(B2) Un avion de patrouille maritime Atlantique 2 de la marine française prête son concours actuellement à l’opération EUNAVFOR Med Irini. L’ATL2 opère à partir de la base aérienne de la La Sude en Grèce.
Un moyen associé
L’appareil a été déployé depuis la fin de la semaine dernière annonce l’état-major des armées, le 6 février. Il s’agit de ce qu’on appelle « un moyen associé ». C’est-à-dire que l’avion effectue des missions de façon ponctuelle, mais n’est pas soumis de façon permanente au commandement et contrôle de l’opération.
Le P3 Orion de la marine allemande en panne
Cet apport est cependant très utile. La France vient suppléer ainsi un passage à vide allemand. La marine allemande a dû en effet suspendre sa participation à l’opération en janvier car son avion de patrouille P3 Orion C a a subi une panne, comme nous l’a appris notre collègue d’Augengeradeaus. Ce n’est pas un cas isolé.
Des P3 Orion allemands au bout du rouleau
Comme le raconte notre collègue allemand, Thomas Wiegold, la flotte des avions de surveillance maritime est au bout du rouleau. Sur les huit appareils P3 Orion, quatre ne sont plus réparables et ont pratiquement été mis hors service. Deux machines sont en processus de grande révision (avec de nouvelles ailes) : la première devrait être disponible avant la fin février. Pour la seconde, aucune date n’est précisée, ce sera plus tard. Le septième avion n’est pas non plus disponible : revenu de l’opération anti-piraterie de l’UE (EUNAVFOR Atalanta) il est en inspection ‘600 heures’. La dernière machine opérationnelle, engagée dans l’opération EUNAVFOR MED Irini, a été mise hors service le 8 janvier, avec une défaillance dans le système d’alimentation en carburant !
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Dans un message posté sur son blog, ce dimanche (7.02) le chef de la diplomatie européenne revient sur sa visite à Moscou. Non sans panache
Le refus du dialogue
Venu avec l’esprit du diplomate, prêt à résoudre les différends, Josep Borrell a trouvé face à lui une direction russe refusant d’avoir « un dialogue plus constructif ». Entre une conférence de presse « organisée de manière agressive » (lire : Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell piégé à Moscou) et l’expulsion de trois diplomates européens annoncée par surprise (lire : Avec Moscou, les relations diplomatiques se compliquent). Pour le chef de la diplomatie européenne, c’est clair.
Le divorce est consommé
« L’Europe et la Russie se séparent. […] la Russie se déconnecte progressivement de l’Europe et considère les valeurs démocratiques comme une menace existentielle ». Les relations entre l’Union européenne et la Russie étaient déjà « au plus bas » depuis un certain nombre d’années. Elles se sont encore « détériorées après les récents développements liés à l’empoisonnement, l’arrestation et la condamnation d’Alexei Navalny ». Les autorités russes n’ont pas voulu saisir cette « opportunité ». « C’est regrettable et nous devrons en tirer les conséquences. ».
L’Heure du choix
Aujourd’hui, l’Europe est à donc un tournant dans ses relations avec Moscou. En tant qu’Union européenne, « nous devrons réfléchir attentivement à la direction que nous voulons donner à nos relations avec la Russie et agir de manière unie avec détermination », y compris par des sanctions, indique-t-il. NB : Ce devrait être à l’ordre du jour de la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères, lundi (22.02), comme du sommet européen des Chefs en mars.
Un aggiornamento diplomatique
Ce choix n’est pas juste un choix tactique ou conjoncturel, il s’agit d’un « choix stratégique » ! Un choix qui va déterminer « la dynamique internationale du pouvoir au XXIe siècle ». Les Européens veulent-ils avancer « vers des modèles plus coopératifs ou plus polarisés », basés sur « des sociétés fermées ou plus libres » ? Et sont-ils prêts à « influencer ces évolutions » ?
En clair, il s’agit de déterminer une politique. Dans ce cas, cela « nécessite une vision et des objectifs clairs, un engagement diplomatique intense, et de nos nombreux moyens d’action extérieure et de projection d’influence ». Trois éléments qui semblent bien manquer aujourd’hui.
Le rôle d’un diplomate c’est de prendre des risques
Au passage, Josep Borrell ironise sur ceux qui bien à l’abri « derrière des murs » sécurisés, hurlent avec les loups. « Appeler les autres à partir de la sécurité de cette position n’apportera pas une plus grande sécurité à l’UE. Et ce n’est pas de cette façon que je considère mon rôle comme le premier diplomate de l’UE ».
Il préconise une diplomatie d’action plutôt qu’une diplomatie de la rancoeur. « Nous devons […] rencontrer les autres sur leur propre territoire, juste au moment où des événements négatifs se déroulent. […] Je préfère cela à devoir réagir [après coup] et attendre que les choses se passent. » Et d’assumer ce choix : « Si nous voulons un monde plus sûr pour demain, nous devons […] être prêts à prendre des risques. »
(Nicolas Gros-Verheyde)
Traduction libre par nos soins
Une expulsion annoncée par surprise. La discussion avec Serguei Lavrov « a atteint des niveaux élevés de tension » surtout quand le Haut représentant de l'UE a abordé la question des droits de l'Homme et « demandé la libération immédiate et inconditionnelle de M. Navalny, ainsi que l’ouverture d’une enquête complète et impartiale sur sa tentative d’assassinat ». Les autres nombreux points de « désaccord » ((Ukraine, Biélorussie, Géorgie, Haut Karabagh, crises syriennes et libyenne) ont été abordés. Inutile de préciser que l'ambiance n'était donc très chaleureuse. Mais les Russes réservaient une surprise à leur visiteur. Ce n'est qu'« à la toute fin de notre réunion » que les Européens ont appris « par le biais des médias sociaux », l'expulsion de trois diplomates européens sur la base « d'allégations non fondées (lire : Avec Moscou, les relations diplomatiques se compliquent. Trois diplomates européens expulsés). La goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour J. Borrell en même temps qu'une conférence de presse qui s'est révélée un vrai traquenard. My visit to Moscow and the future of EU-Russia relationsTéléchargerLIre à suivre : Le cas Navalny : un cas d’école pour la liste Magnitski à l’Européenne ? Mais pas suffisant pour bloquer le gaz russe et notre fiche sur le régime de sanctions des droits de l’Homme
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(B2) La majeure partie des forces spéciales multinationales suédoises de la Task Force Takuba est désormais en place au Mali. C’est ce qu’affirme le général de brigade Anders Löfberg, chef du commandement des forces spéciales
Le C-130 Hercules suédois (crédit : MOD Suède)Un engagement important
L’engagement suédois est aujourd’hui un des plus importants engagements européens sur le terrain, avec 150 militaires, certains issus des forces spéciales, d’autres de forces conventionnelles. Les Suédois vont constituer ainsi un task-groupe avec les Français pour former une UERI malienne. Leur tâche : « assister, conseiller et accompagner les forces de sécurité maliennes ». Il peut, au besoin, être renforcé de 100 personnels supplémentaires, selon l’autorisation donnée par le Parlement.
Hélicoptères à Menaka, C-130 à Niamey
Les Suédois forment aussi une force d’intervention rapide héliportée, basée à Ménaka, dans le nord-est du Mali, bien utile pour réagir en cas d’incident. Avec trois hélicoptères UH-60 Black Hawk. Tandis qu’un avion de transport, de type C-130 Hercules, sera basé à Niamey, au Niger, pour assurer les transports tactiques, voire stratégiques.
Capables d’intervenir au Mali comme au Niger
Ces militaires pourront opérer au Mali, comme au Niger. Ce qui est le principe de la task-force Takuba qui opère dans la zone des Trois frontières. Le Parlement suédois a autorisé cette double intervention (1). Durée de leur engagement : jusqu’au 31 décembre 2021.
Un bastion de la violence
Le pays est devenu un « bastion pour les groupes islamistes pro-violence, y compris les groupes liés à Daech et Al-Qaïda ». La population malienne est « gravement affectée par des groupes terroristes criminels et islamistes ». Et ces dernières années, on a noté « une augmentation des activités criminelles telles que le commerce illégal d’armes, de drogues et de personnes, les enlèvements et les actes terroristes ». Les forces spéciales sont la seule « ressource possible dans la lutte contre les groupes terroristes car elles peuvent être déployées rapidement dans différentes parties du pays et empêcher ainsi l’escalade des conflits et la propagation du terrorisme », indique Anders Löfberg selon le site de l’armée suédoise.
Une présence dans la Minusma également et un peu dans EUTM Mali
Ce n’est pas le seul engagement de la Suède dans la région. La Suède fournit également des troupes à la mission de l’ONU Minusma, avec 215 soldats, et la mission de formation de l’UE (EUTM Mali) avec 8 militaires.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : Force Takuba : qui participe, observe ou simplement soutient ? (v3)
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(B2) C’est bien ce que l’on retient des témoignages de Denis Shedov et de Sacha Koulaeva, lors d’un échange d’une heure, à distance, avec des eurodéputés, ce vendredi (5.02)
Capture d’écran de la page d’accueil du site OVD-Info, plateforme d’information créée il y a dix ans pour surveiller les arrestations de masse en RussieDenis est analyste juridique de la plateforme OVD-Info, lancée au moment des manifestations de 2011. Il s’agissait alors de suivre les arrestations de masses pratiquées par les autorités russes. Ce qu’il décrit aujourd’hui est pire. Les persécutions massives sont d’une ampleur « sans précédent ».
