(B2) Le discours sur l’État de l’Union prononcé par Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, mercredi (16 septembre) devant le Parlement européen, était empli de belles réflexions. Mais il était plutôt faible côté propositions, et parsemé de certains oublis ou fausses informations
Un excellent discours sans trop de concret
Pour un premier discours en tant que présidente, alors que l’Europe vient de vivre une crise du Covid-19 particulièrement intense — crise qui est loin d’être terminée tant au niveau sanitaire qu’économique et politique —, on attendait un peu autre chose que de belles paroles. Ursula von der Leyen a dressé un bon constat des différents défis ou problèmes auxquels sont confrontés les Européens (lire : Ursula von der Leyen dessine les contours d’une Union plus audacieuse). Mais, bien souvent, elle n’en a pas tiré les conséquences, se contenant de mots là où il faudrait des actes. Une position qui semble être une constante chez la dirigeante européenne qui n’a pas montré lors du Covid-19 une propension très grande à l’action (lire : Crise du coronavirus. Ursula von der Leyen est-elle à la hauteur ?)
Biélorussie, Russie, Turquie, une géopolitique du verbe
En matière extérieure, on entend ainsi que l’Europe est du côté des manifestants en Biélorussie, que tisser des liens étroits avec la Russie n’est pas approprié ou que la Turquie doit respecter ses voisins. Mais aucune conséquence n’est tirée de ses propos que l’on pourrait presque qualifier ‘de comptoir’ s’ils n’étaient pas prononcés par le responsable d’une des plus puissantes institutions européennes. Que va-t-on faire des relations avec Moscou ? Faut-il stopper le gazoduc Nord Stream ? Établir de nouvelles sanctions ? Comment va-t-on venir en aide à l’opposition biélorusse ? Et avec Ankara, quel langage établit-on ? Stoppe-t-on le processus d’adhésion si les provocations turques continuent ? Ces questions légitimes ne trouvent pas de réponse.
Les principaux conflits et la défense passés sous silence
Rien non plus sur la Syrie et la Libye, les deux conflits majeurs aux portes de l’Europe. Et zéro mention du rôle de la défense, pourtant affiché comme un des projets prioritaires européens. Décidément, la ‘commission géopolitique’ a bien du mal à avancer ses marques. Il en va de même au niveau intérieur sur l’État de droit. Les valeurs européennes sont affichées en priorité. Mais que se passera-t-il quand elles seront violées ? Décidément on a du mal à dépasser le langage ‘sermon’ du repas de dimanche.
Une souveraineté numérique limitée
En matière industrielle, quelques propos sont intéressants notamment sur l’économie numérique. Mais on aurait aimé en savoir plus. L’Europe va investir 8 milliards dans des supercalculateurs. Mais pour quoi faire ? Fera-t-on un cloud européen ? Arrivera-t-on à créer des tuyaux européens (réseau social, système de livraison pour se dégager de l’emprise des GAFA (Google, Apple, Amazon, Facebook) ? On attend davantage à l’évocation de mots aussi engageants que « souveraineté numérique ».
Un langage peu modeste sur le rôle de l’UE dans le Covid-19
Enfin, au sujet de la crise du Covid-19, un peu de modestie et de retour d’expérience n’aurait pas été de trop. Plutôt que cette impression d’entendre un conte pour enfants. L’Europe a partout bien agi. Et si elle n’a pas pu, c’est de la faute des méchants États membres qui ne lui ont pas donné de compétences. Ce n’est pas tout à fait faux. Mais c’est en grande partie inexact. Et c’est là où le propos d’Ursula von der Leyen pêche largement.
Le bal des oublis ou informations inexactes
Le discours est truffé de quelques approximations, oublis, voire d’informations erronées. Ce qui est très gênant au moment où l’exécutif européen affirme en priorité vouloir lutter contre la désinformation. Rien que sur le passage de l’action européenne liée à la crise du Covid-19, j’ai relevé quatre exemples qui m’ont fait bondir.
Premier élément : un manque de compétences pour agir ? Ou un manque de volonté ?
La présidente dresse un bilan positif vantant l’action de la Commission durant le Covid-19, « tout cela sans disposer des pleines compétences ». Ce qui est légèrement faux : la Commission dispose de certaines compétences notables en matière de libre circulation des personnes, comme de marchandises, de santé et de protection civile (1). Une compétence renforcée sur ce dernier domaine depuis le Traité de Lisbonne. Et une compétence qu’elle n’a pas utilisée pleinement.
NB : C’est une vieille rengaine. Dès qu’elle pourrait se voir critiquée pour ne pas avoir agi, la Commission sort l’argument — je n’ai pas de compétences — et renvoie le bébé sur les États membres. Tout cela pour masquer (parfois) un manque de volonté et des erreurs en cascade. Comme cela a été sur la crise du coronavirus. Lire aussi : Face au Coronavirus, agir et être solidaire n’est pas une faculté, c’est une obligation. Dixit le traité.
Deuxième élément : six semaines pour envoyer une quinzaine de médecins en Italie
« Notre mécanisme de protection civile a permis à des médecins roumains de traiter des patients en Italie ou à la Lettonie d’envoyer des masques à ses voisins baltes » indique U. von der Leyen. Elle oublie un élément fondamental : les médecins roumains ne sont arrivés que le 7 avril en Italie. Soit plus de six semaines après l’appel à l’aide officiel de l’Italie à l’Europe. Une telle lenteur s’est rarement vue dans une crise humanitaire. Et la faute ne repose pas vraiment sur les 15 personnels roumains (11 médecins et 4 infirmières). Mais tient à la lenteur de décision de la Commission von der Leyen (et à l’absence de réponse des États membres qui ne se sont pas vraiment fait sonner les cloches). Un peu de mea culpa, et de retour d’expérience, pour donner des pistes pour l’avenir, aurait été plus intéressant.
Troisième élément : un faux chiffre sur les rapatriements
« Lorsque plus de 600.000 citoyens de l’Union ont été bloqués dans toutes les parties du monde, l’UE les a rapatriés » affirme Ursula von der Leyen. Ce n’est pas exact, voire totalement faux. L’essentiel des effectifs (près de 90%) a été rapatrié par les États membres ou par les intéressés eux-mêmes. L’Union a certes contribué de façon notable à cet effort, via le mécanisme européen de protection civile qui a financé ou coordonné certains vols. 82.064 citoyens de l’UE très exactement — et environ 10.000 autres citoyens non-UE (Royaume-Uni, Suisse, Norvège, Ukraine, Biélorussie, Turquie, Serbie, etc.) — ont ainsi été rapatriés avec le soutien du mécanisme européen de protection civile, selon le chiffre officiel (en date du 10 septembre). Autant dire que c’est beaucoup, mais très, très loin des ‘plus de 600.000’ vantés par la présidente. On n’est plus là dans l’approximation, mais dans la diffusion de fausses nouvelles.
Quatrième élément : l’oubli d’un dérapage
« Lorsque certains pays ont décrété des interdictions d’exportation pour des produits médicaux essentiels, nous y avons mis fin et nous avons veillé à ce que le matériel médical essentiel arrive là où il était nécessaire. Nous avons travaillé avec les industriels européens pour accroître la production de masques, de gants, de tests et de respirateurs. » C’est vrai. Mais là encore, la présidente de la Commission européenne esquive la vérité. La réaction désordonnée des pays européens en matière de blocage des frontières, le blocage de la libre circulation n’a entrainé que peu de réactions européennes. Et cet aspect est soigneusement biffé des propos présidentiels.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) La France va déployer la frégate Latouche-Tréville dans les prochaines semaines. Un renfort attendu
Un engagement français
La ministre française des armées Florence Parly vient de l’annoncer lors de son discours de rentrée, prononcé à Paris mercredi (16 septembre). « Nous avons décidé de renforcer notre contribution à l’opération de l’Union européenne Irini, en déployant la frégate Latouche-Tréville au cours des prochaines semaines ». NB : Celle-ci sera ainsi présente quand le commandement de la force navale sur zone sera assuré par les Grecs.
Une condition pour faire respecter l’embargo
Ces moyens navals sont essentiels pour faire respecter l’embargo sur les armes décidé par le Conseil de sécurité des Nations Unies. C’est une « condition essentielle d’une diminution des tensions et d’un processus politique vertueux en Libye » assure Florence Parly.
Davantage de moyens nécessaires
Ce renfort est salué au niveau européen, ainsi que me l’a confirmé Peter Stano, le porte-parole du Haut représentant, à qui j’ai posé la question lors du briefing de midi. « Nous sommes intéressés à voir davantage de moyens pour l’opération Irini ». Ce sera d’ailleurs le sujet de la prochaine conférence de génération de forces. « On a besoin d’avoir 100% des moyens pour avoir une opération totalement effective et efficace ».
Une spécialité anti-sous-marine
Le Latouche-Tréville, au numéro de coque D-646, n’est pas le bâtiment le plus récent de la Royale. Cette frégate anti-sous-marine (FASM), de type F-70 (donc conçue dans ces années là) est en effet en service depuis une bonne trentaine d’années (depuis 1990). Mais elle est équipée d’un système de navigation électronique Sigma 40, inertielle à gyrolaser, intégrant les différentes composantes de la navigation (cap, vitesse, position, etc.). Ce en temps réel. Elle dispose de plusieurs systèmes radar et armement (cf. ci-dessous) et surtout d’un « équipage bien entraîné, apte à faire face à toutes les situations » comme me l’a confié un marin.
Une puissance d’observation
Longue de 139 mètres, jaugeant 4910 tonnes qui peuvent être déplacées jusqu’à une vitesse maximale de 30 nœuds, cette frégate ASM dispose de plusieurs éléments de surveillance radar : deux pour la navigation, un pour la veille-air, un pour la veille surface-air, et un pour la conduite de tir (selon les éléments donnés par le Sirpa), tout comme un sonar de coque, un sonar remorqué (des outils utiles pour surveiller les fonds sous-marins).
