Perdus dans le Pacifique sud, deux cailloux volcaniques inhabités cristallisent les tensions entre la France et le Vanuatu. Un différend territorial ancien, qui ne cesse d’empoisonner les relations entre ces pays. À l’automne dernier, des discussions se sont engagées pour évoquer la question des îlots Matthew et Hunter, ces terres isolées et escarpées situées à quelques centaines de kilomètres à l’est de la Nouvelle-Calédonie.
Une délégation du Quai d’Orsay s’est rendue dans la capitale Port-Vila, les 20 et 21 novembre derniers. De nouvelles discussions vont avoir lieu au cours du premier trimestre, cette fois à Paris. Il n’en fallait pas plus pour déclencher une polémique, sur fond d’accusation de cession de territoires. « La France envisage-t-elle réellement de renoncer à sa souveraineté sur Matthew et Hunter dans le cadre des discussions en cours avec le Vanuatu ? » s’est inquiété le sénateur Christophe-André Frassa (LR) dans une lettre ouverte le 11 novembre dernier.
À l’extrême droite, même crainte d’une cession de ces terres au Vanuatu, pays formé de 80 îles qui s’étendent sur 1 300 km : « La souveraineté nationale ne se négocie pas ni ne s’abandonne. Les Français n’attendent pas du pouvoir macroniste qu’il dépèce dans leur dos nos territoires d’Outre-mer », écrit Marine Le Pen sur X, le 15 décembre. Jordan Bardella évoque, lui, « une menace inadmissible contre l’intégrité territoriale de la France et sa zone économique exclusive d’une valeur inestimable », quand l’eurodéputée Marion Maréchal pointe une « faute stratégique majeure pour la France ».
Soutien du FLNKS« Il n’a jamais été question de céder ces îlots », tranche une source diplomatique. Le différend a été abordé en 2023 par Emmanuel Macron, quand il s’est rendu au Vanuatu. Le président s’était engagé à « identifier une solution rapide et pragmatique » et un « dialogue ouvert ». Le dossier est sensible politiquement car le FLNKS, mouvement indépendantiste kanak en Nouvelle-Calédonie, a notamment signé en 2009 un accord avec Port-Vila qui reconnaît implicitement le rattachement de ces deux îles en raison de « droits coutumiers immémoriaux ».
« Aucune renonciation à notre souveraineté n’a été évoquée » lors du déplacement du chef de l’État, rappelle le Quai d’Orsay. La France appuie une solution de codéveloppement sur la pêche et la recherche scientifique. L’enjeu est considérable, bien que ces terres soient inhabitées : posséder Matthew et Hunter permet à la Nouvelle-Calédonie, et donc à la France, d’avoir une zone économique exclusive (ZEE) importante.
Avec cette législation adoptée lors de la convention de Montego Bay en 1982, la France, deuxième puissance maritime au monde, bénéficie autour des deux îles de 350 000 km² de territoire marin, potentiellement riches en ressources halieutiques et minérales. C’est aussi une zone traversée par des câbles sous-marins de communication.
« La France a pour principe de ne rien rendre »Les deux îlots ont été découverts par les Occidentaux à la fin du XVIIe siècle, mais longtemps boudés en raison de leurs caractéristiques - petits (0,7 et 1 km²), difficiles d’accès, sans ressources exploitables. En 1965, le Royaume-Uni déclare officiellement qu’il reconnaît que ces îles font partie de la Nouvelle-Calédonie. La France y mène des missions militaires et scientifiques régulières depuis les années 1950. Une station météo automatique est ainsi installée en 1979 sur l’île Matthew. En 2015, du personnel est héliporté via la frégate « Vendémiaire ».
Derrière la revendication du Vanuatu, faut-il voir aussi l’ombre de la Chine, dont les appétits sont importants dans la zone ? « Le Vanuatu, qui serait potentiellement sensible à Pékin, pourrait éventuellement offrir des concessions de pêche à la flotte chinoise », indique Paul Tourret, directeur de l’Institut Supérieur d’Économie Maritime (ISEMAR). « De plus en plus présente dans la zone, comme en Nouvelle-Calédonie ou en Polynésie, la Chine réfléchit à des points d’ancrage », complète un spécialiste du sujet qui souhaite garder l’anonymat.