En prison pour avoir manifestés
Depuis le 23 janvier, « plusieurs milliers de personnes ont été détenues pour avoir participer à des rassemblements en soutien » de l’opposant Alexeï Navalny, de retour en Russie au terme de sa convalescence en Allemagne, après une tentative d’assassinat par empoisonnement. La détention peut durer « de quelques heures à quelques jours ». Les témoignages font état de « recours injustifiés à la force pendant l’arrestation » et de « maltraitantes physiques de la police ».
Qu’importe le prétexte légal
Tous les prétextes sont bons pour justifier de poursuites pénales : de la désormais classique « violation des règles sanitaires dans le cadre de la pandémie », à la plus originale « implication de mineurs dans des activités illégales », jusqu’à la plus inouïe « violation de droits de l’Homme » ! Comme en Biélorussie, les journalistes sont directement visés, « poursuivis pour avoir couvert des protestations ». De même que les avocats, empêchés de se rendre dans les commissariats. Certes, il n’y a « rien de nouveau », sourit presque Denys. Sauf que, « cette tendance ne fait qu’empirer ».
Une répression sans complexe
Sacha enseigne comme maître de conférences en droits de l’homme, à l’École des affaires internationales de Paris, Sciences Po. Elle a dirigé le bureau Europe de l’Est pour la FIDH (la fédération internationale des droits de l’Homme). Pour elle aussi, les pratiques russes n’ont finalement rien de surprenant. Sauf que « le pouvoir n’essaye même plus de se cacher derrière une procédure légale ».
Encore plus violente
Elle évoque des cas « de tortures pour récupérer le mot de passe d’un téléphone ». De « parents menacés de perdre leurs droits parentaux ». Les pressions s’exercent au travail, avec des employeurs « menaçant leurs salariés » au cas où ils iraient manifester, et même à l’école. « On est arrêté pour avoir tweeté ou simplement retweeté ». L’État ne cherche même « pas à justifier cette répression aveugle ni convaincre de sa légalité ». Son message est d’autant plus clair : « toute opposition sera passible de répression ». Et « le niveau de violence augmente d’un jour à l’autre, voire d’une heure à l’autre ».
(Emmanuelle Stroesser)
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(B2) Le refus du gouvernement britannique de reconnaître tous ses droits à la délégation de l’UE à Londres provoque l’ire européenne
(crédit : PE)L’encre du traité sur la sortie du Royaume-Uni (conclu juste avant Noël) n’est pas encore sèche que déjà Londres sème le trouble. Le gouvernement de Boris Johnson n’accepte pas, en effet, de donner à la délégation de l’UE à Londres le rang qui lui est dû, notamment les privilèges et immunités diplomatiques habituels et en particulier le rang d’ambassadeur pour son chef. Cela suscite la fureur des Européens.
La rupture d’une pratique ancienne
Le Haut représentant de l’UE (le chef de la diplomatie européenne) Josep Borrell n’a pas caché son incompréhension face à la presse, lundi (25.01). « Nous ne demandons pas quelque chose de nouveau. Nous ne demandons pas un traitement spécial. Le statut extérieur de l’Union européenne est reconnu par les pays et les organisations internes du monde entier. Nous avons 143 délégations dans le monde entier. Sans une seule exception, tous les États hôtes ont accepté d’accorder à ces délégations et à leur personnel un statut équivalent à celui des missions diplomatiques des États en vertu de la Convention de Vienne. »
Un signal peu amical
« Nous attendons du Royaume-Uni qu’il traite la délégation de l’Union européenne en conséquence et sans délai. » Et d’ajouter : « Nous n’accepterons [donc] pas que le Royaume-Uni soit le seul pays dans le monde à ne pas reconnaitre l’UE comme une délégation et ne pas lui accorder des facilités diplomatiques. […] Ce n’est pas un signal amical. Si les choses doivent continuer ainsi, ce n’est pas de bon augure. »
Inacceptable pour le Parlement
Réaction identique au Parlement européen. « C’est inacceptable » a lancé Nathalie Loiseau, présidente de la sous-commission sécurité et défense, lors d’une audition ce mardi (26.01) avec le secrétaire général du service diplomatique européen (SEAE), Stefano Sannino. « J’espère que vous n’arriverez pas à un compromis boiteux sur cette question » a-t-elle lancé.
Le grand amour Europe-Royaume-Uni
De façon plus diplomatique, mais tout en fine ironie, le ministre portugais des Affaires étrangères, Antonio Santos Silva, nous confiait hier, au sortir d’un long entretien : « Tous les grands amours sont complexes. Et nous avons un grand amour avec le Royaume-Uni ».
Explications : une position britannique ancrée dans le temps
Dans la capitale britannique, de tous temps, la Commission européenne avait un bureau, une représentation, chargée d’être le relais de la politique décidée à Bruxelles dans le pays (et de faire remonter des informations du pays vers la Commission européenne). Classique. C’est ainsi dans tous les États membres. Mais le Brexit a changé la donne. D’État membre, le Royaume-Uni est devenu pays tiers. Exit donc la représentation de la Commission. À la place, vient une délégation de l’Union européenne, véritable ambassade, dirigée par un ambassadeur et plusieurs services, plutôt classiques dans une ambassade (politique, économique, culturel, et au besoin sécurité intérieure et/ou défense). La gestion des relations avec le Royaume-Uni a d’ailleurs migré en bonne partie. Elle est devenue un sujet de ‘relations extérieures’…
En refusant d’acter ce changement, et par ricochet, d’élever le chef de la délégation de l’UE (*) au rang d’ambassadeur, Londres refuse d’acter le divorce. Un geste où l’on pourra trouver des ressorts au niveau de la psychologie. Mais cette décision est avant tout politique. Et pour celui qui suit la politique britannique dans l’UE, ce n’est pas franchement une surprise. De tous temps, les Britanniques ont refusé de reconnaître un quelconque rôle à l’Union européenne au niveau de la politique étrangère ou de la défense, ou à ce qui pourrait s’apparenter à une petite once d’Union politique. En 2011 (à la création du SEAE), ils avaient ainsi bataillé ferme, durant des mois, pour refuser de reconnaître à l’UE de faire des déclarations au nom des Européens aux Nations unies. Tant qu’ils étaient présents, ils ont bloqué l’établissement d’un QG militaire permanent pour l’UE. Enfin, ils ont refusé d’incorporer la politique étrangère dans le traité de sortie de l’UE. Alors que tous les éléments étaient là pour un accord (lire : Brexmas. La politique étrangère et la défense, deux orphelines de l’accord).
(Nicolas Gros-Verheyde)
L'accréditation de l'ambassadeur britannique à Bruxelles retardée La première rencontre entre le nouvel ambassadeur britannique auprès de l'UE à Bruxelles, Lindsay Croisdale-Appleby, et le chef de cabinet du président du Conseil européen, Frédéric Bernard, prévue jeudi (28.01), a été reportée. Sine die. Un geste d'humeur vis-à-vis du refus britannique de rehausser la délégation de l’UE à Londres au niveau diplomatique. C'est « une mesure de réciprocité ». confirme à B2 un officiel européen. NB : cette rencontre normalement formelle permet à un nouvel ambassadeur de prendre contact, mais surtout de remettre sa lettre de créance et d'enclencher le processus d'accréditation auprès de l'UE.(*) Cette délégation n’est pas dirigée par n’importe qui. On retrouve à sa tête le Portugais Joao Vale de Almeida, qui a été l’ambassadeur de l’UE à Washington de 2010 à 2014 puis à New-York auprès de l’ONU jusqu’en 2019, et auparavant porte-parole adjoint (sous Santer) et chef de cabinet du président de la Commission (sous Barroso). Bref un homme chevronné.
Lire aussi : Comment associer le Royaume-Uni à la politique étrangère et de défense ? La réflexion reprend (v2)
Cet article Le Royaume-Uni ne veut pas élever la délégation de l’UE au rang d’ambassade. Inamical ! (v2) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Avec plusieurs morts dans l’opération Barkhane, coup sur coup entre fin décembre et début janvier, la menace des mines et autres engins explosifs artisanaux apparait en croissance. En fait, il n’en est rien.
Détection d’IED par des militaires de Barkhane (Crédit : EMA – DICOD – Archives B2)Un chiffre plutôt régulier tous les ans
« Tous les ans, nous découvrons, décelons et empêchons l’explosion d’une grosse vingtaine d’IED posés par les groupes terroristes » indique le colonel Barbry, porte-parole de l’état-major des armées. Ce chiffre est « à peu près stable » d’une année sur l’autre. « Tous les ans, on déplore environ une dizaine d’attaques qui ne font pas tous des victimes. » Il n’y a « pas de recrudescence ni de pause » . Le véritable « pic des attaques a eu lieu en 2015 ». Depuis, il est en fait « en décroissance ».
L’ajout de produits pour doubler l’effet explosif
Ce qui change plutôt est la « valorisation » des engins posés, avec ce qu’on appelle « du « Home made exclusive » (HME). Autrement dit l’ajout de précurseurs chimiques ou autres produits (ex. nitrates…) à l’intérieur de l’engin qui augmentent l’effet de l’explosion. « En fonction de la charge mise, vous obtenez des dégâts proportionnels avec les matériels mis à l’intérieur. » Depuis 2013, on observe « l’ajout de Home made exclusive dans les IED ». Les charges peuvent être importantes : jusqu’à 40 kg. Sans automatiquement d’augmentation des doses d’explosifs.
Une fabrication locale éprouvée
Les systèmes des IED utilisés au Mali sont « basiques et rudimentaires », généralement « à pression ». La fabrication « reste robuste mais relativement simple » à placer. Mais il n’y a pas d’improvisation. Il y a des centres logistiques « locaux », et « nécessairement des artificiers » en mesure de fabriquer les IED sur place.