Une surveillance par l’air
Tout un arsenal normalement utilisé dans l’accompagnement des sous-marins nucléaires, la protection de la force océanique stratégique (FOST) étant sa tâche habituelle. Elle a aussi la possibilité d’élargir sa zone de vision avec son hélicoptère de bord. D’ordinaire, c’est un (ou deux) Caïman Marine qui sont embarqués sur la frégate (les Lynx étant partis à la retraite). Mais pour ce type de missions, davantage de surveillance que de combat, ce pourrait être plutôt un hélicoptère de type Panther.
… et une puissance de feu
Enfin sa puissance de feu n’est pas négligeable : des missiles à courte portée Crotale ou à plus longue portée anti-navires MM 40 Exocet notamment, en passant par les torpilles MU90, le système d’autodéfense rapprochée antiaérien Simbad, deux canons de 20 mm, une tourelle de 100 mm et quatre mitrailleuses de 12,7mm. Avis aux amateurs ! (notamment turcs).
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Les navires militaires européens ont bloqué au large de la Libye un tanker norvégien affrété par les Émirats arabes unis, jeudi (10 septembre), pris en violation de l’embargo international
L’équipe d’abordage allemande prend pied sur le Royal Diamond 7 (crédit : EUNAVFOR Med Irini)C’est la première fois qu’un navire est arraisonné en pleine mer en violation de l’embargo (du moins par l’opération EUNAVFOR Med Irini). Et la première fois également que les Allemands effectuent une ‘action de force’ dans ce cadre. Cette opération vient parfaitement illustrer l’équidistance de la nouvelle opération européenne qui intervient sur les violations de l’embargo des deux côtés , à l’Ouest (camp Sarraj) comme à l’Est (camp Haftar) de la Libye
Une opération assurée par le Hamburg
L’opération s’est produite à « sept heures du matin dans les eaux internationales, à 150 km au nord de la ville libyenne de Derna (Cyrénaïque) ». Sur ordre de l’amiral italien Ettore Tocci, la frégate allemande Hamburg a alors bloqué « l’accès aux eaux territoriales libyennes » du Royal Diamond 7, indique l’opération EUNAVFOR Med Irini dans un communiqué. Une opération effectuée avec le soutien du navire-amiral italien ITS Carlo Margottini. NB : C’est l’équipe d’arraisonnement allemande, héliportée avec l’engin de bord du Hamburg, qui est montée à bord du tanker.
Les Émirats arabes unis dans la ligne de mire
Ce tanker — propriété norvégienne, battant pavillon des Iles Marshall (1), géré par une société singapourienne, mais affrété par les Émirats arabes unis —, est soupçonné d’avoir violé l’embargo des Nations unies sur les armes à destination de la Libye. Les Européens ont opéré « sur la base d’informations fournies par le groupe d’experts des Nations unies sur la Libye, qui ont mis en évidence la nature suspecte de cette cargaison ».
Du carburant d’aviation pour Haftar
Le Royal Diamond 7 avait quitté le port de Sharjah aux Émirats arabes unis et se dirigeait vers Benghazi en Libye, siège de l’armée nationale libyenne du maréchal Haftar. Il transportait « une cargaison de carburéacteur, susceptible d’être utilisée à des fins militaires ». Un carburant, considéré comme du ‘matériel militaire’ par les Nations unies et, par conséquent, soumis à l’embargo international, en vertu des résolutions 2292 (2016) et 2526 (2020) du Conseil de sécurité des Nations unies, précise-t-on au QG de l’opération Irini à Rome.
Détourné pour enquête dans un port européen
Le navire a été « détourné » vers un port de l’Union européenne, pour « une enquête plus approfondie ». La destination finale était encore en discussion, au moment de l’interpellation. C’est une « décision politique » impliquant les États a précisé à B2, un proche du dossier. En attendant, le navire évoluait lentement en mer Ionienne (au large de la Sicile). Le port de destination pourrait être soit en Italie, voire à Marseille (Sud de la France), port désigné pour le contrôle de l’embargo sur les armes dans le plan d’opérations de EUNAVFOR Med Sophia, ou en Grèce. Finalement, après quelques jours d’attente au large de la Sicile, il semblerait (information au 14.9 au matin) que le navire se dirige vers la Grèce.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Un pas significatif
Il s’agit d’un « événement hautement significatif » a indiqué Peter Stano, le porte-parole du haut représentante de l’UE répondant à une question de B2 ce vendredi midi. Cela « démontre la capacité d’Irini à recueillir des informations pertinentes concernant des violations potentielles de l’embargo des Nations unies et sa réponse rapide et efficace à une telle violation » Il démontre aussi « ce que nous disons depuis le début : que l’opération Irini est impartiale. C’est une démonstration concrète de l’engagement de l’UE dans le processus de Berlin et un instrument mis à la disposition de la communauté internationale […] pour mettre en œuvre l’embargo sur les armes et contribuer à mettre fin au conflit ». Et le porte-parole de la diplomatie européenne de rappeler « une fois de plus », une demande européenne : c’est « de la responsabilité de la communauté internationale dans son ensemble de mettre fin à l’ingérence étrangère qui alimente le conflit en Libye ».
Mis à jour (12.9 et 14.9) Précisions apportées sur le port de destination
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(B2) Directs, concis, graves. Les paroles des opposants au régime Loukachenko témoignent de l’intimidation et de la persécution subies au quotidien depuis le début de la contestation, après un scrutin présidentiel faussé
En vidéo-conférence depuis les bureaux de la représentation européenne à Minsk, Danila Lavretski de l’association des étudiants de Biélorussie (crédit : Parlement européen)Intimidation
Ce matin du lundi (7 septembre), où la sous-commission DROI (Droits de l’homme) du Parlement européen leur a donné la parole, on apprenait l’arrestation de Maria Kolesnikova, membre du conseil de coordination de l’opposition, restée en Biélorussie. « Sans nouvelle depuis. » Comme de nombreux prisonniers politiques. « Plus de 200 personnes ont été incarcérées pour être allées manifester ou avoir participé à la campagne électorale, dont 47 sont considérées comme des prisonniers politiques », décompte Ales Bialiatski, président du Centre des droits de l’Homme Viasna. Il ne parle plus d’arrestations mais de « rafles », comme celle qui a suivi la manifestion de dimanche (6 septembre) où « 633 personnes ont été arrêtées et sont en attente de passer devant la cour administrative ».
Toujours plus de persécution
Danila Lavretski, de l’association des étudiants de Biélorussie, a connu la prison d’Okrestina, devenue célèbre au-delà des frontières biélorusses. C’était en mai. Cela a duré deux semaines. Aujourd’hui, « les cas de répressions à l’encontre d’étudiants sont encore plus graves », explique-t-il. Des étudiants sont « souvent détenus sur les lieux mêmes des universités et de façon très violente ».
Presse muselée
Détenu, battu et le nez cassé en juillet, le journaliste de Radio Free Europe / Radio Liberty, Anton Trafimovich, raconte l’art et la manière d’empêcher la presse de fonctionner. Comme ce soir où 50 journalistes ont été détenus à Minsk « sous prétexte de vérification de papiers d’identité », avant d’être « libérés quelques heures plus tard », entretemps aucun n’a pu couvrir de manifestation ou enquêter sur le fonctionnement des commissariats. « Nous avons toujours été traités en ennemis, mais la nouveauté, c’est que nous sommes persécutés ». En une phrase, le journaliste résume la sentence. Il croit savoir pourquoi : « nos médias sont devenus très populaires sur les réseaux sociaux ».
Violence chronique
« Traitements au gaz moutarde, viols, privations de nourriture et d’eau, de sommeil, cellules surpeuplées, dix fois plus nombreuses que prévues, prisonniers mélangés avec des prisonniers porteurs du Covid-19, torture, obligation de chanter l’hymne national, sans aide médicale aux blessés ». Telles sont les symptômes de la violence endémique décrite par Ales Bialiatski, président du Centre des droits de l’Homme Viasna.
Contre-enquêtes en cours
Un comité d’investigation a été constitué pour recenser toutes les violences, disparitions etc. Déjà « près de 500 plaintes ont été reçues » selon Ales Bialiatski.
Protestation au delà de Minsk
La contestation du résultat du scrutin présidentiel ne se limite pas aux rues de la capitale Minsk. La répression s’est donc elle aussi déplacée pour « couvrir tous ces lieux de manifestations pour tenter de les tuer dans l’oeuf » (Ales Bialiatski). Qu’importe, la contestation se propage aussi auprès des travailleurs et ouvriers sous la forme de « grèves à l’italienne ». « Les travailleurs viennent au travail mais ils font la grève du zèle » explique le président du congrès des syndicats démocratiques de Biélorussie (BKPD), Alexander Yarashuk.
N’oubliez pas la Russie
« Les régimes autoritaires se soutiennent mutuellement donc on ne peut résoudre la question biélorusse sans référer à son voisin », la Russie, insiste Ales Bialiatski. C’est l’un des messages adressé aux eurodéputés. Une partie de la société civile parait très déterminée. « Nous ne pouvons plus vivre sous ce régime de terreur sauf à le quitter », glisse le leader étudiant. Pour lui, « l’Union européenne est notre dernier espoir ».
(Emmanuelle Stroesser)
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(B2) Le relais du navire amiral est l’occasion d’un bilan pour l’opération européenne de contrôle de l’embargo sur les armes en Libye
Relais du navire de commandement
Le navire amphibie de la marine italienne ITS San Giorgio a en effet quitté le bord de l’opération EUNAVFOR Med Irini début septembre. Il est remplacé par ITS Carlo Margottini (F-592), qui assure le rôle de navire-amiral jusqu’à la mi-octobre. A bord de cette frégate de la classe Bergamini, de type FREMM, l’amiral Ettore Socci et son état-major. À partir du 19 octobre, il sera relayé par un navire grec qui prendra le commandement.
Un bilan des quatre mois
Cette rotation est l’occasion pour l’opération de contrôle de l’embargo sur la Libye de dresser un nouveau bilan des quatre derniers mois de patrouille en Méditerranée centrale.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Deux militaires de l’opération française Barkhane au Sahel ont été tués en opération samedi (5 septembre) au Mali. Le brigadier-chef de première classe S.T. (*) et le hussard parachutiste de première classe Arnaud Volpe, ont été mortellement atteints « après la destruction de leur véhicule blindé par un engin explosif improvisé (IED), ce matin lors d’une opération dans la région de Tessalit au Mali », indique l’Élysée dans un communiqué.
