La lèpre ! La simple évocation de cette maladie provoque répugnance et dégoût pour le commun des mortels, tant la déformation physique qu'elle inflige à qui la contracte est effroyable. Bien que la maladie se fasse de plus en plus rare sous nos cieux, il existe toujours des personnes qui en souffrent. En allant à la rencontre de ces marginalisées, confinées au centre de léproserie des religieux camiliens, à Paspanga, nous avons touché du doigt leur vécu ; elles qui, malgré les dures réalités que la vie leur a imposées, se saignent les quatre veines pour triompher de leur handicap. Reportage.
Samedi 2 novembre 2024. Il est 5h45. A l'orient, les étoiles qui scintillent s'éteignent une à une. Dans le ciel, des flocons de nuage rament tout en grossissant peu à peu, comme un enchaînement de pierres pour la construction d'un mur. L'illumination gagne les hauteurs et le bleu du jour, comme il fallait s'y attendre, renaît de plus belle avec toute sa délicate transparence. Dans cette vaste cour construite exactement comme dans les célibatoriums, sortent de leur habitat pour prendre place au milieu de l'établissement, là où est dressé un grand hangar en tôle, les pensionnaires du centre de léproserie. Nous sommes à Ouagadougou, précisément dans le quartier Paspanga, à quelques 500 mètres du mur de l'Ecole nationale de santé publique, côté nord.
En observant bien cette population forte d'une vingtaine de personnes, on peut voir que chez certains les orteils ont totalement disparu. Chez la plupart, les phalanges ont fléchi, se repliant sur elles-mêmes. D'autres n'ont quasiment même plus de doigts. Ici, la salutation se fait comme dans le monde réel. En leur tendant la main, l'on est sidéré par la fermeté de leurs paumes qui, au toucher, sont aussi rugueuses que la surface d'une roche. En la relâchant, on a l'impression d'être griffé mais de manière inoffensive, exactement la même sensation que celle que l'on a quand on est agrippé par un bébé.
Les doigts fléchis et repliés d'un patient atteint de la lèpreCette déformation physique est dûe à une bactérie appelée bacille de Hansen, découverte il y a plus de 150 ans. « La lèpre est une maladie qui touche la peau, les muqueuses et les nerfs. Ces complications touchent les mains, les yeux et les pieds. Au niveau des yeux, à un moment donné, la visibilité diminue. Le patient ne voit plus bien. On peut même avoir une autre complication appelée la lagophtalmie. Cela veut dire qu'il y a une atteinte du nerf qui commande les paupières, si bien que lorsque le patient ferme les yeux, il a l'impression qu'un œil est resté ouvert. On peut même arriver jusqu'à la cécité. Ça évolue de façon progressive », explique Dr Léopold Ilboudo, dermatologue-vénérologue, ex responsable de l'unité d'élimination de la lèpre, de la lutte contre la leishmaniose et de l'ulcère de Buruli, une unité du Programme national de lutte contre les maladies tropicales négligées.
Au niveau de la main, le professionnel de santé informe que les sensations ressenties sont les effets liés à la complication de la maladie. « La main de l'être humain devient comme celle d'un singe parce qu'il y a une fonte des muscles. Au début, on parle de griffes qui sont souples parce que si on pose le diagnostic en ce moment et qu'on fait la rééducation, il est possible d'amener les doigts à rester fonctionnels », a-t-il développé. Il arrive aussi que les griffes en question deviennent fixes. « C'est pour cela que vous voyez souvent certains anciens malades de la lèpre qui ont des doigts qui sont vraiment repliés en flexion. Ce sont des griffes cubitales fixées » précise-t-il.
Les mêmes atteintes au niveau des mains qui leur donne l'apparence de celles d'un singe, touchent également les pieds. « Ils deviennent faibles. Lorsque le patient marche, c'est comme si le pied tombait. A ce niveau, on peut même arriver à une ostéite. On a une plaie qui devient creusante et qui peut même atteindre l'os. Mais une fois au stade de l'ostéite, l'on est obligé d'aller à une situation radicale qui est l'amputation », a détaillé Dr Ilboudo.
« La lèpre défigure. Chez certains patients, le nez devient plat et la personne nasonne », Dr Léopold IlboudoDes plaies béantes et indolores
Le centre de léproserie de Paspanga œuvre à une prise en charge sanitaire des personnes vivant avec la lèpre ou avec ses séquelles. Hormis les patients in situ, le site accueille une kyrielle de personnes qui arrivent des quatre coins du pays, pour recevoir des soins. Venue tout droit de Koupéla, localité située à 140 km de la ville de Ouagadougou, région du Centre-est, Marguerite Sinka, qui traîne un mal de pied depuis deux années, dit n'avoir pas eu d'autre choix que de rejoindre la capitale pour recevoir des soins adéquats. Le visage fripé, le regard fixe, taille élancée et apparence frêle, c'est le pied droit recouvert d'une bande blanche et la démarche légèrement boitillante, que la kourittengalaise nous relatera son histoire. Selon ses dires, tout a commencé par une simple boursoufflure. « Je sentais un petit point sur mon pied, qui commençait à s'enfler. Je faisais donc un pansement pour éviter que le pied ne grossisse davantage. En lavant le pied, je voyais du pus jaillir quelques fois et, avec le temps, j'ai constaté que la plaie grossissait », se souvient la patiente.
Toutefois dit-elle, les séquelles de la maladie ont été observées alors qu'elle avait été transférée à l'hôpital Saint Camille pour cause de paludisme. « C'est une fois là-bas qu'un médecin a vu mon pied et m'a dit que ce n'était pas normal qu'il soit comme ça. Il m'a donc dirigé vers le centre de léproserie. C'est là que j'ai su que j'étais atteinte de la lèpre », se rappelle cette mère âgée de 42 ans, soutenue par son fils depuis les premières sensations de cette gêne qui remontent à 2013.
Le pied de dame Sinka, pendant le pansementLe récit de dame Sinka n'est pas si différent de celui de Pascal Kaboré. De teint noir, visage rond, 1m80 environ, c'est sourire aux lèvres que celui-ci acceptera de se faire interviewer, convaincu que sa situation pourrait servir de témoignage pour les autres. « Je me rappelle que j'étais encore jeune lorsque j'ai contracté la maladie. Je sentais des démangeaisons au niveau de mon pied et au fur et à mesure, il grossissait. Entre-temps, je voyais que du pus sortait. J'ai d'abord essayé la médecine traditionnelle, dans laquelle j'ai dépensé beaucoup, beaucoup d'argent. Mais rien ! C'est en me rendant à l'hôpital que j'ai su que je présentais les signes de la lèpre. Petit-à-petit, j'ai vu l'état de mon pied s'aggraver, mais chose bizarre, ça ne faisait pas mal. Je ne ressentais aucune douleur », se remet le quinquagénaire, tout en se proposant par la même occasion d'ôter la bande qui recouvre son pied pour que l'on constate de visu ce qu'il en est.