Un dispositif anti-IED
Les Français disposent d’un parc de 400 brouilleurs, mis en place depuis l’intervention en Afghanistan surtout. « Plus des deux tiers sont déployés notamment au Sahel. » Ces brouilleurs mettent en place une « bulle de sécurité », « particulièrement efficaces sur les RcIED », les engins IED radio-commandés, déclenchés par un téléphone portable par exemple (2). Mais ils peuvent beaucoup moins contre les engins explosifs sans télécommande, notamment contre les PP-IED, déclenchés par la pression (le passage d’un véhicule par exemple). Ce sont ces engins à pression que l’on « retrouve majoritairement » au Mali et au Sahel en général.
Des ouvertures d’itinéraire
Face aux IED plus rudimentaires, c’est la pratique d’une reconnaissance par un détachement d’ouverture d’itinéraire et de protection qui est utilisée avec des véhicules emblématiques Buffalo (1) et Souvim (Système d’OUVerture d’Itinéraires Minés). « Ce système d’ouverture de terrains minés permet de parcourir environ 150 km entre 8 et 10 heures. » Soit une vitesse de progression d’une petite dizaine de km/h au Sahel. Vitesse qui peut paraitre lente. Mais on est ici « sur un terrain abrasif rugueux et compliqué ».
Le renseignement humain vital
Le problème est que des engins peuvent être posés après le passage des véhicules de reconnaissance. Ce qui nécessite pour les armées d’avoir une « certaine organisation » et surtout de recourir au « renseignement humain ». Une « nécessité » dans « la traque pour la sécurité […] afin de remonter les chaines, de localiser les centres de fabrication, les plots logistiques et ceux qui les mettent en œuvre »…
(Nicolas Gros-Verheyde)
Ces réponses ont été données aux différents journalistes présents lors du point presse de la DICOD du 15.1, auquel participait B2 (via audioconférence).
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(B2) Le dernier rapport publié par le MICA center est net : le Golfe de Guinée est une des zones les plus dangereuses au monde. Il a pris le relais dans le hit parade du danger des côtes somaliennes
Exercice anti piraterie à bord de l’aviso Premier Maitre en 2013 (Crédit : DICOD / EMA – Archives B2)Ce centre d’observation de la piraterie maritime est établi à Brest au sein de la préfecture maritime depuis 2016. Il surveille une bonne partie des mers du Globe : Golfe de Guinée (GOG), Golfe d’Aden et Océan indien (MSCHOA) et les autres mers.
Un vol ou une attaque tous les trois jours
114 évènements ont eu lieu cette année, dans le Golfe de Guinée, selon le rapport annuel publié par le Mica Center début janvier. Ils se décomposent en 21 abordages (bateau piraté), 30 attaques, 18 approches et 45 vols (1). L’objectif des pirates demeure le même : rapines et otages humains qui seront ensuite échangés contre rançon. On reste sensiblement sur les mêmes chiffres qu’en 2019 : 111 évènements (26 piratages et 25 attaques). Ce qui confirme un haut niveau de risque, mais aussi un certain coup d’arrêt à la progression. (pour découvrir le Mica center voir notre reportage)
L’évolution du rayon d’action des pirates
Les pirates, qui concentraient leur action sur le fond du golfe jusqu’en 2019, sont désormais plus audacieux avec « certains raids confirmés sur plus de 400 nautiques et des abordages à plus de 100 nautiques des côtes » selon le rapport (*). Et la zone de chalandise s’étend désormais « du Ghana à la Guinée équatoriale ». Idem pour les actes de brigandage et de vol, pratiqués sur des navires au mouillage. Le risque s’étend désormais de la Guinée Conakry jusqu’à l’Angola. C’est une grande partie de la côte d’Afrique de l’Ouest qui est désormais concernée.
Un nombre de prises d’otages préoccupant
Le nombre d’actes d’enlèvements dans le golfe de Guinée, dont la progression était sensible depuis 2017, reste « préoccupant » insistent les gars du Mica Center. Au total, 142 personnes ont été prises en otages en 2020. Soit un chiffre sensiblement identique à celui de 2019 (146). Les prises d’otages se sont concentrées au printemps et à la fin de l’année. Si les trois premiers mois de 2020 ont été relativement calmes, le printemps a été agité avec un total de 65 otages enlevés entre avril et juillet et une recrudescence en novembre.
Une moyenne de 30 jours de détention
La moyenne du nombre d’otages par acte est de 5,6 avec un maximum de 14, constaté durant le mois de novembre. Les actes de kidnapping constituent 23 % de la totalité des événements. Les otages ne restent pas longtemps aux mains des pirates. L’objectif, pour eux, étant d’obtenir une rançon le plus rapidement possible. La durée moyenne de détention est de 30 jours cette année (hors cas record de 149 jours).
La zone la plus dangereuse
Conclusion : « Malgré les efforts du Nigéria et des pays États riverains, le golfe de Guinée demeure la zone la plus dangereuse du monde et les actes de piraterie s’y étendent désormais du large du Ghana jusqu’au large de la Guinée équatoriale » résume l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la marine française. Et les deux récentes attaques survenues en janvier, dont l’une s’est terminée par un abordage particulièrement violent (MV Mozart) le prouve.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Deux camps des forces armées maliennes (FAMa), situés tous deux à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso (le poste G5 Sahel de Boulikessi et le camp FAMa de Mondoro), ont été attaqués, dans la nuit du 23 au 24 janvier. Des attaques complexes et simultanées de groupes armés terroristes non identifiés aux environ de 3h30 du matin
Une patrouille du groupement commandos montagne (GCM) à l’extérieur du camp de Boulikessi en novembre (DICOD / EMA – Archives B2)L’information est venue de l’état-major français des armées comme des forces armées maliennes ce dimanche (24.01).
Les hélicoptères Tigre et deux Mirage en appui
Les FAMa ont « tout de suite pris l’ascendant sur leur adversaire et ont tenu leur position appuyés notamment par leur Tucano », un avion d’attaque léger de type A-29, affirme l’état-major français des armées. Mais cela n’a pas suffit. L’opération Barkhane a alors déclenché une patrouille d’hélicoptères Tigre, « afin d’appuyer les FAMa ». « Moins d’une heure après l’alerte », ils étaient sur place. Les Tigre ont « rapidement » engagé le combat sur une « colonne ennemie à Boulikessi, neutralisant une dizaine de GAT [groupe armés terroristes] à motos ». En parallèle, une patrouille de Mirage 2000 a survolé les deux emprises. Ce n’est qu’au petit matin, que l’ennemi s’est « débandé » selon les termes même des militaires.
Une trentaine d’assaillants tués
Au total, à Boulikessi, ce sont « plusieurs dizaines de GAT qui ont été neutralisés ». Une trentaine exactement, précise les FAMa. 2 pick-ups et 5 motos ‘ennemis’ ont également été détruits et 40 autres motos ont été saisies. À Mondoro, le bilan reste « à consolider ». Un chiffre est connu : la saisie de sept motos.
Plusieurs blessés dans les combats
Du côté des FAMa, le bilan est rude : 4 morts et 12 blessés à Boulikessi, 2 morts et 6 blessés à Mondoro. Un véhicule et une mitrailleuse détruits. Une évacuation médicale a été déclenchée de façon combinée par l’opération Barkhane et la Minusma. Parmi les blessés de Boulekessi, la Force Barkhane a pris en charge deux blessés. Les autres ont été pris en compte par la MINUSMa ou par les FAMa. Stabilisés à l’antenne de réanimation et de chirurgie de sauvetage (ARCS) de Gossi, ils ont été amenés à l’hôpital militaire de Gao en milieu de journée.
(NGV)
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(B2) Le Mozart, un navire turc, a été pris d’abordage samedi (23.01) matin par des pirates au large de Sao Tomé e Principe. Assaut particulièrement violent. Les autorités d’Ankara sont en émoi
Le Mozart et une partie de son équipage (crédit : Boden)Le porte-conteneurs battant pavillon libérien avait quitté Lagos et se trouvait alors à 100 miles au Nord-Ouest de Sao Tome e Principe en pleine mer, en direction du Cap, en Afrique du Sud. Selon les sources maritimes consultées par B2, il se trouvait alors à 1°04’13 » Nord et 5°14’17 » Est. Anciennement dénommé Pointe des Salines quand il appartenait à la CMA CGM, il est géré par la compagnie turque Boden Denizcilik AŞ, une filiale de Borealis Maritime, société établie à Hamburg, Londres et Istanbul.
Les deux dernières attaques recensées ont eu lieu à hauteur de Sao Tomé e PrincipeUn mort, 15 otages
Après avoir stoppé le navire, les pirates — au nombre de quatre apparemment — ont pris d’assaut le navire. Les marins n’ont pas eu le temps de tous se réfugier dans la citadelle, ou du moins celle-ci a été forcée. Le détail n’est pas vraiment connu. Mais les pirates n’ont pas hésité. Ils sont repartis en prenant 15 membres de l’équipage en otage, de façon violente, en les battant. Un des marins, de nationalité azerbaïdjanaise, l’ingénieur en second du bord, a été tué dans l’attaque. Avant de partir, ils ont détruit une bonne partie des instruments de bord (sauf le système de navigation automatique). Le centre de surveillance maritime de Brest pour le Golfe de Guinée (MDAT-GoG) a été averti. Mais aucun moyen militaire n’était disponible à proximité pour venir en aide aux marins, selon nos informations.