Surtout, une cession de ces îlots pourrait ouvrir la porte à d’autres demandes, estime Paul Tourret : « La France a pour principe de ne rien rendre. Cela créerait un précédent et pourrait encourager d’autres revendications, comme les Comores sur Mayotte ou encore Madagascar sur les îles stratégiques de Tromelin et Éparses ».
La sécurité et la lutte contre la délinquance semblent être les thématiques qui tiennent le plus à cœur aux Français pour les prochaines municipales, selon un sondage Odoxa publié mardi par Public Sénat et la presse régionale. Ce sont les deux réponses les plus citées par les sondés, à la question : « parmi les thématiques suivantes, lesquelles devront, selon vous, faire partie des priorités de votre futur(e) maire pour son mandat à venir ? »
Elles arrivent en tête des « thématiques prioritaires » chez 50 % des électeurs interrogés. Ce chiffre grimpe même à 60 % au sein de la tranche d’âge des 65 ans et plus. Odoxa souligne que la prépondérance de la sécurité avait déjà été observée lors des dernières élections municipales.
Cette thématique, si elle est partagée par toutes les catégories de Français, est surtout mise en avant par les électeurs de droite, d’extrême droite mais aussi du centre : 47 % des sympathisants de Renaissance la citent, 67 % de ceux de LR, 62 % de ceux du RN.
La santé et les impôts, les deux autres thématiques importantesOutre la sécurité, la santé et les impôts locaux (35 %) sont les thématiques qui, selon les sondés, devront faire partie des priorités de leur futur maire.
Viennent ensuite le développement économique local (27 %), la propreté (25 %), l’environnement et la lutte contre la pollution (19 %), les conditions de circulation (17 %), les transports en commun (15 %) et tout en bas le sport et les loisirs (9 %), l’engouement après les Jeux olympiques de Paris semble être bien retombé.
Cette thématique est plus valorisée par les jeunes de 18 à 24 ans (19 %). Ces derniers placent d’ailleurs l’environnement et la lutte contre la pollution en tête de leurs préoccupations (31 %), suivie des transports en commun (26 %).
Le front anti-LFI plus fort que le front anti-RNAutre enseignement de ce sondage, un front anti-LFI semble se dégager. 59 % des Français sont prêts à faire barrage à LFI en votant pour un candidat qui n’avait pas initialement leurs faveurs, contre seulement 44 % qui le feraient contre un candidat RN.
Les Insoumis sont désormais de loin la première force contre laquelle les Français sont prêts à mobiliser leur « vote de barrage ». Selon le sondage : 69 % des électeurs du RN feraient barrage contre LFI, 85 % chez LR mais aussi 85 % chez Renaissance. Ainsi les sympathisants du camp présidentiel, s’ils sont toujours prêts à se mobiliser contre le parti de Jordan Bardella, à 74 %, le feraient moins massivement que contre LFI.
Si cette nouvelle mesure doit entrer en vigueur en 2026, aucune date précise n’a encore été fixée. Mais la ministre déléguée chargée de l’Égalité femmes-hommes Aurore Bergé a promis mercredi un « déploiement » le « plus rapide possible » du nouveau congé de naissance prévu dans le cadre du budget de la Sécurité sociale pour 2026 adopté définitivement mardi.
Ce dispositif s’ajoute aux congés maternité et paternité existants, avec un niveau d’indemnisation plus élevé que le congé parental actuel, également maintenu.
Interrogée sur la date d’entrée en vigueur de ce congé supplémentaire, Aurore Bergé a confirmé qu’un « certain nombre d’éléments » allaient devoir « être pris par décret », notamment la question de l’indemnisation ou encore le délai de prévenance de l’employeur.
« Nous commençons nos travaux dès demain »« L’objectif, c’est que chacun puisse bien avoir accès au congé de naissance et les embarquer dès le début, ce qui parfois n’a pas toujours été fait dans un certain nombre de politiques », a-t-elle déclaré à l’Assemblée nationale dans le cadre de la mission d’information sur les causes et conséquences de la baisse de la natalité en France.
« Nous commençons nos travaux dès demain au niveau interministériel pour arbitrer sur ces éléments de décret et garantir un déploiement le plus rapide possible » parce qu’on « sait que l’attente est extrêmement puissante », a-t-elle précisé.
