(B2) Voici un an que l’ancien chef de la diplomatie espagnole est aux manettes de la diplomatie européenne. L’intéressé lui-même l’avait confié à B2 avant d’entrer en fonction, il voulait agir là où il pouvait, insuffler plus de dynamisme et donner davantage de rôle aux États membres. Il tient parole apparemment
Josep Borrell arrivant à la salle du Conseil des ministres (crédit : Conseil de l’UE – novembre 2020)Moins prétentieux que Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, moins lisse que Charles Michel, le président du Conseil européen, l’ancien socialiste espagnol a fait son trou. Et son âge (73 ans) n’apparait pas comme un handicap. Au contraire…
Entre action et réalisme
Pour cerner Josep Borrell, il faut d’abord interroger son entourage. « Il sait ce qu’il veut. Il est réaliste sur ce qu’on peut espérer avoir » raconte un de ses proches. « Il ne veut pas juste parler, dire on est ‘préoccupé’ ou ‘très préoccupé’ et ensuite passer à autre chose. Si on est préoccupé, il faut faire quelque chose. Il faut chercher les voies alors pour le faire. Si on ne peut pas faire ou rien faire, autant ne rien dire ou ne rien tenter » et être discret.
À l’écoute
Par rapport à sa prédécesseure, « Josep Borrell a une approche plus précise sur ce que nous pouvons apporter, concrètement » indique un ministre de la Défense. Federica Mogherini « partait du principe qu’elle savait tout. Elle faisait tous les déplacements, n’accordait pas vraiment d’attention aux conseils des militaires, et n’en demandait même pas » nous confie un diplomate. « Borrell écoute beaucoup plus. Il demande les conseils. » Ce qui plait davantage aux États membres qui ont toujours eu l’impression avec le Haut représentant nouvelle formule’ en place depuis 2009 (1) de se voir dépossédés. Cela ne l’empêche de foncer le cas échéant.
Décider et foncer
Écouter ne veut pas dire ne pas décider. « C’est un vieux routier » qui perçoit quand il peut forcer la main, ou quand il ne peut pas. On l’a vu pour le lancement de l’opération Irini. Alors que le sujet trainait et menaçait de bloquer, « le Haut représentant a sorti un texte de sa manche », l’a posé sur la table des États membres. Cela a surpris. Mais cela a marché. Les États ont été d’accord pour reprendre l’opération. Au final, cette manière de faire a « beaucoup plu ». Car « il prend ses responsabilités ». « La mayonnaise prend. Pourvu que ca dure » ajoute notre interlocuteur. En tout cas, cela « nous change de Federica qui faisait un peu trop maitresse d’école ».
Un vrai changement
« Il y a un vrai changement » sur le fond comme sur la forme, confirme un autre vieux routier de la politique européenne. « Je me rappelle d’un moment [lors des évènements de Maidan en Ukraine] où on avait un Haut représentant (NB : Catherine Ashton) qui disait : ‘j’ai un problème avec les Weimar et une solution, les États-Unis ». Une erreur selon notre interlocuteur. Car « ce sont finalement les ‘Weimar qui sont allés ensemble à Kiev pour négocier un arrêt des violences »… et pas les US. Avec Josep Borrell, foin de tout çà. Si un groupe d’État veut prendre des initiatives, il le soutient et l’accompagne.
Tracer la perspective…
Pour résumer la méthode Borrell, comme nous le confie un diplomate, c’est « on trace la perspective. Le Conseil travaille. Il y a un mandat clair, une bonne répartition des rôles. On ne s’étend pas en long et large sur les sujets ». Et on essaie de garder tout le monde à bord. « Être efficace et uni. »
… et garder une certaine dose de pragmatisme
A cela il faut ajouter une certaine dose de pragmatisme. La discussion sur le plan 2020-2024 des droits de l’homme l’a montré. Alors que la proposition conjointe faite par le Haut représentant et la Commission européenne prévoyait un passage à la majorité qualifiée pour la mise en œuvre de ces recommandations, cela râlait du côté des États membres. Le Haut représentant a mis de côté sa proposition pour faire passer le reste du texte (lire : Droits de l’Homme et démocratie. La question de la majorité qualifiée reportée à plus tard )
Le hard et le soft power
Dans le concert mondial où les gros bras (Poutine, Erdogan, Trump, Netanyahou, Rohani…) jouent du muscle, Josep Borrell incarne assez fidèlement la petite musique européenne qui entend jouer sa partition habituelle, le soft power, en essayant de jouer (un peu) des effets de puissance, en s’appuyant sur son atout le plus cher (l’économie) et une volonté (stabiliser son voisinage). Ce n’est pas gagné. Mais l’exemple de l’accord sur le nucléaire iranien où les Européens ont tenu bon, malgré tout à l’administration Trump (lire : L’accord sur le nucléaire iranien. Des Européens droits dans leurs bottes), est peut-être un point clé dans ce tournant (stratégique ?).
Un homme au parler clair
Enfin, pour la presse, ce Haut représentant a un avantage : il connait ses dossiers et ses interlocuteurs. Et il parle ‘clair’ et ‘précis », du moins autant que possible, sans tirer la couverture à soi (2). On ne peut pas parler d’une totale franchise (ce serait l’antithèse de la diplomatie). Mais il n’esquive pas quand existe un problème ou une difficulté. Et quand il l’esquive, la non-réponse est … clairement une réponse.
Bien continuez !
A l’aune de cette première année, à B2, nous lui décernons donc une mention ‘Bien. Continuez’… Nous verrons si les quatre années à suivre permettront de confirmer (ou d’infirmer) ce jugement favorable.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : les méthodes de travail au cœur d’un débat entre ministres
Cet article Mozart contre Wagner, la méthode Borrell à l’œuvre est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) À quelques semaines de la prise de présidence de l’UE par le Portugal, le 1er janvier, José Diogo Pessoa Arroteia rejoint l’Océan indien
(crédit : Marine portugaise)Le capitaine de vaisseau portugais va prendre, à compter de jeudi (3.12), la tête de la force maritime européenne, présente au large de la Somalie (EUNAVFOR Atalanta), chargée de combattre la piraterie maritime.
Âgé de 52 ans, José Diogo Pessoa Arroteia est spécialisé dans les communications. Il dirigeait depuis le 4 septembre dernier, le Centre intégré de formation et d’évaluation navales.
À bord du navire espagnol Reina Sofia
Le Portugais officiera à bord du navire-amiral de l’opération, le Reina Sofia de l’armada espagnole, pour une durée de quatre mois (jusqu’à fin mars). Il sera accompagné d’une équipe de cinq marins et officiers de la marine portugaise qui formeront sa garde rapprochée. Frégate de la classe Santa Maria, le Reina Sofia (F-84) a une fonction : les opérations d’interdiction maritime et la protection des navires de type porte-aéronef ou porte-avions contre les menaces sous-marines, aériennes ou de surface.
Une opération Atalanta avec de nouvelles tâches
L’opération devrait connaitre une évolution l’année prochaine, selon nos informations, avec une extension de ses tâches à la lutte contre les trafics de drogue et d’armes, ainsi qu’une extension de sa zone d’opérations (surtout vers le Sud de l’Océan indien). La discussion se poursuit au sein des instances européennes pour avaliser ces changements.
(NGV)
Cet article Un officier portugais prend le commandement de la force anti-piraterie de l’UE (EUNAVFOR) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) La fouille du porte-conteneurs turc arraisonné par l’équipe de visite de la frégate allemande Hamburg il y a une semaine n’a pas eu lieu tout à fait au hasard. Les cris d’orfraie poussés par Ankara interpellent
Le navire turc Roseline A a été intercepté par la frégate allemande Hamburg dimanche dernier (22.11) (lire : Grabuge turco-germanique en Méditerranée orientale. Ankara s’oppose au contrôle d’un de ses navires).
Un navire repéré et suivi
Ce navire avait été repéré depuis plusieurs semaines à la fois par les moyens satellitaires, mais aussi aériens, de l’opération, selon nos informations. Si officiellement, « aucun matériel illicite n’a été trouvé à bord durant l’inspection », comme l’indique le communiqué de l’opération Irini publié lundi (23.11), cette présomption d’innocence semble très fragile. Car les militaires n’ont matériellement pas eu le temps de fouiller tout le navire, et notamment les quelque 150 conteneurs à bord.
Une fouille stoppée par la Turquie…
Un point confirmé par un porte-parole européen interrogé par B2 vendredi (27.11), lors du point de midi. Les militaires « n’ont pas pu fouiller tout le navire ». C’est un fait. Ils ont été « stoppés par la réponse de la Turquie ». L’absence de matériel trouvé ne vaut donc que « jusqu’au moment où ils ont arrêté l’inspection » indique Peter Stano, porte-parole du Haut représentant de l’UE. Elle ne signifie aucunement qu’il n’y a pas de matériel illicite à bord…
Des soupçons très forts
Le ‘Roseline A’ adore la Libye. Il a fait la navette au moins huit fois cette année, non seulement vers Misrata, mais aussi vers Chums ou Tripoli, et avait été placé sur la liste ‘rouge’ des bateaux suspects. Selon le média allemand Der Spiegel, des analystes de la mission européenne « Irini » ont découvert sur des images satellites que, lors d’un précédent séjour à Misrata, le navire avait déchargé des véhicules militaires blindés. Et, en novembre, quand dans le port turc d’Ambarli, des images de surveillance révèlent que des marchandises suspectes sont ramenées à bord du Roseline A, le doute n’est plus permis. Décision est prise alors d’intercepter le navire quand il pénètre (après être passé au large de la Crête) dans la zone d’opération de Irini.