Trois rescapés pour mener le navire à l’abri
Seuls trois marins ont pu en réchapper. Le quatrième capitaine du navire, Furkan Yaren, a été blessé à la jambe. Un autre a été blessé à l’estomac. À trois, ils ont réussi à conduire le porte-conteneurs au plus près jusqu’à Port-Gentil au Gabon. Furkan Yaren le raconte d’ailleurs sur un média twitter d’un ami. « Je ne sais pas où je vais. Les pirates ont démonté tous les câbles, rien ne fonctionne. Nous avons survécu, ils ont kidnappé nos amis en les battant. Seul le système de navigation fonctionne. Ils m’ont donné un itinéraire, j’avance en conséquence. Nous essayons d’amener le navire dans un endroit sûr. »
Gine Körfezi'nde korsanların saldırısına uğrayan Türk gemisinin 4. kaptanı Furkan Yaren, baskın anlarını ve yaşadıklarını anlattı. Bacağından yaralandığını aktaran Yaren, gemiyi güvenli bir limana götürmeye çalıştığını söyledi.
SoNDakika . Com pic.twitter.com/8RGQNHOQl7
Arrivée à Port-Gentil
Le navire est arrivé dimanche à 8h (GMT), a confirmé le ministre turc des Transports et des Infrastructures, Adel Karah Ismailoglu. La Turquie « a mobilisé toutes ses ambassades à l’ouest du continent africain afin de secourir l’équipage du navire attaqué » indique le ministre des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşolu, selon l’agence Anadolu. L’ambassadrice turque à Libreville, Nilüfer Erdem, n’a pas ménagé sa peine, accueillant les marins à leur arrivée au port.
L’ambassadrice turque sur le MV Mozart à son arrivée avec un des marins rescapés (le 4e capitaine) (crédit : amb. de Turquie Libreville)
Une autre attaque à la mi-janvier
Ce n’est pas vraiment une surprise (*) ni une première. Dans la nuit du 13 au 14 janvier, selon des sources maritimes, des pirates à bord d’une petite embarcation ont approché un porte-conteneurs, avec tirs à l’appui. Le Maersk Cardiff, battant pavillon de Singapour mais opéré par le Danois Maersk, était en route de Tema au Ghana vers le Cameroun. Il se trouvait alors à environ 120 miles au Sud-Sud Ouest de Brass (Nigéria) à 2°23’58 » Nord et 5°31″ Est. L’alarme a été déclenchée et tout l’équipage a été rassemblé dans la citadelle. Les pirates ont abandonné l’attaque. Le navire et l’équipage se sont déclarés sains et saufs et ont pu poursuivre leur route.
Un projet pilote européen
Le Golfe de Guinée devrait d’ailleurs devenir la première zone maritime d’intérêt européen. Les ministres des Affaires étrangères doivent le décider ce lundi (25.01) (lire Golfe de Guinée zone maritime d’intérêt européen. Premier projet pilote des présences maritimes coordonnées) .
(Nicolas Gros-Verheyde)
NB : sur les aspects généraux sur les risques dans le Golfe de Guinée font l’objet d’un article séparé, lire : Les pirates adorent le Golfe de Guinée. La zone la plus dangereuse
(*) L’attaque de ce week-end s’inscrit dans ce mouvement continu et n’est donc pas totalement atypique contrairement à ce qu’affirment quelques commentaires d’analystes.
(mis à jour) Les aspects statistiques sur le Golfe de Guinée ont été mis dans un papier séparé. Précisions sur la disponibilité des secours et sur l’accueil à Libreville.
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(B2) C’est sans doute un des moments clés, émouvants, de l’investiture du nouveau président américain, le Démocrate Joe Biden, et de sa vice-présidente Kamela Harris, ce mercredi (20.1)
Lady Gaga devant Joe Biden (images : CNN – sélection B2)Quand Lady Gaga arrive en haut des escaliers, les descend, prend place, le parterre des personnalités, et le Capitole, et entonne l’hymne américain ‘The Star-Spangled Banner‘ (La Bannière étoilée), accompagné par l’orchestre des Marines, le temps suspend son vol.
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(B2) L’année 2021 n’avait même pas démarré que venait de Washington une nouvelle incroyable, l’invasion du Capitole, le saint des saints de la démocratie américaine, par une bande incontrôlée et violente. Cet évènement peut changer la donne ou, au moins, couronner une évolution déjà engagée
Le coup de froid sur l’Amérique oblige à réflexion (crédit : marine portugaise)Encalminée par l’épidémie de Covid-19, une bonne partie du monde, et l’Europe en particulier, est comme atrophiée par ce coronavirus qu’elle peine à combattre. Alors que d’autres enjeux courent
Trois leçons de l’attentat du Capitole
Une attaque terroriste
L’attaque contre le Capitole le 6 janvier ne peut être ramenée à une farandole rocambolesque. C’est un évènement majeur à plus d’un titre. Les réactions à chaud en sont un témoignage (lire : Entre consternation et condamnation, les Européens atterrés par ‘l’insurrection’ au Capitole à Washington). Le moment choisi n’est pas anodin : en pleine certification des votes de Joe Biden, ce n’est pas juste une manifestation qui dégénère, mais une volonté délibérée de rompre le processus démocratique. Le mode d’action (plus organisé qu’il en a l’air, et très militaire) peut être assimilé plutôt qu’à un coup d’état, à un acte terroriste visant le siège du pouvoir. Nous sommes face à un évènement similaire à celui du 11 septembre 2001.
La menace d’extrême droite devient principale
Cet évènement clôt, en quelque sorte, la séquence ouverte en septembre 2001, après l’attentat contre les deux tours jumelles à New York et le Pentagone. Non pas que le terrorisme islamiste est éradiqué. Mais parce qu’une menace, tout aussi grande, pèse désormais sur les démocraties. De façon évidente. Une menace de mouvements extrême, de la droite nationale, rassemblant suprémacistes blancs et néonazis. Ce mouvement a toujours été surveillé de près par les renseignements, mais sous-estimé au plan politique. Cependant, il a déjà frappé fort ces dernières années en Norvège, en Allemagne, en Nouvelle-Zélande (1). Et il ne peut être mis à égalité (comme certains observateurs le font) avec l’extrémisme de gauche (qui n’a plus des velléités terroristes ou de coup d’état comme dans les années 1960-1970). Cet extrémisme est complexe car il a des racines profondes au cœur des sociétés occidentales, est empreint de théories du complot voire du négationniste, et n’hésite pas à passer à l’acte contre les communautés juives, musulmanes, étrangères et aussi contre les partis démocratiques (Norvège, USA). Purement endogène, il implique une réaction plus subtile qu’une intervention militaire ou la simple traque de criminels.
La solidité démocratique et militaire américaine atteinte
Outre les conséquences internes, cet acte a des conséquences externes. Les USA, gardiens du temple de la démocratie, sont atteints doublement, dans leur âme et leur honneur, dans leur dissuasion et leur force. Quelle valeur aura demain leur admonestation contre des régimes autoritaires ? Difficile de faire la leçon à la Biélorussie ou l’Iran par exemple… Les USA sont-ils si forts aujourd’hui, alors qu’ils sont incapables de défendre leurs propres institutions contre une horde, qui n’était pas puissamment armée ? Ces questions peuvent trouver une réponse. Le simple évènement du Capitole est une faille sérieuse.
Un rééquilibrage mondial
Cet évènement sonne aussi la fermeture d’une autre séquence, celle de la toute puissance américaine.
Le multipolaire revient à la charge
La résurgence russe, l’émergence chinoise, suivie de celle de l’Inde, conduit à un rééquilibrage mondial. Moscou, Pékin, et dans une moindre mesure New Delhi ont aujourd’hui les moyens d’une diplomatie mondiale, tout autant que Washington. La question des vaccins contre le Covid-19 sera un test grandeur nature. Un pays a aujourd’hui vraiment le choix de se trouver des alliés si on le menace. La balance faite en Turquie entre OTAN et Russie le prouve. Cela réduit sensiblement le pouvoir extra-territorial américain qu’il s’agisse de la puissance dure (les armées), mi-dure (les sanctions ou les investissements) ou douce (commerce, culture, santé…). On est ainsi à l’aube d’un réel multipolarisme qui n’avait pu éclore réellement à la chute de l’URSS. Ce n’est pas l’évènement du Capitole qui déclenche le mouvement. Il le couronne, un peu comme la glace qui se brise, et révèle l’eau bouillante au-dessous.
Un rééquilibrage de fait entre USA et Europe ?
Dans cette nouvelle configuration, on pourrait assister aussi à une sorte de rééquilibrage naturel entre USA et Europe, que ce soit dans l’exemplarité démocratique ou au sein de l’Alliance Atlantique. L’évènement du Capitole interroge. Et si les USA faisaient défaut ? Et si les Européens ne pouvaient plus compter à 100% sur les USA ? La question revenait de temps à autre durant le mandat de Donald Trump. On pensait la page tournée. L’attaque du Capitole est une preuve que ce ne sont pas juste des questions conjoncturelles, mais une vraie évolution stratégique qui peut (ou doit) se produire.
Pour l’Europe, des responsabilités écrasantes
L’Europe n’a pas, là, quelques cartes à jouer. Elle a de vraies responsabilités. À elle de démontrer que son modèle démocratique, d’équilibre dans la société, de diplomatie mondiale, de maintien de la paix est le plus durable (cf. encadré). À elle de démontrer qu’on peut avoir une voix modérée, sans être faible, sans s’effacer. À elle de négocier fermement, mais sans outrances dans un monde qui, sous le poids de la crise du Covid-19, évolue sous deux tendances contradictoires : repli sur soi et interdépendance plus forte. À elle de surmonter le traumatisme de la perte d’un d’un pays-clés, le Royaume-Uni. À elle de s’intéresser enfin aux affaires mondiales, d’intervenir, sans s’ingérer.