Un troisième militaire a été gravement blessé dans l’explosion. Son état « est stable, mais son pronostic vital demeure réservé » indique l’état-major des armées. Ils appartenaient au 1er régiment de hussards parachutistes (RHP) de Tarbes. La force de réaction rapide a été déclenchée, appuyée par deux avions Mirage 2000 D.
« La détermination de la force Barkhane n’est en rien entamée face à un ennemi encore capable de porter des coups » indique le chef d’état-major des armées, le général Lecointre.
(NGV)
* Le nom n’a pas été publié à la demande de la famille.
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(B2) À Beyrouth, sans tapages, les militaires français mènent un travail délicat mais vital : déblayer et rendre plus sûr le port. Entretien avec le capitaine de vaisseau Arnaud Tranchant (PHA Tonnerre) et le colonel Antoine de la Bardonnie (2e REG), chefs des détachements ‘Marine’ et ‘Terre’
Une catastrophe majeure
L’importance des dégâts
La première impression est naturellement à la hauteur de la catastrophe. « On ne peut être que frappé, quand on arrive, par l’importance des dégâts, la violence de l’explosion, le paysage dévasté dans la zone portuaire. Tout est retourné », explique à B2 le col. Antoine de La Bardonnie qui commande le GT (Groupement Tactique) Terre ‘Ventoux’. L’impact est « significatif » : « une partie des quais s’est effondrée. La base navale a été partiellement détruite. Les bureaux du port ont été touchés. »
L’effet du blast a fait chavirer le port
Même impression du pacha du Tonnerre, le capitaine de vaisseau Tranchant que nous avons eu également par téléphone : « L’entrée dans le port nous a permis de prendre conscience de l’ampleur de la catastrophe, des raisons pour lesquels on avait embarqué. Nous sommes face à des dimensions hors du commun. Des scènes dignes de celles lues dans les livres d’histoire sur les bombardements. » En tant que marin, ce qui l’a frappé ce sont « ces grands navires [qui] ont été couchés par le blast [souffle], des remorqueurs venus heurter le fond. » Dans le bassin n°3, sous l’effet du souffle, l’eau a disparu, envoyant des navires heurter soit les quais, soit le fond. « La vague est montée très haut ». Et ses effets ont été très forts très loin, « jusqu’à 15 km du port ».
Vue d’une partie des accès du port de Beyrouth (crédit : DICOD / EMA)La réaction de la population et de l’armée libanaise
Seconde impression de nos militaires sur place : la reprise en main rapide par la population. « Les Libanais ont pris leur destin en main. Sur les routes, la jeunesse s’est mobilisée, a pris les balais et a déblayé tout ce qu’elle pouvait », décrit le Col. de La Bardonnie. L’armée libanaise, qui est un des principaux éléments de ciment du Liban, n’est pas non plus restée les bras croisés. « Les militaires sont très mobilisés, cela fait plusieurs semaines qu’ils travaillent d’arrache-pied, pour tenir leurs responsabilités et remettre le port en état. Ils sont fatigués et même épuisés » (CV Tranchant).
Un soutien matériel, mais tout autant moral
De fait, au-delà des moyens déployés, l’arrivée du navire français et des hommes du génie ont été accueillies avec soulagement par les militaires libanais. « Il y avait un soutien matériel, mais aussi moralement pour dire qu’ils n’étaient pas seuls » (CV Tranchant). Dans le flot d’aides et de secours, les Français sont en effet la seule force de génie (1). Un bateau italien est arrivé il y a quelques jours, avec deux-trois éléments de génie. Ils vont monter en puissance, et ainsi pouvoir relayer les Français.
L’activité du port a pu reprendre
L’activité dans le port n’est pas pour autant totalement interrompue. La zone conteneurs a pu reprendre assez rapidement, mais de façon moins importante qu’ordinaire. « 72 heures après l’explosion le trafic dans le port était conforme à ce qui pouvait en être attendu », du moins en situation d’urgence et en période de coronavirus. « Les bateaux ont très rapidement pu continuer à décharger » (Col. de La Bardonnie). « Beaucoup de choses ont été faites. C’est sûr qu’il n’y a pas le rythme d’activité d’avant, et que le port ne retrouvera pas ce qu’il était avant l’explosion avant de longs mois. Il faut bien distinguer ce qui ressort de l’urgence, et de la reconstruction complète. Mais c’est en progression constante. Tout le monde s’est mis au travail, pour approvisionner le Liban avec les produits de première nécessité dont il a besoin » (CV Tranchant).
Des travaux multi-azimuts
La distribution de l’aide humanitaire
La première action des militaires français a été de décharger les tonnes d’aide humanitaire (2). Une aide transférée à l’hippodrome, où elle est répartie entre les ONG et les autres organisations sous l’égide de l’armée libanaise et de l’ambassade de France.
Arrivée du MN Calao au port de Beyrouth, le 17 août, transportant matériel, vivres et aide humanitaire (crédit : DICOD / EMA)Un gros chantier, le port, mais aussi des chantiers annexes
Jour après jour, les militaires français ont déroulé leur feuille de route : « pouvoir conduire un chantier majeur, comme sur le port, et deux chantiers périphériques » (Col. de La Bardonnie). Les bulldozers et autres engins de chantiers du GT Terre ont ainsi été mis en œuvre à plusieurs reprises. Le rythme est intense : 1500 tonnes déblayées par jour en moyenne.
Remettre en état rapidement le port
La tâche principale reste le port, épicentre de l’explosion, les quais et les hangars comme les bassins. Marins et terriens ont ainsi travaillé des deux côtés. Les hangars effondrés, ou qui menaçaient de l’être, ont été déblayés, pour dégager les voies d’accès. L’eau a pu être rétablie, avec la remise en état de la station d’eau. Un élément essentiel pour que les quais soient approvisionnés.
Une cartographie de la situation maritime
Côté maritime, les plongeurs démineurs et les hydrographes du Shom (service hydrographique et océanographique de la Marine) ont mené une action de concert, grâce à des sonars, pour dresser une cartographie de l’état du port après l’explosion « et détecter tous les objets qui pouvaient gêner la circulation du port ». Des véhicules sont ainsi tombés du quai. La cartographie a été remise aux Libanais, très utile, pour planifier les travaux et prévoir la reprise de l’activité.
Déblayer les bassins et remettre en état les pilotines
Les marins ont ensuite mené plusieurs actions urgentes permettant de faciliter les accès. Ils ont ainsi coupé la mature d’une barge coulée, réparé les pilotines et remorqueurs de commerce (propulsion, contrôle commandes), déblayé la capitainerie pour qu’elle puisse reprendre son rôle de régulation du trafic, etc.
Une aide à la marine libanaise
Les marins sont aussi venus en aide à leurs homologues libanais. « Nous sommes intervenus sur des vedettes de la marine libanaise pour les remettre en état. » Et quand les plongeurs français plongent, ils en profitent pour faire de la formation mutuelle avec leur homologues libanais. « Ils sont ravis et très émus de nous voir arriver, il y a un lien de fraternité entre marins libanais et français qui ne date pas d’aujourd’hui » (CV Tranchant).
Des ‘petits’ chantiers très utiles
Les militaires ont aussi été missionnés pour assurer des chantiers ‘plus modestes’. Ce sont les Libanais « qui identifient les besoins au fur et à mesure » en lien avec la mission défense de l’ambassade de France « dans des quartiers limitrophes » du port. Le GT Terre est ainsi parti déblayer la gare routière Charles Hélou, puis est intervenu dans plusieurs écoles (école du Sacré Coeur, Trois docteurs, La Sagesse, etc.) pour enlever tout ce qui pourrait être dangereux, tel un préau qui menaçait de s’effondrer. Objectif : permettre aux équipes libanaises de poursuivre la remise en état en sécurité, et aux professeurs et aux élèves d’effectuer leur rentrée.
Une coordination permanente avec les Libanais
Avec l’armée libanaise, « il y a une vraie confiance mutuelle. Nous avons un contact plus que quotidien, quasiment toutes les heures. Les réunions sont très fréquentes. » Il n’y a pas d’équipe chacun dans son coin. « La coordination se fait à tous les niveaux du chef de corps aux chefs de section, en passant par les chefs d’unités. Tous les chantiers sont faits en commun, de façon intégrée. » (Col. de La Bardonnie).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Partir en alerte, l’ADN français
750 militaires ont été déployés depuis le 14 août : 200 marins de l’équipage du Tonnerre, 150 membres de détachement de la marine d’autres services et armée de l’air, 350 du groupement terre ‘Ventoux’, composé autour du 2e régiment étranger de génie (REG) basé à Saint-Christol (Vaucluse).
Pour les deux officiers supérieurs, partir en plein mois d’août n’était pas facile, surtout pour les marins au retour d’une mission en mer (au large du Golfe de Guinée). Mais « l’équipage ne s’est pas posé la question. L’appareillage sur alerte est un peu dans notre ADN », relate le CV Tranchant. Charger le fret a pris un peu de temps au départ, car le fret humanitaire n’était pas vraiment configuré pour un transport en navire militaire. Il a fallu « tout protéger et filmer ».
Toute « la saveur » de cette opération a été cependant de planifier en urgence toute la série d’inconnus qui pouvaient se produire. Ainsi le PHA Tonnerre avait prévu de ne pas pouvoir accoster à Beyrouth. L’option avait été prévue de déployer alors ses EDAR (engins de débarquement amphibie rapide) et ses chalands de débarquement. Il n’y en a pas eu besoin. La reconnaissance du port par les plongeurs de la marine nationale a permis de dire que tout était OK pour accoster sur le port 12.
Du côté du GT Terre, en alerte Guépard, c’est aussi une part du travail. « C’est notre mission normale de réagir à l’urgence. Cela justifie nos dispositifs d’alerte que nous maintenons 24h/24h », confirme le Col. de La Bardonnie. L’ampleur de la catastrophe a d’ailleurs obligé à faire appel à d’autres régiments. En tout, cinq des huit régiments de génie participent ainsi à l’opération ‘Amitié’.
Entretiens réalisés par téléphone entre le samedi 22 août et le lundi 24 août.