Commentaire : une volonté turque de créer un incident ?
Pourquoi les Turcs ont mis plus de quatre heures à finalement refuser l’inspection d’un navire civil portant leur pavillon ? On peut émettre trois hypothèses principalement.
Première explication : un cafouillage à Ankara, qui aboutit à ne pas savoir quoi répondre… Tout à fait plausible, cela arrive même dans les pays les mieux organisés.
Deuxième explication : la réalité de la fouille vs la réalité de la cargaison. Les Turcs se rendent compte que les Allemands sont réellement en train de fouiller le navire et pourraient découvrir des éléments compromettants.
Troisième explication : la volonté de créer un incident. Ankara laisse faire d’abord, puis intervient in extremis, obligeant les Européens à battre en retraite, et ensuite crie au scandale sur la violation du droit de la mer (1). Objectif : mettre Berlin et les Européens dans l’embarras, viser l’opération Irini qu’ils combattent depuis le début. Au passage, l’humiliation des militaires allemands, obligés de rester à bord la nuit venue, n’est pas pour déplaire aux autorités turques (2). Connaissant l’ingéniosité et la duplicité turque, cette hypothèse est tout aussi valable que les deux premiers.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Un droit international violé de façon délibérée par la Turquie
Contrairement à tout ce qu’ils affirment, les Turcs n’ont pas le droit international pour eux.
Les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, votées en février et mars 2011, qui instaurent un embargo sur les armes, exigent de tous les États membres de l’ONU une pleine participation à l’instauration de cet embargo, notamment en prévenant toute exportation par des navires « battant leurs pavillon » (article 9) ou en inspectant les navires dans leurs ports et en haute mer (article 11), en saisissant et détruisant les biens illicites (article 12). Cela inclut de laisser contrôler ses navires civils, par une force agréée par les Nations unies et agissant sous son mandat. Ces résolutions sont prises sous le chapitre VII de la Charte des NU, justifiant le recours à la force.
Certes formellement, en vertu du droit de la mer et de l’état du pavillon, la Turquie avait tout à fait le droit de refuser une inspection d’un navire portant son pavillon. Mais, en vertu des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, la Turquie n’avait aucune raison valable de ne pas autoriser l’inspection d’un navire civil, a priori inoffensif, sauf si, justement, sa cargaison n’était pas… aussi inoffensive que cela. Ce refus, abusif, constitue une infraction au droit international et aux résolutions de l’ONU.
Cet article Trafic d’armes vers la Libye. De forts soupçons sur le porte-conteneurs turc Roseline A est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) La Belgique va réduire ses militaires présents en rue depuis l’attentat de 2016
Le Conseil des ministres belge a approuvé vendredi (27.11) la proposition de réduction progressive des soldats dans la rue (opération Vigilant Guardian), comme prévu dans l’accord de gouvernement.
Lente décrue jusqu’à septembre 2021
À partir du 2 décembre, le déploiement de militaire dans la rue va diminuer. Le nombre maximum de militaires déployés descendra à 300 personnes (contre environ 500 personnes aujourd’hui). La police fédérale va reprendre la mission de surveillance de certains lieux à partir du 1er décembre 2020. Si « le niveau de menace demeure constant », les forces de police, fédérale et locale, auront repris toutes les missions de surveillance de la Défense pour le 1er septembre 2021.
Déployés depuis 2015
Les militaires avaient été déployés au lendemain des attentats de Paris en janvier 2015, et renforcés à deux reprises essentiellement ensuite après les attentats du Bataclan, en novembre 2015 (Lire : Et Bruxelles devint noire) et au lendemain des attentats de Bruxelles en mars 2016 (lire : Mobilisation de la défense belge après les attentats)
(NGV)
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(B2) Les Belges devraient s’engager au Mali en 2021 de façon plus robuste qu’aujourd’hui
(crédit: mil.be)Une compagnie ou sous GTIA dans Barkhane
Un « sous GTIA » selon l’appellation française, une compagnie selon l’appellation belge devrait être intégrée à l’opération Barkhane, selon nos éléments, et non pas dans la task-force Takuba. Environ 200 hommes, venant surtout de la composante terre de l’armée belge, qui milite en particulier pour cet engagement permettant de tester également ‘grandeur nature’ ses nouveaux blindés Griffon et Jaguar, en interopérabilité totale avec les Français (1).
La prudence officielle
Ceci se retrouve explicité dans la note de politique générale du ministère de la défense soumise à la Chambre des députés, début novembre : « un déploiement d’un sous-groupe tactique d’armes combinées (CATSG ou Combined Arms Tactical Subgroup), éventuellement dans le cadre de l’opération française Barkhane, sera étudié plus avant et, le cas échéant, fera l’objet d’un débat parlementaire. » Un propos très prudent, qui tranche avec les autres engagements relatés de façon plus décisive dans cette note (EUTM, Minusma). Du côté du cabinet de la ministre belge de la Défense, la jeune Ludivine Dedonder, contacté par B2, on ne veut pas en dire vraiment plus.
Une ‘décision’ très politique
L’explication est très politique, comme me l’a confié un collègue bon connaisseur de la défense belge. La décision appartient normalement à l’exécutif en Belgique. Mais il n’y a pas d’unanimité, au sein de ce qu’on appelle la coalition ‘Vivaldi’ (2). Si les libéraux et socialistes francophones sont assez allants, Verts francophones, Ecolos et Socialistes flamands notamment ne ressentent pas une envie forcenée envers ce qui peut apparaitre comme une ‘aventure’ militaire. D’où la décision du gouvernement de recourir à une discussion parlementaire, une sorte d’approbation lui permettant d’éviter une crise sur un sujet accessoire en pleine crise du Covid-19.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Sur le sujet, lire aussi FOB qui a été un des premiers à couvrir cette information
Cet article Une compagnie belge dans l’opération Barkhane. Un accord politique encore nécessaire est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) A la veille de la conférence ‘Shade Med’, l’amiral Fabio Agostini, commandant de l’opération européenne Irini explique le pourquoi et le comment de cette arène virtuelle qui va réunir des acteurs civils et militaires des trois continents autour de la Mare nostrum
Un moment clé
En ce moment historique, d’une grande complexité et d’une effervescence remarquable, célébrer la mer Méditerranée dans un forum est une étape nécessaire. Cette conférence SHADE MED (Shared awareness and De-confliction in the Mediterranean) qui a lieu jeudi et vendredi (26-27 novembre) est importante. Elle va permettre à tous les professionnels et au public qui se connecteront par vidéoconférence de discuter des défis de la région et des perspectives d’avenir possibles.
Un lieu d’échanges essentiel, un pont entre l’Atlantique et l’Indo-Pacifique
Le bassin méditerranéen est désormais un ‘pont d’eau’ qui assure une continuité, avec les connexions commerciales, de l’Atlantique à l’Indo-Pacifique. Il s’agit d’une zone avec un taux très élevé d’échanges économiques et culturels, avec des acteurs historiques et nouveaux ainsi que des puissances régionales intéressées à avoir un certain poids influent en la matière.
Coopérer en Méditerranée un défi
Le thème de SHADE MED de cette année — « Les défis de la coopération en Méditerranée après la pandémie mondiale »— permettra d’éclairer les différents scénarios possibles et, grâce à des intervenants de haut niveau, ouvrira la voie à de nouvelles initiatives communes au profit de tous les acteurs qui ont des intérêts et partagent des objectifs liés à cette mer stratégique.
Une arène virtuelle pour trois continents
Je tiens beaucoup à ce séminaire international qui, précisément à cause de la pandémie du Covid-19, se déroulera en ligne. Pendant deux jours intenses, cela va être une arène virtuelle avec des participants des trois continents surplombant la mer Méditerranée mais aussi le quartier général de l’opération de l’UE IRINI que j’ai l’honneur de commander.
Réfléchir, comprendre et partager des idées
Nous estimons qu’il est nécessaire de réfléchir, de comprendre et de partager des idées sur la manière de faire face à la période actuelle et sur ce qui suivra la pandémie au niveau économique, humain et structurel dans la zone méditerranéenne. Je suis convaincu que si nous nous posons les bonnes questions et si nous faisons face à la réalité avec une approche holistique mais néanmoins pragmatique, nous pouvons réellement obtenir des résultats durables.
Il reste beaucoup à faire
Dans le cadre de l’opération IRINI, par exemple, nous avons essayé de traiter cette question en adoptant plusieurs mesures, en gardant toujours une attitude positive et proactive. Cependant, nous sommes conscients qu’il reste encore beaucoup à faire, à différents niveaux (pas seulement opérationnel), pour gérer raisonnablement tous les défis que le Covid-19 et la région méditerranéenne apportent avec eux.