Une quinzaine de zones de crises à suivre de près
Au plan géopolitique, plusieurs processus engagés interrogent car ils sont lourds de conséquences pour les Européens :
Sans oublier
Rester vigilant face à la crise non prévue
Ceci est ce qui est prévisible. Reste la surprise toujours possible. Les dernières années n’ont pas été avares de ces retournements de situation, de ces conflits qui éclatent ou qui se terminent. Il faut donc garder la porte ouverte à toutes les éventualités et être vigilant. La capacité de réaction aux crises ou aux évènements est un atout essentiel si l’Europe veut rester un acteur majeur. L’Europe est en fait à l’heure des choix : réagir et exister, ou se laisser enfoncer par les crises successives et s’effacer progressivement, lentement mais sûrement, dans ce qui ressemble davantage à une ‘lutte de Sumo’ qu’à une nouvelle guerre froide.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Une réflexion sur l’autonomie stratégique
Au-delà des mots, l’Union européenne a entamer une réflexion sur son autonomie stratégique et a commencé à se doter d’instruments. L’établissement d’un dispositif de contrôle des investissements étrangers, comme la discussion autour de la régulation d’internet ou sur la boussole stratégique qui débutent, en témoignent. La mise en place du fonds européen de défense et de la facilité européenne de paix seront particulièrement à suivre cette année aussi.
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(B2) L’approche amicale faite par une frégate grecque sur un navire marchand russe provoque la montée dans les tours de Moscou. Le ministère russe des Affaires étrangères parle d’incident et demande des clarifications
Une approche amicale…
Quand les marins de la frégate grecque Adrias (F-459 Adrias) s’approchent de l’Adler, un porte conteneur battant pavillon russe, début janvier, ils ne supposent pas que cela va devenir une question politique. Pour les gars de l’opération Irini, c’est un peu la routine. Une approche amicale. La 63e du genre. Une visite à bord, où les marins échangent des informations. « C’est utile pour les deux » dit-on au QG d’Irini. « Dans un laps de temps très court, l’officier en sait plus sur les trafiquants en Méditerranée et le capitaine du navire voit ceux qui patrouillent sur sa route. »
… montée en ‘incident’ à Moscou
Mais à Moscou, on ne l’entend pas de cette oreille. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova tonne : « La Russie exige des explications de la Grèce pour le contrôle du navire battant pavillon russe en Méditerranée ». Nous devons « clarifier les circonstances de l’incident, dans lequel beaucoup de choses nous restent incompréhensibles » indique-t-elle dans un communiqué. En particulier, cela « nécessite des éclaircissements sur les normes juridiques internationales et les informations spécifiques [qui ont permis] d’inspecter un navire russe, ainsi de savoir si les procédures internationales d’inspection des navires en haute mer ont été suivies. »
Une mention d’une inspection…
Et d’ajouter : « Inspecter les navires en haute mer au large des côtes libyennes n’est possible que s’il existe des motifs raisonnables de croire qu’ils transportent des armes ou du matériel connexe. Et cela nécessite de bonne foi le consentement préalable de l’État du pavillon ».
…démentie par l’opération Irini
En fait, il n’y a pas d’inspection, comme nous l’a confirmé un porte-parole de l’opération. Mais seulement une visite amicale. C’est-à-dire une visite effectuée avec l’accord préalable du capitaine, sans interpellation ni fouille du navire. Les moyens employés, via hélicoptère, peuvent apparaitre assez audacieux. C’est tout simplement un moyen de commodité.
Commentaire : après la Turquie qui avait de façon plus outrancière protesté contre l’action de l’opération Irini, voici maintenant la Russie qui entre dans la danse, de façon plus subtile certes, mais en mélangeant certaines informations. Il semble bien que l’opération européenne gêne les pourvoyeurs en armes des deux camps. Les frères ennemis turco-russes étant opposés en Libye, la première soutenant le gouvernement d’entente nationale de Tripoli, la seconde les hommes de Haftar basés à Benghazi.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Deux avions français sont venus prêter concours à l’opération européenne de contrôle de l’embargo sur les armes en Libye.
Un avion français de type Awacs (surveillance et reconnaissance tout azimut) ainsi qu’un avion de surveillance maritime Falcon 50 sont ainsi intervenus « en soutien direct » les 6 et 7 janvier dernier, a indiqué le colonel Barbry, porte-parole des armées, lors du point presse vendredi dernier (15.01) auquel participait B2.
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(B2) Nous disposons de détails supplémentaires sur le ‘timing’ de l’arraisonnement d’un porte-conteneurs turc par une frégate allemande dans le cadre de l’opération européenne de contrôle de l’embargo sur les armes (EUNAVFOR Med Irini). C’était le 22 novembre dernier, au large de la Libye
L’équipe de visite du Hamburg sur le Roseline A (crédit : EUNAVFOR Med Irini)Dans une missive adressée au ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, le 5 janvier, le Haut représentant de l’UE, Josep Borrell, a mis les points sur les ‘i’ après l’inspection avortée (lire : Grabuge turco-germanique en Méditerranée orientale. Ankara s’oppose au contrôle d’un de ses navires). Il vient répondre ainsi à une lettre d’Ankara envoyée en décembre, se plaignant de l’attitude européenne au Conseil de sécurité des Nations unies.
Pour être officiels, les mots choisis par l’Européen n’en sont pas moins emplis d’une certaine ironie, notamment sur le retard à l’allumage de la Turquie dans cette affaire, sa mauvaise foi qui semble patente dans la façon de monter en épingle le sujet ou sa volonté de respecter l’embargo international sur les armes.
Quatre points sont ainsi éclaircis.
1° La coutume des quatre heures largement respectée
Le commandement de l’opération Irini a cherché à obtenir le consentement de l’État du pavillon et donné au ministère turc des Affaires étrangères un « préavis de quatre heures, prolongé d’une heure, pour laisser aux autorités le temps de répondre à la demande de consentement ». Un délai, « conforme à la pratique internationale établie dans le domaine maritime ». L’État du pavillon n’a pas « officiellement opposé de refus ». L’équipe d’arraisonnement de l’opération IRINI (l’équipe de visite de la frégate allemande Hamburg) a entrepris d’inspecter le navire.
2° 13 heures pour réagir !
« Ce n’est qu’à 21 h 23. Soit plus de 13 heures après l’envoi de la demande officielle de consentement à l’État du pavillon et 6 heures après le début de l’inspection », que le ministère turc a fait savoir qu’il n’accordait pas sa permission.
3° Le respect des procédures OTAN
L’équipe d’arraisonnement a agi avec le « plus grand professionnalisme », dans « le plein respect des procédures et des normes de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord » (NB : une manière de renvoyer la ‘balle’ à la Turquie et de l’interroger sur son appartenance à l’Alliance atlantique). Il est « inexact » d’affirmer qu’elle a fait « un usage excessif de la force contre des membres de l’équipage ». Sur l’étendue de la fouille, c’est au commandant de l’opération de décider, « en fonction de divers éléments, parmi lesquels les documents présentés par le capitaine du navire, de l’étendue de la fouille nécessaire pour évaluer la légalité d’une cargaison ».
4° L’impartialité attestée par deux éléments
L’opération Irini reste « impartiale ». Elle surveille les violations de l’embargo « commises par les deux parties au conflit libyen ». En témoignent, d’une part, « les rapports présentés au Groupe d’experts des Nations Unies sur la Libye » ; d’autre part, les « registres des inspections menées et des violations décelées ». NB : chaque inspection ou même visite amicale étant consignée, minute par minute, à la fois par le chef de la force et le capitaine menant l’inspection.
À la Turquie de coopérer si elle le veut
Le chef de la diplomatie européenne termine sa lettre en faisant une invitation à Ankara. « L’Union européenne se tient prête à coopérer avec la Turquie », sur le respect des résolutions du Conseil de sécurité, que ce soit pour « l’embargo sur les armes à destination de la Libye » ou « la sécurité en Méditerranée centrale ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi :
Cet article Retour sur l’arraisonnement du Roseline A. La mauvaise foi turque prise en défaut est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Le Commodore danois Carsten Fjord Larsen a pris le relais du contre-amiral français Christophe Cluzel à la tête de la mission européenne de surveillance dans le détroit d’Ormuz, alias EMASOH ou Agenor
(Crédit : EMA / DICOD)L’officier amiral danois a pris, pour six mois, la direction militaire de la mission européenne EMASOH (European Maritime Awareness in The Strait of Hormuz). Avec un moyen opérationnel : la frégate anti-aérienne française Jean Bart.
Aucun incident majeur
« Aucun incident majeur n’est survenu dans la zone d’opérations conjointes depuis août dernier. Et j’aime à penser que les patrouilles désescaladantes et rassurantes des moyens aériens et de surface de l’EMASOH font partie de ce succès » affirme le contre-amiral Christophe Cluzel tirant le bilan de ses six mois de commandement. Mais il faut rester « très vigilants. Car la situation reste instable et les semaines ou mois à venir assez sensibles ».
Une tâche essentielle pour maintenir la sécurité
« Il est essentiel que nous puissions continuer à maintenir la sécurité dans le détroit d’Ormuz, qui est également utilisé quotidiennement par les navires danois » souligne la ministre danoise de la Défense, Trine Bramsen, en accueillant de retour du Golfe, la frégate Iver Huitfeldt, après quatre mois de déploiement. Déployée depuis août, la frégate aura parcouru près de 25.000 milles marins et 16 passages du détroit d’Ormuz. Outre la frégate et son équipage, le détachement danois comprenait des éléments de police militaire, des forces spéciales maritimes et un hélicoptère Seahawk de l’armée de l’air.
