne une puissance hégémonique. Les mesures prises par ses dirigeants, par définition, ne sont pas applicables à l’échelle planétaire (émissions de gaz à effets de serre, financement de la dette, importance du marché intérieur, protectionnisme, rôle du dollar, etc.). Mais, la représentation nationaliste, raciste, affairiste, « tweeteriste » de M. Trump n’est pas en phase avec le monde économique, les relations multilatérales et le multi-partenariat géopolitique même s’il exprime certaines failles de ce monde. Celui-ci est devenu interdépendant, tout en étant asymétrique et caractérisé par des fractures sociales et territoriales du fait notamment de la puissance du monde de la finance, des multinationales, de la militarisation des puissances, notamment émergentes, mais également des nouvelles technologies. La vision manichéenne du monde et le regard dans le rétroviseur, privilégiant la « vieille économie » aux dépens de la nouvelle économie liée aux révolutions technologiques, conduisent à des incohérences, à des effets de retour non intégrés, à une incertitude et à une imprévisibilité à moyen et long terme. Nous privilégierons quelques dossiers.

Le plan de relance et la dette américaine

Les annonces de baisse des impôts et de plans de relance par des investissements d’infrastructures supposent un accord de la Chambre des représentants alors que les Républicains avaient contraint Barack Obama à réduire le déficit budgétaire. La dette fédérale a dépassé 100% du PIB américain et se rapproche, en janvier 2017, des 20.000 milliards de dollars. Les Etats-Unis en tant que puissance économique dominante ont des atouts qui ont peu à voir avec ce que seraient des politiques de relance des Etats européens souverains et l’explosion de leur dette en dollars s’ils sortaient de la zone euro. Le dollar est une monnaie de réserve, de transaction et de valeur refuge. Les « non-résidents » ont joué un rôle important dans le financement de la dette, notamment par les achats des bons du Trésor. L’épargne mondiale est aujourd’hui mobilisable à des taux d’intérêt limité. Les effets d’annonce de Trump et les soutiens des lobbies pétroliers, financiers et militaro-industriels ont fait exploser Wall Street. Ils peuvent attirer les capitaux extérieurs et participer à des financements privés-publics.

Il importe toutefois de prendre en compte certaines tendances structurelles. Les réserves des pays émergents pétroliers et asiatiques se réduisent. La tendance prévisible est celle de la hausse des taux d’intérêt. Le secteur privé tend à se substituer au secteur officiel et les résidents l’emportent sur les non-résidents dans le financement de la dette fédérale (investisseurs institutionnels mutual funds, fonds de pension, assurance). Les détentions de la dette américaine sont de plus en plus volatiles avec motif de spéculation (différentiel de rendements) se faisant aux dépens des motifs de précaution (réserves de change). L’attractivité des capitaux extérieurs est fonction également d’un climat de confiance que les tweets et les décrets racistes peuvent limiter.

La discrimination identitaire et les multinationales américaines

Les décrets reposant sur des identités communautaires vis-à-vis des immigrés mexicains ou des réfugiés venant de pays musulmans, à l’exception des minorités chrétiennes, sont évidemment en contradiction avec les valeurs historiques d’une terre d’immigration, avec la Constitution et les conventions internationales. Ils peuvent scandaliser les consciences morales. Ils soulèvent un tollé général des Démocrates et de Barack Obama, ont conduit au limogeage de la ministre de la Justice par intérim et ont obligé à changer la règle concernant, non pas le territoire de naissance, mais la nationalité des réfugiés. Du point de vue de la realpolitik, ils sont en contradiction avec les pratiques des multinationales qui sont multiculturelles et qui visent à utiliser les compétences mondiales. Les multinationales correspondent à plus de 2/3 du commerce mondial. Elles se positionnent sur les nouvelles technologies. Aux Etats-Unis, elles se trouvent au cœur du dynamisme de la Silicon Valley, des Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) et de la nouvelle économie en compétition avec les oligopoles mondiaux. Les discriminations et humiliations de certains pays conduisent à réduire leur marché pour les multinationales américaines (cf. l’Iran). La double protection contre les marchandises et les travailleurs étrangers, outre leur côté contradictoire, ne peut que toucher à la fois les secteurs innovants à la recherche de compétences mondiales, les multinationales dans des secteurs basiques (cf.la riposte de Starbucks disant embaucher 10.000 réfugiés) et les petits métiers générateurs d’activités de base, disposant d’une main d’œuvre étrangère à bas coût.