Pendant que Aimé Korgo, un des aides aux cotés des lépreux du centre, s'activait à débander le pied, nous remarquons dans un premier temps la quantité abondante de tissu pharmaceutique qui avait servi à recouvrir le membre. Plus on déroulait la bande, plus on sentait la peau du patient s'enfoncer dans sa chair. Une fois totalement détachée, nous voilà en face de ce que nous avons souhaité voir, sans peser psychologiquement la lourdeur de la tâche que nous voulions accomplir.
La plaie était de couleur rouge, à devenir blanche. Elle était totalement ouverte, très profonde et débutait depuis le talus (os de la cheville) jusqu'en dessous du genou. En clair, on était directement en contact avec la chair même du pied qui semblait être recouverte de pus. La peau donnait l'impression d'avoir été rongée et l'os long qu'est le tibia, scié jusqu'à ce qu'il se soit aminci. Il était d'ailleurs visible à l'œil nu. Sur place, l'odeur qui s'en exhalait était d'un parfum à en couper le souffle, à tel point que s'invitèrent dans le même temps une nuée de mouche, que le patient prenait le soin de chasser d'un revers de main.
Le pied de Pascal Kaboré, une fois la bande ôtéeObservant tout cela pendant un bon moment la bouche ballonnée de salive, nous scrutions silencieusement M. Korgo se ménager activement à lui faire un pansement. Gants sanitaires enfilés, masque au nez, c'est avec une grosse quantité de coton que celui-ci passait et repassait sa main sur toute la surface ouverte du pied, décapant ainsi cette muqueuse blanchâtre qui s'y était collée. Puis, humectant par la suite le sparadrap de bétadine, il s'appliquait à nettoyer à nouveau la plaie avec une rudesse des plus terrifiantes, avant de recouvrir à nouveau le membre de bandes.
Tout cela se passait sans que le patient n'émette le moindre gémissement ou donne l'air d'avoir mal. Seulement à quelques endroits précis de la plaie, on pouvait l'entendre pousser un léger cri de douleur, juste de façon sporadique, avant de se taire. Pas plus ! Après que l'aide des lépreux eût finit sa tâche, nous prîmes le temps de quitter les lieux pour un moment, ceci pour éviter de régurgiter sur place tout ce que nous avions dans le ventre. Après que nous eussions repris nos esprits, nous voilà de retour sur nos pas, pour poursuivre notre aventure.
Garder le moral malgré la stigmatisation
Dans la tradition juive, les lépreux étaient considérés comme des impurs. Aussitôt les symptômes de la maladie constatés, ces derniers étaient mis hors du camp jusqu'à ce que leur situation se soit nettement améliorée. Ce n'est qu'ainsi qu'ils pouvaient rejoindre les leurs. Ce contexte vieux de plusieurs siècles n'est pas aussi différent de celui burkinabè, si bien que la solidarité agissante reconnue à l'Afrique, en vient à être rompue, une fois face à cette maladie. Dans certains milieux, l'entourage ne passe pas par quatre chemins pour fuir ces derniers comme la peste.
Du côté du centre de léproserie, plusieurs d'entre eux ont dû quitter leurs familles dans ces conditions, étant considérés comme de trop par leurs proches censés pourtant être leurs premiers soutiens, leurs premiers appuis. « J'étais à Kaya quand tout a commencé. Je voyais mes doigts pourrir un à un. Une fois à Ouagadougou pour les soins, je fréquentais l'hôpital constamment. J'y ai fait près de neuf ans. Plus tard, on m'a redirigé vers le centre de léproserie. Pendant tout ce temps, j'avais ma famille à côté, mais qui ne manquait pas de me rappeler que j'étais sale ou de se moquer de moi. J'étais devenu une charge pour elle, parce que je ne pouvais pratiquement rien faire. C'était dur ! C'est ainsi que j'ai décidé de venir vivre ici, à Paspanga, avec les autres. Vu que nous sommes tous pareils, nous savons nous comprendre et nous nous entraidons comme on peut », se remémore Amado Sawadogo, sexagénaire dont le mal a débuté par de simples tâches, alors qu'il était dans la trentaine.
« Le centre m'a donné une famille », Amado SawadogoPas de chance pour Pascal Kaboré, qui dit vivre tous les jours cette stigmatisation comme un damné. Interrogé sur les débuts de cette maladie qu'il a depuis plus de vingt ans, nous observons cet homme qui paraissait volubile et blagueur au premier abord, marquer inopinément un temps de silence. Dans son regard, quelques larmes grossissaient ses orbites avant de disparaître légèrement, après qu'il ait levé la tête pour les ravaler. Nous passâmes environ cinq minutes à l'observer exécuter ce mouvement, comme pour implorer cette force venant de depuis les cieux, avant de lâcher le moindre mot.
L'atmosphère était insupportable ! Le corps droit et le regard fixe, nous nous contentons de le regarder s'infiltrer dans les profondeurs invisibles de son esprit, là où s'endort sûrement un passé à l'horreur des fours crématoires, avant de finalement ouvrir les lèvres pour se confier : « Ça fait pitié hein ! », lâche-t-il. « Ça fait pitié ! Je vivais en famille. Mais à cause de la maladie, j'ai dû quitter la cour. Il y en a qui te détestent carrément juste pour ça et te disent de ne pas les toucher. Certains ne veulent même pas que tu t'approches d'eux. D'autres font tout pour t'éviter. On ne te parle pas, on t'insulte directement en te disant que tu n'es rien et que tu ne seras rien dans ta vie. Quand j'arrive quelque part, les gens se dispersent parce qu'ils ne veulent pas me sentir », dégouline-t-il d'une voix à peine audible.
Mais après avoir vu des vertes et des pas mûres des années durant, il affirme être arrivé à surmonter ce mal-être. Après tout, chaque être humain est de passage sur terre et même si la vie ne vaut rien, rien ne vaut la vie. Sourire en tout temps, même quand c'est difficile et que tout semble perdu est désormais la raison qu'il s'est faite. Vivre avec ce mal est déjà pénible ! Inutile d'en rajouter quand le monde semble contre vous, se convainc-t-il. « Si en plus de la maladie, je dois à chaque fois tenir compte de ce que les gens disent ou pensent de moi pour me lamenter, je vais finir misérable. Moi je veux vivre ma vie comme tout être humain normal et les autres devraient en faire pareil », conseille cet homme, qui dit se contenter de l'amour que lui portent sa tendre épouse et ses trois enfants.
Des locaux vieillissants
Le centre de léproserie de Paspanga existe au Burkina depuis 1970. Cela fait donc plus de 50 ans que le site abrite ces pensionnaires. Construit au départ pour accueillir une poignée de malades, le site est devenu au fil du temps, la citadelle de ces personnes laissées pour compte. Les petites pièces qui, jadis, permettaient de mettre tout le monde à l'abri, ne suffisent plus à accueillir le monde. Pire, les bâtiments tombent en ruine. La peinture externe qui donne l'impression que les murs sont solides n'est que le pâle reflet de la réalité, une fois à l'intérieur même des maisons.