Annoncé en janvier 2024 par Emmanuel Macron en vue d’un « réarmement démographique » dans un contexte de baisse de la natalité, le congé de naissance instauré par la loi de financement de la Sécurité sociale pourra aller jusqu’à deux mois pour chacun des deux parents.
70 % du salaire netIl pourra être pris soit simultanément soit à des moments distincts par les deux parents et s’ajoutera aux congés maternité (seize semaines) et paternité (28 jours). Le gouvernement a indiqué que le montant d’indemnisation serait de 70 % du salaire net le premier mois et 60 % le second.
Le calendrier de son application, initialement fixée à juillet 2027, a fait débat au Parlement où elle a été avancée à l’Assemblée nationale à janvier 2026, puis décalée à janvier 2027 au Sénat - où ont notamment été mises en avant des contraintes techniques - avant d’être finalement fixée à janvier 2026.
Horizons se range du côté de Louis Sarkozy. Ce mercredi, la Commission nationale d’investiture du parti, présidée par Christelle Morançais, a accordé ses premières investitures et ses premiers soutiens dans le cadre des élections municipales de 2026. Le parti d’Édouard Philippe soutiendra donc le fils de l’ancien président Nicolas Sarkozy, à Menton (Alpes-Maritimes). Ce dernier, jeune papa, devrait concourir sous l’étiquette LR, a annoncé la formation mercredi dans un communiqué consulté par l’AFP.
« Horizons revendique son ambition d’être le parti des maires et des territoires. Ces élections sont l’occasion de poursuivre son implantation », souligne la présidente de la commission d’investiture du parti, Christelle Morançais dans le communiqué.
Louis Sarkozy avait déjà reçu le mois dernier, le soutien des Républicains pour sa candidature aux élections municipales à Menton. Chroniqueur pour LCI, RMC et le magazine conservateur Valeurs actuelles, « il ne sera formellement investi que quand il lancera officiellement sa campagne pour ne pas que ses déclarations dans les médias soient avant cela comptabilisées comme du temps de parole », avait précisé un cadre LR.
« Menton exige du sang neuf »Louis Sarkozy, fan de Napoléon, s’est déclaré candidat dans la coquette ville portuaire à la frontière italienne en septembre. « Je ne suis Mentonnais ni de lignée, ni d’origine, ni de naissance, ni d’éducation » mais « d’adoption », avait-il alors expliqué, se posant comme le candidat du « renouveau », et estimant que « Menton exige du sang neuf ».
View this post on InstagramDans un message sur Instagram, le fils de l’ancien président avait indiqué qu’il constituera une équipe « diverse » qui incarnera notamment « l’engagement qui est le mien, celui que tout le monde connaît de La Droite Républicaine ». Leur mission sera « de gouverner Menton avec équilibre et avec sagesse », assure-t-il.
Cinq candidats de droite et un seul candidat de gauchePour remporter la municipalité, Louis Sarkozy devra faire face notamment à Alexandra Masson, actuelle députée du Rassemblement national (RN), favorite dans les scrutins. Trois autres personnalités de la droite se présentent également : Florent Champion (ancien adjoint au maire actuel, Yves Juhel), Emilie Ria (soutenue par Reconquête) et Sandra Paire (ancienne première adjointe du maire de à Menton, Jean-Claude Guibal). Cette dernière a été condamnée fin novembre à deux ans d’inéligibilité en appel, mais sans exécution provisoire.
Une seule personne représente la gauche unie pour ce scrutin : Laurent Lanquar-Castiel.
Les discussions sur le budget continuent. Le Premier ministre Sébastien Lecornu a demandé mercredi à son gouvernement « de se plier en six pour faciliter les convergences » entre députés et sénateurs qui ont encore « des approches très éloignées » sur le projet de budget de l’État, selon la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.
Le Conseil des ministres n’a pas évoqué l’hypothèse d’une « loi spéciale » pour permettre à l’État de fonctionner sans budget voté après le 31 décembre, car « notre objectif reste de permettre à l’Assemblée nationale et au Sénat de converger » lors de la commission mixte paritaire (CMP) qui se réunira à partir de vendredi, a-t-elle ajouté devant la presse.