Notre mission : garantir stabilité et sécurité en Méditerranée centrale
Notre ambition, avec cette conférence, d’apporter une contribution proactive. En restant à équidistance des parties, nous travaillons jour après jour pour garantir la stabilité et la sécurité en Méditerranée centrale. Notre avenir est écrit dans cette mer, berceau de la civilisation, une route bleue pour l’avenir, un scénario de défis et de grandes opportunités que la pandémie du Covid-19 nous force à saisir. Il nous appartient d’être proactifs et vigilants pour le bien-être commun.
Contre-amiral Fabio Agostini, commandant de l’opération IRINI
Titres et intertitres sont de la rédaction
Cet article Sécurité en Méditerranée. Deux jours pour réfléchir, comprendre et partager des idées (Fabio Agostini) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) La Grèce devrait envoyer une unité militaire dans la task-force Takuba au Mali. Un gage de son engagement européen
Athènes pourrait envoyer une petite unité militaire, dans le cadre de l’opération anti-terroriste initiée par la France, plus particulièrement dans le triangle des trois frontières, aux confins du Mali et du Niger.
Une unité de petite taille
La mission grecque sera de « petite taille » et impliquera du personnel des forces spéciales, selon notre collègue Savvas Vlassis du média grec Doureios. Ils devraient provenir de l’escadron parachutiste des forces spéciales (ou ETA comme Eidiko Tmima Alexiptotiston), une unité d’élite de l’armée grecque.
Pour la force protection
Au préalable, deux officiers des forces spéciales devraient être envoyés au Mali, en repérage, afin de s’informer sur le cadre opérationnel, se faire une image de la lutte en cours et de la mission de Takuba. Le contingent suivra ensuite. L’unité grecque devrait assurer, au début, la ‘force protection’ du camp.
La Grèce est le cinquième pays européen à s’engager dans cette opération au sahel (après l’Estonie, la Tchéquie, la Suède et l’Italie).
Commentaire : un engagement africain peu courant
Cet engagement des Grecs sur le terrain terrestre est suffisamment rare pour ne pas être signalé. Athènes n’avait pas montré un engagement notoire sur le terrain africain jusqu’ici. Les Héllènes ne sont actuellement que deux dans la mission de formation de l’UE de l’armée malienne (EUTM Mali). On peut donc y voir une contrepartie, solidaire, à l’engagement français indéfectible aux côtés des Grecs dans leurs différents répétés avec la Turquie. La France a d’ailleurs encore récemment envoyé plusieurs navires en Méditerranée orientale (lire : MEDOR. Trois navires et deux avions français pour surveiller du coin de l’œil la Turquie).
Un tournant grec dans la défense européenne
Mais il ne s’agit pas d’un simple retour d’ascenseur. La Grèce effectue un retour notable dans le dispositif européen de la défense, sous la direction du premier ministre (Nouvelle Démocratie), K. Mitsotakis. Après une période de prudence, elle s’est impliquée de façon notable dans la coopération structurée permanente (PESCO), coordonnant 5 des 26 projets les plus prioritaires. Elle est entrée récemment dans l’initiative européenne d’intervention (IEI) lancée par Paris. Elle commande aujourd’hui la force maritime en mer Méditerranée (EUNAVFOR Med Irini) y contribuant directement avec un navire et un avion de patrouille maritime. Enfin, lors de la réunion des ministres de la Défense de l’UE, vendredi dernier (20.11), le Grec Nikolaos Panagiotopoulos avait appuyé sur « l’intérêt commun » des États membres à « parvenir à la stabilité au Sahel et à renforcer la sécurité dans l’ensemble de la région », en particulier au Mali.
Une demande française de longue date
Cela répond à une demande française exprimée à plusieurs reprises. Le président français Emmanuel Macron l’avait évoqué de façon sybilline en recevant le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis fin janvier, parlant « d’opération conjointes maritime comme terrestre ». La ministre des Armées Florence Parly l’avait exprimé plus directement lors d’une rencontre avec son homologue grec, à Athènes en février. « J’ai demandé à mon homologue de considérer l’engagement, à un niveau significatif, des forces armées grecques à nos côtés, au sol, en Afrique, pour lutter contre la menace terroriste et neutraliser au plus loin les trafics. » « Cet engagement exigeant est porteur d’une forte expérience opérationnelle et d’une plus grande interopérabilité de nos forces. » avait-elle ajouté. (Télécharger ici). Et le sujet aurait été à nouveau abordé lors du sommet Med7 en Corse début septembre (lire : Sommet Med7. Les Méditerranéens menacent la Turquie de sanctions).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Correction apportée sur la dénomination de l’entité. Il ne s’agit plus de la gendarmerie
Cet article Sahel. La Grèce s’engage dans Takuba aux côtés des Français est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Héler, intercepter, arraisonner des navires relève du commun de l’action maritime en mer. Et de l’opération Irini en particulier. Mais encore faut-il bien distinguer les différentes modalités
(crédit : EUNAVFOR Med Irini)Des opérations d’interception maritime
Selon la situation et le degré de suspicion vis-à-vis de la rupture de l’embargo sur les armes ou le pétrole vers/de la Libye (1), il existe plusieurs options de visite : du simple interrogatoire (ou hailing) et de l’approche amicale (friendly approach) à l’arraisonnement plus ou moins ‘rude’. On distingue ainsi trois types d’arraisonnement, selon la volonté de coopération du navire: l’arraisonnement sans opposition (ou coopératif), l’arraisonnement non coopératif et l’arraisonnement avec opposition. Ces options diffèrent en termes de degré de force utilisée (non létale et létale).
Deux objectifs : information et vérification
Pour l’opération européenne de contrôle de l’embargo au large de la Libye (EUNAVFOR Med Irini), l’objectif général de ces interrogations ou interceptions est tout d’abord de recueillir des informations, de montrer la présence également, voire d’effectuer une fouille plus précise en cas de suspicion avérées.
Par voie de mer ou d’air
L’équipe de visite arrive à bord soit par voie de mer (bateau à coque rigide type RHIB ou Zodiac), soit par la voie des airs (hélicoptère). Cette dernière modalité souvent préférée pour des raisons de rapidité et d’adaptabilité à tous les temps (notamment en cas de mer un peu houleuse ou agitée) et aux navires hauts sur l’eau.
Codifiées dans les règles d’engagement
Toutes ces interventions se retrouvent normalement codifiées dans les « règles d’engagement » de l’opération Irini. Les ‘ROE’ (selon l’appellation courante des militaires) constituent là, un « cadre juridiquement contraignant » pour l’emploi de la force. Si elles paraissent insuffisantes au regard de la situation, et pour permettre l’arraisonnement, le chef d’équipe doit obtenir l’autorisation du commandant de la force pour mettre en œuvre d’autres mesures.
Les cinq formes d’approche d’un navire
Premier contact : le hailing
Le « hailing » (hélage ou interrogation) est le premier contact avec un navire . Il s’effectue en général via la radio maritime VHF. L’interrogatoire implique la collecte de données sur un navire marchand : données générales et techniques, équipage, cargaison, destination et historique du voyage (départ, escales, horaires, etc).
Les informations obtenues sont alors transmises au commandement de l’opération de l’UE, qui les évalue. Et, si nécessaire, ordonne des mesures supplémentaires. C’est là que tout commence. C’est la base d’un processus. Si rien de suspect n’est constaté, l’appel est discret. Le navire interrogé est relâché et peut poursuivre son voyage en tant que navire dit autorisé. S’il y a un élément à vérifier, on passe à la suite avec des mesures militaires supplémentaires nécessaires (cf. ci-dessous).
Second mode : l’approche amicale (Friendly approach)
Par définition, l’approche amicale n’est pas l’arraisonnement, mais plutôt l’approche d’un navire non suspect. Cela nécessite « toujours » le consentement de son capitaine. Le consentement de l’État de pavillon n’est pas nécessaire. L’utilisation de mesures coercitives, l’attribution de lieux, la collecte de données personnelles et les recherches sont interdites.
Le but est, ici, de recueillir des informations, au besoin de clarifier les conversations radios, comme d’informer l’équipage sur l’objectif de l’opération. Il permet ainsi de faire comprendre la présence des navires de guerre dans la zone maritime et d’établir une confiance mutuelle. C’est un outil de présence, de dissuasion comme d’information. Une ‘aimable conservation’ de police en quelque sorte.
L’arraisonnement sans opposition (Unopposed Boarding)
L’arraisonnement sans opposition représente le niveau le plus bas des ‘abordages’. S’il y a un soupçon de violation de l’embargo sur les armes, c’est souvent sur ce format que le navire de guerre se dirige.
En principe, le consentement du capitaine civil et celui de l’État du pavillon doivent être requis. L’équipage est dit coopératif. La résistance n’est ni attendue ni avérée. En gage de coopération, en général, une échelle de pilote est lancée à l’équipe de visite, venant par le hors-bord. Le chef d’équipe est normalement un des premiers récupérés par le premier officier du navire.
L’équipage est consigné dans un espace commun. L’équipe de visite, en coopération avec lui, fouille soigneusement le navire sous sa propre sécurité. Les membres d’équipage sont photographiés et identifiés. Tous les documents et pièces du navires sont consultés et évalués.