Huit États au QG
NB : L’opération EMASOH ou Agenor a été mise en place sur initiative française afin de veiller à la sécurité des différentes voies de navigation de la région (Golfe, détroit d’Ormuz et golfe d’Oman). Le quartier général est situé sur la base navale française d’Abu Dhabi. Huit pays y sont présents (Belgique, Danemark France, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Portugal).
(NGV)
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(B2) Les armées française comme malienne démentent toute bavure à Bounti, le 3 janvier. Elles n’ont pas frappé des témoins d’un mariage, mais un groupe terroriste, non loin de là
Le camp de Bounti est situé non loin de la RN16 et Hombori, lieu de nombreux IED (fonds: OpensStreetMap)Selon l’organisation de la jeunesse peul, Tabital Pulakuu, des frappes auraient touché un mariage célébré dimanche (3 janvier) dans le village de Bounti, comme le relate RFI avec mille précautions. Une vingtaine de victimes seraient recensées. Mais la confusion règne sur le bilan comme sur le mode d’action et l’auteur de l’attaque.
Le ministère français des Armées a publié un communiqué ce jeudi (7.1), en fin de soirée (juste avant 23h) précisant les circonstances de la frappe, confirmant pour partie des éléments déjà donnés par les FAMA la veille (6.1).
L’opération ‘Eclipse’
Une opération conjointe FAMA-Barkhane
L’opération conjointe réunit FAMA, force conjointe G5 Sahel et Barkhane dénommée « Eclipse » selon les Maliens. Elle a pour cadre une zone du centre Mali, caractérisée par la présence et l’action de groupes armés terroristes (GAT), notamment « des éléments de la katiba SERMA » dans la région de Douentza, « un kilomètre au nord du village de Bounti ».
Un centre d’entrainement et de confection d’IED
Le groupe dispose d’emprises logistiques. Ce que les Maliens appellent des Merkaz : des centres d’entrainement ou ateliers de confection d’engins explosifs improvisés (IED) ; ces IED que les groupes viennent poser sur la RN16 tout près entre Douentza et Hombori et qui frappent notamment les militaires français ou maliens. Trois Français ont été tués juste après Noël (lire : Trois militaires de Barkhane décèdent dans un IED).
Une opération en sept étapes
Pour les militaires, l’opération menée dimanche (3 janvier) dans l’après-midi, est assez classique.
1° Elle s’appuie sur « une manœuvre renseignement s’étalant sur plusieurs jours ».
2° Dans cette zone, plus d’une heure avant la frappe, un drone REAPER « détecte une moto avec deux individus au nord de la RN16 ». Le véhicule a ensuite « rejoint un groupe d’une quarantaine d’hommes adultes dans une zone isolée ». Les Maliens donnent un chiffre légèrement plus élevé. Ils parlent d’une « cinquantaine d’individus » qui commencent à se rassembler vers 11h. Vers 13h, ces éléments de la katiba Serma, « vêtus de la même façon », forment « trois groupes ».
3° L’ensemble des éléments renseignement et temps réel permettent alors de « caractériser et d’identifier formellement ce groupe comme appartenant à un GAT ». « Compte tenu du comportement des individus, des matériels identifiés ainsi que du recoupement des renseignements collectés », une frappe (aérienne) est alors décidée.
4° L’observation de la zone « pendant plus d’une heure et demie » a également permis « d’exclure la présence de femmes ou d’enfants ».
5° Une patrouille d’avions de chasse (NB : Mirage 2000) – déjà « en vol » reçoit alors l’ordre « de procéder à une frappe ciblée à 15h00 locale ». La frappe se fait par « trois bombes » et est « localisée en 30 PWB 4436 83140, à « plus d’un kilomètre au nord des premières habitations de Bounti ». Il s’agit d’un « espace ouvert et semi-boisé ».
6° Au bilan, « une trentaine » de ‘terroristes’ sont « neutralisés ».
7° Vers 17h (locales), un groupe de villageois et d’hommes armés en véhicule pickup et motos arrivent sur le site et procèdent à l’inhumation des morts, selon les FAMA. « Les blessés sont récupérés par les pickup et motos, avant de partir dans des directions différentes. » Les rescapés occupent les hauteurs avec jumelles et postes talkies-walkies.
Une opération conforme aux règles des conflits armés
L’opération « a été conduite conformément aux principes de ciblage en vigueur, dans la stricte application du droit des conflits armés », précisent les Français.
Pas d’hélicoptère engagés
La frappe a aérienne était « unique ». « Aucun hélicoptère n’a été engagé au cours de cette action de combat », contrairement aux allégations. Les éléments « disponibles, qu’il s’agisse de l’analyse de la zone avant et après la frappe, comme de la robustesse du processus de ciblage, permettent d’exclure la possibilité d’un dommage collatéral ».
Aucun dommage collatéral
Les « allégations consécutives à la frappe » sur un mariage relèvent « de la désinformation » conclut l’état-major français des armées. « Aucun dommage collatéral, aucun élément constitutif d’un rassemblement festif ou d’un mariage n’a été observé. » Aucune femme ni enfant n’étaient présents ni visés.
Commentaire : ces éléments précis lèvent le doute sur la nature et le bilan de la frappe aérienne. En revanche, ils n’aident en rien à éclaircir ce qui est arrivé sur le mariage de Bounti. La présence d’un hélicoptère (solitaire) prête à interrogation également. Ces engins volant généralement par paire. Une enquête de la MINUSMA est diligentée.
(NGV)
Plusieurs blessés grièvement blessés soignés par MSF
De son côté, Médecins sans frontières confirme avoir soigné, en début de semaine, plusieurs patients grièvement blessés des villages de Bounti et Kikara, à son centre de santé de référence de Douentza. Les patients, « pour la plupart des hommes âgés, ont été blessés par des explosions, des éclats de métal et des blessures par balle ». L’ONG qui n’était pas présente dans la zone au moment des événements, n’est « pas en mesure de confirmer les circonstances exactes de ces incidents, autour desquels il y a encore beaucoup de confusion ».
Cet article Frappe aérienne à Bounti. Aucun dégât collatéral affirment Maliens et Français est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) L’irruption de manifestants au sein du Capitole, au moment du vote de confirmation de l’élection de Joe Biden par le Sénat à la présidence américaine, atterre les dirigeants européens
(crédit : BBC)De toute l’Europe, les réactions sont arrivées rapidement, d’autant plus dures qu’elles provenaient de personnes plutôt atlantistes. Les propos de l’ancien commandant en chef de l’OTAN (SACEUR), l’amiral US James Stavridis, comme du secrétaire général de l’Alliance atlantique Jens Stoltenberg sont particulièrement intéressants. Car ils reflètent assez bien la stupeur dans les milieux diplomatico-militaires.
Quelques dirigeants (Allemagne, Pays-Bas, Suède…) ont nommément mis en cause le président actuel Donald Trump, l’appelant à prendre des mesures. D’autres (Autriche, Royaume-Uni, Tchéquie,…) l’ont fait de façon implicite exigeant un transfert de pouvoir dans l’ordre). Certains (Belgique, Luxembourg) ont préféré afficher un soutien sans ambiguité à Joe Biden.
Les dirigeants européens les plus ardents supporters de Trump tels le Bulgare Boyko Borissov, le Hongrois Viktor Orban ou le Polonais Mateusz Morawiecki se sont abstenus de réagir, comme embarrassés. À noter une fausse note à Varsovie. Où le président polonais a réagi de façon très ambigüe, à rebours du ton général, sur le mode non interventionniste, comme faisant référence aux critiques européennes sur l’État de droit. En revanche, le Slovène Janez Jansa (qui a aussi affiché sa sympathie avec Donald Trump) s’est dit troublé par les violences.
Dans ce concert, la réaction des institutions européennes apparait plutôt faiblarde. Les propos de Ursula von der Leyen notamment sont d’une platitude désarmante face à des actes qualifiés « d’insurrection » ou de « sédition » (selon les propos du président élu Joe Biden) voire même de tentative de coup (d’état) par des élus démocrates comme certains républicains. Ceux de Charles Michel (Conseil européen) sont un peu plus évidents. Les mots de Josep Borrell ou de David Sassoli sont finalement les plus clairs et plus adaptés à la situation.
NB : A l’heure de boucler cet article aucune réaction n’était venue du couple franco-allemand. Emmanuel Macron (France) a réagi tard dans la nuit par un message vidéo. Angela Merkel (Allemagne) a réagi plus tard de manière similaire dans la matinée.
Une démocratie américaine assiégée
« Scènes choquantes à Washington D.C. Le résultat de cette élection démocratique doit être respecté. » Jens Stoltenberg (secrétaire général de l’OTAN)
« Je n’ai jamais pensé, au cours d’une longue vie passée opérationnellement dans des zones de conflit, à voir des scènes comme celle-ci à [Washington] DC aux États-Unis. Nos adversaires seront stupéfaits de leur chance de voir cette insurrection – la Russie et la Chine réfléchiront activement à la manière de la prolonger. […] Il faudra des décennies avant que les responsables américains ne parlent aux responsables étrangers de l’importance d’un transfert pacifique du pouvoir d’élections libres et équitables sans que les horreurs du 6 janvier ne leur soient renvoyées au visage. » James Stavridis, amiral (retraité), ancien commandant suprême allié de l’OTAN de 2009 à 2013.
« Aux yeux du monde, la démocratie américaine apparaît ce soir assiégée. Il s’agit d’une attaque invisible contre la démocratie américaine, ses institutions et l’État de droit. Ce n’est pas çà l’Amérique. Les résultats des élections du 3 novembre doivent être pleinement respectés. » Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne (Haut représentant de l’UE).