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(B2) La situation au large de la Libye continue d’être chargée avec des passages récurrents de navires chargés de migrants. Mais l’Europe a choisi de ne plus être en première ligne
Sauvetage par des équipes européennes de l’opération EUNAVFOR Med Sophia en 2016 (crédit : EUNAVFOR Med – archives B2)Depuis son lancement, la nouvelle opération EUNAVFOR Med Irini, qui a succédé à l’opération Sophia le 31 mars dernier, « n’a jamais reçu d’appels de détresse et n’a donc jamais refusé aucun d’entre eux », précise le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, dans sa réponse écrite au Parlement européen, faite lundi (24 août), couvrant la période d’avril au 21 juillet 2020. Il cherche ainsi à faire taire certaines rumeurs de refus d’assistance.
« En revanche, les moyens aériens de l’EUNAVFOR Med Irini ont repéré huit situations de détresse potentielle dans la région libyenne de recherche et de sauvetage », précise-t-il. Cela a entraîné, « conformément aux obligations découlant des conventions internationales SOLAS et SAR », la saisine du « centre de coordination du sauvetage maritime (MRCC) compétent ». NB : selon la zone celui de Tripoli ou de Rome.
(NGV)
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(B2) Pris sur le fait en violation des réglementations imposées aux Irlandais sur le coronavirus, le commissaire européen au Commerce, l’Irlandais Phil Hogan, a fini par lâcher le guidon
Phil Hogan dans ses bureaux du Berlaymont (crédit : Commission européenne)Après quelques jours d’interrogation, et de demi-mensonges (1), l’homme politique du Fine Gael désigné par l’Irlande pour être son représentant dans l’exécutif européen a fini par se rendre compte à l’évidence : il fallait mieux partir de lui-même que d’être mis à la porte par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. La situation était en effet devenue intenable, avec l’affaire du Golfgate.
Un golfgate qui fait des ravages
L’homme politique avait participé avec 80 convives à un diner de gala de l’Oireachtas Golf Society, le club de golf du parlement irlandais il y a une semaine (mercredi 19 août). Ce qui dépassait la jauge autorisée de 50 personnes pour une telle réunion. En pleine période de resserrage des boulons — passage notamment à une bulle de 6 personnes — l’évènement passe mal, et le mot est faible, dans la verte Irlande. Tour à tour, les personnalités présentes à l’évènement sont tenues de s’expliquer et d’assumer. La ministre de l’Agriculture a déjà démissionné, des juges également… Et plusieurs responsables du gouvernement ont demandé que Phil Hogan suive le mouvement.
Un statut de relative indépendance
Seul hic, un commissaire européen, une fois proposé par son gouvernement, est adoubé à la fois par la présidente de la Commission et le Parlement européen. Ce statut lui garantit une relative indépendance. Il quitte son costume national et les us et coutumes locaux, pour devenir un être atypique, qui ne dépend plus que de la sphère européenne. Il ne peut alors être contraint à la démission que par ceux qui l’ont validé. Autrement dit, l’Irlande n’a plus son mot à dire. Et seules les instances européennes (ou l’intéressé lui-même) peuvent le démissionner. C’est cette argumentation que l’exécutif européen a d’abord fait valoir pour refuser tout mouvement vers la porte pour son commissaire au Commerce.
Une contrepartie à l’indépendance des commissaires européens
Ce statut exceptionnel a cependant plusieurs contreparties. L’une est officielle et expressément indiquée par le Traité : consacrer tout son temps à l’activité européenne. Or, on peut vraiment se demander si assister à un dîner de gala du golf club parlementaire irlandais rentre vraiment dans le mandat d’un commissaire au Commerce, voire même dans la tradition de présence de la Commission européenne aux évènements nationaux. La réponse est assez rapide et évidente. C’est Non. La présence de Phil Hogan tenait avant tout à sa nationalité, irlandaise, à ses activités politiques dans l’île, voire éventuellement à ses visées futures. Il ne pouvait donc plus vraiment exciper de sa fonction de commissaire pour prétendre être intouchable. C’est ce que les juristes appelleraient un « acte détachable ». Il y avait là une réelle contradiction qu’il fallait trancher.
Une loyauté nécessaire vis-à-vis de la population
Ensuite, et surtout, il y a une clause non écrite au statut de commissaire : il faut être loyal non seulement vis-à-vis de ses mandants, des États, comme de la population européenne. Or, la manière dont Phil Hogan a cherché à se dédouaner et à s’excuser de sa présence était on peut plus ‘limite’. Dans son mot « chaleureux » de remerciement pour toute son action « pour son travail inlassable et fructueux », Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, n’a pas manqué de le rappeler que chacun devait être responsable de ses actes.
Le rappel à l’ordre de Von der Leyen
« Dans les circonstances actuelles, alors que l’Europe se bat pour réduire la propagation du coronavirus et que les Européens font des sacrifices et acceptent des restrictions douloureuses, j’attends des membres du Collège qu’ils soient particulièrement vigilants quant au respect des règles ou recommandations nationales ou régionales applicables », a indiqué Ursula von der Leyen dans une déclaration publiée aujourd’hui. Avis aux amateurs…
Commentaire : Le temps de l’impunité semble bien révolu. La sortie sera proche pour ceux ou celles qui ne respecteront pas certaines règles, écrites comme non écrites.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2 à Berlin) Alors que son influence baisse, le président biélorusse cherche à rallier ses troupes contre un ennemi : l’Alliance atlantique. Il l’accuse de militariser ses frontières. Une attaque infondée et inacceptable, s’insurge Jens Stoltenberg
Jens Stoltenberg à son arrivée à l’informelle défense à Berlin (crédit : OTAN)Présent à Berlin pour participer à la réunion des ministres de la Défense de l’Union européenne depuis hier (mercredi 26 août), le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a voulu — une fois de plus — faire passer le message.
Fausses accusations
« Il n’y a pas de renforcement militaire par l’OTAN dans la région », a-t-il assuré, fustigeant les « tentatives d’utiliser l’OTAN comme une sorte d’excuse pour sévir contre les manifestants, contre l’opposition politique au Belarus ». Et de tonner : « toute tentative d’essayer de déplacer l’attention des questions intérieures vers les questions extérieures pour créer une excuse pour utiliser la violence contre son propre peuple est inacceptable. » L’OTAN « reste une alliance défensive », a-t-il tenu à rappeler.
Une Alliance préoccupée
Alors que celui que l’on surnomme le dernier dictateur d’Europe ne se prive pas, depuis une semaine, d’accuser également les Européens d’ingérence, les Alliés s’avouent « très préoccupés par la situation en Biélorussie » et « suivent bien sûr de très près » la crise qui s’y déroule depuis la ré-élection de Loukachenko, a-t-il partagé avec la presse.
(Aurélie Pugnet)
Lire aussi :
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(B2) Les militaires européens ont quitté leur quartier historique qui les abrite depuis le début des missions de l’UE en Centrafrique, il y a six ans
Les éléments européens ont quitté le camp d’Ucatex, pour se relocaliser près de l’aéroport, à M’Poko, base historique des forces françaises et de l’ONU. Durant une bonne semaine, ce mois d’août (du 15 au 23), ils ont transféré tous leurs effets et matériels, containers y compris.
La fin d’une présence de six ans
Basé sur le site d’une ancienne usine désaffectée, le camp Ucatex a tout d’abord été utilisé par la force de stabilisation de l’UE à Bangui EUFOR RCA, en 2014 (lire : En patrouille avec les gendarmes), puis par la mission de conseil militaire EUMAM RCA (lire : EUMAM RCA lancée. Mais effet retard pour les effectifs) et la Minusca, et enfin par la mission de formation (lire : EUTM RCA lancée. Les premières formations mises en place…).
Destination : M’Poko
L’opération s’inscrit dans le cadre de la « densification des missions de conseils, d’entrainement et d’instruction » d’EUTM RCA au profit des FACA, les forces armées centrafricaines. NB : ce déménagement permet aussi plus de synergies entre les différentes forces (notamment en matière de force protection).
Des convois étalés dans la journée
Pour éviter tout problème, les convois ont été répartis entre la matinée et l’après-midi. La vitesse de déplacement a aussi été adaptée pour que la sécurité « soit assurée lors du passage des convois notamment sur le marché des combattants» indique-t-on à EUTM RCA. Un lieu particulièrement prisé des habitants de Bangui, et avec une forte densité (personnes, motocyclettes, etc.).
La présence à Bouar reprend
Autre acquis organisationnel : le détachement de partenariat militaire opérationnel (DPMO) d’EUTM est « désormais au complet sur le camp de Bouar » assure-t-on du côté européen. L’installation a été finalisée ce mois d’août, avec de petits travaux et l’entretien du camp pour être fin prêts pour commencer l’instruction avec les FACA. Le chef d’état-major centrafricain (alias le CEMA), le général Zéphirin Mamadou, et le chef d’EUTM, le général français Éric Peltier, se sont rendus sur place lundi (24 août) pour visiter les installations, l’état-major de zone de défense ainsi que le centre d’instruction et d’entraînement qui accueillera les formations des FACA.
Une montée en puissance des FACA
Ces changements s’inscrivent dans un renforcement de la mission, en personnel comme en infrastructures, dans le nouveau mandat qui lui a été confié par les ’27’ (1), pour faire face à la (re)montée en puissance des FACA, dans le cadre du plan national de défense. De nouvelles recrues vont ainsi venir s’ajouter au renforcement de l’état-major de zone de défense (EMZD) à Bouar. Les EMZD de Ndele et Bangassou vont aussi poursuivre leur déploiement.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Des mesures barrières face au Covid-19
Le coronavirus a un peu compliqué le travail d’EUTM RCA. Il faut bien le dire. Mais la première réaction des autorités centrafricaines, qui ont réagi assez fortement à l’épidémie, en demandant aux Européens de stopper tout contact et de rester confinés, semble aujourd’hui assouplie. EUTM-RCA et les FACA se sont adaptés à la nouvelle donne, pour continuer à travailler en toute sécurité. Désormais avant chaque activité, « une information précise et détaillée est dispensée à tous les stagiaires sur l’importance des gestes à adopter » pour prévenir la diffusion du virus.