L’arraisonnement non coopératif (non-cooperative Boarding)
Dans ce cas, ni le consentement de l’État du pavillon ni celui du capitaine ne sont acquis. L’équipage prend parfois des mesures de résistance passive pour rendre difficile l’embarquement de l’équipe, le retarder ou l’empêcher. Des exemples typiques sont le fait de ne pas répondre aux appels vocaux marins ou de refuser qu’ils montent à bord, y compris de ne pas déployer une échelle de pilote.
Pour l’équipe de visite, cela signifie recourir à des règles d’engagement un peu plus larges. Elle pourra ainsi monter à bord du navire marchand contre la volonté de l’équipage et le fouiller de façon plus élaborée. Lors de la fouille, une partie des militaires assureront la protection des autres.
Arraisonnement de force (Opposed Boarding)
C’est le niveau d’arraisonnement le plus robuste. Le navire suspect refuse activement de laisser monter l’équipe d’arraisonnement. En règle générale, l’équipe doit alors forcer l’accès. Du côté de l’équipage, il s’agit clairement de contrer la visite. L’équipe de visite, en coopération avec un membre de l’équipage fouille soigneusement. Le reste de l’équipage est consigné dans un espace commun
Le risque d’un incident est élevé et le recours à la violence armée est concevable des deux côtés. À bord du navire, l’équipe de visite doit adopter une approche tactique qui met l’accent sur la sécurité de l’équipe et permet en même temps de sécuriser les preuves, les données et les informations. En général, cet arraisonnement nécessite l’utilisation de forces spéciales.
Et après la visite ?
S’il n’y a pas de problème, après enquête complémentaire au besoin, le navire marchand est libéré pour continuer le voyage. Il est « important d’éviter autant que possible les retards dans l’intérêt des compagnies maritimes » précise un officier maritime. Si le soupçon de violation est avéré, « des mesures supplémentaires » peuvent être requises.
Déroutement vers un port de diversion
Le navire va par exemple être dérouté vers un port de l’Union européenne, sous escorte (2). Il y en a pour l’instant un déjà désigné : Marseille (lire : Le port de Marseille, port de déroutement pour Irini). Mais un ou deux autres devraient être désignés rapidement (en Grèce et/ou en Italie), afin de mener une enquête plus approfondie sur le navire et sa cargaison. Des échantillons peuvent ainsi être prélevés s’il s’agit d’une cargaison liquide (violation de l’embargo sur le pétrole) et analysés à terre.
Garde à vue et mise sous séquestre
Si le soupçon est avéré, la saisie du navire (ou sa mise sous séquestre à titre conservatoire), la mise en garde à vue du capitaine ou de certains officiers de l’équipage, le consignement de celui-ci à terre ou sur leur navire peuvent être ordonnés. Les poursuites pourront être engagées ensuite soit par l’État du port de diversion, soit (au besoin après transfert) par l’État du pavillon du navire ayant procédé à l’arrestation. La base de ces poursuites reste la résolution de l’ONU sur le contrôle de l’embargo sur les armes.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article est extrait de conversations avec les militaires, de la communication officielle et des données de l’opération Irini. La réalité est un peu complexe. Mais nous avons essayé d’être aussi didactique que possible. Toutes les précisions ou ajouts sont bienvenus (case commentaires)
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(B2) Le ton monte à Ankara. L’affaire du Roseline A prend une tournure très politique
Les plénipotentiaires européen, allemand et italien convoqués aux affaires étrangères turques (crédit : MAE Turquie)Protestation officielle
Le ministère turc des Affaires étrangères a ainsi convoqué lundi (23.11) les ambassadeurs européen, italien et allemand pour leur remettre une note de protestation officielle après l’arraisonnement par la frégate allemande Hamburg dans le cadre de l’opération Irini de ce navire marchand (lire : Grabuge turco-germanique en Méditerranée orientale. Ankara s’oppose au contrôle d’un de ses navires (v2)). « Un acte non autorisé et forcé » selon lui.
Un navire qui transportait de la peinture et des biens humanitaires !
Selon les autorités turques, en effet, le MV Roseline A, ne transportait que « de la peinture, du matériel lié à la peinture et des biens d’aide humanitaire ». Le capitaine du navire « a coopéré et a partagé des informations détaillées sur la cargaison du navire et son itinéraire ». « Néanmoins, à 17h45, des éléments armés de l’opération Irini sont montés à bord du navire et ont effectué une longue ‘inspection’ durant des heures ».
Des méthodes robustes
Tous les membres de l’équipage, y compris le capitaine, « ont été fouillés de force, rassemblés et confinés dans un seul endroit, les conteneurs ont été fouillés par la force, tandis que le capitaine a été placé sous la garde d’un militaire armé. » Une intervention « menée sans le consentement ni de la Turquie, en tant qu’État du pavillon ni du capitaine du navire ». L’intervention aurait « duré jusqu’après minuit » selon le communiqué de la diplomatie turque, et « n’a pris fin que sur les objections persistantes de la Turquie ». Le personnel armé est resté à bord et a quitté le navire marchand à 9h38 du matin.
Le consentement de l’État du pavillon
Et la Turquie d’annoncer qu’elle se réserve le droit de demander une « indemnisation des personnes physiques et morales concernées pour les dommages et pertes pouvant résulter de cet acte ». Le consentement de l’État du pavillon « avant d’interférer avec les navires marchands dans les eaux internationales » est nécessaire, poursuit le communiqué. « Les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies sur l’embargo d’armes vers la Libye n’éliminent pas cette obligation ».
Une opération lancée sans l’aval de la Turquie et de l’OTAN
Au passage, les Turcs contestent — c’est courant — la « neutralité de l’opération Irini », avec un argument nouveau cette fois. L’UE l’aurait « lancée sans consulter ni le gouvernement légitime de la Libye, ni la Turquie ni l’OTAN ».
Commentaire : on peut avoir quelques doutes sur les leçons de droit international d’un pays qui n’a pas signé la convention de Montego Bay et a violé à plusieurs reprises les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU (notamment sur Chypre). Sa version des faits est à considérer. Mais elle ne parait pas correspondre tout à fait à celle donnée tant par les autorités européenne qu’allemande (lire notre papier mis à jour, Grabuge turco-germanique en Méditerranée orientale. Ankara s’oppose au contrôle d’un de ses navires). Quant au dernier argument, sur l’opération Irini, on est là dans un joyeux délire. Se déroulant en haute mer, sur la base (et l’injonction) d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, l’Union européenne n’a ni à demander le consentement de la Libye et encore moins de la Turquie ou de l’OTAN. Ankara semble se comporter en l’espèce comme chargé d’un protectorat sur la Libye. Un leurre d’une autre époque.
(NGV)
Enquête ouverte par le procureur
La justice turque a ouvert vendredi (27.11) une enquête sur l’arraisonnement. Une perquisition menée sans « l’autorisation de la Turquie et contre les réglementations internationales » indique le bureau du procureur d’Ankara dans une brève déclaration, selon le quotidien progouvernemental Daily Sabah.
En savoir plus : voir quelques images de l’interception (via Reuters)
Mis à jour – ajout du commentaire sur la position turque + encadré sur l’ouverture d’une enquête par le procureur turc
Cet article La Turquie proteste officiellement contre l’interception d’un de ses navires marchands par l’opération Irini (v3) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) L’arraisonnement d’un porte-conteneurs turc suspect par une frégate allemande participant à l’opération Irini a tourné court dimanche (22.11) au large de Benghazi
Un navire de la compagnie Arkas repéré entre Crête et Libye
Tout a commencé quand un navire marchand turc ‘Roseline A‘ a été intercepté dimanche (22.11) après-midi par la frégate allemande ‘Hamburg’, à environ 160 nautiques (env. 280 km) au nord de Benghazi, dans l’est de la Libye. Une interception faite dans le cadre d’un mandat international de contrôle de l’embargo sur les armes et de l’opération européenne maritime EUNAVFOR Med Irini.
… avec suspicion de transport d’armes
Il était 15h30 selon les sources officielles. Le porte-conteneurs, battant pavillon turc, et appartenant à la compagnie Arkas (qui travaille notamment pour la Deutsche Bahn), avait quitté Ambarli en Turquie, direction : Misrata (port sous contrôle du gouvernement de Tripoli). Il était suspecté de contenir des armes à destination de la Libye.
Les soldats allemands priés de retourner dans leur navire
Une mission qui n’est pas « de routine », contrairement à ce que disent certains médias (1). Quand un navire turc est fouillé, on s’attend à une réaction. Celle-ci n’a pas tardé. « Quelques heures seulement après que les soldats allemands aient embarqué sur le navire en fin d’après-midi », la Turquie a officiellement protesté selon le média Der Spiegel.
D’une attitude coopérative à un refus net d’Ankara
Point confirmé à la Bundeswehr. « Au départ, la situation à bord était coopérative », précise l’état-major allemand des opérations dans un tweet (2). Mais « par la suite » le vent a tourné : l’État du pavillon — la Turquie — n’a pas accepté l’arraisonnement ». Contactée par B2, l’opération Irini, confirme avec quelques précisions supplémentaires.