En franchissant par exemple le seuil de la porte de l'infirmerie, spacieuse d'environ 15 mètres carrés, l'on est frappé par la clarté obscure de la pièce. Il y a bel et bien une ampoule pour l'éclairage. Seulement, les cartons et casiers de produits disposés çà et là emplissent le local, si bien que l'électricité n'y a plus son mot à dire. En jetant un coup d'œil rapide sur le peu d'espace qui reste, le ciment qui tapissait le sol a partiellement été décapé par les infiltrations souterraines d'eau de pluie. Les murs complètement lézardés donnent l'impression d'être dans une grotte égyptienne et inutile de porter des verres pour constater que les eaux de pluie ont violé le toit, laissant transparaître à l'intérieur de la pièce, des jets d'éclair provenant tout droit du ciel.
Le sol de l'infirmerie, décapé et toujours humide malgré la saison pluvieuse passéeSelon les pensionnaires, ce que nous avons vu n'est que la partie visible de l'iceberg. « Si vous étiez venu en saison des pluies, vous alliez verser des larmes. Pendant cette période, quand il pleut, on reste debout. Comme les bâtiments sont vieux, l'eau pénètre à travers les murs, par le toit et même par le sol. Personne ne peut dormir », dépeint une des internes, qui nous observait parcourir les bâtiments du regard.
Des concessions qui existent depuis l'époque de l'indépendance et qui tiennent toujours bon, il en existe. Cependant, comment expliquer cet état de dégradation avancé du site, avons-nous demandé au Père Abel Kaboré, camilien et premier responsable du centre. A cette question l'homme nous fera visiter l'arrière-cour, où coule depuis des années un ruisseau, lequel était présent avant même la construction du centre. Etant le seul terrain que les religieux avaient à l'époque pour la cause, ils n'eurent d'autre choix que d'ériger là, la bâtisse.
Mais le temps a passé et le ruisseau, tout comme un enfant qui poursuit sa croissance normale, s'est agrandi. Toute chose qui n'a pas été sans conséquence. « Quand il y a eu la pluie du 1er septembre 2009, la cour était si pleine d'eau qu'elle nous atteignait jusqu'au cou. On était obligé de se faire aider par les voisins pour faire sortir les gens de la cour. On les a logés dans une école située à quelques mètres du centre, mais deux personnes sont malheureusement décédées. Après ça, on a essayé de créer un système pour évacuer l'eau de pluie. On a creusé un trou par lequel l'eau était censée sortir. Malheureusement, quand il pleut, le courant est tellement fort que l'eau, au lieu de sortir, entre de plus belle dans la cour. C'est ce qui affecte la solidité et la résistance du bâtiment », a-t-il répondu. A ce problème s'ajoutent les cas de maladies incessantes, comme le paludisme, qui frappent durement les pensionnaires du centre et ce froid de canard qui les fait grelotter comme au pôle nord.
Une vue du ruisseau qui menace la sécurité des pensionnaires du centreFace à cette situation éprouvante, les camiliens ont entrepris de construire un centre ailleurs, dans un environnement beaucoup plus calme et spacieux, pour reloger les pensionnaires dont l'effectif s'accroît d'année en année. Sakoula est le village choisi et où le terrain a été obtenu, ce, grâce à la générosité du chef de la localité. Avec les différentes aides et appuis financiers, quelques installations ont pu être faites : maisons, château d'eau, aménagement pour jardinage, etc. Cela a permis d'y installer une vingtaine d'ex pensionnaires du site de Paspanga, qui travaillent à être autonomes.
« A Sakoula, il manque la clôture. On voudrait aussi agrandir l'élevage qu'on y a débuté et acquérir les papiers du terrain » Père AbelMendier malgré soi
« Ne nous jugez pas. Essayez de comprendre notre situation. Nous sommes aussi humains comme vous. Humains et frères de la même patrie. » Ces syntaxes bien que sonnant comme un cri de révolte, ne sont nullement celles de Tiken Jah Fakoly, encore moins de Sana Bob. Elles sont extraites du chant de Karim Ouédraogo, un lépreux du centre de Paspanga qui a décidé de dépeindre leurs situations, leurs douleurs, sur des sons de rythme reggae. A le voir marcher, on aurait dit que la situation du jeune homme n'est pas si alarmante, au point de sillonner les artères de la ville pour espérer trouver pitié aux yeux des hommes valides, qui ne manquent pas toujours de le mépriser et le regarder avec dédain, toutes les fois où il tend la main pour demander quelques pièces.
Pourtant, la situation de ce quadragénaire n'était pas aussi exécrable. Maçon de son état, l'homme avait décidé d'assurer sa pitance quotidienne à la sueur de son front. Le peu de sous qu'il gagnait ne lui permettait certes pas d'avoir le train de vie du roi Crésus, néanmoins, arrivait-il à subvenir à ses besoins les plus élémentaires. Tout allait bien jusqu'à ce qu'à l'âge de la majorité, il fut frappé par cette maladie handicapante. Rejeté par son entourage et par ses proches comme une vulgaire vermine, il dit avoir été accueilli à bras ouvert au centre de léproserie.
Là, il reçut des soins qui lui permettaient de tenir un tant soit peu, mais il ne fallut pas longtemps pour qu'il soit informé de l'état avancé de sa maladie. Face à cette situation affligeante, aucune solution ne se profile à l'horizon. Pour le guérir et surtout le maintenir dans le monde des vivants, une seule échappatoire s'offre à lui : l'amputation. Débité et dégoutté de cette vie qui ne lui laisse aucun choix, Karim se rend compte qu'il est condamné à un avenir incertain et que sa vie sera aussi mouvementée qu'un navire en proie à un océan en furie. Se construire un foyer, vivre de ce que l'on a choisi comme métier, s'épanouir dans la société, sont désormais des rêves qu'il relativise et prend avec pincettes.
Cette situation de mendicité, Karim n'est pas le seul à la vivre. Conscient qu'il n'y a aucune dignité à tendre la main et qu'aucun avenir ne se construit dans la mendicité, les berges du ruisseau ont été aménagées pour permettre aux uns et aux autres de faire du jardinage. En plus de cela, le centre essaie autant que faire se peut, de partager des vivres aux pensionnaires chaque deux semaines, précisément les samedis. A ce moment de partage, des personnes nécessiteuses, externes au centre, sont aussi bénéficiaires, toute chose qui rend difficile la prise en charge des lépreux.