L’unilatéralisme versus le régionalisme et le multilatéralisme

Les crises du multilatéralisme commercial au sein de l’OMC avaient conduit à une généralisation des accords régionaux. Le protectionnisme de Trump est en rupture avec la position de la majorité des Républicains. Le raisonnement en termes de droits de douane et de balance commerciale ignore que la protection est aujourd’hui essentiellement non-tarifaire et que les effets de la protection supposent une analyse fine par segments productifs des chaînes de valeur régionales ou mondiales. En s’en prenant au multilatéralisme et aux accords régionaux, la première puissance mondiale ne peut que renforcer les compétitions commerciales, les mesures de représailles et de rétorsions, ainsi que l’application d’une loi du plus fort sans règles. La politique unilatérale de protectionnisme, ou bilatérale d’accords commerciaux entre Etats, répond à une attente des perdants américains de la mondialisation, exprime des rapports de force qui peuvent, à court terme, favoriser la puissance dominante. Elle est cependant en totale contradiction avec les enseignements de la théorie économique, le contexte de mondialisation et les acceptations des règles internationales. Elle repose sur une vision mercantiliste de l’économie en termes de balance commerciale et du monde concurrentiel des affaires où « nul ne gagne que l’autre ne perd ». Elle répond à des intérêts de territoires ou à des catégories de personnes dépendantes de la vieille économie et victimes de l’innovation destructrice et – mais elle ne prend pas en compte les coûts et avantages au niveau macro-économique – les activités innovantes et les interdépendances existant au niveau transnational. Le partenariat trans-pacifique (TPP) visait à isoler la Chine et l’Inde au sein du monde pacifique. Sa remise en question offre un boulevard, notamment à la Chine et en partie à l’Inde, pour dominer cette zone pacifique. L’accord de l’Alena avait été signé pour freiner la pression migratoire venant du Mexique, en contrepartie d’investissements des firmes américaines dans les zones frontalières, les maquidalloras. A défaut de l’avoir supprimé, l’accord a réduit le flux migratoire. Il a également permis une réduction des prix des produits importés et d’accroître le marché américain et donc, globalement, la création d’emplois. La remise en question de l’Alena, en dehors du fait qu’elle implique des délais, menace la division du travail bénéfique aux Etats-Unis et interdit toute prévisibilité pour les décideurs économiques. Elle favorise donc des comportements opportunistes à court terme de la part des acteurs économiques.

Le protectionnisme commercial, la FED et le cours du dollar

Dans une vision nationaliste et mercantiliste de guerre commerciale, de protectionnisme inflationniste et de confusion entre la balance commerciale et la balance des paiements, Donald Trump veut un dollar faible assurant la compétitivité des entreprises localisées aux Etats-Unis. Or, les mesures prévues pour financer les investissements d’infrastructure, l’attractivité des capitaux, la protection commerciale, comme la création d’emplois dans un quasi plein emploi (chômage de 4,7%), ne peuvent que favoriser une hausse des prix, des salaires et des taux d’intérêt. La Fed risque de favoriser une hausse des taux pour freiner l’inflation et donc de dollar fort. Celui-ci risque de conduire à une crise de la dette des pays émergents et européens qui peuvent l’emporter sur les effets de compétitivité.

La dérégulation financière et les menaces d’une crise systémique

Il faut être prudent sur les mesures effectives de dérégulation financière que prendra Donald Trump malgré – voire à cause – de ses liens avec Goldman Sachs et Wall Street. L’histoire ne repasse pas toujours les plats. La question de la régulation est mondiale et les Etats-Unis ont une place centrale du fait du rôle du dollar dans le système financier international et de la part prépondérante des bons du Trésor américain dans les réserves internationales du reste du monde. Les déclarations de Trump en faveur de la dérégulation financière, de la fin du carcan limitant la croissance et l’emploi, ainsi que les prévisions de hausse du taux d’intérêt, ont évidemment dopé les actions des banques. Après les mesures enclenchées par Reagan en 1981, remettant en question la régulation financière mise en place par Roosevelt lors de la grande crise, les Démocrates (Bill Clinton) comme les Républicains (George W. Bush) avaient contribué à cette dérégulation jusqu’à la crise des subprimes et la banqueroute de Lehman Brothers en 2007-2008. L’explosion de la dette publique avait permis de sauver le système financier. Le Dodd-Frank Act d’Obama avait alors visé à éviter une crise systémique, elle s’accompagnait de la règle Volcker, limitant la spéculation des banques en se délestant des placements financiers spéculatifs.

La « relocalisation » des « vieilles » industries et le mythe de la création d’emplois

La politique d’Obama avait conduit à un quasi plein-emploi même si, bien entendu, il existait des zones sinistrées par la désindustrialisation. Les mesures prises vont raréfier le travail et augmenter les coûts salariaux dans un contexte inflationniste, tout en favorisant certaines vieilles industries. Les mesures d’attractivité par la baisse des impôts conduisent à des recréations d’emplois dans des secteurs menacés mais elles ont globalement des effets négatifs au niveau national. Le monde économique est celui des chaînes de valeur et non des importations et exportations nationales. Certains segments productifs d’industries « relocalisées » comme l’automobile peuvent être créateurs d’emplois mais les industries légères bénéficiant de faibles coûts de transport, ou les industries innovantes liées aux nouvelles technologies, sont insérées dans des chaînes de valeur. Les droits de douane ont pour effet de taxer la valeur ajoutée.

Les mesures pro-réchauffement climatique et l’accord sur le climat

Les déclarations, les choix des responsables et les mesures prises (grosses cylindrées, oléoducs, etc.), ont évidemment pour conséquence de renforcer le modèle énergivore, carboné, générateur d’externalités très négatives. Ils constituent un contre-exemple par rapport aux avancées des pays réticents (Canada, Russie, pays pétroliers). Ils contribueront vraisemblablement à accroître les catastrophes naturelles aux Etats-Unis et donc les coûts pour les sociétés d’assurance. Les décisions favorables au réchauffement climatique contribueront également à donner le leadership technologique aux pays investissant dans les nouvelles énergies, à commencer par la Chine.