Des efforts de bonne foi pour obtenir l’accord de l’Etat du pavillon
L’opération européenne estime avoir fait des « efforts de bonne foi » pour obtenir le consentement de l’État du pavillon (la Turquie). Mais celui-ci n’a « pas répondu ». D’où cette inspection avec la coopération du « capitaine du navire comme de l’équipage ». Ce n’est qu’ensuite que l’État du pavillon a « clairement indiqué qu’il refusait l’autorisation d’inspecter le navire ». Ordre (3) a alors été donné de suspendre l’activité d’inspection.
La Turquie ne répond pas quatre heures
Selon nos informations, le commandement d’Irini et les militaires allemands ont effectivement attendu plus de quatre heures avant d’intervenir. Aucune réponse n’étant venu d’Ankara, l’inspection a été ordonnée. Le principe étant qu’une non réponse dans un certain délai équivaut un consentement. « S’il n’y a pas d’objection dans un certain délai – environ quatre heures – cela est considéré comme un consentement tacite » a confirmé Christian Thiels porte-parole du ministère allemand de la défense*.
À bord jusqu’au lever du soleil par sécurité
L’équipe d’arraisonnement est cependant « restée à bord jusqu’au lever du soleil », après avoir « consulté » et obtenu l’accord du capitaine du navire marchand. Ce « afin de pouvoir rentrer sur le Hambourg en toute sécurité », précise-t-on du côté allemand. Le ‘Roseline A’ a alors pu poursuivre sa route vers la Libye et a atteint Misrara dans la journée lundi.
Aucun matériel illicite à bord
Officiellement, selon les Turcs, le navire transportait de l’aide humanitaire.« Aucun matériel illicite n’a été trouvé à bord durant l’inspection » affirme-t-on à Irini. Un point qui doit être relativisé. Les militaires n’ont matériellement pas eu le temps de tout fouiller à bord. Le navire avait à son bord quelque 150 conteneurs.
Un rapport sera fait à l’ONU
Interrogé par la presse au point de midi (4) ce lundi (24.11), Peter Stano, le porte-parole du Haut représentant de l’UE, a tenu à préciser trois points.
Premièrement, l’opération Irini agit « toujours en fonction d’un certain nombre d’informations dont elle dispose », dans le cas « d’inspections, d’appels ou de communications avec des navires suspects ». Il ne s’agit pas de contrôles tout à fait au hasard…
Deuxièmement, l’État du pavillon sous lequel navigue le navire « a le droit de refuser l’inspection ». Quand l’opération Irini fait la demande, si l’Etat responsable n’est pas d’accord, l’inspection ne peut pas avoir lieu. Bien sûr, il y a eu « des contacts entre nous et les partenaires turcs, car les Turcs ne donnent pas l’autorisation d’effectuer l’inspection des entités dont ils sont responsables ».
Troisièmement, « dans le cas de non-inspection — et dans de nombreux cas d’inspection, d’appel ou de soupçons —, Irini en fait rapport à l’ONU ».
Et d’ajouter, en guise de préambule : il est « important qu’Irini s’acquitte de son mandat ». Il s’agit « de faire respecter l’embargo » établi au niveau international (et approuvé unanimement au Conseil de sécurité des Nations unies). NB : L’opération Irini a, jusqu’ici, effectué cinq arraisonnements de ce type.
Commentaire : une volonté turque réelle de contourner l’embargo
Cet évènement n’est pas sans rappeler l’affaire du cargo turc Cirkin, en juin dernier, qui avait refusé à plusieurs reprises le contrôle tant par les navires de l’opération Irini (lire : Un cargo sous escorte turque soupçonné de violer l’embargo sur les armes), que par les navires de l’OTAN. Contrôle qui avait débouché, au final, après un nouveau contrôle, en un incident rarissime entre alliés, impliquant la frégate française Courbet (lire : Le Cirkin n’en était pas à son coup d’essai. Un navire français illuminé au radar).
De possible suspect, le navire devient véritablement suspect
On assiste à la même volonté d’échapper au contrôle sur ordre des autorités d’Ankara, avec le même prétexte de l’aide humanitaire. L’un étant contradictoire avec l’autre. Vu la catégorie de navires, porte-conteneurs, il parait évident que le navire ne contenait pas que des armes. Mais il n’est pas exclu du tout qu’un ou plusieurs containers recelaient de tels équipements… Au vu de l’attitude turque, on peut avoir un (très) gros doute. Si on est vraiment face à du matériel aussi inoffensif qu’annoncé (peinture et aide humanitaire), il n’y a aucun motif de s’opposer au contrôle, sauf d’un point de vue politique. Le fait d’avoir interrompu la fouille à un moment clé est, en soi, troublant.
Le bras de fer entre Européens et Ankara se poursuit
Alors qu’un missi dominici turc (le conseiller à la sécurité nationale du président turc) était en visite à Bruxelles vendredi (20.11) pour convaincre des hauts fonctionnaires européens de la bonne volonté turque, cet incident montre que rien n’a changé à Ankara. En provoquant l’Allemagne, qui est un farouche partisan du dialogue ‘positif’ avec la Turquie, il n’est pas sûr que Recep Tayyip Erdogan améliore ses relations avec les Européens. Or, les chefs d’État et de gouvernement doivent se prononcer les 10 et 11 décembre sur la mise en place de mesures de rétorsion, à commencer par la réduction des relations avec l’ancien empire ottoman.
(Nicolas Gros-Verheyde, avec Hannah Guérin st.)
Lire aussi :
* Mis à jour : éléments fournis par Irini, photo de l’arraisonnement, info sur la longueur des contacts entre Européens et Turcs, précisions sur le délai de 4 heures. Et les articles complémentaires.
Cet article Grabuge turco-germanique en Méditerranée orientale. Ankara s’oppose au contrôle d’un de ses navires (v4) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2 à Neder-Over-Heembeek) Pour éviter de répéter les erreurs du printemps, la nouvelle ministre de la Défense entend mobiliser ses troupes. En témoigne sa visite à l’hôpital militaire Reine Astrid mercredi (28). B2 l’a accompagnée
C’est une des leçons de la première vague du printemps. Les militaires avaient été plutôt tardivement mobilisés. L’hôpital militaire qui dispose pourtant d’un potentiel important était ainsi resté sous-utilisé dans les premiers temps. Le nouveau gouvernement de grande coalition (dit ‘Vivaldi’) entend donc faire monter au front du Covid-19, tout de suite, ses militaires. Une différence notable avec la France qui a, sur ce point, une attitude plus prudente.
Une réserve de 1500 militaires disponibles
« Dès mon arrivée » début octobre, « j’ai directement demandé une analyse détaillée des capacités pour être pro-actifs » explique Ludivine Dedonder (PS wallon) derrière son masque aux couleurs tricolores (noir jaune rouge) de la Belgique. Résultat, le pays compte aujourd’hui « 1500 militaires disponibles, dont 350 de la composante médicale. Et les autres sont en appui logistique ». C’est « quinze fois plus que lors de la première vague, où on avait une centaine de militaires », explique-t-elle, un rien fière du résultat. Et cette aide « importante le sera encore davantage dans les semaines à venir » promet-elle.
Prêts à déployer un hôpital de campagne
Ces militaires « sont disponibles immédiatement. Si nous devons venir en appui d’un hôpital de campagne, nous le [ferons] » assure-t-elle, répondant aux questions de B2. « L’armée par nature doit être prête à réagir à toute urgence. Les militaires sont habitués aux situations de crise. » Et cette assistance s’étend à tous, notamment aux maisons de repos (qui avaient été un peu laissées à l’abandon lors de la première vague).
Dans les 24 heures dans les maisons de repos si problème
Si un besoin se manifeste, il suffit « par exemple pour un directeur de maison de repos d’aller vers le bourgmestre [le maire] ou le gouverneur [de province]. Celui-ci envoie alors les informations au centre national de crise, qui les dispatche. Et nous sommes prêts à intervenir dès le lendemain ». Concrètement, l’armée peut faire beaucoup, nous détaille la ministre : « Il faut des gens pour aider les personnes handicapées à manger, désinfecter les locaux. Il faut des ambulanciers, du transport médical. On peut former le personnel dans les maisons de repos (MRS) ou apporter du soutien logistique ».
L’Allemagne
Quant à la coopération avec les partenaires européens, elle est bien présente, se réjouit L. Dedonder. Il y a une « bonne entente et un bon soutien ». La Belgique « a déjà reçu une proposition d’aide de l’Allemagne, moins impactée par le virus pour le moment, pour prendre des patients ». Cette solidarité était visible lors de la dernière réunion des ministérielle de l’OTAN, la semaine dernière.
(Aurélie Pugnet)
Lire aussi : Sophie, Ludivine, Annelies. Un trio de femmes prend la tête des ministères régaliens en Belgique
Cet article Belgique. L’armée envoyée sur le front du Covid-19 (Ludivine Dedonder) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Une équipe d’une douzaine de militaires du Monténégro a rejoint l’opération anti-piraterie de l’UE dans l’Océan indien
L’équipe de militaires monténégrins au contrôle médical à Djibouti, sous l’oeil vigilant du ‘team’ sanitaire espagnol (crédit : EUNAVFOR Atalanta)Ils seront déployés en tant qu’équipe APVD (Autonomous Vessel Protection Team), pour assurer la protection des navires du programme alimentaire mondial (PAM) qui ravitaillent la Somalie à partir du Kenya.