« Il reste peu de temps, mais nous ferons tout pour faciliter ce dialogue », a ajouté la porte-parole. Elle a ensuite nuancé en rappelant que le gouvernement ne siégeait pas au sein de la CMP et ne pouvait pas « servir d’intermédiaire » entre des groupes politiques qui doivent se parler « directement ».
Un déficit à 5,3 % est « inacceptable »Sur le fond, « le Sénat ne peut pas faire comme si l’Assemblée n’existait pas », a-t-elle répété à l’intention de la droite sénatoriale, majoritaire dans la chambre haute, peu encline à des concessions vers le Parti socialiste.
Pour autant, « la fiscalité ne peut pas être la première des réponses à une réduction du déficit », a-t-elle lancé à l’égard des socialistes qui réclament 10 milliards de recettes supplémentaires par rapport à la copie initiale comme condition d’une éventuelle abstention.
Un déficit en 2026 à 5,3 % du PIB, comme adopté par le Sénat qui a coupé dans les hausses de fiscalité en première lecture, « est inacceptable », a-t-elle répété, rappelant que le gouvernement visait un déficit « inférieur à 5 % ». « Il reste donc 48 heures pour qu’un dialogue sincère et sérieux puisse se nouer » avant le début de la CMP vendredi, a-t-elle conclu.
Sourire aux anges en baie des Anges. Le maire (Horizons) sortant de Nice, Christian Estrosi, va pouvoir bénéficier du soutien des Républicains, qu’il a quittés en 2021 appartenu, aux municipales. Le parti de Bruno Retailleau a officialisé ce mercredi matin qu’il désignait comme « cheffe de file » la sénatrice LR Dominique Estrosi-Sassone, elle-même en soutien du candidat Horizons. En clair : LR soutiendra Christian Estrosi, face - notamment - à son ancien président, Éric Ciotti.
Une décision qui est le fruit d’un long processus et qui commençait à inquiéter certains élus LR en Provence-Alpes-Côte-d’Azur : ils redoutaient que l’absence de prise de position de LR soit interprétée comme une hésitation, alors qu’Éric Ciotti défend une position d’union des droites. « Le cas de Nice est regardé au niveau national. Est-ce une erreur stratégique ou est-ce volontaire ? » se demandait, il y a quelques semaines, un cadre du parti.
« Un deal, c’est un deal »Mais en réalité, le cas de Nice était bloqué, comme l’avait déjà écrit « Le Parisien-Aujourd’hui en France », par celui de Nîmes. Le président de LR Bruno Retailleau ne voulait pas s’engager à soutenir Christian Estrosi si Horizons ne rendait pas la pareille à Franck Proust, président de la communauté d’agglomération de Nîmes et candidat de LR dans la préfecture gardoise, plus grosse commune de France actuellement dirigée par LR.
Ce blocage faisait l’objet de discussions depuis plusieurs semaines entre le chef d’Horizons, Edouard Philippe, et Bruno Retailleau. Or, comme l’a révélé « L’Opinion », Horizons a fini par se ranger mardi derrière la candidature de Franck Proust, la ville pouvant basculer à gauche.
Un choix qui a permis d’accélérer les choses à Nice. « C’est parfaitement lié à ce qui se passe à Nîmes », assume-t-on à LR, où l’on refusait jusqu’alors de mettre Nice au menu de la commission nationale d’investiture (CNI). « On a dit à Horizons qu’il fallait qu’ils nous soutiennent à Nîmes, que c’était comme ça et pas autrement, expose-t-on chez Les Républicains. Un deal, c’est un deal. »
Nos partis politiques sont-ils infiltrés par des islamistes ? C’est la question à laquelle doit répondre le rapport d’une commission d’enquête dédiée, créée par Laurent Wauquiez avant l’été, qui va être dévoilé ce mercredi après-midi et que nous avons pu consulter en avant-première. Presque 700 pages, fruit de 29 auditions, parmi lesquelles des ministres, des journalistes, les services de renseignement ou encore des universitaires spécialistes de l’islam radical.
Premier constat : « Oui, il existe des liens entre certains responsables politiques et des mouvements islamistes, dont la menace se fait de plus en plus pressante en France », répond Xavier Breton, député LR et président de la commission. Dans le viseur, surtout : la France insoumise.