Beaucoup d’inconnues demeurent. Le modèle proposé par Trump fait abstraction de toutes les interrogations du monde scientifique sur la durabilité de l’American way of life et les limites de l’American first. La politique est un art de compromis. La paix durable suppose que les forts n’humilient pas les faibles (Clausewitz). Le monde des affaires, mesuré à l’aune du dollar et des milliardaires, n’est pas un modèle de gestion d’un pays dans un monde complexe. La division devient profonde au sein des citoyens américains. Le devenir du monde dépendra des politiques des grandes puissances émergentes et de l’Union européenne. Les « trumperies » sont des opportunités notamment pour l’Europe pour se ressaisir, si la régulation de la mondialisation génératrice de fractures progresse mais également si les nationalismes étroits et les populismes ne l’emportent pas.

Studie zur Integration von Migranten : Bayern: Modellland der Integration

Hanns-Seidel-Stiftung - Wed, 01/02/2017 - 10:54
Migranten in Bayern fühlen sich persönlich gut integriert, sind als Gruppen nicht radikalisiert und sehen sich als Teil der Gesellschaft. Dies sind grundlegende Ergebnisse einer Repräsentativstudie, die Data4U im Auftrag der Hanns-Seidel-Stiftung durchgeführt hat. Die Studie ist der erste umfassende Bericht zum Stand der Integration und politischen Partizipation von Migranten der 1. und 2. Generation in Bayern.

« Réinventer le progrès » – 3 questions à Pascal Canfin

IRIS - Wed, 01/02/2017 - 10:39

Pascal Canfin, ancien ministre délégué au Développement et ancien député européen, est directeur général du WWF France. Il répond à mes questions à l’occasion de son ouvrage, « Réinventer le progrès : entretiens avec Philippe Frémeaux », co-écrit avec Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, et paru aux éditions Les Petits matins.

Vous écrivez qu’il n’y a pour le moment aucun pays qui ait à la fois un indice de développement humain satisfaisant et une empreinte écologique soutenable. Le développement durable serait-il une fiction ?

En effet, aucun pays ne parvient à concilier production soutenable et développement humain satisfaisant (IDH > 0,8). Ce constat peut provoquer deux réactions. La première consisterait à percevoir le développement durable comme une utopie impossible à concrétiser, une « fiction », tandis que la seconde (la mienne) envisage ce problème comme le défi de notre génération. Nous devons inventer l’économie neutre en carbone, celle qui respecte les ressources naturelles et assure le développement humain. Au fond le XXe siècle a été celui de l’explosion de la productivité du travail permettant un progrès social inégal dans l’histoire. Le XXIe siècle devra être celui de l’augmentation considérable de la productivité des ressources. Aujourd’hui, nous les gaspillons, nous utilisons pour des usages jetables des ressources rares et nous transformons la planète en une gigantesque poubelle.  La révolution de la productivité des ressources est un ressort de création d’emplois majeur et la condition pour ne pas subir les conséquences d’un dérèglement climatique incontrôlé.

Un appel d’offres émis par la ville de Budapest en 2015 pour des bus électriques a été emporté par un constructeur chinois. La Chine a également entamé un plan massif d’investissements dans les énergies renouvelables. Ira-t-elle jusqu’à prendre le leadership sur ce sujet ?

Si le continent européen est le plus pauvre en richesses naturelles, il est le plus riche en capital humain. Dès lors, le défi de l’économie européenne réside dans sa capacité à mobiliser cet avantage comparatif dans la mondialisation. Des industriels commencent à se projeter dans l’avenir d’une économie neutre en carbone mais ils sont encore trop peu nombreux. Alors qu’une partie des industriels européens avaient pris une longueur d’avance sur leurs concurrents mondiaux, votre exemple, comme beaucoup d’autres, illustre la diminution rapide de l’avance européenne au profit de la Chine, qui investit massivement dans la transition énergétique. La Chine a réalisé des investissements records dans les énergies renouvelables en 2015 avec plus de 100 milliards de dollars, soit 36 % des financements mondiaux. Cette tendance fait peser le risque que nous soyons devancés, à terme, dans des secteurs où nous étions précurseurs. C’est pour cela qu’un grand plan d’investissements dans l’économie verte, coordonné en Europe, serait à la fois bon pour l’emploi et pour notre compétitivité. Et bien sûr bon pour la planète !

En quoi le réchauffement climatique a-t-il des répercussions sur la conflictualité [Syrie, État islamique en Afrique de l’Ouest (ex-Boko Haram), etc.] ?

De nombreuses études théoriques et empiriques montrent les liens importants entre environnement et sécurité, car le changement climatique est à l’origine de nombreux phénomènes : il accroît la fréquence des sécheresses, des inondations, des tempêtes etc. et ces catastrophes provoquent une baisse des rendements agricoles qui se répercute sur les prix. Le New England complex systems institute a mis en évidence[1] la hausse du prix des aliments comme élément déclencheur principal des révoltes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Lorsque les habitants ne peuvent plus cultiver leurs terres ou s’alimenter, ils sont contraints de se déplacer pour survivre, et se rendent souvent sur des territoires où les ressources sont déjà pleinement exploitées. À ce titre, les exemples que vous évoquez sont révélateurs. La sécheresse historique qui a frappé la Syrie entre 2007 et 2010 a aggravé la lutte pour les ressources au sein d’une région déjà marquée par des rivalités politico-religieuses. En Afrique de l’Ouest, la réduction de 80% de la superficie du lac Tchad en quelques décennies a créé des tensions entre éleveurs et agriculteurs et a obligé certains hommes, qui se retrouvaient sans ressources, à travailler avec Boko Haram.