Lire aussi : Avec la formation de Bouar, on voit les fruits du travail de ces trois années (Général Peltier, EUTM RCA)
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(B2) Il ne fait pas bon être opposant apparemment dans la Russie de Vladimir Poutine. Alexei Navalny aurait été empoisonné. Une seconde tentative en un an apparemment
L’opposant en soins intensifs
L’incident s’est produit durant le vol de retour depuis Tomsk en Sibérie, de l’opposant moscovite (1). « Il s’est senti malade pendant le vol » raconte sa porte-parole Kira Yarmysh sur twitter jeudi (20 août) au matin. L’avion a fait un atterrissage d’urgence à Omsk. Et Navalny a été transporté à l’hôpital en ambulance. Il est « en soins intensifs, inconscient ».
Сегодня утром Навальный возвращался в Москву из Томска. В полёте ему стало плохо. Самолет экстренно сел в Омске. У Алексея токсическое отравление. Сейчас мы на скорой едем в больницу
— Кира Ярмыш (@Kira_Yarmysh) August 20, 2020
Un empoisonnement au thé
« Nous supposons qu’Alexei a été empoisonné avec quelque chose mélangé dans son thé » poursuit Kira Yarmysh. « C’était la seule chose qu’il avait bue depuis ce matin. Les médecins disent que la toxine a été aspirée plus rapidement à travers le liquide chaud. » Si l’hypothèse d’un empoisonnement s’avère, ce serait la seconde tentative en près d’un an.
Précédente tentative d’empoisonnement
L’opposant avait en effet été hospitalisé un court moment, fin juillet 2019, pour de larges boursouflures au visage. Une « grave réaction allergique », avait indiqué les autorités. Navalny avait senti son cou, son visage, son front se gonfler ; et d’importantes marques rouges apparaitre. Ce « mal bizarre », comme le qualifiait alors son entourage, avait immédiatement fait pensé à un empoisonnement, l’intéressé n’ayant pas d’antécédents allergiques. Il était alors emprisonné au lendemain d’une manifestation pour protester contre le résultat des élections locales à Moscou.
Un pourfendeur de la corruption
Ce pourfendeur de la corruption qui gangrène le pays nous avait confié lorsque nous l’avions rencontré à Moscou (3), en septembre 2013, « ma situation est un peu meilleure en ce sens ». « J’ai une certaine célébrité, qui me protège ». Apparemment, cela ne suffit plus à le protéger.
Un accueil en France ou en Allemagne ?
Dans le fil de la journée, l’état de l’opposant russe n’était pas rassurant. « Les nouvelles que nous avons à cette heure sont extrêmement inquiétantes » a indiqué Emmanuel Macron.
Une proposition Macron – Merkel
Recevant la Chancelière allemande Angela Merkel au Fort de Brégançon, le président français s’est dit « extrêmement préoccupé ». Il s’est dit « prêt à apporter toute l’assistance nécessaire » à l’opposant comme « à ses proches » sur le plan « sanitaire, sur le plan de l’asile ou de la protection ». Il pourrait ainsi être accueilli en France, ou en Allemagne (comme l’a proposé Angela Merkel).
Un avion prêt à décoller en Allemagne
L’Allemagne a, sur ce sujet, une certaine avance. Le leader de l’ONG allemande de défense des droits de l’homme Cinema for Peace, Jaka Bizilj a indiqué être prêt. « Un avion avec des spécialistes de réanimation décollera ce soir » a-t-il indiqué au quotidien Bild. « Si Navalny est prêt à être transporté dans la matinée, l’avion s’envolera immédiatement pour Berlin, sa femme sera également à bord ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
Mis à jour sur son état de santé, et avec la possibilité d’accueil en France ou en Allemagne
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(B2) La 96e réunion du mécanisme de prévention et de réponse aux incidents (IRPM) à Ergneti, jeudi (30 juillet), s’est tenue « dans une atmosphère positive et constructive » selon le communiqué de la mission des observateurs européens (EUMM Georgia).
(crédit : EUMM Georgia)Après une certaine période de crispation, chacun des participants (séparatistes ossètes comme responsables géorgiens) s’est engagé à « reprendre un dialogue régulier » et à recourir à la ligne d’assistance téléphonique gérée par l’EUMM Georgia.
La réunion a permis d’aborder plusieurs sujets délicats : l’impact sur la population locale de la fermeture prolongée des points de passage contrôlés le long de la ligne de démarcation administrative (ABL), la situation sécuritaire dans la région de Chorchana-Tsnelisi, les cas récents de détention ; ainsi que « d’autres incidents importants non résolus ».
Les questions relatives à la gestion des infrastructures d’irrigation le long de la ligne ont également été abordées.
Prochaine réunion : le 24 septembre.
(NGV)
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(B2) Un AWACS français a effectué une mission de reconnaissance en Méditerranée centrale au profit de l’opération européenne de contrôle de l’embargo au large de la Libye jeudi (6 août)
Décollant de la base aérienne 702 d’Avord, l’appareil a rejoint ensuite la Méditerranée. A bord, une vingtaine d’aviateurs spécialisés (pilotes, opérateurs et contrôleurs ainsi que techniciens radar et communication) dans l’observation. Durée du vol : huit heures, destinées selon l’état-major français à « enrichir la connaissance de l’activité maritime et aérienne en Méditerranée centrale ».
L’avantage de cet appareil est, en effet, qu’il permet de détecter et de surveiller un large espace (environ un million de km2), notamment les zones dépourvues de couverture radar. « Son endurance en vol, ses capacités techniques et le traitement des informations en temps réel » lui permettent ainsi de construire une image assez complète de la situation, ce « de manière autonome ».
C’est la première fois qu’un tel appareil est employé pour le compte de l’opération Irini, mais pas la première fois dans une opération maritime européenne. L’armée de l’air française avait ainsi prêté main forte à plusieurs reprises au plus fort de l’opération anti-piraterie EUNAVFOR Atalanta en 2009 et 2010 notamment (lire : Un avion Awacs français en renfort pour Atalanta).
Cette mission n’était pas apparemment prévue dans le timing originel de la mission. « La mission a été planifiée et programmée en quelques jours puis commandée en temps réel par le commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), basé à Lyon, en lien étroit avec le centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) » indique l’état-major des armées français dans son communiqué publié une semaine après le vol (le 13 août).
NB : on peut raisonnablement présumer que les informations rapportées sur ce vol n’ont pas servi qu’à l’opération Irini, mais aussi à rassembler nombre d’informations sur les navires turcs présents dans la zone.
(NGV)
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(B2) Face aux pressions turques en Méditerranée orientale, la France a décidé de renforcer sa présence maritime et aérienne au large de la Grèce
Rafale à La Souda (crédit : état-major grec)Réaffirmer l’attachement à la libre circulation
Objectif de cette présence : « renforcer l’appréciation autonome de la situation et affirmer l’attachement de la France à la libre circulation, à la sécurité de la navigation maritime en Méditerranée et au respect du droit international » comme le précise un communiqué du ministère français des Armées.
Regain de tensions gréco-turques
C’est le regain de tensions en Méditerranée orientale qui justifie cette prise de position. La Turquie a repris ses relevés sismographiques à proximité des îles grecques et annoncé des forages supplémentaires. Le navire turc Oruc Reis, sous escorte de la marine turque, s’est ainsi dirigé vers une zone considérée par la Grèce comme sa zone économique exclusive (ZEE). La marine grecque a été mise en état d’alerte. Le gouvernement turc a mal réagi à l’annonce d’un accord bilatéral de démarcation maritime entre la Grèce et l’Égypte le 6 août dernier. Accord qui empêche la réalisation de son projet de grande zone maritime issu d’un précédent accord entre Ankara et Tripoli (Libye).
Une décision française
La décision d’assurer un renfort « temporaire » de la présence militaire française en Méditerranée orientale a été annoncée mercredi (12 août) par Emmanuel Macron après sa rencontre avec le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, mercredi (12 août), et immédiatement mise à exécution. « Les décisions unilatérales de la Turquie en matière d’exploration pétrolière provoquent des tensions. Celles-ci doivent cesser pour permettre un dialogue apaisé entre pays voisins et alliés au sein de l’OTAN » a-t-il indiqué dans un tweet.
Utiliser les moyens disponibles
Dans l’immédiat, Paris va utiliser les moyens déjà déployés dans la zone au niveau aérien comme naval. Deux Rafale précédemment déployés à Chypre du 10 au 12 août pour un exercice ont ainsi fait « une étape » à la base aérienne de La Souda, en Crète, jeudi (13 août) où est stationnée la 115e escadre de combat grecque. Sur mer, le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre, en route vers le Liban, a été « rejoint cette nuit par la frégate Lafayette » (F-710), qui a appareillé de Larnaca (à Chypre), pour un exercice conjoint avec la marine grecque.
Manoeuvres franco-grecque. Au centre le PHA Tonnerre reconnaissable à sa silhouette carrée haute sur l’eau (crédit : état-major grec)Des exercices conjoints avec la marine grecque
Ont participé ainsi du côté grec les frégates Spetsai (F-453) qui a ainsi quitté pour un moment l’opération Irini où elle était déployée), Aigaίon IV (F-460), Limnos III (F-451) et Koundouriotis (F-462). Objectif, selon l’état-major grec : « contribuer à élever le niveau de préparation opérationnelle, la capacité de combat et la coopération des participants dans un contexte allié ». Outre les manœuvres en mer, les exercices ont notamment inclus, des éléments de planification opérationnelle conjointe, des échanges d’images tactiques et de communications, comme la coopération aérienne. Précision importante : ces manœuvres ont eu lieu y compris dans la zone où la Turquie a émis un Navtex (message d’information maritime) sur ses forages.
Commentaire : une répartition des rôles entre Paris et Berlin ?