La présidente de l’Assemblée nationale exècre que l’image de l’institution soit dévoyée et ne manque pas de le faire savoir lorsqu’elle l’estime nécessaire. Dernier exemple en date : la commission d’enquête sur la neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public, présidée par le député Horizons Jérémie Patrier-Leitus et dont le député ciottiste Charles Alloncle en est le rapporteur.
C’est le second qui est tout particulièrement visé par Yaël Braun-Pivet. Invitée ce mardi matin sur France Inter, elle a clairement rappelé à l’ordre le rapporteur Charles Alloncle. « Parfois les commissions d’enquête peuvent être dévoyées à des fins politiques, explique-t-elle. Il faut faire attention parce que c’est un formidable outil de contrôle du Parlement sur l’action des pouvoirs publics. »
Depuis plusieurs semaines, certains soupçonnent les députés d’extrême droite de chercher à dévoyer l’objet de la commission d’enquête pour défendre la privatisation de France Télévisions. Charles Alloncle a d’ailleurs d’ores et déjà promis des « pistes radicales » pour son rapport final, attendu pour le printemps prochain.
Un appel à la retenueYaël Braun-Pivet a donc décidé d’agir, en transmettant un courrier au rapporteur. Sa liste de reproches est longue puisque, selon nos informations, le quatrième personnage de l’État pointe des « incidents d’une fréquence et d’une ampleur inédites ».
Avec, dans la liste des griefs, des informations par voie de presse de convocation de personnes avant même qu’elles n’en aient été elles-mêmes averties, des rappels à l’ordre répétés du président envers son rapporteur, une immixtion des réseaux sociaux dans les débats, ou même des échanges d’invectives.
Les accusations sont donc plutôt lourdes et illustrent le degré de tensions qui animent cette commission d’enquête. « Je ne peux qu’en appeler à votre vigilance et insister sur la nécessité, notamment durant les travaux de la commission d’enquête, de faire preuve de retenue dans vos prises de position et vos expressions publiques, en particulier sur les réseaux sociaux et tout particulièrement durant les auditions », poursuit Yaël Braun-Pivet dans son courrier.
« Une présidente de l’Assemblée nationale ne devrait pas dire ça »Largement soutenu par ses collègues de l’UDR et du Rassemblement national, Charles Alloncle a rapidement réagi sur les réseaux sociaux. « Une présidente de l’Assemblée nationale ne devrait pas dire ça, peut-on lire. Malgré les pressions, d’où qu’elles viennent, y compris de ceux qui ont pour responsabilité de protéger nos institutions et de garantir l’indépendance et les pouvoirs de contrôle des commissions d’enquête, je mènerai ma mission jusqu’au bout, sans faillir et sans céder à la moindre intimidation. »
De son côté, le président de l’UDR, Éric Ciotti, a vilipendé une « dangereuse immixtion » de la présidente de l’Assemblée nationale dans ces travaux parlementaires, qui sortirait « totalement de son rôle ». La commission d’enquête parlementaire a procédé à une dizaine d’auditions depuis sa création, entendant notamment la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte.
Au cours des travaux, Charles Alloncle a déjà été pointé pour certaines approximations, notamment lorsqu’il avait évoqué 126 000 euros de frais de cocktails quotidien dans l’entreprise, pour dénoncer une « gabegie ». Il avait, pour se justifier, cité un rapport de la Cour des comptes qui n’a en réalité jamais évoqué un tel chiffre. Une fake news avancée plus tôt sur le plateau de BFMTV par Charles Consigny, démentie notamment par l’AFP qui avait corrigé ce chiffre. Les « frais de réception et achats alimentaires (qui incluent notamment les boissons) » n’auraient représenté « que » 3,2 millions d’euros en 2024.
La campagne des municipales s’intensifie dans les Alpes-Maritimes et notamment à Nice, où la rivalité entre Christian Estrosi et Éric Ciotti est omniprésente. Régulièrement, les médias relatent de nouvelles passes d’armes entre les deux candidats, anciens amis. Pour éviter que ces prochains mois ne se transforment en une « campagne de caniveau », selon l’expression répandue sur la Côte d’Azur, le préfet des Alpes-Maritimes lance auprès du Figaro, « un appel solennel au calme et à la sérénité ».