Ce n’est pas la première fois que les militaires de ce petit pays des Balkans montent à bord de l’opération européenne. C’était déjà le cas il y a trois ans, en 2017 (lire : Une équipe de VPD monténégrins à bord du navire du PAM).
(NGV)
Cet article Les Monténégrins à l’assaut des navires du PAM est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) La contestation pacifique et le courage d’un peuple contre le pouvoir d’un régime et d’un homme, le Biélorusse Alexandre Loukachenko, est mise à l’honneur par le Parlement européen
Svetlana Tikhanovskaïa à la commission des affaires étrangères (crédit : Parlement européen)Celle-ci conteste depuis le 9 août la réélection du « dernier dictateur d’Europe » comme le surnomme l’un des eurodéputés les plus actifs sur ce dossier, le Lituanien Petras Austrevicius. Le Parlement européen s’est fait depuis septembre le relais des témoignages des militants, journalistes, citoyens poursuivis, brutalisés, torturés par les forces de l’ordre du régime Loukachenko. Il a encore adopté la semaine dernière, à une très large majorité, une résolution pour exiger que l’Union européenne revoit ses relations avec la Biélorussie.
Soutien européen
Depuis cet été, les premières manifestations et leur répression par le régime de Loukachenko, le Parlement européen soutient l’organisation de nouvelles élections, la libération des personnes détenues, l’arrêt des brutalités et violences policières contre les manifestants. L’annonce jeudi midi (22.10) par David Sassoli, son président, que le prix Sakharov 2020 revenait à cette opposition pacifique n’a donc surpris personne.
… et diplomatie parlementaire
Le prix Sakahrov – du nom du physicien et dissident politique soviétique – est décerné (ainsi que 50 000 euros) par le Parlement européen pour célébrer la liberté de l’esprit. Chaque année, depuis 1988, plusieurs candidats sont désignés par les groupes politiques qui composent l’hémicycle européen. Cette année, les trois principaux groupes du Parlement européen — les chrétiens-démocrates du PPE, les socio-démocrates de la S&D, les libéraux de Renew, ainsi que les conservateurs d’ECR – avaient, tous, proposé de distinguer l’opposition au pouvoir de Loukachenko. Une assez rare unanimité.
Merci au Parlement« Sakharov Prize for Freedom of Thought 2020 goes to the democratic opposition of Belarus. Thanks to the @Europarl_EN It’s a great honor for all Belarusians ! », a réagi sur son compte Twitter Svetlana Tikhanovskaïa à peine l’annonce faite, jeudi (22.10) à midi. Au-delà des frontières de Biélorussie, c’est elle qui incarne l’opposition démocratique au régime depuis l’élection faussée de la présidentielle le 9 août.
Résistance même en exil
Svetlana Tikhanovskaïa a repris la candidature de son mari, le blogueur et dissident Siarhei Tsikhanouski, emprisonné. Il est toujours détenu. Deux jours après l’annonce des résultats de la présidentielle, elle a été poussée hors du pays. De Lituanie où elle a trouvé refuge, elle a constitué un conseil de coordination. Ses membres ont été, un à un, à leur tour, poussés à l’exil.
Un prix à des femmes courageuses
Le prix ne récompense pas qu’elle. Mais ces « femmes courageuses » comme le président du Parlement européen les a qualifiées. Toutes à l’initiative de la création du Conseil de coordination. Il y a ainsi Svetlana Alexievich (prix Nobel de littérature 2015), Maryia Kalesnikava (musicienne, militante politique), Volha Kavalkova (membre du Conseil de coordination) et Veranika Tsapkala (cheffe d’entreprise et militante politique dont le mari a dû fuir avec ses deux enfants pour avoir voulu se présenter à la présidentielle).… et à des personnalités politiques en prison ou en exil
Le prix associe aussi des personnalités politiques et de la société civile, en prison ou exilées : Siarhei Tsikhanouski (le mari de Svetlana Tikhanovskaïa), Ales Bialiatski (ancien candidat au prix Sakharov et au prix Nobel de la paix), Siarhei Dyleuski (chef du comité de grève de l’usine de tracteurs de Minsk), Stsiapan Putsila (fondateur de NEXTA, un canal de partage d’informations, de photos et de vidéos sur les manifestations et la répression policière) et Mikola Statkevich (homme politique).
Plus de dix semaines de mobilisation sans faille.
Depuis plus de dix semaines maintenant, la population, les femmes en tête, descendent dans la rue le dimanche, des grèves sont organisées. Malgré une répression constante, des violences policières, et des poursuites judiciaires à l’encontre des politiques, journalistes, militants, manifestants. « La Biélorussie s’est réveillée. Nous ne sommes plus l’opposition. Nous sommes la majorité. La révolution pacifique est en cours », a prévenu Svetlana Tikhanovskaïa lors d’un échange en vidéo-conférence, fin août, avec les eurodéputés, où elle réclamait le droit à l’auto-détermination du peuple biélorusse.
(Emmanuelle Stroesser)
Lire aussi :
Les autres finalistes
L’archevêque de Mossoul (Iraq), Najeeb Moussa Michaeel (par le groupe nationaliste ID).
Les défenseurs des droits humains et environnementaux du Guapinol au Honduras, dont Berta Caceres (décédée) (par les Verts).
Les militants LGBTI polonais, fondateurs du site ‘Atlas of Hate’.
L’an dernier, c’est l’économiste ouïgour Ilham Tohti, emprisonné pour avoir défendu les droits de sa minorité, qui a reçu le prix 2019.
Cet article L’opposition biélorusse, prix Sakharov 2020 est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) La Chambre des députés tchèque a approuvé aujourd’hui (27.10) le déploiement de troupes tchèques dans la lutte contre le terrorisme au Sahel aux côtés des Français
Tableau de vote au parlement tchèque (crédit : Chambre des députés CS)60 personnels
Les Tchèques viendront avec un contingent de 60 personnes dans la task-force Takuba. Comme attendu ! (cf. notre papier datant d’il y a près d’un an, lire : Plusieurs pays européens s’engagent ou songent à s’engager au Mali (opération Takuba).
Mali, Niger, Tchad
Ils seront principalement déployés au Mali, mais pourront aussi être présents au Niger. Certains officiers seront à l’état-major français de Barkhane à N’Djamena au Tchad. Un engagement prévu pour deux ans : jusqu’au 31 décembre 2022. Au moins ! « Une bonne nouvelle » s’est réjoui le ministre tchèque de la Défense Lubomir Metnar. « J’apprécie l’approche responsable de tous ceux qui ont appuyé le mandat de nos troupes. »
Un petit retard lié au coup d’état ?
Les Tchèques ont pris un peu de retard pour approuver cette participation qui n’avait pas été incluse dans le mandat des opérations pour 2021 approuvée il y a quelques semaines. La situation sur place au Mali, avec un coup d’état en cours, inquiétait certains responsables politiques tchèques. La transition mise en place à Bamako avec un gouvernement, pour partie composée de civils, et l’assentiment de l’Union africaine et de l’Union européenne a permis de dénouer la question.
Pleine capacité opérationnelle de Takuba : 2021 ?
Ils ne seront pas seuls. Outre les Estoniens, fidèles de la première heure, les Suédois et même les Italiens (lire : Les Italiens entrent dans la task-force Takuba au Mali et se déploient dans le Golfe de Guinée) ont aussi dit Oui. Mais globalement l’opération a pris du retard. Au lieu d’un déploiement complet au second semestre 2020, il faut plutôt compter sur un tel déploiement en 2021 (lire : L’opération Takuba prend du retard. 2021 plutôt que courant 2020).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Juste avant, les députés ont aussi approuvé le séjour des médecins militaires des États membres de l’OTAN ou de l’UE, qui doivent aider la République tchèque à faire face à la pandémie du COVID-19. Un détachement de 300 personnels (médecins, infirmiers, soutien) sera présent pour un maximum de 90 jours.
Cet article Takuba : le oui (définitif) des Tchèques est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Les sessions se suivent et ne se ressemblent plus. L’effet Covid-19. Outre que les eurodéputés ne se réunissent plus à Strasbourg, mais à Bruxelles, ils ne se réunissent quasi plus du tout. Cela se ressent sur les débats
Au Parlement européen, les eurodéputés n’ont pas le droit de montrer des photos, posters etc. Régulièrement, certains outrepassent ces règles. Mardi dernier, c’était l’Irlandaise Clare Daly qui dénonce des photos de violences policières (crédit : Parlement européen/sélection B2)Une drôle de session d’octobre
La deuxième session plénière d’octobre se termine. Et c’est une drôle d’ambiance dans cet hémicycle de Bruxelles d’ordinaire plein de mouvements. Seuls les chefs de groupe y ont pris la parole… ceux qui ont pu faire le déplacement. Consignes sanitaires obligent, le maximum de monde a été prié de rester chez soi. Qu’ils soient eurodéputés, assistants… ou journalistes.