Le déploiement de ces moyens a davantage une tonalité politique vis-à-vis de la Turquie, comme des partenaires européens. Tandis que Berlin joue les ‘bons offices’ entre Athènes et Ankara (sans grand succès pour l’instant), Paris hausse le ton et affiche ainsi sa détermination à ne pas baisser la garde face à la Turquie. Plutôt qu’une divergence dans le couple franco-allemand, on peut parler d’une répartition des rôles, assez logique. L’Allemagne qui assure la présidence de l’UE doit s’en tenir à une certaine neutralité entre les États membres qui n’ont pas tous une attitude très ferme vis-à-vis de la Turquie. Peu de pays européens embrayent ainsi le pas de la France en affichant ostensiblement une présence dans cette zone de la Méditerranée. Tandis que du côté de l’OTAN, on affiche un silence prudent bien embarrassés par cette nouvelle querelle entre alliés.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Mis à jour à 13h avec les éléments grecs de l’exercice
Cet article La France positionne deux Rafale et une frégate face à la Turquie (v2) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) L’assassinat de six Français des ONG française Acted et suisse Impact international, et de leurs deux accompagnateurs nigériens, dimanche (9 août), dans la région de Kouré, au Niger, a entraîné une réaction d’éléments de l’opération Barkhane.
Une patrouille de 2 Mirage 2000D a été immédiatement engagée dans la région pour participer à l’identification et la recherche des auteurs. Ce « à la demande des Forces armées nigériennes » précise un communiqué de l’état-major des armées. Cette patrouille aérienne a ensuite relayée ensuite par un drone.
Une équipe de prévôts et de techniciens d’identification criminelle venue de Gao (au Mali) a également été prépositionnées sur la BAP (base aérienne projetée) de Niamey avant d’être déployée sur la zone lundi (10 août) matin dans le cadre d’une mission d’assistance aux forces de police locales.
(NGV)
Cet article Des éléments Barkhane déployés au Niger après l’assassinat de six Français est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) L’attention est tournée vers le Liban ce mardi (4 août) après l’explosion qui a eu lieu vers 17h10 (locales) dans le port de Beyrouth
Une méga catastrophe
Un bilan qui s’aggrave d’heure en heure
Plus d’une centaine de morts (157 au dernier bilan) et plus de 5000 blessés ont été comptabilisés par la Croix-Rouge libanaise. Un bilan encore très provisoire, selon le quotidien l’Orient Le jour, qui pourrait s’aggraver encore dans les prochaines heures. 120 blessés sont dans un état critique. Et il y a toujours 60 disparus.
Plusieurs quartiers atteints
L’explosion, gigantesque, a en effet non seulement touché la zone portuaire mais les quartiers voisins, notamment Mir Mikael et plus généralement le quartier d’Achrafieh. Elle a été entendue à des kilomètres à la ronde. L’origine semble accidentelle selon des diplomates européens, dû « à l’explosion [en cascade] de stocks chimiques contenant de l’acide nitrique » (nitrate d’ammonium).
Hôpitaux submergés
Les hôpitaux libanais déjà aux prises avec l’épidémie de Covid-19 sont submergés. La Croix-Rouge libanaise a ouvert des centres de tri et de premiers soins dans plusieurs points de la capitale (place des Martyrs près de la mosquée Al Amin et au Forum de Beyrouth notamment).
Un navire de la FINUL touché
Un des navires que compte la force maritime des casques bleus a été touché par l’explosion et plusieurs de ses occupants blessés annonce la FINUL. Il s’agit d’une corvette de la marine du Bangladesh, le BNS Bijoy. 19 marins ont été blessés, certains assez gravement selon la FINUL. Deux hommes particulièrement seraient en état critique, selon le site Defseca.
Des ambassades européennes endommagées
Plusieurs ambassades de pays européens ont aussi été touchées. L’ambassade belge a subi « d’énormes dégâts » selon le ministre Philippe Goffin. Deux agents et deux membres de leur famille ont été légèrement blessés par des éclats de verre. L’ambassade néerlandaise a également été touchée, avec cinq blessés, dont un dans un état très grave. La femme de l’ambassadeur, Hedwig Waltmans-Molier, également diplomate, est décédée de ses blessures samedi (8 août).
Les représentations allemande comme autrichienne ont également été atteintes. Il y a des blessés dans le personnel allemand. Du côté autrichien on précise qu’il n’est « pas certain actuellement que les bureaux de l’ambassade puissent être utilisés dans les prochains jours ».
Une aide européenne qui se mobilise
Copernicus mis en œuvre
Le centre de coordination de la réponse d’urgence (alias ERCC, Emergency Response Coordination Centre) a rapidement mis en œuvre le système de repérage satellitaire Copernicus. Objectif : dresser une rapide cartographie de la situation et venir en aide aux autorités locales, indique Janez Lenarčič, le commissaire européen chargé de la gestion de crises. Le mécanisme européen de protection civile a été activé.
Le mécanisme européen de protection civile déclenché
Trois pays ont tout de suite répondu à la demande libanaise — la Grèce, les Pays-Bas et la république Tchèque — en envoyant des équipes de recherche et sauvetage. En tout, plus d’une centaine de personnes, spécialisées dans la recherche et le sauvetage en milieu urbain, avec des véhicules, des chiens et du matériel. Ces trois pays (avec la France) avaient très rapidement indiqué leur intention d’aider le Liban de façon concrète (1), tout comme la Pologne, l’Allemagne, l’Italie, Chypre, suivis par l’Autriche la Finlande, la Belgique et la Roumanie. Le Royaume-Uni a également répondu à l’appel.
Une aide financière
La Commission européenne a annoncé mobiliser 33 millions d’euros. Une somme qui inclut des ressources disponibles dans le cadre du Fonds fiduciaire régional de l’UE en réponse à la crise syrienne et débloquées en juin. Un contrat de 8 millions d’euros a été signé jeudi (6 août) pour soutenir les services médicaux d’urgence de la Croix-Rouge libanaise « dans ses efforts à améliorer l’accès aux soins pré-hospitaliers d’urgence et aux services de transfusion sanguine » indique l’exécutif européen dans un communiqué.
Un soutien politique affirmé
Le président du Conseil européen Charles Michel a annoncé, via un tweet, se rendre au Liban samedi (8 août), « pour transmettre la solidarité de l’Europe avec les habitants du Liban ». Des rencontres sont prévues avec le président Michel Aoun (Courant patriotique libre/Maronites), le président du Parlement Nabih Berri (Amal/Chiites) et le président du Conseil des ministres Hassane Diab. « Choqués et attristés, nous sommes aux côtés de tous ceux qui sont touchés et nous leur apporterons notre aide. »
Un pont aérien qui s’organise
En tout, onze pays de l’Union européenne + le Royaume-Uni ont répondu à l’appel du Liban par une aide directe, mobilisant plus de 330 sauveteurs et spécialistes (médical, risques, etc.).
France : huit avions militaires + 1 avion civil + 1 navire hôpital + 1 cargo + 124 sauveteurs, enquêteurs et médicaux
Du côté français, on n’a pas attendu. Deux avions militaires (un A400M Atlas et un A330 MRTT Phénix), transportant 55 personnes de l’UIISC1, l’unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile n°1 de Nogent le Rotrou (50 spécialistes du sauvetage-déblaiement et cinq experts du risque technologique) ont décollé de Roissy ce mercredi matin (5 août). À bord plusieurs tonnes de matériel sanitaire. De quoi monter un poste médical avancé pour prendre en charge jusqu’à 500 blessés.
Sapeurs pompiers militaires de l’UIISC1 sur le départ (crédit : Sécurité civile)Cela suit l’intention affichée par le président de la République. « Des secours et moyens français sont en cours d’acheminement sur place » indique par tweet Emmanuel Macron dès 21h le mardi soir. Un autre avion (un Bombardier Global 6000 affrété par CMA CGM) avec à bord neuf marins-pompiers de Marseille (médecins et infirmiers) de l’unité médicale d’intervention en milieu maritime (UMIM) a atterri dans l’après-midi à Beyrouth.
Un troisième avion militaire, un A400M Atlas transportant un détachement de 60 personnels du ministère de l’Intérieur, des renforts du ministère des affaires étrangères et de la Croix rouge — « des enquêteurs pour avancer dans les investigations, de recherche des corps comme des causes » de l’accident selon Emmanuel Macron —, a décollé de Vélizy-Villacoublay (région parisienne), jeudi (6 août), avec 15 tonnes de matériel et équipements. Le président français s’est rendu au Liban dès jeudi matin (écouter sa conférence de presse).
Il a été suivi (vendredi 7 août ) d’un avion C130J qui a décollé de la base aérienne d’Orléans avec du fret (11 tonnes de médicaments, ainsi qu’une palette de 10.000 doses de vaccins). Cela devrait permettre « la prise en charge de plus de 1000 blessés », précise le Quai d’Orsay. Un cinquième vol, assuré par un A310, a transporté personnels et frets, essentiellement pour assurer la relève de la FINUL. Trois autres vols militaires (deux A400M et un C160 Transall) sont prévus samedi 8 août et dimanche 9 août, afin d’acheminer notamment 13 tonnes de produits alimentaires et trois tonnes de médicaments.
Du côté de la marine aussi le soutien est actif, le BPC porte-hélicoptère amphibie PHA Tonnerre part dimanche (9 août) de Toulon pour arriver normalement jeudi suivant (13 août) à Beyrouth. Il permettra de déployer un hôpital de campagne. Il sera suivi par un cargo affrété par le ministère de la Défense. Au total, les armées auront convoyé 96 tonnes de fret, 130 personnes et 3 chiens (bilan au dimanche 10 août soir).
Grèce : 12 sauveteurs et 1 chien
Dès mercredi (5 août) matin également, une première équipe de l’unité spéciale grecque de lutte contre les catastrophes (EMAK), avec 2 véhicules, 12 sauveteurs et un chien, sont partis par un avion C-130 des forces aériennes, indique la protection civile grecque. Athènes est prête à envoyer une aide supplémentaire et du matériel médical au Liban, a indiqué le premier ministre Kyriakos Mitsotakis.
L’équipe EMAK sur le départ (Crédit : protection civile grecque)République tchèque : 36 sauveteurs et 5 chiens
Une équipe de secours tchèque, composée de 36 pompiers secouristes et 5 chiens de sauvetage, spécialisés dans la recherche de victimes de catastrophes dans les décombres, est partie mercredi (5 août) à 16h, a fait savoir le même jour le ministre de l’Intérieur, Jan Hamáček.