« Je perçois un climat spécifiquement tendu dans le département », confie Laurent Hottiaux, en fonction depuis mai. « L’État jouera tout son rôle pour faire appliquer la loi et faire respecter les règles précises du code électoral. J’appelle au sursaut de chacun », prévient le haut fonctionnaire.
« Une allure de guerre civile »Différents candidats de communes du département l’ont déjà saisi pour des soupçons d’irrégularités chez leurs adversaires. Mais dans sa déclaration à la presse, le préfet fait notamment référence à la campagne niçoise.
Car les polémiques s’enchaînent ces dernières semaines, entre le maire Horizons de Nice et le député de l’Union des Droites (UDR), proche du Rassemblement national (RN), comme lorsque la municipalité a fait fermer pour des raisons d’hygiène un restaurant où Éric Ciotti devait tenir une réunion de campagne. Fin novembre, un proche d’Éric Ciotti a traité Christian Estrosi, qui brigue un 4e mandat, d’« analphabète ». Début décembre, un proche du maire a qualifié le député de « petit candidat aussi rabougri que sa vision de Nice ».
Les exemples ne manquent pas, pourtant les deux poids lourds locaux avaient promis une campagne d’idées au-dessus des querelles personnelles. Le Figaro a pu obtenir la réaction de plusieurs politiques du département, désabusés par la situation. « Il y aura des violences verbales et des boules puantes. Ce sont les élections dans le Sud, hélas, quand il y a de l’enjeu », constate un conseiller. « Des proches épousent la cause de leur patron, ce qui peut donner une allure de guerre civile », estime encore un élu métropolitain.
Une charte de respect signé entre les candidats et les journalistesLe club de la presse de Nice a présenté il y a deux semaines une « charte de respect mutuel », échaudé par de nombreux dérapages récents : des journalistes insultés sur le terrain, pris à partie sur les réseaux sociaux, snobés par tel ou tel candidat, court-circuités par une équipe qui appelle leur direction pour tenter d’infléchir un article. De nombreux journalistes et tous les candidats déclarés l’ont signée.
« Il est très important que tous les candidats s’engagent personnellement à respecter un certain nombre de règles, notamment sur le principe de cette charte qui est une excellente chose », a tenu à souligner le préfet Laurent Hottiaux. Derrière son appel solennel, le représentant de l’État insiste aussi sur le « moment important pour l’expression de la démocratie » que représentent ces élections municipales.
Dans ce remue-ménage, les autres têtes de liste ont du mal à se faire entendre. On retrouve Juliette Chesnel-Le Roux (PS-PCF-Verts), Mireille Damiano (LFI-liste citoyenne), Hélène Granouillac (écologiste), Jean-Marc Governatori (écologiste centriste), Nathalie Dloussky (souverainiste) et Cédric Vella (Reconquête). Plusieurs d’entre eux ont déjà assuré qu’ils ne donneraient pas de consigne de vote pour le second tour, voyant peu de différences entre les deux candidats de droite.
Éric Ciotti, candidat UDR-RN à la mairie de Nice, a déclaré mardi qu’il refuserait les projets actuels de nouvelle patinoire et d’aménagement de l’Allianz Arena prévus pour les sports de glace pendant les Jeux olympiques de 2030.
« Sur le principe, je suis favorable aux Jeux olympiques. C’est toujours une manifestation importante, qui donne du rayonnement à notre nation », a déclaré le député des Alpes-Maritimes sur France 5.
Mais à Nice, « si je suis élu maire demain, ça ne se fera pas comme ça », a Éric Ciotti prévenu, se disant « prêt à consulter les Niçois par référendum » si on tentait de lui forcer la main.
Prévu comme pôle olympique des sports de glace, Nice doit aussi accueillir un village olympique, le centre des médias et la cérémonie de clôture.
Si le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) 2030 s’est donné jusqu’à fin juin pour finaliser la carte des sites, pour l’instant le projet est de couvrir le stade de football de l’Allianz Arena pour les épreuves de hockey et de construire à côté une nouvelle patinoire pour le patinage artistique.
« Je ne souhaite pas qu’on utilise le stade de l’Allianz Riviera, qu’on le bloque pendant plusieurs mois et que notre équipe (de football, l’OGC Nice) soit contrainte de jouer ailleurs, pour un coût de 80 millions d’euros », a déclaré M. Ciotti, qui refuse aussi le projet de grande patinoire.