En clair, les fruits du travail de la terre et les vivres partagés ne suffisent pas à nourrir « tout le peuple », qui se chiffre à plus de 70 personnes. Ventre creux n'ayant point d'oreille, les pensionnaires du centre sont souvent obligés de s'adonner à la mendicité, malgré eux. « Dans les années 90, celui qui était en charge du centre était un religieux italien du nom de Père Vincent Luize, décédé en août dernier. Il avait énormément de partenaires et les vivres nous venaient de partout à travers le monde. En ce moment-là, le partage des vivres se faisait deux fois dans la semaine, mercredi et samedi. Mais avec le temps, les priorités se sont accrues et le nombre de lépreux a considérablement augmenté. On est obligé maintenant de le faire deux fois dans le mois, ce qui ne suffit pas », a déploré l'aide des lépreux, Aimé Korgo.
« Avant la crise sécuritaire et humanitaire, on bénéficiait de l'aide de beaucoup d'institutions pour les vivres » Aimé KorgoLa santé, un luxe qu'ils ne peuvent se payer
Outre les problèmes d'alimentation, l'approvisionnement en produits pour les soins des patients toujours en traitement suscite des difficultés. Selon M. Korgo, lorsqu'un nouveau cas est détecté, tout un arsenal de produits doit être disponibilisé pour étouffer la maladie avant qu'elle ne s'aggrave. Si le tout est mobilisé dare-dare, le patient peut guérir rapidement et ne pas développer les complications physiques dûes à la contraction de la maladie. Dans le cas contraire, attendre que les produits soient disponibles est la seule option. « Ça arrive souvent qu'on soit en rupture de stock et que les cartons soient vides. On a la chance qu'avec l'hôpital Saint Camille de Ouagadougou, en cas d'urgence, on nous envoie les produits. Mais c'est difficile ! On a par exemple des patients externes qui ont perdu la vue. C'est l'une des conséquences de la maladie d'ailleurs. Ils ne peuvent plus venir au centre pour les soins. Au temps du Père Vincent, on se déplaçait jusque dans leurs concessions une fois par semaine pour leur prodiguer les soins. Mais avec la situation même du pays, tout est devenu difficile, si bien qu'on y va maintenant une fois dans le mois », regrette cet homme qui a voué une grande partie de sa vie à ce centre, étant au chevet des lépreux depuis 1996, soit depuis la classe de 6e.
Une vue des cartons de produits presque videsA côté des patients qui se soignent pour éviter la maladie, il y a aussi ceux qui ont un membre amputé et qui portent des prothèses. Elles ont tout l'air d'un pied, mais n'en sont pas un. En tout cas, pas un comme celui des personnes valides. Souvent faite en céramique ou en acier, elles sont tapissées de chiffons à l'intérieur comme à l'extérieur et sont totalement hors de prix pour le Burkinabè lambda. « Au Centre de léproserie, nous avons six personnes qui en portent et deux qui en ont besoin. Cela veut dire qu'elles ont eu un membre amputé. Quand il s'agit de la jambe uniquement, le patient porte une prothèse tibiale. Quand l'amputation est faite au niveau de la cuisse, on parle de prothèse fémorale. La difficulté avec l'amputation à elle seule, c'est qu'elle coûte au minimum 500 000 francs CFA. Ça, c'est parce que nous avons certains produits pour effectuer le pansement. Sinon on est bien au-delà de cette somme. En plus de çà, le tibial coûte 500 000 francs CFA. Le fémoral, un peu plus de 800 000 francs CFA. Ce qui veut dire que lorsqu'on veut procéder à une amputation, le minimum à avoir par devers soi, c'est un million de francs CFA. Sans quoi, le patient restera dans la douleur », évalue Aimé Korgo.
Le centre est en quête de partenaires qui pourront l'aider pour l'achat des prothèsesSelon ses dires, une prothèse peut durer environ dix ans. Seulement, cette durée est relative car pour une personne active, l'on est bien en deçà de ce chiffre. Karim par exemple a sa prothèse tibiale depuis moins de cinq ans. Seulement, avec les kilomètres parcourus par jour pour espérer avoir de quoi se nourrir, mais aussi enregistrer ces chansons au studio, la prothèse du jeune homme est déjà en état d'être changée ou presque. « Au moment d'acheter sa prothèse, on n'avait pas d'argent. On avait un besoin en vivres et un bienfaiteur nous avait envoyé des ressources pour en acheter. Vu que son cas était grave, on était obligé d'écrire au bienfaiteur pour lui expliquer la situation et recueillir son autorisation pour réorienter les fonds vers les soins de Karim. Il a accepté et une fois le traitement fait, on lui a renvoyé les papiers pour qu'il constate de lui-même que l'argent a bel et bien été utilisé pour soigner quelqu'un. Il a vu que nous étions de bonne foi, alors, il nous a renvoyé des sous pour l'achat des vivres », a retracé M. Korgo. Tout comme Karim, ils sont nombreux ces patients en attente d'être amputés et dotés de prothèses. Malheureusement, le centre est en manque de moyens pour les soulager.
« Je dois enregistrer trois sons, le tout à 150 000 francs cfa, avant d'être inscrit au BBDA. Je voudrais un producteur qui croira en moi » Karim OuédraogoAttention ! La lèpre, pas loin de nos maisons
La lèpre fait partie des maladies tropicales négligées et se transmet d'une personne malade à une personne bien portante, à travers les glaviots projetés suite à un toussement ou un éternuement. Si beaucoup craignent d'être contaminés par une simple poignée de main, le professionnel de santé rassure. Le simple fait de saluer un lépreux ne suffit pas à ce qu'une personne bien portante contracte la maladie. Il faut un contact étroit avec la personne malade. « Chez nous, on parle de promiscuité. Cela veut dire que vous êtes tout le temps ensemble », a clarifié Dr Léopold Baowendsom Ilboudo, dermatologue-vénérologue. Un autre élément important tient au manque de douche quotidienne. « Ne serait-ce qu'une douche par jour permet de réduire le risque de transmission de la bactérie d'une personne à une autre » a poursuivi le spécialiste.
Au Burkina Faso, les chiffres tendent à une recrudescence de la maladie, surtout chez les enfants. A la lecture du dernier tableau dressé par le Programme national de lutte contre les maladies tropicales négligées, sur le nombre de cas enregistrés au Burkina Faso ces dernières années, on note qu'en 2019, aucun enfant n'a été diagnostiqué positif à la maladie. En 2020 par contre, sur les 170 nouveaux cas enregistrés, l'on en a dénombré 2. En 2021, ils étaient 8 sur les 250 nouveaux cas détectés. En 2022, 6 sur 212 et en 2023, 9 sur 206. L'évolution de la maladie s'effectue en dents de scie, toute chose qui interpelle à la prise de mesure pour y faire face.