Pays-Bas : un avion et 60 sauveteurs
Mercredi soir (5 août), c’était au tour de l’équipe de recherche et de sauvetage en milieu urbain (USAR) néerlandais de s’envoler de l’aéroport d’Eindhoven à bord d’un avion civil vers Beyrouth. À bord plus de 60 personnes (pompiers, policiers, médecins et militaires), spécialisés dans la recherche de personnes disparues. Quelque 16 tonnes d’équipement lourd avec sauvetage et chiens suivent par un avion de transport lourd type C-17.
Allemagne : un navire et une unité de reconnaissance médicale
Berlin a décidé de réaffecter la corvette Ludwigshafen am Rhein qui dépendait de la FINUL vers l’assistance à la catastrophe. Le navire a quitté Limasol à Chypre jeudi matin (6 août) à 7 heures locales et doit être sur place après un trajet de six heures. Avec son médecin de bord, l’équipage d’environ 70 personnels est prêt à porter secours.
L’unité de soins intensifs mobile de la Bundeswehr à Cologne/Wahn destinée au transport aérien stratégique de patients (StratAirMedEvac) a été placée en état d’alerte accru. Une équipe de reconnaissance médicale de la Bundeswehr est déjà partie d’Allemagne avec un avion Global 5000. Selon le résultat, l’hôpital mobile pourrait être déployé et opérationnel en 96 heures, indique la Bundeswehr.
Pologne : 45 sauveteurs + 11 spécialistes (médecins, experts )
Un groupe de sauveteurs a décollé de Varsovie vers Beyrouth mercredi (5 août), à bord d’un avion de ligne régulière de la LOT vers 23h le soir. À bord, un groupe de recherche et de sauvetage du service d’incendie (USAR), composé de 43 sauveteurs et quatre chiens, renforcés de six médecins et cinq experts en matière de risques biologiques, radiologiques et chimiques et explosifs du Centre polonais pour l’aide internationale (PCPM Polskiego Centrum Pomocy Międzynarodowej). Groupe groupe dirigé par le brigadier Mariusz Feltynowski, qui a déjà dirigé les opérations de sauvetage lors des missions après les tremblements de terre en Haïti et au Népal. Ils sont arrivés dans la nuit (3 heures du matin) à Beyrouth, selon les pompiers polonais.
L’équipe de sauveteurs polonais USAR avant le départ (crédit : Państwowej Straży Pożarnej)Italie : 14 spécialistes des risques technologiques + un navire hôpital
Une équipe de 14 pompiers spécialistes des risques NBCR (Nucléaire, Biologique, Chimique et Radiologique) est arrivée à Beyrouth jeudi (6 août). Ils sont dirigés par la cheffe d’unité Stefania Fiore. Objectif, selon la sécurité civile italienne : « apporter un appui technique sur les risques chimiques et évaluer l’état des structures endommagées » par l’explosion.
Un avion a aussi décollé de la base d’intervention d’urgence humanitaire des Nations unies à Brindisi, organisé par le ministère des affaires étrangères, en collaboration avec le département de la protection civile, avec 8,5 tonnes de matériel médical mis à disposition par la coopération italienne, indique le ministre des Affaires étrangères Luigi di Maio sur facebook. Enfin, un navire hôpital devrait rejoindre le Liban également.
Finlande : une équipe de coordination de sauvetage
La Finlande envoie une équipe finlandaise de sauvetage, d’assistance technique et de soutien (TAST), formée aux opérations de sauvetage internationales. L’une des tâches de cette équipe sera de soutenir une équipe de coordination de l’aide internationale. Une aide matérielle est aussi prévue, contenant fournitures médicales et matériel d’hygiène.
Chypre : 10 sauveteurs, deux hélicoptères, deux avions d’aide
L’île de Méditerranée la plus proche du Liban a envoyé dès jeudi (5 août) une équipe de dix sauveteurs et huit chiens de recherche, à bord de deux hélicoptères de la police, partis de l’aéroport de Larnaca. Des équipes intégrées dans l’équipe grecque EMAK. Des fournitures d’aides médicales, alimentaires et logistiques ont également été convoyées à bord d’un Airbus A319 de Cyprus Airlines, le premier vol jeudi (6 août), le second le vendredi (7 août).
Equipe chypriote de sauveteur de la police (crédit : Aéroports de Chypre)Autriche : un coordinateur de secours
Un officier expérimenté dans les opérations internationales de secours en cas de catastrophe, le capitaine Gernot Hirschmugl, est parti jeudi (6 août) renforcer l’équipe de coordination de l’ONU (composée de 12 personnes), précise le ministère autrichien de la Défense. L’Austrian Force Disaster Relief Unit (AFDRU), une unité spécialisée de l’armée, a été mise en alerte.
Belgique : un C130 avec de l’aide, mais pas d’équipe BFast
Roumanie : un avion de matériel
Environ huit tonnes de matériel médical ont décollé samedi (8 août) de la 90e base aérienne de transport à bord de deux avions des forces aériennes (un C-130 Hercules et un C-27J Spartan).
L’aide roumaine déchargée à Beyrouth (crédit : ministère roumain des Affaires étrangères)Royaume-Uni : un navire
Londres envoie le navire HMS Entreprise actuellement amarré non loin du Liban, à Limassol (Chypre). Objectif : « aider aux travaux d’inspection du port de Beyrouth, évaluer les dégâts et aider à reconstruire cette structure vitale » selon les termes du ministre de la défense Ben Wallace. Une petite équipe de militaires a également été déployée à l’ambassade « pour aider à identifier les besoins et coordonner l’ensemble des mesures de soutien aux forces armées libanaises » (soutien médical adapté, assistance au transport aérien militaire et capacités de génie et de communication).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Une coordination des secours sur place
La répartition des secours sur place fait l’objet d’une coordination sous égide de l’ONU. Différents secteurs ont été attribués aux équipes de recherche déjà opérationnelles : A pour les Néerlandais, B pour les Qataris, C pour les Grecs, F pour les Français (à côté des Russes qui s’occupent du secteur G), I pour les Tchèques.
(crédit : USAR.NL)Mis à jour mercredi 13h et 20h, jeudi 19h, vendredi 12-13h et 16h, samedi 13h, dimanche 8h, avec les éléments du mécanisme européen de protection civile (v2), les détails des aides française (v2), néerlandaise et tchèque (v3), grecque et allemande (v4), l’aide supplémentaire française (v5), les aides polonaise, finlandaise et italienne (v6), chypriote et britannique, l’annonce par Charles Michel de son déplacement à Beyrouth (v7), l’aide potentielle belge et l’encadré sur la carte des secours (v8), précisions sur l’aide belge et roumaine (v9), aide supplémentaire française (v10).
Cet article Gigantesque explosion dans le port de Beyrouth. Les Européens se mobilisent (v10) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) La gestion d’un entrepôt logistique ou le commandement d’une salle de situation. Ce sont quelques unes des formations qui ont réussi à maintenir malgré le coronavirus. À côté des habituels dons d’équipements
(Ergneti) Ossétie-Géorgie. Dialogue autour de la stabilisation
La dernière réunion du mécanisme de prévention et de réponse aux incidents (IRPM) s’est tenue le 30 juillet à Ergneti, entre les responsables ossètes et géorgiens, sous les auspices de EUMM Georgia. Lire : Ossétie-Géorgie. Une réunion pour reprendre le dialogue
(Djibouti) Remorquage en mer
Opération de secours en mer pour la frégate espagnole Santa Maria de l’opération anti-piraterie de l’UE (EUNAVFOR Atalanta), suite à un appel à détresse, à environ 200 nautiques de là. Ll’hélicoptère de bord AB-212 a été réquisitionné pour localiser le navire et lui balancer nourriture et eau. Le remorqueur était à la dérive, en panne de moteurs depuis une dizaine de jours. Un seul homme d’équipage à bord, sans eau ni nourriture. La frégate, arrivée entretemps, sur zone, a envoyé une équipe d’arraisonnement, avec un mécano, pour essayer de réparer les moteurs. Verdict : impossible. Les marins se sont alors engagés dans une opération délicate : remorquer le bateau jusqu’à la terre. Un voyage de 130 nautiques accompli sans encombre jusqu’au port de Bossasso en Somalie, où le remorqueur a ét remis aux garde-côtes locaux. Détails ici
(crédit / EUNAVFOR Atalanta)(Kalesija) Bosnie-Herzégovine. Nouvelle stratégie de déminage
La technique de déminage « Land Release », plus rapide que les précédentes, va permettre de terminer plus vite le déminage du pays. Il reste près de mille km² à neutraliser. C’est ce qu’ont expliqué les experts de l’opération de stabilisation de l’UE (EUFOR Althea), lors de la visite d’officiels mi-juillet, sur un site à 120 km au nord de Sarajevo.
(crédit : EUFOR Althea)(Mogadiscio) Somalie. Formation en salle de situation
Première des quatre phases bouclée pour les 23 officiers et sous-officiers de l’armée nationale somalienne formés par la mission de l’UE de formation de l’armée somalienne (EUTM Somalia). Les militaires ont suivi une préparation théorique et procédurale à la salle de situation du quartier général des forces armées somaliennes. Détails ici
(crédit : EUTM Somalia)(Sénou) Mali. Gestion de stocks
Comment tenir un entrepôt aérien, stocker les pièces de rechange, gérer et faire le niveau des stocks, documenter le suivi et le stockage des produits chimiques ? C’est ce qu’ont appris douze sous-officiers des Forces Armées Maliennes (FAMa) (de huit escadrons différents). Le but de cette formation dispensée par la Cellule Stratégique Air de l’Advisory Task Force (ATF) de la mission de formation de l’UE de l’armée malienne (EUTM Mali) est de les rendre autonomes dans la gestion des pièces de rechange de leurs avions. Détails ici
(crédit : EUCAP Mali)(Agadez) Matériel
Des imprimantes, ordinateurs, onduleurs, caméscopes terrain et d’autres matériels indispensables pour contrer les menaces sécuritaires au nord du pays ont été remises à la police nationale et au service de lutte contre le terrorisme et la criminalité, par la mission UE de soutien aux forces de sécurité intérieures et de la stabilisation du Niger (EUCAP Sahel Niger). Détails ici
(crédit : EUCAP Sahel Niger)(Sarajevo) Bosnie-Herzégovine. Partenariat médical
L’hôpital général Abdulah Nakas de Sarajevo a été ajouté à la liste des hôpitaux qui coopèrent avec l’opération de l’UE en Bosnie-Herzégovine. Cela évite à l’opération de mettre en place des installations spécialisées. L’établissement gagne lui en contrepartie un soutien. Détails ici
(crédit : EUFOR Althea)Kosovo. Remerciements
Des membres du personnel de la mission État de droit au Kosovo (EULEX Kosovo) ont reçu la « médaille pour services rendus dans le cadre de la mission PSDC au Kosovo. Elle leur a été décernée par le chef de mission, Lars-Gunnar Wigemark. Détails ici
(crédit : EULEX Kosovo)(informations recueillies par Emmanuelle Stroesser)
NB : Pour tout connaitre ou réviser, n’hésitez pas à vous procurer notre ouvrage sur la PSDC
Lire aussi sur le B2 Pro :
… et sur le blog :
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(B2) C’est désormais officiel. La frégate Hamburg va rejoindre l’opération de contrôle de l’embargo sur les armes EUNAVFOR Med Irini
L’intérêt de cette frégate, sa capacité d’observation à l’aide de son radar multifonctions APAR (crédit : Bundeswehr / Sandra Elbern)Cela ne surprendra pas les lecteurs fidèles de B2 à qui nous avions déjà annoncé ce départ (lire : Le navire-amiral italien de l’opération Irini, le San Giorgio, arrive en renfort).