« Il y a d’autres solutions. Je les proposerai », a-t-il assuré. Contactée par l’AFP sur ces solutions alternatives, l’équipe de M. Ciotti n’a pas répondu dans l’immédiat.
Début novembre, le député Frédéric Maillot (groupe Gauche démocrate et républicaine), rapporteur pour avis des crédits du budget Sport de la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale, avait mis en doute le projet de patinoire niçoise, « estimé à 138 millions d’euros », alors qu’il existe des patinoires olympiques fonctionnelles à Marseille, Lyon ou Pralognan-la-Vanoise.
« Je comprends que ça choque. » Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a réagi, mercredi matin, sur France Info, à l’affaire qui agite depuis plusieurs jours la commune de Chessy (Seine-et-Marne), révélée mardi dans nos colonnes : la démission d’élus pour ne pas marier un homme, sous le coup d’une OQTF désormais plus opérante.
À l’origine de la polémique, un homme d’une quarantaine d’années, toujours présent en France malgré une OQTF datant de 2022 (qui n’est plus effective), qui souhaite se marier avec une ressortissante européenne à Chessy.
Le maire, Olivier Bourjot, ainsi que ses adjoints, opposés à cette union, ont ainsi démissionné de leurs fonctions exécutives, tout en restant conseillers municipaux, privant temporairement la commune d’officiers d’état civil.
« Comme citoyen, ça me choque »« Ce n’est pas parce qu’il va se marier avec quelqu’un qui est résidente en France qu’on ne peut pas le reconduire. Ce n’est pas un obstacle », a martelé sur Franceinfo Laurent Nuñez. « Vous mariez quelqu’un qui fait l’objet d’une OQTF, qui normalement n’a pas à être là : comme citoyen, ça me choque », a-t-il poursuivi, rappelant tout de même le cadre légal dans ce type de situation.
« Ça relève d’abord du procureur de la République, qui peut décider ou non d’invalider le mariage quand il est saisi par le maire, lequel peut demander une enquête de police pour vérifier qu’il y a eu une vie commune. Ça a été fait », a précisé Laurent Nuñez.
Dans ce dossier, la justice, saisie en référé par les fiancés, s’est prononcée la semaine dernière en faveur de leur union avant la fin de l’année.
« Si je n’ai pas fait opposition (au mariage), c’est que les éléments légaux ne sont pas constitués. L’OQTF n’était plus opérante. Le seul séjour irrégulier n’est pas un motif suffisant pour s’opposer à un mariage, qui est un droit fondamental », s’est justifié le procureur de la République Jean-Baptiste Bladier.
« Winston Churchill, Premier ministre britannique de 1940 à 1 945 est une figure immense de la résistance des nations occupées pendant la guerre. Il est aussi le grand symbole de la lutte contre le fascisme et du retour de la paix. C’est pourquoi nous avons le sentiment de devoir lui rendre hommage, tout particulièrement ici au Mémorial de Ver-sur-Mer, en lui érigeant une statue », explique, enthousiaste le responsable opérationnel du site, Sacha Marsac.
Ce Mémorial, très connu bien au-delà de la Normandie, surplombe la plage de Gold Beach. On y découvre, le long d’un parcours bouleversant, les noms des 22 442 hommes et femmes tombés sous commandement britannique pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Une démarche magnifique ! »« Le sculpteur Paul Rafferty a déjà imaginé précisément cette statue de Churchill. Elle devrait mesurer 3 m de haut et figurer la grande figure de Churchill, taillée dans le bronze, dans le manteau qu’il portait le 10 juin 1944, lors de sa visite en Normandie, précise Sacha Marsac. On le verrait ici saluer à nouveau ceux qui ont sacrifié leur vie pour notre liberté. Notre espoir un peu fou est de dévoiler cette statue dès le 6 juin 2027. »
Pour cela, les responsables du Mémorial, géré par une association britannique, ont déjà lancé différents appels auprès d’entreprises et de fondations à la fois françaises et britanniques. Mais ça ne suffira pas. « Il nous faut en tout 1,5 million d’euros. Il faut donc aussi nécessairement que les particuliers nous aident. Ceux qui viennent visiter le Mémorial mais aussi ceux qui souhaitent de l’extérieur nous soutenir dans l’entretien de cette mémoire. »
« C’est une démarche magnifique ! réagit Gérard, 71 ans, en visite justement à Ver-sur-Mer. Ça ne suffit pas de visiter ces lieux de mémoire. Il faut aussi les faire vivre et donc les financer, pour que les plus jeunes s’approprient cette histoire. L’actualité tragique nous rappelle chaque jour la chance que c’est de naître dans un monde libre. Et il nous faut sans cesse le rappeler, notamment par ce type d’initiative tellement forte. »
Un accord historique et dans la douleur. Après des semaines de négociations, plusieurs forces politiques de gauche vont acter un accord pour une liste d’union aux prochaines élections municipales à Paris.