Les répercussions du changement climatique sur la conflictualité sont plus ou moins directes et parler de « multiplicateur de menaces », comme le fait le département d’État américain, est la meilleure façon de montrer que, s’il n’explique pas les conflits à lui seul, le changement climatique amplifie les tensions au sein des régions fragilisées. Pour résumer cette situation, on peut dire qu’un système insoutenable sur le plan environnemental provoque de l’instabilité, qui, ajoutée à d’autres facteurs de vulnérabilité (affrontements religieux, ethniques, politiques), augmente l’insécurité et multiplie le risque de conflits. Les migrations actuelles et à venir sont à la fois le témoin et le ferment de cette insécurité croissante. C’est pourquoi, s’engager dans la lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement participe d’un travail de paix. D’ailleurs, le Comité Nobel norvégien l’a symboliquement reconnu dès 2007, en accordant au GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), le prix Nobel de la paix. La nécessité d’une approche 3S « soutenabilité-stabilité-sécurité » est désormais saisie par de nombreux spécialistes français et internationaux des questions environnementales, géostratégiques ou militaires, mais insuffisamment par les représentants politiques qui devront s’en emparer lors de l’élection présidentielle.

[1] https://arxiv.org/PS_cache/arxiv/pdf/1108/1108.2455v1.pdf

Think Tank Report 2016: Deutschlands einflussreichster Think-Tank

Konrad Adenauer Stiftung - Wed, 01/02/2017 - 00:00
In einer Untersuchung der Universtity of Pennsylvania belegt die KAS im internationalen Vergleich unter knapp 7.000 Think-Tanks den 16. Rang.

Zukunft

Konrad Adenauer Stiftung - Wed, 01/02/2017 - 00:00
Das Debattenmagazin greift die wichtigsten Themen und Ideen auf, die uns im nächsten Jahr beschäftigen könnten, und stellt hierzu unterschiedliche Perspektiven dar. Hierbei geht es um das Themenfeld Technologiepolitik und Industrie 4.0, die Zukunftskraft von Religionen, das Pro und Kontra zur Liberalen Demokratie und den Stand der Europäischen Union, um nur einige zu nennen.

Mexique : réactions et alternatives aux menaces de Donald Trump

IRIS - Tue, 31/01/2017 - 18:06

Comment les Mexicains réagissent-ils aux déclarations d’intention de Donald Trump de leur faire payer un mur à la frontière américano-mexicaine ?

Les annonces de Donald Trump, nouveau président des Etats-Unis, concernant la construction et le financement d’un mur frontalier par le Mexique s’inscrivent dans une série de déclarations hostiles aux Mexicains entamée bien avant son élection. Durant la campagne des présidentielles, Donald Trump avait en effet plusieurs fois tenu des propos à caractère xénophobe en associant notamment immigration mexicaine, à maladie, viol et criminalité. Ces multiples déclarations l’ont rendu très impopulaire au Mexique. Aujourd’hui, 83 % des Mexicains ont une vision négative de Donald Trump, d’après un sondage du quotidien El Financiero.

Le nouveau président américain a confirmé après sa prise de fonction cette hostilité à l’égard du Mexique alors même que le gouvernement mexicain a dans un premier temps essayé d’établir des bonnes relations avec son administration. Durant la campagne présidentielle, Enrique Peña Nieto, le chef d’Etat aztèque, avait reçu Donald Trump, s’attirant, les jours qui suivirent, les critiques de l’opinion et des partis politiques mexicains. La visite avait été perçue comme une humiliation par les Mexicains. Donald Trump, une fois rentré en territoire américain, avait non seulement réitéré son intention de construire le mur mais il avait ajouté qu’il le ferait payer aux Mexicains.

Une fois Donald Trump installé à la Maison Blanche, Enrique Peña Nieto lui a tendu une nouvelle fois la main. Il a nommé un ministre des Affaires étrangères Luis Videgaray. Il est considéré comme compatible avec Donald Trump dont il avait organisé la visite à Mexico durant la campagne présidentielle. Il a également extradé le narcotrafiquant mexicain « El Chapo Guzman », répondant à une demande de la justice étatsunienne restée en attente. Luis Videgaray et son collègue chargé de l’économie Ildefonso Guajardo avaient été envoyés à Washington pour préparer l’entretien entre les présidents américain et mexicain, censé avoir lieu le 31 janvier 2017. Mais en marge des pourparlers, Donald Trump a déclaré que les Mexicains financeraient le mur, d’une manière ou d’une autre, ajoutant que les Mexicains ont largement profité de l’Aléna et que l’accord devait être renégocié. Propos, ayant contraint Enrique Peña Nieto, sous la pression de l’opinion, des médias et des acteurs politiques mexicains, à annuler sa venue.

Donald Trump menace l’imposition d’une taxe aux importations en provenance du Mexique pour financer le mur. L’existence de l’Aléna est remise en cause. Quelles seraient les conséquences de l’annulation de la zone de libre-échange en Amérique du Nord pour le Mexique ?