Les réactions dans les différentes capitales
« Des images horribles de Washington D.C. Cher Donald Trump, reconnaissez Joe Biden comme le prochain président aujourd’hui ! » Mark Rutte (premier ministre Pays-Bas, VVD / ALDE)
« Je suis avec beaucoup d’inquiétude ce qui se passe à Washington. La violence est incompatible avec l’exercice des droits politiques et des libertés démocratiques. J’ai confiance dans la solidité et la force des institutions des États-Unis. » Giuseppe Conte (premier ministre Italie)
« [Je suis] extrêmement troublé par la violence et les événements horribles qui se déroulent à Washington, la démocratie américaine est résiliente, profondément enracinée et surmontera cette crise. » Kyriákos Mitsotakis (premier ministre Grèce, ND / PPE)
« C’est si triste de voir ce qui se passe dans la capitale américaine en ce moment. La démocratie vaincra ! » Ingrida Šimonytė (premier ministre Lituanie / PPE)
« Scènes honteuses au Congrès américain. Les États-Unis sont partisans de la démocratie dans le monde et il est désormais vital qu’il y ait un transfert de pouvoir pacifique et ordonné. » Boris Johnson (PM Royaume-Uni / ECR)
« Choqué par les scènes à Washington, D.C. C’est une atteinte inacceptable à la démocratie. Un transfert de pouvoir pacifique et ordonné doit être assuré. » Sebastian Kurz (premier ministre Autriche, ÖVP / PPE)
« C’est avec une grande inquiétude que je suis le cours des événements à Washington, D.C. Nous assistons actuellement à une attaque contre la démocratie. Le président Trump et de nombreux membres du Congrès ont une grande responsabilité dans ce qui se passe actuellement. Le processus démocratique d’élection d’un président doit être respecté. » Stefan Lofven (premier ministre Suède / S&D)
« Tous devraient être très troublés par la violence qui se déroule à Washington, D.C. Nous espérons que la démocratie américaine est résistante, profondément enracinée et qu’elle surmontera cette crise. La démocratie présuppose une protestation pacifique, mais la violence et les menaces de mort – de gauche ou de droite – sont TOUJOURS fausses. » Janez Janša (premier ministre Slovénie, ECR)
« Les violences contre le Capitole sont une attaque odieuse contre les fondements de la démocratie et la liberté de la presse. Nous avons confiance dans la force du peuple et des institutions américaines pour surmonter ces temps de division et nous nous tournons vers le président élu Joe Biden. » Xavier Bettel (premier ministre Luxembourg, ALDE)
« Choc et incrédulité face aux événements en cours au Capitole américain, symbole de la démocratie américaine. Nous sommes convaincus que les institutions fortes des États-Unis surmonteront ce moment difficile. Soutien total au président élu Joe Biden. » Alexander De Croo (premier ministre Belgique / ALDE)
« Les images violentes de la violation du Capitole à Washington aujourd’hui sont choquantes. Cependant, je suis convaincu que la démocratie américaine et l’État de droit sont suffisamment solides pour résister à toute attaque. » Jüri Ratas (premier ministre Estonie / ALDE)
« Scènes très inquiétantes de Washington DC, je suis convaincu que les institutions démocratiques et les principes de l’État de droit prévaudront. » Edgars Rinkēvičs (ministre des Affaires étrangères letton) retweeté par Krišjānis Kariņš (premier ministre Lettonie)
« L’intrusion de manifestants dans le bâtiment du Congrès est une affaire très grave et préoccupante. Cela montre combien il est important de défendre la démocratie sans trembler. » Sanna Marin (premier ministre Finlande / S&D)
« L’extrémisme, la violence, la polarisation et le chaos ne sont jamais la voie à suivre. Images horribles de Washington. Que la démocratie redevienne opérationnelle ». Mette Frederiksen (premier ministre Danemark / S&D)
« Les ennemis de la démocratie seront heureux de voir ces images incroyables de Washington DC. Les paroles d’émeutes se transforment en actes violents – sur les marches du Reichstag, et maintenant dans le Capitole. Le mépris des institutions démocratiques est dévastateur. Trump et ses partisans devraient enfin accepter la décision des électeurs américains et cesser de piétiner la démocratie. » Heiko Maas (ministre des affaires étrangères allemand, SPD / S&D)
« Je suis avec inquiétude les nouvelles qui viennent de Capitol Hill à Washington. J’ai confiance en la force de la démocratie américaine. La nouvelle présidence de Joe Biden surmontera cette période de tension, unissant le peuple américain. » Pedro Sánchez (premier ministre Espagne, PSOE / S&D)
« Je suis avec inquiétude l’évolution de la situation à Washington. Des scènes troublantes. Le résultat des élections doit être respecté, avec un transfert de pouvoir pacifique et ordonné. J’ai confiance dans la force des institutions démocratiques aux États-Unis. » António Costa (premier ministre Portugal / S&D)
« La violence au Capitol Hill à Washington DC est préoccupante et inacceptable. Nous faisons confiance à la démocratie américaine, qui devrait rester un modèle mondial, et exprimons notre confiance que la situation va bientôt se désamorcer afin de permettre la reprise de la certification des votes électoraux. » ministère roumain des affaires étrangères.
« Des moments troublants à Washington DC. La violence n’a pas d’excuse. #Capitol est un symbole de la démocratie. Son rôle constitutionnel doit être respecté en tout temps et en toutes circonstances. C’est ce qu’est l’État de droit. » Igor Matovic (premier ministre Slovaquie, OĽaNO / PPE)
« Le peuple irlandais a un lien profond avec les États-Unis d’Amérique, construit au fil de nombreuses générations. Je sais que beaucoup, comme moi, regarderont les scènes se dérouler à Washington DC avec beaucoup d’inquiétude et de consternation. » Micheál Martin (premier ministre Irlande, Fianna Fáil / ALDE)
« Ce qui s’est passé aux États-Unis est une attaque inacceptable et sans précédent contre la démocratie. Quatre vies ont été inutilement perdues et le processus démocratique de base a été perturbé. J’ai toujours condamné la violence et le chaos de ce genre. La transition du pouvoir doit se faire en douceur et de manière pacifique. Je crois fermement que ces incidents doivent cesser. » Andrej Babiš (premier ministre Rép. Tchèque, ALDE)
Le couple franco-allemand asynchrone
« Ce qui est arrivé aujourd’hui à Washington n’est pas américain. […] Nous ne cèderons rien à la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause [la démocratie]. » a réagi dans un long message vidéo Emmanuel Macron (président français, LREM / ALDE)
We believe in democracy.#WeAreOne pic.twitter.com/dj3hs66KKn
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 7, 2021
« Ces images m’ont rendu furieux et triste. Mais je suis sûr que la démocratie américaine sera beaucoup plus forte que les agresseurs et les émeutiers » a indiqué Angela Merkel (premier ministre Allemagne, CDU / PPE). « Je regrette beaucoup que le président Trump n’ait pas admis sa défaite depuis novembre et encore hier. Les doutes sur le résultat de l’élection ont été alimentés. Cela a créé l’atmosphère nécessaire pour que les événements de la nuit deviennent possibles »
Diese Bilder haben mich wütend und traurig gemacht. Ich bin aber sicher: Die amerikanische Demokratie wird sich als viel stärker erweisen als die Angreifer und Randalierer. – Kanzlerin #Merkel zu den Ereignissen in #WashingtonDC: pic.twitter.com/5N0kFqzyHg
— Steffen Seibert (@RegSprecher) January 7, 2021
La réaction molle des institutions européennes
« Je crois en la force des institutions et de la démocratie américaines. La transition pacifique du pouvoir est essentielle. Joe Biden a remporté l’élection. Je me réjouis de travailler avec lui en tant que prochain président des États-Unis. » Ursula von der Leyen (Commission européenne).
« Le Congrès américain est un temple de la démocratie. Être témoin des scènes de ce soir dans Washington DC est un choc. Nous faisons confiance aux États-Unis pour assurer un transfert pacifique du pouvoir à Joe Biden. » Charles Michel (Conseil européen).
« Profondément inquiétant, les scènes du Capitole américain ce soir. Les votes démocratiques doivent être respectés. Nous sommes certains que les États-Unis veilleront à ce que les règles de la démocratie soient protégées. » David Sassoli (Parlement européen, S&D).
Ne pas s’en mêler
« Les événements de Washington sont une affaire intérieure des États-Unis, qui sont un État démocratique et de droit. Le pouvoir dépend de la volonté des électeurs, et la sécurité de l’État et de ses citoyens est garantie par les services désignés à cet effet. La Pologne croit en la force de la démocratie américaine. » Andrzej Duda (président Pologne, PiS / ECR)
(Propos rassemblés par Nicolas Gros-Verheyde)
Mis à jour 1H du matin – 7.1 9h et 12h avec propos Macron, Merkel, Babis – et mise en perspective des différents propos et nuances apportées dans le commentaire sur les institutions UE.
Cet article Entre consternation et condamnation, les Européens atterrés par ‘l’insurrection’ au Capitole à Washington (v4) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Les Européens ne sont plus des ‘nains de papier’. L’Union est devenue un acteur de premier plan qui s’ancre dans la durée. Les zones de surveillance maritime s’étendent. C’est un tournant majeur qui se prépare en mer
Entre les opérations multinationales menées par quelques Européens, de façon coordonnée, aux opérations menées dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC), les Européens sont aujourd’hui en position d’assurer une surveillance de plusieurs zones maritimes, non seulement dans leur pourtour immédiat, mais également plus loin.