Une vue du tableau récapitulatif actualisé datant du 24 décembre 2024, concernant le nombre de nouveau cas de lèpre et d'enfants touchés, de 2018 à 2023A ce sujet, l'unité d'élimination de la lèpre entreprend bon nombre d'actions pour réduire la maladie à sa portion congrue. Ainsi, passe-t-elle d'abord par le dépistage passif, qui consiste pour le malade à se rendre chez l'agent de santé, lorsqu'il constate une situation anormale sur sa peau. Il y a aussi le dépistage actif mis en œuvre depuis 2018, qui consiste en ce que les agents de santé se rendent dans les villages ou localités pour consulter la population. Outre cela, il y a le dépistage communautaire. C'est celui qui consiste à renforcer les capacités des agents de santé à base communautaire pour qu'ils sachent détecter la maladie et accompagnent ces personnes vers les services de santé. Ce système est beaucoup plus utilisé pour les localités où les agents de santé ne peuvent se rendre, eu égard à une situation bien donnée.
Il n'y a pas de cas d'enfant au centre de PaspangaLes symptômes de la maladie qui se matérialisent souvent par une tâche claire, qui ne gratte pas toujours, rendant la maladie difficile à détecter. « Chez certaines personnes, c'est dans dix ans ou plus que les premiers signes apparaissent. La particularité de la lèpre, c'est que cette tâche est insensible. Cela veut dire que lorsque sur cette tâche, l'agent de santé teste la sensibilité en y passant du coton, si le malade ne sent pas qu'on le touche avec le coton, c'est un élément évocateur qui l'oriente vers la lèpre. Donc si vous voyez une personne qui a des tâches sur sa peau dont la couleur est moins foncée que la couleur normale et que ces tâches subsistent, il faut lui conseiller de se rendre dans un centre de santé », préconise le dermatologue-vénérologue.
L'actualité de cette maladie est qu'elle n'est plus d'actualité, alors qu'elle atterre beaucoup de personnes. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle est encore présente et dangereuse. Prudence !
Erwan Compaoré
Lefaso.net
Note: ">NDLR : Toutes les images ont été prises avec le consentement des patients et des premiers responsables du centre. Pour tous vos dons, contactez le Père Abel : 72 33 09 83
L'année 2024 tire vers sa fin. En début d'année beaucoup de personnes se sont fixé des objectifs à atteindre au cours de l'année. Certains les ont atteints d'autres non. Voici le bilan de certains.
Nous sommes au crépuscule de l'année 2024. Dans quelques heures tout le monde entier dira « by by », à 2024. Qu'est-ce que certains retiennent de cette année ?
« Puisque notre avenir individuel se dessine dans une collectivité, on se soucie d'abord pour notre pays. Notre pays connaît des difficultés mais ces difficultés ne sont pas insurmontables. Je retiens aussi que 2024 a été une année supplémentaire d'affirmation de notre pays, de notre identité. Au plan individuel, l'année 2024 a été pour moi une année quelconque, mais une année d'enseignement. Je l'ai parcouru avec beaucoup d'énergie et de courage, de sorte à pouvoir surmonter les petites difficultés de santé, de travail, et du quotidien des humains. Durant l'année qui s'achève, j'ai beaucoup appris. J'ai appris dans le cadre de la formation professionnelle. J'ai aussi appris la vie des hommes à la suite d'erreurs que j'ai faites. Dans le cadre de mon activité principale, actuellement en formation professionnelle pour un concours de droit, les objectifs sont atteints pour l'année. Par contre, pour les objectifs fixés dans le cadre la formation continue, je n'ai pas pu les atteindre. Mais je compte les poursuivre l'année suivante. Finalement, l'année 2024 reste une année positive. Que Dieu nous rende 2025 meilleure », a laissé entendre Yaya Sombié.
Yaya Sombié a atteint plus au moins ses objectifs fixés« En 2024, j'ai pu améliorer ma vie spirituelle et accroître mon expérience dans le monde du travail. D'un point de vue personnel, l'année a été plus ou moins bien. On ne s'attend pas à ce que tout soit rose, mais comme il y a la santé et les parents aussi sont là on rend grâce à Dieu. Il y a des points à améliorer mais nous allons étape par étape. Aussi, on constate que le pays essaie d'avancer et cela donne de l'espoir. On souhaite vraiment que la paix revienne et on encourage tous ceux qui de près ou de loin contribuent à cette tâche. On espère pouvoir s'améliorer pour 2025 avec l'aide de Dieu », a indiqué Ibrahim Keita.
Ibrahim Keita a atteint ses objectifs fixés en 2024« L'année 2024, n'a pas été facile pour moi. Parce que j'étais tout le temps malade. A cause de ça je n'ai pas pu réaliser certaines choses que j'avais en vue. Néanmoins, je dis merci à Dieu. Je commence à retrouver la santé. J'espère que 2025 sera meilleure pour moi. Pour notre pays, je souhaite que les autorités essaient de travailler avec toutes les composantes de la société pour trouver des solutions efficaces à cette crise. Que Dieu protège les soldats qui sont au front. On prie pour que la paix revienne en 2025 », a dit Rachida Bambara.
Rama Diallo
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Le Premier ministre Jean-Emmanuel Ouédraogo a procédé à la remise officielle d'équipements médico-techniques au ministre de la santé, Dr Robert Kargougou, ce mardi 31 décembre 2024 à Ouagadougou. Ces équipements acquis à hauteur de plus de cinq milliards de FCFA viennent renforcer le système de santé.
L'année 2024 s'achève en toute beauté pour le ministère de la Santé avec la remise d'équipements médico-techniques par le Premier ministre Jean-Emmanuel Ouédraogo. Au monument des martyrs, des motocyclettes étendues à perte de vue, des pick-up, des ambulances, etc. Plus précisément, il s'agit de dix ambulances, de 39 pick-up et de 625 motocyclettes. À cela s'ajoutent des équipements de bloc opératoire, de réanimation et 83 équipements de laboratoire. L'ensemble de ces équipements ont été acquis à hauteur d'environ 5 800 000 000 F CFA, financés à plus de 90% par le budget de l'État.
Ces équipements vont permettre de renforcer les capacités opérationnelles des formations sanitaires et permettre d'intensifier les actions de prévention des maladies à travers des interventions communautaires et des soins davantage rapprochés des populations.
Des motocyclettes pour faciliter la mobilité des agents de santé.“C'est un lot de matériels assez important qui devrait permettre de répondre à deux objectifs majeurs. Le premier, c'est la qualité de l'offre de soins aux citoyens burkinabè partout sur le territoire national. L'autre objectif, c'est l'amélioration des conditions de travail des braves agents de santé qui en dépit de toutes les difficultés se battent dans un esprit de sacrifice pour que les Burkinabè puissent bénéficier de soins de santé de qualité”, a déclaré le Premier ministre.
Les équipements de bloc opératoire et de réanimation ont été acquis par la SOGEMAB (Société de gestion de l'équipement et de la maintenance biomédicale) à hauteur de deux milliards de F CFA. Ils se composent de chariots d'anesthésie, de tables opératoires pouvant supporter jusqu'à 230 kg, de respirateurs, de lits électriques pour les patients en réanimation, d'échographes portatifs, etc.