Départ le 4 août, pour 4 mois et demi
La frégate qui porte le numéro de coque F-220 partira de la base navale de Heppenser Groden, à Wilhemhaven, mardi (4 août) annonce la marine allemande. À bord, deux hélicoptères et une unité d’abordage du bataillon maritime (Seebataillons). Durée de la mission : 4 mois et demi. Le retour est attendu juste avant Noël, le 20 décembre.
La pleine capacité opérationnelle atteinte
Cela permettra à l’opération européenne d’atteindre sa pleine capacité opérationnelle, juste quelques jours avant la réunion informelle des ministres de la Défense de l’UE, la dernière semaine d’août, à Berlin. Il aura fallu cependant près de cinq mois à l’opération pour atteindre cette maturité.
Une capacité de surveillance sur une zone de 400 km
Cette frégate de la classe Sachsen est un navire polyvalent conçu pour l’escorte comme le contrôle maritime. Avec son radar SMART-L, d’une portée de plus de 400 km, capable de détecter plus de 1000 cibles simultanément, il peut surveiller un vaste espace aérien. Son système informatique permet de traiter toutes les données provenant des radars et autres capteurs ainsi que les informations des navires alliés.
Une mission sous l’influence du coronavirus
Le capitaine de frégate Jan Fitschen (42 ans), qui commande le navire, est bien conscient de la difficulté de la tâche qui l’attend. Une mission dont « la préparation, comme le déroulement, est placée sous le signe de Corona ». Les marins ont été mis dans une quarantaine spéciale pendant les deux premières semaines de transit, comprenant deux tests au Covid-19. Les escales portuaires seront aussi sensiblement différentes. Il se peut que les marins ne touchent pas terre avant leur retour à Wilhemhaven.
(NGV)
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(B2) Avant la pause estivale, j’ai choisi de donner la parole au commandant du porte-hélicoptères amphibie Tonnerre, le capitaine de vaisseau Arnaud Tranchant, qui vient de boucler une présence dans le golfe de Guinée
Le CV Tranchant à bord du PHA Tonnerre (crédit : Marine nationale)Déclenchée début juin, cette mission est désormais un classique pour la marine nationale. Depuis 1990, un bâtiment est présent dans la zone (1). Cette fois, avec des conditions d’exécution un peu différentes, compte-tenu de la crise du Covid-19.
Corymbe, c’est une mission à multiples facettes en fait ?
— On peut le dire. Notre présence a deux volets. Premièrement, assurer la sécurité des intérêts stratégiques français. Nous réalisons des patrouilles du fond du golfe de Guinée, dans la zone où nos opérateurs industriels sont présents, en interaction avec les forces françaises prépositionnées en Côte d’Ivoire et au Gabon. C’est un volet purement national. Deuxièmement, nous venons en appui aux marines du Golfe (Sénégal, Côté d’Ivoire, Bénin, Togo, Nigeria et Gabon). Nous faisons des patrouilles en commun ou effectuons des vols à leur profit avec notre hélicoptère de bord Caïman (2) pour surveiller la zone économique exclusive, ou lutter contre la piraterie et contre la pêche illégale. Nous faisons des entraînements conjoints et procédons à de multiples échanges.
Cette collaboration est un point important ?
— Bien sûr. Cela permet de partager l’appréciation de la situation. Ensuite le fait que la marine française soit présente régulièrement nous donne de la crédibilité, nous permet de tisser des liens fraternels assez intimes avec ces marines de manière à nous parler comme de vrais frères d’armes.
La crise du Covid-19 a-t-elle entraîné une modification du cours de la mission ?
— En effet. Cette mission a connu des modalités inédites avec six semaines de mer, en quasi autonomie. Nous avons fait juste deux escales de ravitaillement en gasoil à Dakar. Mais sans ravitaillement en vivres, ni en eau [Le Tonnerre est équipé pour produire sa propre eau potable]. C’était exigeant pour les équipages. Mais nous avons réussi à trouver des modalités, pour faire face à la fatigue induite par ces conditions.
Ce n’est pas la première fois que vous êtes dans la zone. La septième si j’ai bien compté. Quelle leçon en tirez-vous ?
— C’est ma septième mission en zone Corymbe. Il y a ici une densité en mer et une grande diversité des acteurs. Entre les pêcheurs locaux, les pêcheurs plus hauturiers, souvent asiatiques, la présence des plate-formes pétrolières, sans oublier les acteurs de la sécurité, privés ou étatiques, on voit bien ici la maritimisation du monde. Il y a énormément de monde sur l’eau. En vingt ans, j’ai pu assister à la densification des activités, avec du coup une évolution de la sécurité, liée à l’augmentation de ces activités, licites ou illicites.
Les marines locales sont-elles en état, à même de contrer cette menace ?
— Je ne porterai pas de jugement sur l’état des marines. Ce que je vois c’est qu’elles produisent des effets opérationnels. Elles ont déjà des capacités et montent en puissance. Elles naviguent, patrouillent, interviennent. Sur le plan du partage de l’information, le processus [de Yaoundé] produit de l’effet. Maintenant, l’intervention maritime reste un enjeu de taille. Il reste toujours des axes d’effort.
La crise du coronavirus a-t-elle aussi fait évoluer les modes d’action des pirates et bandits de mer ?
— La chute du cours de pétrole a produit une évolution du mode d’action des pirates, comme géographique. Le détournement de pétrole (bunkering) devenant moins rentable dans le golfe du Nigeria, ils se sont tournés vers la prise d’otages, lucratif avec les rançons. Les bunkerings étaient auparavant très concentrés dans les zones pétrolières. Mais cette activité d’otages se produit hors de ces zones, beaucoup plus loin des côtes. Ce qui augmente les zones à risque. Il faudra veiller à l’avenir si cette évolution persiste.
Ces attaques restent plutôt violentes, comparé avec ce qui se produit en Afrique de l’Est ?
— Le caractère très violent des actes pirates dans cette zone persiste. Cela n’a pas changé. Ce ne sont pas des pêcheurs reconvertis comme en Somalie. Ici, ce sont des organisations criminelles, organisées dans cet objectif, dont c’est le revenu principal, avec un impératif de résultat. Ce sont des attaques rapides. Ils montent à bord très vite, repartent avec des otages choisis très vite aussi, pour réintégrer leurs bases cachées [d’où ils négocient le versement d’une rançon]. Ils sont armés, avec des capacités d’autodéfense et d’agression importantes. Cela nous oblige à adapter nos modes : l’attaque étant rapide, il faut agir rapidement.
Vous êtes intervenus ?
— À chaque fois que nous avons pu apporter un appui, nous l’avons fait. Nous avons ainsi pu observer [à distance] trois attaques pirates (3). Toutes trois ont débouché sur des prises d’otages. Pour deux sur trois, nous étions trop loin pour intervenir. Une était davantage à portée. Nous avons déployé notre hélicoptère Caïman pour permettre le pistage de tous les navires à proximité. Les informations ont été transmises aux marines partenaires pour leur permettre d’agir. Nous nous sommes ensuite approchés du navire piraté, pour réconforter les marins, voir s’il y avait des blessés, recueillir les informations. C’est toujours utile pour connaître les modalités d’action des pirates.
Après Corymbe, quel est votre programme ?
— Retour à Toulon, où nous serons en alerte en métropole. En fin année, le navire connaitra un arrêt technique. Et l’année prochaine (2021), nous assurerons la mission ‘Jeanne d’arc’ de formation des jeunes officiers…
(Propos recueillis par Nicolas Gros-Verheyde)
Entretien réalisé le 11 juillet 2020, par téléphone alors que le PHA Tonnerre était dans le Golfe de Guinée, par une mer plutôt forte. Le navire est rentré au port le 17 juillet.
Le volet ‘coopération’ de la mission
La mission Corymbe a débuté par des entraînements conjoints avec les éléments français au Sénégal (EFS) et la marine sénégalaise. Fin juin, il s’est d’abord entraîné avec le patrouilleur ivoirien L’Emergence la lagune d’Abidjan, puis, dans le golfe de Biafra, avec les forces gabonaises avec, à la clé, entraînement amphibie, plongée et exercice anti-piraterie. L’hélicoptère Caïman a patrouillé ensuite à la demande du Nigéria et du Bénin pour repérer des navires. Après une seconde escale logistique à Dakar, sur le chemin du retour, le Tonnerre a mené un exercice de tenue de situation « surface » et un treuillage avec le patrouilleur sénégalais Fouladou. Au total, plus de 16.000 nautiques parcourus par le navire et 63 heures de vol pour l’hélicoptère Caïman, dont 12 missions de surveillance maritime.
Lire aussi sur le sujet :
Et notre dossier Mica Center :
Cet article Corymbe, une mission à double facette (cap. vaisseau Tranchant – PHA Tonnerre) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.