Quatre zones surveillées en permanence
D’Est en Ouest quatre zones maritimes sont aujourd’hui surveillées de façon permanente :
1. La Méditerranée centrale. L’opération EUNAVFOR Med Irini, à l’origine centrée sur le trafic d’êtres humains, a été recentrée en avril 2020 sur le contrôle de l’embargo sur les armes et le trafic de pétrole en Libye. Elle est dotée d’un mandat exécutif, c’est-à-dire avec possibilité d’inspection, voire d’arrestation ou de saisie des navires. Mandat donné par une résolution de Nations unies.
2. La Mer rouge, le Golfe d’Aden et l’Océan indien. L’opération EUNAVFOR Atalanta, à l’origine destinée à la lutte anti-piraterie, vient de voir son mandat revu et corrigé à partir du 1er janvier 2021. Elle est dotée d’un mandat exécutif (inspection de force, arrestation, saisie), donné par une résolution de Nations unies.
3. Le détroit d’Ormuz et le Golfe d’Oman. L’opération Agenor — volet militaire de EMASOH (European Maritime Awareness in the Strait of Hormuz) —, chargée essentiellement de surveiller les menaces venues d’Iran et de veiller à la bonne circulation des tankers et autres méthaniers, qui font la navette entre le Golfe et l’Europe afin d’assurer l’approvisionnement en pétrole et gaz. Une mission lancée à l’initiative de la France, qui n’est pas formellement sous commandement de l’Union européenne, mais a été montée dans le même esprit et avec des Européens. Elle n’a pas de mandat exécutif.
4. Le Golfe de Guinée. C’est le terrain d’expérimentation des présences maritimes coordonnées, nouveau concept européen léger, permettant de coordonner des moyens nationaux présents sur une même zone. Concept décidé en 2019 et qui sera mis en œuvre en 2021 (lire : Les ministres de la Défense ouvrent la porte à un mécanisme de présence maritime coordonnée). Dans le Golfe, trois marines — portugaise, espagnole et française (opération Corymbe) — sont présentes de façon quasi-permanente dans la zone, sans compter les efforts bilatéraux (belge par exemple). L’essentiel de leur activité est déterminé en étroite coordination et en soutien des marines locales. Mais elles disposent également d’un mandat exécutif général, découlant du droit de la mer, permettant d’intervenir en haute mer en cas de fait de piraterie.
À cela, il faut ajouter :
Quelques éléments pour comprendre ce tournant
Une réflexion et une évolution sous le poids des menaces
Ceci est le résultat à la fois d’une stratégie mûrement réfléchie — la mise en place d’une stratégie de sûreté maritime (EMSS) en 2014, impulsée par la France, mais aussi les pays méditerranéens (Portugal, Espagne notamment), des menaces (la piraterie somalienne en 2007-2008, la crise migratoire en Méditerranée en 2015-2016, la stabilisation de la Libye en 2020 ) — et des opportunités, comme le retrait de l’OTAN des opérations anti-piraterie et une présence moins multinationale des Américains dans certaines zones.
La transformation d’Atalanta, un vrai signal
La récente transformation de l’opération de lutte anti-piraterie EUNAVFOR Atalanta est symptomatique. Un fait, passé relativement inaperçu, veille de Noël et rush le Brexit oblige, sauf de B2… (lire : Avec quatre nouvelles tâches, EUNAVFOR Atalanta devient une opération de surveillance maritime globale de l’Océan indien).
L’ajout de quatre objectifs nouveaux de surveillance des trafics en tous genres (armes, drogues, charbon, pêche illicite) — avec un mandat exécutif (inspection de force, arrestation, saisie, traduction en justice) pour les deux premiers domaines (armes et drogues) — témoigne de cette évolution, qui ancre les Européens dans un rôle de ‘police des mers’ dans une zone d’intérêt stratégique, hors des eaux territoriales européennes (exception faite de La Réunion et Mayotte). De plus, elle vient compléter, voire suppléer aux défaillances de la mission multinationale impulsée et conduite par les Américains (CMF) qui n’ont plus une activité aussi importante que par le passé.
L’aérien et le satellitaire vecteurs clés des opérations de surveillance
Les moyens navals ne sont pas seuls mobilisés. Le concept européen est aussi de fédérer des moyens aériens, mais aussi satellitaires, qui sont primordiaux dans cette action de surveillance. La coopération très étroite, opérationnelle, mise en place en Méditerranée et au large de la Libye, avec le centre satellitaire de l’UE à Torrejon en Espagne (CSUE) devra être regardée de près. Elle pourrait servir de prélude à un développement plus systématique.
De nouvelles zones à prévoir
Cet état des lieux pourrait évoluer dans l’avenir. D’une part, le concept de ‘présences maritimes coordonnées’ expérimenté dans le Golfe de Guinée a vocation à s’étendre à d’autres zones. La Grèce et Chypre sont ainsi demandeurs pour la Méditerranée orientale. La Finlande ou la Suède pourraient faire de même pour la mer Baltique (qui est plutôt aujourd’hui une zone de patrouille de l’Alliance atlantique). D’autre part, de nouvelles zones maritimes deviennent stratégiques aujourd’hui. Il n’est pas interdit de penser ainsi que l’Arctique devienne dans les cinq ans à venir une zone de surveillance commune. La situation en mer de Chine, aujourd’hui un peu plus lointaine des centres d’intérêt européen, pourrait aussi devenir un point d’ancrage supplémentaire.
Une dominante : l’intérêt européen
Au final, on remarque que dans ces opérations, l’Europe et les Européens mettent en avant un axiome : la défense de leurs intérêts, qui est hissée au même rang (voire au-dessus) de l’objectif historique de stabilisation de zones à risque. On n’est plus là dans des débats (théoriques) sur la souveraineté européenne ou l’autonomie stratégique, mais bien dans une application pratique.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Les militaires du 601e groupe de forces spéciales sont en phase d’installation sur la base avancée de Menaka
Une première tchèque
Pour les hommes de cette unité d’élite de l’armée de terre tchèque, qui porte le nom du général Moravec (2), basée à Prostějov (ville située entre Brno et Olomouc), c’est un peu une première. Ils ont déjà été déployés sur plusieurs terrains de tensions (depuis l’avènement de la république Tchèque) : durant la guerre des Balkans (IFOR, SFOR, KFOR, FORPRONU), en Irak (lors de la guerre du Golfe ou l’opération Enduring Freedom) ou en Afghanistan. Mais jamais en Afrique en position de combat. Ce déploiement de 60 personnels vient concrétiser une décision entérinée par le parlement tchèque fin octobre (lire : Takuba : le oui (définitif) des Tchèques).
Une terre déjà connue
Pour autant, le Mali n’est pas terre inconnue pour l’armée tchèque. Depuis les débuts des opérations, en 2013, des éléments sont déployés au sein de la mission de formation de l’UE (EUTM Mali), assurant notamment la ‘force protection’ du camp, comme les escortes VIP (Lire : Les Tchèques s’engagent, de façon décisive, dans EUTM Mali et Première mission en Afrique pour les paras de Chrudim). Et la mission elle-même est commandée depuis un an, par un général tchèque, le général Ridzak (lire : Les Tchèques vont prendre le commandement de la mission EUTM Mali).
Une présence industrielle
Coté industriel, cette présence est un atout. Elle permet à Prague de renouer des contacts pour des contrats de fourniture, notamment en matière d’avions de formation. Une vieille pratique tchèque puisque durant la période du ‘bloc de l’Est’, la Tchécoslovaquie a équipé plusieurs forces africaines (dont Mali, Nigeria puis Ghana, Guinée) en avions de formation L29 Delfin fabriqués par Aero Vodochody. Début janvier 2020, Prague a ainsi annoncé la signature d’un contrat de vente de quatre avions d’entrainement L39 Albatros au Sénégal (lire : Une formidable opportunité selon Tomáš Kopečný).
Un déploiement plus lent que prévu
Prévu à l’origine pour une pleine capacité opérationnelle, à l’automne ou fin 2020, celle-ci ne devrait finalement pas être atteinte début 2021 comme espéré (lire : L’opération Takuba prend du retard. 2021 plutôt que courant 2020) mais plutôt à la mi-2021. Les Suédois doivent aussi se déployer début 2021. Le recrutement est en cours, indique-t-on à Stockholm. Les Italiens sont aussi attendus. Mais malgré une décision favorable de la Chambre des députés, dans le cadre de la planification des opérations pour 2021, c’est l’expectative sur leur date d’arrivée exacte sur le terrain. Au ministère des Armées, on se montre plutôt évasif sur ce sujet. Ce serait davantage pour le printemps… au plus tôt.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Le colonel allemand Eckard Böddeker a pris le relais du colonel espagnol Vicente Infante, comme numéro 2 (commandant adjoint) de la mission de l’UE de formation de l’armée malienne.
Les col. Oliveras (de dos) et Böddeker (crédit : EUTM Mali)Une passation effectuée lors d’une cérémonie tenue au QG à Bamako le 1er janvier. C’est le prélude au changement de commandement, qui doit voir le général espagnol Fernando Gracia Herreiz prendre le relais du général tchèque František Ridzák, début janvier (lire : Un général de brigade espagnol prend la tête d’EUTM Mali en janvier). Il sera suivi d’un général allemand.
Böddeker vient de l’armée de terre allemande. Il a notamment été commandant du bataillon d’appui au commandement 285 (Führungsunterstützungsbataillons), dont une partie de l’effectif a été déployé au sein de l’ISAF en Afghanistan pour assurer la ‘force protection’.
(NGV)
Lire aussi : Mali. Il faut doter les FAMA d’une structure correcte de commandement et de contrôle (général Gracia Herreiz)
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