Des débats à distance
Les eurodéputés interviennent désormais à distance, sur fond bleu étoilé. Leur prise de parole se fait en direct des bureaux du Parlement européen dispatchés un peu partout dans les États membres. L’avantage est qu’il n’y a pas d’aléas techniques comme lors des réunions des commissions. Pas de « Press the speak button please ». On regretterait presque pourtant ces ritournelles qui rappellent que le monde n’est pas lisse.
Une atmosphère quasi-stérile
Or, au Parlement, Covid-19 oblige, tout deviendrait presque stérile. On s’habitue aux intermèdes techniques entre les orateurs ou présidents de séance, pour désinfecter les places, micros et sièges. Les séances de vote s’enchaînent, elles, interminables. Près de 2000 amendements ont dû être votés, en grande partie sur la Politique agricole commune, la PAC. Ce qui a largement occupé les plages horaires d’ordinaire dévolues aux joutes verbales.
Des débats écourtés
Les débats sont, eux, écourtés. 30 minutes pour le programme de travail 2021 de la Commission européenne. 25 minutes pour les relations de l’UE avec la Biélorussie. 21 minutes généreusement accordées pour le débat sur la révision du traité de non prolifération nucléaire. L’égalité des sexes dans la politique étrangère et de sécurité de l’UE a droit à de larges quarante minutes. Au grand désarroi sans doute du Suédois Charlie Weimers (ECR), fustigeant, debout, cette « obsession pour le sexe ! ».
L’importance du ton qui l’emporte
Le direct dans l’hémicycle fait que la tête se lève lorsque les tons s’emportent, à l’instar de celui de l’Irlandaise Clare Daly (GUE / Independents for change), l’émotion crescendo, dénonçant photo à l’appui de violences policières.
Outre surprendre, faire sourire, attirer l’attention, ces ‘sautes d’humeur’ nous font aussi prendre conscience que pour un eurodéputé, parler debout — face à des collègues — ou assis — à distance — change beaucoup de choses…
(Emmanuelle Stroesser)
Cet article Covid-19: 2e vague. Au Parlement européen, une plénière alanguie. Les violons de l’automne sanitaire sont déjà là est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) L’équipe de visite du Latouche Tréville a fait une nouvelle inspection à bord d’un navire marchand en route vers Misrata en Libye samedi (24.10)
(crédit : EUNAVFOR med Irini)Un navire venu de Turquie
Le MV Capt Abeda (1) se trouvait à 150 milles nautiques au nord-ouest de Tobrouk, en Libye, dans les eaux internationales, quand il a reçu la visite des militaires français de la frégate Latouche-Tréville. Agissant dans le cadre de l’opération EUNAVFOR MED Irini, ils voulaient en savoir plus sur ce navire battant pavillon syrien, qui avait quitté Antalya dans le sud-est de la Turquie le 21 octobre et se dirigeait vers Misrata, en Libye.
Rien de suspect parmi les sacs de ciment
L’équipe de visite française a examiné les documents disponibles à bord et a inspecté la cargaison composée de ciment dans des grands sacs. « Rien de suspect n’a été trouvé » indique le QG de l’opération à Rome. Et le navire a été autorisé « à poursuivre sa route ». La procédure s’est « déroulée sans problème et l’arraisonnement s’est déroulé dans une atmosphère de collaboration avec le capitaine et l’équipage ».
Dernier bilan
Depuis le 4 mai, date du début des activités en mer, l’opération a effectué plus de 1000 interrogations, 35 approches amicales et 3 inspections (arraisonnements) de navires marchands pour vérifier leur cargaison. Elle a également opéré la surveillance des activités dans plus de 16 ports et installations pétrolières, de 25 aéroports et pistes d’atterrissage, et 120 vols transportant de possibles cargaisons militaires vers la Libye, grâce aux avions et images satellites. Le centre satellitaire de l’Union européenne (SATCEN) a en effet fourni environ 300 séries d’images satellites.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Correctif : on parle d’équipe de visite et non d’équipe d’arraisonnement.
Cet article Le Latouche Tréville inspecte un cargo suspect battant pavillon syrien est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) C’est un projet phare des Européens, la formation et l’équipement des garde-côtes et de la marine libyenne, qui risque de tomber à l’eau. Les Turcs en ont pris possession avec tambours et trompettes. À Bruxelles comme à Rome, on suit l’affaire avec attention. Les réponses qui nous ont été apportées le prouvent
Une formation entamée par les Turcs
Partie intégrante de l’accord conclu par les Turcs avec le gouvernement libyen d’Al-Sarraj (reconnu par la communauté internationale), la formation de la marine et des garde-côtes libyens a apparemment démarré si on en croit le ministère turc de la Défense. Celui-ci l’a en effet claironné à plusieurs reprises sur son compte twitter depuis quelques jours.
« Grâce à la coordination avec les éléments locaux, une formation des garde-côtes a commencé à être dispensée aux soldats libyens », indique-t-il ainsi le 20 octobre.
Des « formations SAS ont également été données aux soldats libyens » au centre de formation navale interarmées de Homs, ajoute-t-il le 21 octobre. Formations données « dans le cadre de l’accord de formation militaire, de coopération et de conseil ».
Douche froide pour les Européens
Pour les Européens, et les Italiens en particulier, cette annonce est une petite douche froide à plus d’un titre. D’une part, ils ont beaucoup investi en temps et en argent pour recréer la garde-côte libyenne, la soutenir, la former et l’équiper. 46,3 millions d’euros en 2017-2018 avaient été débloqués par la Commission européenne pour soutenir un programme mené par les Italiens (lire : Le soutien européen aux garde-côtes libyens ? Le point). Ce sans compter les études de faisabilité et autres soutiens.
Un investissement en temps et en argent
D’autre part, un effort important a été fait pour équiper la garde-côte libyenne, et accompagner la montée en puissance de la zone de secours et de sauvetage (SAR) et du MRCC libyen (le centre de coordination du secours en mer). Une douzaine de vedettes ont ainsi été fournies (avec l’aide européenne) à Tripoli. Ces mêmes vedettes qui servent aujourd’hui aux Turcs pour entraîner les Libyens. Des formations ont aussi été assurées. L’opération maritime de l’UE (EUNAVFOR Med Sophia) a, elle seule, formé plus de 400 garde-côtes (lire : 78 garde-côtes et marins libyens formés en Italie). Un point « important » pour les Européens, comme l’a confirmé à B2, le porte-parole du haut représentant Peter Stano (interrogé lors du briefing de midi vendredi 23.10). « La coopération de l’Union européenne avec la garde cote libyenne, c’est important pour nous. »
La coopération avec les garde-côtes stoppée
Mais, depuis plusieurs mois, les Libyens battent froid les Européens. Ainsi que nous l’avions indiqué dès juillet, la formation des garde-côtes libyens a été stoppée, depuis l’arrivée de l’opération Irini. Un point jamais vraiment officialisé. Mais que le porte-parole de la Commission européenne, interrogé par B2 vendredi (23.10), a confirmé. En effet, « nous n’avons pas commencé dans le cadre de l’opération Irini car […] les partenaires libyens ne sont pas prêts à continuer cette coopération pour des questions logistiques et opérationnelles. » Sans autre précision.
Les Turcs doivent respecter le droit international dit Bruxelles
Quant à l’activité turque, au niveau européen, on reste un peu gêné aux entournures. La Commission européenne n’a pas voulu ainsi commenter ces photos ni la question du financement des garde-côtes. C’est un simple rappel aux règles qui a été indiqué. « Les activités bilatérales de nos partenaires avec la garde côtiere libyenne mais on doit toujours respecter le droit international. »
Une question stratégique pour l’Italie
La presse italienne commente avec amertume cette prise de position : « une gifle pour l’Italie », indique le site internet ilsussidiario.net. Et la Repubblica conclut son article par cette phrase d’Atatürk : « Soldats, votre premier objectif est la Méditerranée. En avant ! ». Autant dire qu’à Rome où on considère le sujet des garde-côtes libyens comme une question stratégique, l’attention est grande. « Nous allons certainement demander au gouvernement italien de comprendre comment les choses se passent et si les conditions existent pour la poursuite de notre mission de formation militaire des garde-côtes libyens », nous a confirmé Gianluca Rizzo, le président de la commission défense de la chambre des députés (camera) italienne, membre du Mouvement 5 étoiles (qui fait partie de la coalition au pouvoir).
Commentaire : un nouveau moyen de pression à disposition des Turcs
Prudence sur la com’, raison sur le fond
Il faut toujours rester prudent avec ce genre de communication publique qui semble surtout être une mise en scène (quelques militaires uniquement sur les photos diffusées par le ministère turc, prenant plutôt la pause, qu’étant formés). Mais il y a deux éléments de fond qui existant : 1) la coopération entre Turcs et Libyens au niveau maritime fait partie des accords scellés. 2) La coopération entre la garde-côte libyenne et les Européens a été suspendue de façon quasi-simultanée.