Les équipements médico-techniques ont coûté plus de 5 milliards 800 millions de F CFA.Selon son directeur général, le médecin lieutenant-colonel Éric Nao, les équipements ont été acquis en fonction des besoins exprimés par les Centres hospitaliers universitaires et Centres hospitaliers régionaux. En vue de faciliter l'utilisation et la maintenance des équipements, la SOGEMAB a opté de limiter le nombre de marques d'équipements à quatre. Il a assuré également que l'acquisition des équipements s'est faite avec les pièces de rechange, ainsi qu'un contrat de maintenance de trois ans. En outre, les techniciens de la SOGEMAB ont vu leurs capacités renforcées par les marques auprès desquelles ont été acquises les équipements, ce qui va faciliter la maintenance.
Dr Anata Doro/ Soré, directrice régionale de la santé du Centre-Sud est l'une des bénéficiaires des équipements médico-techniques. Elle a exprimé sa reconnaissance au gouvernement, notamment pour les ambulances qui vont faciliter les évacuations et les motocyclettes qui vont faciliter la mobilité des agents de santé à base communautaire et permettre aux agents de santé de vacciner davantage d'enfants à travers la stratégie avancée. « Ces motos vont apporter une plus-value. Cela permettra aux agents de santé de se déplacer au niveau de la communauté pour rattraper tous les enfants qui n'ont pu être au centre de santé », a souligné Dr Soré.
Le Premier ministre Jean-Emmanuel Ouédraogo (à gauche) remettant les clés des ambulances au ministre de la santé Dr Robert Kargougou.Rappelant le coût des équipements et la part contributive du gouvernement à son achat, le Premier ministre a invité le ministre de la santé à veiller à ce que les agents sur le terrain en prennent bien soin. « Il faut que chacun se rende compte que c'est le fruit du labeur des Burkinabè et donc quand on a conscience de cela, ça veut dire que c'est une grande responsabilité qu'on a au quotidien pour faire en sorte que l'usage soit optimal et qu'on en prenne le plus grand soin », a laissé entendre Jean-Emmanuel Ouédraogo.
Justine Bonkoungou
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Le pont Embo, qui relie les provinces du Nord-Kivu, de l’Ituri et du Haut-Uele, s’est effondré depuis environ deux semaines. Plus d’une dizaine de pirogues ont été mises en place pour faciliter la traversée des personnes et des marchandises, a indiqué mardi 31 décembre, appelant à la réhabilitation de cet ouvrage.
Ce lundi 30 décembre 2024 à Ouagadougou, la société minière IAMGOLD Essakane SA a fait un don de 500 kits alimentaires au Conseil National de Secours d'Urgence et de Réhabilitation (CONASUR) pour soutenir les efforts du gouvernement burkinabè dans l'amélioration des conditions de vie des populations vulnérables. La cérémonie de remise a eu lieu en présence de Franck Napon, Directeur Santé-Sécurité et Développement Durable de la mine d'or Essakane, et de Soumaïla Zorome, Secrétaire Permanent du CONASUR, entouré de ses collaborateurs.
Le Burkina Faso connaît actuellement de nombreux défis en matière humanitaire et sécuritaire. Le 14 décembre dernier, la société minière Essakane organisait à Dori, une opération de don de 2000 kits alimentaires au profit des ménages vulnérables dont 500 Kits réservés pour le niveau national et 1500 pour les populations hôtes de la mine.
Après la remise du don aux populations sahéliennes, le CONASUR vient donc réceptionner une partie du don destiné à des ménages en situation d'insécurité alimentaire et en situation d'urgence dans les autres parties du pays.
Ce don, composé de 250 sacs de riz de 50 kg chacun et de 250 bidons d'huile de 5 litres, vise à soutenir les populations vulnérables, notamment les déplacés internes et leurs communautés hôtes, affectées par la crise humanitaire qui frappe le Burkina Faso.
Par ce geste fort de solidarité, IAMGOLD Essakane SA accompagne les populations locales, premières concernées, mais aussi des familles vulnérables à l'intérieur du pays. « Notre pays traverse des moments difficiles, et nous estimons important de contribuer à cet effort collectif », a déclaré Franck Napon, soulignant l'implication de la mine Essakane dans des initiatives sociales et humanitaires.
Franck NAPON Directeur SSDD Mine EssakaneDe son côté, Soumaïla Zorome a exprimé sa reconnaissance à l'endroit la société minière IAMGOLD Essakane SA engagée auprès des populations les plus vulnérables du Burkina. « Ce geste est d'une grande importance, car il permettra d'améliorer la prise en charge des déplacés internes et des communautés vulnérables. Nous saluons cet élan de solidarité qui vient renforcer nos efforts », a-t-il affirmé.
Soumaila ZOROME SP/ CONASUREn plus de produire de l'or dans une zone impactée par le réchauffement climatique, la mine Essakane travaille sur le terrain pour apporter un soutien concret et une aide précieuse aux populations burkinabè. Parmi les axes prioritaires du programme de développement durable de la mine, on peut citer la sécurité alimentaire, l'accès à l'eau potable, la construction d'infrastructures ou encore l'environnement.
Correspondance particulière
Le bilan des pluies torrentielles, qui se sont abattues les 28 et 29 décembre dans les localités des BB Salamabila et BB Wamaza, territoire deKabambare (Maniema), fait état de 4 morts et plus de 14 000 personnes sans-abris.
Selon les rapports des autorités coutumières et humanitaires, outre les maisons d’habitation, ces sinistrés ont perdu leurs réserves alimentaires, leurs biens essentiels ainsi que plusieurs hectares de cultures.
Les sinistrés de pluies diluviennes sont sans assistance au village Kabimbi, secteur de Luapula, territoire de Kasenga (Haut-Katanga). Ils courent le risque des maladies hydriques et de famine, a alerté lundi 30 décembre le député national Balthe Chola Ngoy.
Les pluies diluviennes, qui se sont abattues le 18 décembre à Kabimbi, ont cause des dégâts énormes.
Alors que les grandes rues de Ouagadougou grouillent de monde pour les fêtes de fin d'année, chacun prépare à sa manière la célébration du réveillon et du jour de l'an. Quelques habitants de la capitale partagent leurs attentes et leurs souhaits pour cette nouvelle année.
Harouna Ouango, conducteur automobile
« J'ai foi que 2025 sera une année meilleure que 2024. Il faut célébrer les fêtes avec modestie en pensant à nos forces de défense et de sécurité qui sont loin de leur famille. C'est grâce à eux que nous pouvons fêter et nous agiter. Donc je pense qu'il ne faut pas en faire trop et avoir une pensée pour eux. Je souhaite beaucoup de santé à tous les Burkinabè en 2025 ».