C’est une décision inattendue pour le Mexique et pour un bon nombre d’Américains du Nord. Personne ne s’attendait à une remise en cause aussi rapide et brutale de l’Aléna, d’autant plus qu’il n’existe, pour l’heure, au Mexique, aucune option alternative sérieuse à la zone de libre-échange Aléna. Le gouvernement mexicain considère encore qu’un terrain d’entente peut être trouvé. Les deux économies sont en effet intégrées. Le Mexique a bénéficié, grâce à l’Aléna de multiples implantations nord-américaines, asiatiques, européennes.

Mais tenant compte de la conjoncture créée par D. Trump, les autorités mexicaines sont mises à la recherche d’alternatives. Elles essayent de bonifier les accords commerciaux signés avec les voisins latino-américains, et en particulier, ceux de l’Alliance du Pacifique : la Colombie, le Pérou, le Chili. Le Mexique surmontant sa rivalité historique avec le Brésil, explore la faisabilité de complémentarités, notamment dans le domaine agricole. Les exportations brésiliennes, dans ce domaine, mais aussi argentines, pourraient se substituer à celles des Etats-Unis. L’Union européenne, avec qui l’accord de libre-échange a été actualisé, pourrait également être approchée.

Une alternative plus effective pourrait être trouvée dans la zone pacifique. Le Mexique est signataire le Traité transpacifique (TPP) que Donald Trump refuse de ratifier. La Chine propose désormais aux pays de la zone pacifique de se substituer aux Nord-Américains comme partenaire commercial de référence. Par ailleurs, les dirigeants chinois ont également fait part de leur volonté d’intensifier leurs relations commerciales bilatérales avec les Mexicains.

Des alternatives existent donc à l’affaiblissement des liens commerciaux avec les Etats-Unis. Pour l’historien Lorenzo Meyer, après une première indépendance à l’égard de l’Espagne, l’action de Donald Trump ouvre peut-être la voie à une seconde indépendance, cette fois-ci sur le plan économique et vis-à-vis des Etats-Unis[1].

Quel est le bilan de l’actuel gouvernement mexicain ? Cette crise peut-elle affaiblir la position d’Enrique Peña Nieto ?

Le bilan d’Enrique Peña Nieto était un bilan en demi-teinte, à la fin 2016. La chute des prix du pétrole au moment où le Mexique cherchait des investisseurs étrangers dans le domaine des hydrocarbures, libéralisé à cet effet, a déstabilisé le budget national. L’état actuel du marché n’est pas suffisamment attractif pour inciter à ce genre d’investissements. La baisse des prix du baril, dont dépend fortement l’économie mexicaine, a engendré une baisse de ses revenus.

Après les hydrocarbures, le second pilier de l’économie mexicaine est lié à l’Aléna, à ses relations économiques avec les Etats-Unis. La dégradation des rapports américano-mexicains, cumulée à la chute des prix du baril ont contraint Enrique Peña Nieto, début janvier 2017, à augmenter les taxes sur l’essence. Impopulaire, la mesure a provoqué des émeutes et des pillages dans le pays.

Avec un bilan mitigé et des tensions avec son voisin nord-américain, la fin du mandat d’Enrique Peña Nieto s’annonce difficile. Cependant, il pourrait profiter de l’indignation générale des Mexicains à l’égard de Donald Trump pour s’assurer du soutien de son peuple face aux Etats-Unis, gage de cohésion nationale.

[1] Entretien in El Financiero, 29 janvier 2017

Dans la bataille des idées qui s’engage, la droite doit muscler ses arguments

Fondapol / Général - Tue, 31/01/2017 - 17:48

CHRISTOPHE DE VOOGD ET ERWAN LE NOAN Le préjugé favorable à l’étatisme reste si puissant que la droite doit mener un effort de réflexion pour le réfuter, expliquent les auteurs*. Au-delà des polémiques, la victoire de la droite républicaine à l’élection présidentielle dépend de conditions de fond. Au soir de son succès à la primaire […]

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Trafic d’armes en situation post-conflit : quels enjeux ?

IRIS - Tue, 31/01/2017 - 09:47

Jean-Pierre Maulny est directeur adjoint de l’IRIS. Il répond à nos questions à l’occasion du séminaire “Trafic d’armes en situation post-conflits : Etude de cas et enjeux”, organisé par l’IRIS et le GRIP, avec le soutien de la DGRIS, le mardi 24 janvier 2017 :
– Pourquoi avoir organisé un séminaire sur le trafic d’armes en situation post-conflit ?
– Quels sont les principaux enseignements du séminaire quant aux risques présentés par les trafics d’armes ?
– Comment s’organise la coopération internationale pour lutter contre le trafic d’armes ?

Die G20 und Afrika – eine Allianz für Nachhaltigkeit?