Un objectif politique
Cette coopération ne ressort pas du seul hasard ou du seul objectif militaire pour les Turcs. Elle a un objectif très politique. Le risque est désormais de voir les Turcs se servir de la garde-côte libyenne comme d’un nouveau robinet (ou verrou) d’immigration vers l’Europe, selon sa volonté. Une menace ‘hybride’ non négligeable dont Ankara s’est servir subtilement pour faire pression sur les Européens afin d’éviter toute mesure trop forte. Deux des trois principaux courants d’immigration (Est et Centre de la Méditerranée) seraient ainsi directement ou indirectement sous contrôle turc.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Les derniers chiffres publiés par l’OTAN doivent être lus avec attention et sans tirer de leçon prématurée
L’Oxford Philharmonic Orchestra dans l’Agora de l’Alliance (Crédit : OTAN – Archives B2)Le bond en avant général vers les 2%
A lire la dernière fournée statistique de l’OTAN, et les données sur le respect de l’objectif 2%, on pourrait se dire : Ouah ! Les Européens ont fait un réel effort pour leur défense. La France bondit ainsi de 1,84% à 2,11% en ratio au PiB franchissant le seuil fatidique de 2%. Le Royaume-Uni décolle de cette barre, passant de 2,14% à 2,43%. Tandis que l’Allemagne fait une progression non négligeable passant ainsi de 1,38% à 1,57% et l’Italie progresse également de 1,22% à 1,43%. Même les pays en bas du tableau sont concernés par cette inflation, la Belgique passe ainsi à 1,10% (contre 0,93% en 2019). En moyenne, l’ensemble des pays européens de l’OTAN se situe aux alentours de 1,8%. Tout proche des 2%. Un superbe résultat dont pourrait se targuer Donald Trump s’il n’avait pas le regard ailleurs.
Une augmentation très artificielle
Quand on se penche sur la réalité des chiffres, il s’avère que le point de vue est légèrement différent. Certes plusieurs pays (France, Belgique, Allemagne) ont eu une réelle augmentation de leurs dépenses. Mais pour d’autres c’est largement peu le cas : ainsi les dépenses britanniques stagnent (à peine 300 millions £ supplémentaires en prix courants). D’où vient le miracle alors ? Tout simplement, du PIB. « La chute du produit intérieur brut constatée en 2020, consécutive à la crise économique due à la pandémie du coronavirus », explique cette soudaine progression, confirme à B2 un diplomate de l’Alliance.
Les lendemains seront plus durs
Les budgets de défense sont restés calés sur des montants budgétaires décidés avant l’épidémie. Ils ne reflètent donc pas la réalité à venir qui pourrait être très dure pour les budgets de défense dans plusieurs pays. Le vrai test en fait pour les budgets se fera dans les deux années à venir (lire : Il faut continuer à investir dans la défense, malgré le Coronavirus, dixit Jens Stoltenberg). Les prochaines statistiques risquent de sonner l’heure d’un dur retour à la réalité.
Commentaire : un objectif lunaire
Cette progression fulgurante confirme un élément : l’objectif de 2% est un objectif lunaire qui n’a pas à voir vraiment avec la réalité et une défense efficace, mais est davantage un marqueur politique. Pour bien saisir une politique de défense, il faut prendre en compte le budget réel (en chiffres, sa progression par rapport à l’année précédente…) mais aussi des éléments quantitatifs (renouvellement des équipements, nombre d’opérations menées, exposition au risque, etc.). Bref, il ne faut jamais faire confiance (de façon aveugle) aux statistiques, ou du moins à une seule statistique. L’objectif de 2% de défense à l’OTAN est comme les 3% de déficit coté européen : un leurre artistique.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Après les propos heurtés entre Français et Turcs, y compris au sein de l’Alliance, l’heure est la déconfliction en mer pour éviter que l’incident ne se reproduise
Les frégates italienne Carabiniere (F-593), française Courbet (F-712) et turque Salihreis (F-246) naviguant de concert dans l’opération Sea Guardian début juin… avant l’incident (crédit : OTAN – Marcom – archives B2)Le sujet ne figure pas à l’ordre du jour de la réunion des ministres de défense de l’OTAN qui s’ouvre ce jeudi. Il a été réglé auparavant au sein de l’Alliance, entre militaires
Un rapport enterré
Le rapport demandé par les Français et entrepris sous l’égide du secrétaire général Jens Stoltenberg ne devrait pas rester dans les annales. On ne dit pas officiellement qu’il est enterré. Mais c’est tout comme. Loin de chercher à minimiser l’incident, la Turquie a joué les victimes cherchant à obtenir des excuses publiques pour sa mise en cause. Ce qui a torpillé d’une certaine façon un rapport sensé éclaircir les faits et apaiser les tensions. Les Alliés ont donc cherché d’autres « portes de sortie » pour éviter que la crise s’envenime.
Une réponse concrète : le gel des avoirs
La question du Courbet a, en fait, été « soldée » de deux façons. Au niveau de l’Union européenne, les avoirs de la compagnie maritime turque propriétaire du Cirkin ont été gelés (sur demande de la France), avec interdiction pour une source européenne de lui apporter tout financement (donc théoriquement toute commande !). Une décision prise le 21 septembre en même temps que quelques autres (Lire : Trois compagnies de transport mises à l’index pour avoir violé l’embargo sur les armes en Libye). Cela a semé la fureur de la Turquie au moins verbalement. Mais le message a été reçu cinq sur cinq à Ankara, comme dans les compagnies maritimes.
Une liste de navires surveillés et un plan d’action à l’OTAN
Au niveau de l’OTAN, le Cirkin figure sur la « liste d’attention » du Marcom (le commandement maritime de l’OTAN). En compagnie de quelques autres. Ce qui est aussi un signe de défiance vis-à-vis des Turcs et un signal très clair de la volonté de faire respecter les règles internationales. Mais le plus important, au sein de l’Alliance, est sans nul doute l’élaboration d’un plan d’action. Un plan qui « acte la réalité de l’incident et met en place une série de mesures pour éviter sa réédition », explique un diplomate.
Préciser le comportement des alliés en mer
Ce plan passe en revue le comportement des alliés en mer, notamment dans l’utilisation des indicatifs de l’OTAN et des moyens associés à une opération OTAN (un des problèmes lors de l’affaire du Cirkin), comme la relation entre les navires de l’Alliance et l’opération européenne EUNAVFOR Med Irini. Ce plan mis au point actuellement dans les couloirs de l’Alliance a déjà produit des effets. « Dans le contexte tendu au large de la Libye, il n’y a plus eu d’incident de ce type » note un diplomate « L’incident du Courbet est derrière nous ». Du moins on espère…
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : Un cargo turc à destination de Misrata arraisonné par le Latouche Tréville. Dans le calme
Cet article Turquie-France. L’incident du Courbet est dépassé. L’OTAN essaie d’oublier est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Le MV Medkon Sinop, un cargo battant pavillon panaméen, et appartenant à la compagnie turque Medkon lines, a été arraisonné au large de la Libye dans le cadre de l’opération EUNAVFOR Med Irini
Le Medkon Sinop au second plan, contrôlé par la frégate française Latouche-Tréville (crédit : EUNAVFOR Med Irini)Les gars du Latouche-Tréville à l’abordage
Le contrôle s’est produit mardi (20 octobre) à 16h30 à 135 milles nautiques au nord de Benghazi (Libye). Le MV Medkon Sinop qui avait quitté Ambarli, en Turquie, le 18 octobre et se dirigeait vers Misrata en Libye a été arraisonné dans les eaux internationales par les militaires français de la frégate Latouche-Tréville. Ceux-ci agissaient dans le cadre de l’opération EUNAVFOR Med Irini, et d’un mandat du Conseil de sécurité des Nations unies, afin de vérifier la bonne application de l’embargo sur les armes à destination de la Libye.
Rien de suspect à bord
L’équipe d’arraisonnement a « examiné les documents disponibles à bord » et a « inspecté la cargaison », qui se trouvait dans des conteneurs. Ce, sur « une base aléatoire ». « Rien de suspect n’a été trouvé et l’équipe d’arraisonnement est retournée à son unité, permettant au navire de poursuivre sa route » selon l’officier de com’ d’Irini.
Dans le calme
« La procédure s’est déroulée sans problème et dans une atmosphère de collaboration entre le capitaine et l’équipage » précise-t-on au QG d’Irini à Rome. « Toutes les précautions recommandées pour le Covid-19 ont été également observées lors de l’arraisonnement ».
Commentaire : le retour à la normale entre Français et Turcs ?
Ces précisions ne sont pas superflues. On se souvient, en effet, que la dernière tentative d’interception d’un navire turc (le Cirkin) soupçonné de trafic d’armes vers la Libye avait tourné au grabuge diplomatique. La marine turque s’était opposée de façon ferme et vive à l’interception d’abord par un navire grec, puis par un navire italien et enfin un navire français (Lire : Le Cirkin n’en était pas à son coup d’essai. Un navire français illuminé au radar). Cela avait provoqué une « montée dans les tours » au plan diplomatique. Cette façon de faire plutôt inhabituelle entre alliés a laissé des traces, même si chacun à l’OTAN, aujourd’hui, entend tourner la page (article à suivre).
(Nicolas Gros-Verheyde)
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