Harouna Ouango, conducteur automobileAwa, restauratrice
« Après la messe, je vais dîner avec ma famille et mes clients dans mon restaurant. Malgré les difficultés que j'ai traversées depuis longtemps, 2024, à travers Dieu a essuyé mes frustrations et les peines. C'est une année qui a été très agréable pour moi par rapport aux années antérieures. Je remercie le Seigneur pour tout ce que j'ai réalisé car c'est grâce à lui. Je prépare 2025 avec beaucoup d'amour, de conviction et de paix. Je voudrais qu'il y ait beaucoup d'énergies positives autour de moi. Que Dieu restaure tous ceux qui souffrent en silence, qu'il guérisse les malades et qu'il protège les orphelins, les veufs et veuves du monde entier. Au-delà de tout, que Dieu donne la force à notre président afin qu'il puisse travailler ».
Awa qui est restauratrice trouvé que l'année 2024 a été une bonne annéeIssa, commerçant de chaussures
« Vu que je n'ai pas fait de bonnes affaires je vais juste partager un repas avec ma famille et rendre grâce à Dieu pour la vie. D'habitude ici au marché, nous vendons beaucoup pendant cette période mais cette année, la clientèle se fait rare. Les gens disent qu'ils n'ont pas d'argent donc le marché est morose. On souhaite seulement que la paix revienne en 2025 car cela impacte tout le monde ».
Thérèse, enseignante
« Nous avons décidé de faire le réveillon de la Saint Sylvestre en famille avec les enfants, les petits enfants avec un repas que l'on va partager. L'année 2024 a été très difficile pour moi sur le plan économique et celui de la santé mais je rends grâce à Dieu car je suis toujours en vie. Pour 2025, nous demandons à Dieu de nous aider à retrouver la paix dans tout le pays. On souhaite qu'il y ait une bonne avancée économique et des partenariats fructueux dans le pays ».
Samuel Zongo, vulcanisateur
« L'année qui s'achève n'a pas été simple. Les affaires ne marchent pas et en plus il y a l'insécurité. Pour les fêtes, je ne pourrai pas faire ce que je fais d'habitude pour ma famille. Mais le plus important ce n'est pas d'avoir l'argent selon moi mais c'est la santé pour atteindre nos objectifs. Je souhaite en 2025 pouvoir aller partout au Burkina pour mon activité si possible ».
Nouroudine Nikièma, boucher
« Je suis content d'achever cette année car j'ai la santé et mes affaires fonctionnent assez bien. Pour la Saint sylvestre je vais sauter un poulet pour ma mère et lui remettre un peu d'argent aussi. À mon avis 2024 était meilleure que 2023 donc je rends grâce à Dieu. Je souhaite qu'en 2025 mes rêves se concrétisent ».
Nouroudine Nikiema espère que ses rêves se concrétisent en 2025Farida Thiombiano
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Débuté le 23 décembre 2024 à Ouagadougou, le camp d'éveil scientifique et technologique, organisé au sein du Cours privé « Le Creuset », se déroule avec succès à trois jours de sa clôture. Cette initiative de l'Académie de création et d'éveil scientifique (ACES) vise à préparer la nouvelle génération aux défis technologiques futurs tout en leur offrant une expérience ludique et enrichissante.
Le jeudi 26 décembre 2024, au lendemain de Noël, nous retrouvons des enfants de 7 à 17 ans, encore pleins d'énergie. « Même pas fatigués ! », semblait-on lire sur les visages. L'expert en cybersécurité et investigation numérique, Younoussa Sanfo, guide les apprenants dans la création de mots de passe robustes d'au moins douze caractères incluant lettres, chiffres et caractères spéciaux. L'ambiance est studieuse mais joyeuse, preuve que la Nativité n'a pas entamé le dynamisme des enfants.
Frédéric Sévérin Soubeiga dispensant le module sur la robotiqueDe Bamako à Ouagadougou
Mohamadoun Kassé, un jeune malien en classe de 1re A, participe pour la deuxième fois à ce camp. « Mon père a vu l'affiche sur Facebook en 2023. Il s'est dit que ce type de formation me plairait beaucoup. Il m'en a parlé et je suis directement venu au Burkina Faso pendant les congés de Noël », indique le Mohamadoun Kassé qui assure avoir beaucoup appris l'année dernière sur l'arduino, la conception et le pilotage des drones. « Cette formation est la bienvenue, car les enfants aiment tout ce qui bouge. Les initier aux technologies dès maintenant, c'est s'assurer d'avoir des hommes avertis et aguerris à l'avenir. », explique-t-il.
Le jeune Malien Mohamadoun Kassé est à sa deuxième participationUne pédagogie adaptée à tous les âges
Frédéric Séverin Soubeiga, ingénieur en robotique et formateur au camp, se dit émerveillé par l'éveil et la créativité des apprenants. « Nous avons commencé par les bases de l'algorithmique et de la programmation, puis abordé le montage et la programmation de robots. », précise-t-il.
« La méthode pédagogique du camp se base sur des exemples de la vie courante pour faciliter la compréhension. Les enfants sont répartis en groupes selon leur âge. Nous apprenons aux plus grands des concepts plus poussés et nous initions les plus jeunes aux langages graphiques comme Scratch. À la fin du camp, ils seront capables de programmer un jeu sur Scratch, de monter et programmer un robot », assure Soubeiga. Il ne cache d'ailleurs pas sa fierté de voir des élèves comme Traoré Idrissa et Ouédraogo Muslim assembler, programmer et démonter aisément des robots.
Younoussa Sanfo, expert en cybersécurité et en investigation numériqueLe pilotage de drones civils
Après un week-end (les 28 et 29 décembre, ndlr) de repos bien mérité, les enfants reviennent enthousiastes pour le module de pilotage de drones, animé par le formateur Roch Sawadogo
Lors du cours théorique, les apprenants explorent le vocabulaire spécifique des drones et ont un aperçu de la législation en vigueur. « Au Burkina Faso, il y a des règles concernant l'utilisation des drones », rappelle le formateur.
« Par exemple, il est interdit de survoler certains sites sensibles tels que les hôpitaux, les commissariats et les aérodromes. De plus, la hauteur maximale de vol en agglomération est limitée à 150 mètres. On ne peut pas utiliser les drones la nuit ou encore capturer des images du voisinage. Il faut respecter la vie privée des autres. », a rappelé le formateur, pour qui l'espace public n'est pas aussi un espace de jeu.
Après cette session théorique, les enfants ont appris à faire voler les drones à l'aide d'un simulateur de vol, avant de passer à la pratique en conditions réelles avec des drones adaptés à leur âge. « Souvent les enfants maîtrisent mieux les simulateurs que les adultes. Ils apprennent plus vite en s'amusant », observe Roch Sawadogo.
Préparer les innovateurs de demain
Ce camp, organisé par l'Académie de création et d'éveil scientifique (ACES), s'inscrit dans sa mission d'éducation et de sensibilisation aux technologies émergentes.