Johannesburg, Bonn, 30.01.2017. Kooperation mit Afrika steht prominent auf der Agenda der deutschen G20-Präsidentschaft. Das schafft hohe Erwartungen an künftige deutsche und europäische Afrikapolitik. Initiativen zur Verstärkung positiver wirtschaftlicher und gesellschaftspolitischer Trends in Afrika kommen zum richtigen Zeitpunkt. Megatrends wie demographischer Wandel und Urbanisierung werden nachhaltige Entwicklung auf dem Kontinent und in der Welt maßgeblich beeinflussen. Was und wie viel kann von den jüngsten Initiativen erwartet werden? Die deutsche Präsidentschaft schließt mit ihrem Vorschlag für eine Partnerschaft mit Afrika an verschiedene Initiativen an, die mehr und bessere Zusammenarbeit mit Afrika versprechen. Im Rahmen von G20 hat beispielsweise die chinesische Präsidentschaft beim Gipfel in Hangzhou Unterstützung für Industrialisierung in Aussicht gestellt. Die G7 haben Maßnahmen für Ernährungssicherheit oder Gesundheitsversorgung in Afrika beschlossen, diese bislang allerdings nur mit eingeschränkter Wirkung umgesetzt. Die Vereinten Nationen, die Europäische Union oder die BRIC(S)-Länder setzen sich dafür ein, nachhaltige Entwicklung in Afrika zu fördern. Bei der Vielzahl von existierenden Initiativen schauen afrikanische Regierungen und die deutsche Öffentlichkeit nun genau hin, welchen Mehrwert ein abermals neuer Vorstoß in der Afrikapolitik bringt. Erhöht wird diese Aufmerksamkeit durch die von Bundesminister Müller jüngst vorgestellten Eckpunkte für eine neue Afrikapolitik („Marshallplan mit Afrika“), die jedoch nicht Teil der G20-Agenda sind. Warum sollten G20-Staaten und Afrika ihre Kooperation stärken? Die Politik der G20-Staaten hat unmittelbare Auswirkungen auf nachhaltige Entwicklung in Afrika und in der Welt, beispielsweise mit Blick auf den Klimawandel oder die Folgen der Finanz- und Wirtschaftskrise. Angesichts dieser Interdependenzen wäre es besser, afrikanische Perspektiven breit an den G20-Arbeitsgruppen zu beteiligen anstatt auf Einzelinitiativen und die Diskussionen in der G20-Arbeitsgruppe für Entwicklung zu vertrauen. Das Leitbild „wirtschaftliche Reform“ stärker mit politischer Transformation verknüpfen Wirtschaftlicher Strukturwandel durch private Investitionen und Infrastrukturaufbau stehen im Mittelpunkt aktueller Kooperationsagenden. Das ist die richtige Stoßrichtung, um dauerhaft nachhaltige Entwicklung zu schaffen. Wirtschaftlicher Strukturwandel hängt von politischer Transformation ab. Damit Gewinne aus privaten Investitionen dauerhaft zu mehr Wohlstand der breiten Bevölkerung und gesellschaftlicher Stabilität führen, bedarf es politische Verteilungsmechanismen. Demokratien vermögen es besser, dauerhaft wirtschaftliches Wachstum und öffentliche Güter wie Gesundheitsversorgung für die Bevölkerung bereitzustellen. Aufgrund unterschiedlicher politischer Ordnungsmodelle in den G20-Staaten ist dies keine leichte Aufgabe. Aber alle Reformbemühungen werden ins Leere laufen, wenn es die G20 versäumt, wirtschaftliche Reformen mit einer breiten politischen Transformation zu verzahnen. Die Verstetigung der G20-Afrikapolitik ist notwendig, um gesetzte Ziele zu erreichen Die G20 bereitet politische Entscheidungen vor, verfügt selbst aber über keinen institutionellen Umsetzungsapparat. So bereitet die G20 politische Vereinbarungen in anderen internationalen Foren vor, beispielsweise für den bevorstehenden EU-Afrika Gipfel im November 2017. Wenn nachhaltige Entwicklung mit Afrika durch die G20 wirksam sein soll, ist es wichtig, die Kooperation zwischen den G20 und afrikanischen Staaten über die deutsche G20 Präsidentschaft hinaus zu verstetigen. Eine enge Abstimmung mit den nachfolgenden G20 Präsidentschaften Argentinien und Indien ist daher besonders erforderlich. Mechanismen zu entwickeln, die jenseits vom G20 Mitglied Südafrika einen institutionalisierten, dauerhaften Austausch zwischen afrikanischen Organisationen wie die Afrikanische Union und die Afrikanische Entwicklungsbank gewährleisten, ist wichtig. Schließlich hängt das Gelingen jüngerer deutscher Initiativen wie die Partnerschaften mit Afrika (Compacts with Africa), die Finanzminister Schäuble bei G20 einbringt, oder der Marshallplan mit Afrika davon ab, ob sie u.a. mit dem Europäischen Investitionsplan eng verknüpft werden. Erwartungsmanagement über begrenzte Einflussmöglichkeiten Die G20-Präsidentschaft sollte die Möglichkeiten internationaler Kooperation betonen, aber auch ihre Grenzen klar benennen. Die deutsche G20-Präsidentschaft erhöht die Sichtbarkeit der Afrikapolitik der deutschen Regierung immens. Durch die Ankündigung der Partnerschaften mit Afrika und der Entwicklung eines Marshallplans hat die Bundesregierung bei afrikanischen und anderen Partnern hohe Erwartungen geweckt. Auch wenn internationale Handels-, Finanz-, Entwicklungs- und Sicherheitspolitiken wichtige Beiträge leisten können, liegt die nachhaltige Entwicklung des europäischen Nachbarkontinents primär in den Händen afrikanischer Regierungen und Gesellschaften. Ein wichtiger Teil der Vorbereitungen der G20 Initiative wird daher Erwartungsmanagement sein, insbesondere mit Blick auf die Ziele, Machbarkeit und Effekte der deutschen Initiativen. Der Erfolg der Initiativen hängt von der öffentlichen Kommunikation sowie intensiven, hochrangigen politischen Konsultationen mit afrikanischen Partnern ab. Es müssen frühzeitig afrikanische Interessen und Prioritäten gehört und berücksichtigt werden. Gelingt das Erwartungsmanagement nicht, droht ein Legitimitätsverlust deutscher Kooperation mit Afrika.