Les initiateurs entendent susciter la curiosité scientifique de ces derniers et leur permettre de développer des compétences en logique, créativité et résolution de problèmes, des atouts précieux pour leur avenir académique et professionnel, dans un monde de plus en plus numérique. « Certains pourraient choisir de poursuivre dans la robotique ou la programmation, ce qui serait bénéfique pour le Burkina Faso. », conclut l'ingénieur en robotique Frédéric Séverin Soubeiga.
En attendant, rendez-vous est pris le vendredi 3 janvier 2025 pour la cérémonie de clôture. Ce sera l'occasion pour les enfants de montrer à leurs parents qu'ils n'ont pas eu tort de les confier à l'Académie de création et d'éveil scientifique durant ces congés de Noël.
Fredo Bassolé
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Après deux semaines de compétition, sous la houlette des responsables en charge du sport, le tournoi de ballon militaire (de la 3e Région militaire) a connu son épilogue dans la soirée de lundi, 30 décembre 2024, sur le terrain du Camp général Baba Sy, Ouagadougou. La finale, qui a opposé la Compagnie de commandement et des services (CCS) à la Compagnie mortier lourd (CML), s'est soldée par la victoire de la CSS par un score de 6-4. L'objectif principal de ces compétitions, dont l'apothéose a eu lieu devant de nombreuses notabilités coutumières, est de raffermir les liens entre les différentes unités de l'armée.
Le commandant de la 3ème région militaire, lieutenant-colonel Éric Dabiré, a salué l'esprit qui a animé la compétition.C'est dans une ambiance bon enfant que s'est déroulée cette finale, en présence de plusieurs cadres et responsables militaires, mais également de nombreux invités, frères d'arme et civils, dont une grande mobilisation de notabilités coutumières et de l'association des garagistes Bangr-Nooma du quartier Karpala (quartier riverain du camp). Avant le top départ à proprement dit donné par le commandant de la 3e région militaire, le lieutenant-colonel Eric Dabiré, le public a assisté à une remise de certificats de reconnaissance à des partenaires.
Le lieutenant-colonel Éric Dabiré, ses collaborateurs et invités, saluant...Cette étape a fait place à la finale. Elle a opposé la Compagnie de commandement et des services (CCS) à la Compagnie mortier lourd (CML). Après les salutations d'usage des deux équipes par les autorités militaires et invités, avec en tête le commandant Eric Dabiré, place au duel, en deux fois 20 minutes. Une rencontre sur la supervision technique de l'adjudant Adama Fofana et du sergent Lompo et les commentaires des deux ‘'spécialistes'' du jour, auto-proclamés ici Daba Kini et Gabriel Barrois (deux célèbres journalistes sportifs burkinabè), au grand plaisir de supporters et invités.
...les équipes avant le coup d'envoi.C'est dans ce décor que CCS et CML sont livrées à ce jeu typiquement militaire, qui se joue avec la main et sur un terrain semblable à celui de football. Pas de round d'observation entre les deux équipes qui y ont jeté leur dévolu dès l'entame de cette première mi-temps. Dans cette pression de part et d'autre, CML ouvre le score, 10 mn après le coup d'envoi. Elle sera rattrapée 5 mn après. Le jeu gagne en intensité, au grand plaisir du public. Mais la mi-temps intervient sur ce score de parité.
Ici, la commission technique avec l'adjudant Adama Fofana(à gauche) et le sergent Lompo, veillant au grain.Les organisateurs profitent de l'instant pour remettre des prix aux vainqueurs des compétitions de damier, de jeux de cartes et de pétanque. Plusieurs compétiteurs reçoivent des enveloppes financières accompagnées de congratulations et encouragements des chefs militaires et personnalités invitées.
Mission également accomplie pour les commentateurs "Gabriel Barrois" (au micro) et "Daba Kini ".A la reprise, les deux équipes, encore poussées par leurs supporters, puisent davantage dans leurs énergies et ingéniosité. La rencontre s'intensifie avec des occasions de but qui s'enchaînent pour chaque équipe. A la 22e (soit 2 mn après la reprise), CML corse l'addition, 2-1. Mais cela est loin d'être un acquis, car 2 mn plus tard, CCS parvient à l'égalisation. Le temps de savourer cette remontée que CML devance au score. L'adversaire ne se résigne cependant pas, elle revient à la charge. Les buts vont s'enchaîner à un rythme sans répit. Dans ce ping-pong dans les buts, c'est l'équipe de CCS qui s'impose au terme du temps imparti, par un score de 6 buts contre 4.
L'équipe victorieuse, la CCS, posant avec son trophée et ses médailles.La Compagnie de commandement et des services (CCS) s'adjuge donc le trophée, les médailles d'or et une enveloppe financière. La Compagnie mortier lourd (CML) se console avec des médailles d'argent et une enveloppe financière.
Au-delà des deux finalistes, les autres équipes participantes ont reçu des prix d'encouragements. Mieux, de nombreux prix spéciaux, alimentés par des invités, ont été distribués (meilleur gardien, meilleur buteur, équipe fair-play, premier buteur de la finale, etc.).
Pari réussi, une fois de plus, pour les organisateurs de ces sports et loisirs, dont l'objectif principal est de raffermir les liens entre les différentes unités. En attendant les prochaines éditions, responsables militaires et compétiteurs louent tous l'importance d'un tel cadre, surtout dans le contexte national actuel marqué par un défi sécuritaire qui nécessite l'esprit de solidarité, de fraternité, de cohésion pour la défense de la patrie.
...et militaires.« Le sport est un élément-clé pour améliorer notre condition physique et renforcer la cohésion entre les unités, surtout dans le contexte sécuritaire actuel. Ces moments de convivialité nous permettent de mieux nous connaître et de travailler ensemble de manière plus efficace », a félicité le commandant de la 3e région militaire, le lieutenant-colonel Eric Dabiré.
O.L
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La nouvelle Directrice générale de l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI), Rachel Pungu Luamba a pris l’engagement, lundi 30 décembre, de faire de cet établissement un instrument de l’émergence socio-économique en RDC.
Elle a exprimé son engagement lors de la prise de ses fonctions, à Kinshasa en présence du Directeur de cabinet du vice-Premier ministre du Plan, Prince Leta.
La situation sécuritaire a été tendue, ce mardi 31 décembre, dans la cité de Sake, territoire de Masisi (Nord-Kivu) à la suite des combats entre combattants Wazalendo et rebelles du M23.
Selon les sources sécuritaires locales, ces rebelles pro rwandais ont lancé des attaques simultanées contre les positions de l’armée entre 17 heures et 19 heures locales lundi dernier autour de Sake.
Des obus largués par ces rebelles soutenus par le Rwanda, sont tombés notamment sur la colline Matcha ciblant une position des FARDC et wazalendo.