Les premiers pas diplomatiques (?) de Trump

IRIS - Mon, 30/01/2017 - 18:42

Le point de vue de Pascal Boniface, directeur de l’IRIS

Team 40 plus

Hanns-Seidel-Stiftung - Mon, 30/01/2017 - 14:05
Vor 15 Jahren wird die Wahlkampfzentrale in Berlin umbenannt.

« Le droit au bonheur » – 3 questions à Pierre Haski

IRIS - Mon, 30/01/2017 - 11:13

Pierre Haski, journaliste, a cofondé le site d’informations Rue89. Ancien correspondant en Afrique du Sud, au Moyen-Orient et en Chine, il est aujourd’hui chroniqueur de politique internationale à L’Obs. Il répond à mes questions à l’occasion de la parution de l’ouvrage « Le droit au bonheur : la France à l’épreuve du monde », aux Éditions Stock.

Vous dîtes que la France se découvre « puissance moyenne dans une Europe malade ». Est-ce dû au fait que nos dirigeants aient perdu le sens du long terme ?

Il y a plusieurs raisons. D’abord, pendant longtemps, sous les présidences du général de Gaulle et de François Mitterrand surtout, la France a « boxé au-dessus de sa catégorie », pour employer une métaphore sportive. Leur posture pendant la guerre froide et le statut particulier de la France ont permis de donner à notre pays un surcroit d’influence dans un contexte de division du monde en blocs. La dernière manifestation de ce statut particulier a été, bien après la fin de la guerre froide, le refus français de participer à l’invasion de l’Irak décidée par l’administration Bush en 2003. Mais, loin d’annoncer un sursaut de l’esprit d’indépendance, ce fut le chant du cygne avant une période de reflux.

Depuis, le réel a rattrapé la France et l’Europe : dans la nouvelle recomposition du monde, nous avons manqué une marche, fait les mauvais choix, et le monde multipolaire que nous appelions de nos vœux dans les années 90 se construit au sein du pôle européen, et même contre lui (cf : Trump et Poutine). La France a tout intérêt à cesser de se gargariser de mots, comme le font souvent les candidats à la présidentielle, et à accepter son statut de puissance moyenne, au lieu d’adopter des postures pseudo-gaulliennes vides de sens. Il ne s’agit pas ici de plaider le renoncement, mais le réalisme : je dis et répète dans mon livre que la France ne manque pas d’atouts, à condition d’être lucide sur elle-même et sur le monde, et de comprendre les mécanismes de l’influence et de la puissance dans le contexte actuel.

Nos dirigeants politiques ont effectivement perdu le sens du long terme, à la fois en raison du « court-termisme » du système politique, suspendu à l’élection suivante, mais aussi de leurs propres parcours, de leurs formations intellectuelles, et de leur ignorance du vaste monde et de ses enjeux géopolitiques au moment de leur accession au pouvoir. Comment peut-on encore élire des dirigeants qui n’ont pas mis les pieds en Asie ou en Afrique et ne découvriront ces mondes émergents qu’à travers des visites officielles ou des relations d’État à État ? Ce n’est pas un sophisme, mais une condition sine qua non de la redéfinition d’une stratégie viable pour la France au XXI° siècle. Je plaide, de ce point de vue, pour revisiter d’urgence notre politique africaine, la débarrasser des restes de Françafrique et surtout de toute approche néocoloniale. À ce prix, nous « rentrerons dans l’Histoire », pour reprendre une phrase (tristement) célèbre.

La diplomatie française est-elle devenue occidentaliste ?

Lorsque Nicolas Sarkozy a décidé du retour de la France dans les structures militaires de l’Otan, il a dit vouloir supprimer une hypocrisie qui consistait à être « dedans et dehors à la fois ». Mais en réalité il a fait plus que ça : il a fait rentrer la France dans le rang, et même si la France ne s’est pas toujours alignée (avec l’Allemagne elle s’est ainsi opposée, à juste titre, à l’entrée de la Géorgie et de l’Ukraine dans l’Otan), elle a perdu sa singularité au profit d’un positionnement ouvertement atlantiste, ou, selon un mot plus contemporain, occidentaliste. Et la remarquable continuité, de fait, entre les quinquennats Sarkozy et Hollande n’en est pas le moindre paradoxe.

Dix ans plus tard, le tournant amorcé par Nicolas Sarkozy apparait d’autant plus comme une erreur qu’il est survenu à la fin de l’ère néo-conservatrice de George W. Bush, et au début de celle de Barack Obama qui, s’il a rendu une certaine dignité à la présidence des États-Unis, a amorcé un désengagement de la première puissance mondiale dont la Syrie a fait les frais, avec la diplomatie française en victime collatérale lors de l’épisode des « lignes rouges » de l’été 2013.

Aujourd’hui, tout est à reconstruire dans la doctrine diplomatique française, alors que démarre avec fracas l’ère Trump, ouvertement hostile à l’Europe et aux valeurs que défend la France. Je plaide dans mon livre pour un débat posé et informé sur la politique étrangère à la faveur de cette campagne électorale, qui se déroule dans un contexte de bouleversements stratégiques mondiaux. Quelle place pour la France en Europe et dans le monde ? Avec quelles alliances, quels objectifs, quels moyens ? C’est un débat-clé qui conditionne tout simplement le fait de savoir si nous allons subir le nouvel ordre mondial qui se dessine, ou en être les acteurs.

Vous déplorez l’importation en France du conflit au Proche-Orient. Que faudrait-il faire pour en limiter les effets négatifs ?

C’est un fait que la France, qui compte en son sein la plus grande communauté musulmane et la plus grande communauté juive d’Europe, est particulièrement sensible aux soubresauts du Proche-Orient, et en particulier du conflit israélo-palestinien. C’est le cas depuis très longtemps – sans remonter à la quatrième République, on rappellera que la guerre de juin 1967, il y a un demi-siècle cette année, avait eu un profond retentissement en France -, mais le facteur nouveau est l’émergence, dans les années 80, d’une génération de jeunes Français issus de l’immigration arabo-musulmane qui s’est mobilisée pour la cause palestinienne à partir de la première intifada dans les territoires occupés. Pouvait-on éviter qu’une partie des communautés juive et musulmane en France se retrouvent en opposition frontale sur ce sujet ? C’est sans doute naïf de le penser, en raison, d’une part, de la place centrale de la question palestinienne dans les inconscients collectifs juif et arabo-musulman, et, d’autre part, de l’évolution des relations intercommunautaires en France, marquées par la concurrence des mémoires, de la victimisation, des fantasmes et des réalités de l’influence et du statut social.

Pour autant, il me semble qu’on pourrait grandement limiter les effets négatifs de l’impact du conflit israélo-palestinien en France en construisant des passerelles au lieu de murs entre les communautés, comme on l’a fait ces dernières années. L’alignement total et inconditionnel des instances communautaires juives françaises – qui ne représentent pas l’ensemble des juifs de France mais sont les seules à s’exprimer en leur nom – sur la politique israélienne quelle qu’elle soit, a beaucoup contribué à cette opposition, tout comme la poussée de la composante religieuse dans la construction identitaire des Français musulmans. Là où, dans les années 80, les combats sociaux pour l’égalité permettaient à des juifs et des musulmans de se retrouver côte à côte, la radicalisation des positions rend désormais ce rapprochement difficile et rare.

Il manque aujourd’hui des voix courageuses, de part et d’autre, pour aller à contre-courant des forces qui poussent à l’affrontement, ou au moins à l’hostilité et l’éloignement. Des voix légitimes qui diraient que l’intérêt de tous, dans le contexte d’une société française fragilisée et divisée, et dans un monde redevenu dangereux et incertain, est de travailler à ce qui nous rassemble, pas à ce qui nous divise. Où sont-elles ?

Dr Thanos Dokos writes in Kathimerini on the Cyprus Question, 26/01/2017

ELIAMEP - Mon, 30/01/2017 - 08:14

You can read here the article on the Cyprus Question, which was written by Director General of ELIAMEP Dr Thanos Dokos. This commentary was published in the Greek daily Kathimerini on 26 January 2017 [in Greek].

La libre circulation des personnes : principe, enjeux et défis

Fondation Robert Schuman / Publication - Mon, 30/01/2017 - 01:00
La libre circulation des personnes est un acquis fondamental de la construction européenne. Mise en place dans le cadre du marché intérieur, elle a pris une dimension plus large avec les accords de Schengen. Elle est aussi indissociablement attachée à la citoyenneté européenne. Pourtant des...

Fondation, Présentation de la traduction en albanais du livre de Robert Schuman

Fondation Robert Schuman / Actualités - Mon, 30/01/2017 - 01:00
L'Institut Albanais des Études Internationales et la Fondation Robert Schuman vous invitent le 31 janvier au lancement de la nouvelle édition en albanais du livre de Robert Schuman "POUR L'EUROPE" avec la participation du traducteur, Besnik Mustafaj, membre du comité scientifique de la Fondation.

Fondation, "Une nouvelle feuille de route politique pour l'Europe"

Fondation Robert Schuman / Actualités - Mon, 30/01/2017 - 01:00
Le 20 février, l'Europe des Citoyens organise à Paris un colloque intitulé "Une nouvelle feuille de route politique pour l'Europe". Joachim Bitterlich, membre du comité scientifique de la Fondation, est l'un des intervenants. L'inscription est obligatoire.

Fondation, Classement mondial des Think tanks

Fondation Robert Schuman / Actualités - Mon, 30/01/2017 - 01:00
L'université de Pennsylvanie a publié son édition 2016 du classement des Think tanks mondiaux. La Fondation est classée 22e au niveau mondial dans la catégorie des meilleurs idées sur les paradigmes politiques (1er français). 33e des think tanks les mieux gérés (1er français) et dans les 100 premières organisations d'Europe occidentale

Migrations, Nouvelle prolongation de trois mois des contrôles aux frontières

Fondation Robert Schuman / Actualités - Mon, 30/01/2017 - 01:00
La Commission européenne a donné son feu vert le 25 janvier à une nouvelle prolongation de trois mois des contrôles à certaines frontières intérieures de l'espace Schengen, réintroduits en 2015 par cinq pays (Allemagne, Autriche, Danemark, Suède et Norvège) confrontés à un fort afflux migratoire.

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