Pour la première fois depuis 1977, le Parti socialiste, le Parti communiste, les Écologistes et Place publique mèneraient une liste commune dès le premier tour pour tenter de conserver la capitale en mars prochain. Un mariage qui n’est pas sans rappeler l’alliance de ces équipes pour former l’actuelle majorité d’Anne Hidalgo. Il faudra, avant cela, que les militants Écologistes et élus socialistes votent les conditions de cet accord, ce mercredi soir.
Une première condition est qu’elle soit menée par le socialiste Emmanuel Grégoire, ancien premier adjoint d’Anne Hidalgo et député. C’est ce qu’a annoncé, mercredi matin, l’écologiste David Belliard, adjoint d’Anne Hidalgo en charge des mobilités. Il a assuré, sur France info, qu’il était prêt à rallier et soutenir « une liste portée par Emmanuel Grégoire », considérant qu’il fallait « bousculer cette élection ».
« Nous ne pouvons pas nous payer le luxe d’être divisés », disait aussi sur Ici, quelques minutes avant, le communiste Ian Brossat. « Une seule liste de gauche serait présentée dans les arrondissements », prévient le sénateur proche d’Anne Hidalgo.
« La vraie bataille commence maintenant »Un accord qui intervient dans un contexte particulier, avec un changement de mode de scrutin (les Parisiens voteront directement pour élire leur maire) qui « pousse à cette union » et surtout face à une droite placée haut dans les sondages, menée par Rachida Dati, maire (LR) du VIIe arrondissement et ministre de la Culture.
Dans un récent sondage exclusif du Parisien, tous les candidats de cette nouvelle union sont d’ailleurs distancés par la candidate des Républicains, du MoDem et de l’UDI placée à 27 % des intentions de vote. Seule une union équivalente à la majorité municipale actuelle (PS, Place publique, PCF et Écologistes donc) permettrait de reprendre l’avantage (32 % pour la liste d’union, 27 % pour Rachida Dati).
Si pour beaucoup des membres de cette alliance, la « vraie bataille commence maintenant », certains auront des ressentiments. En plus d’un nombre de places en position éligible (en cas de victoire le 22 mars), les Écologistes ont obtenu l’investiture d’un des leurs, avec le soutien de cette union, dans le XIe arrondissement jusqu’alors acquis aux socialistes. Les Verts devraient conserver leurs chefs de file dans le XIIe et XIVe, où les maires sont déjà écologistes.
Une alliance dans la douleurExit François Vauglin, le maire socialiste sortant du XIe donc, qui « vit mal la situation », confiait son entourage mardi. Certains de ses proches le poussent même à une candidature dissidente à l’union. Son choix, dans les prochains jours, sera à scruter. Pour y voir de premières fissures dans l’union ou non.
« On avait tous peur de savoir sur quel arrondissement la pièce allait tomber, reconnaissait un(e) maire de gauche. David Belliard est élu dans cet arrondissement, le XIe, la sociologie électorale a aussi été regardée », justifie-t-il.
« J’ai plutôt déconseillé à François de se présenter face à une liste officiellement investie par l’union, même si ce n’est pas simple et que tous les socialistes étions contre cette concession », admet un cadre du PS parisien.
« En 2020, les Verts n’étaient en tête dans aucun arrondissement, dans trois mois, ils pourraient se retrouver avec 36 élus au Conseil de Paris en cas de victoire (contre 28 actuellement) et trois mairies d’arrondissement. Ils ont négocié âprement », juge un maire de gauche.
La droite pas inquièteAprès cet accord, la gauche entend désormais « répondre à une attente des Parisiens », selon eux, et rêve « d’enclencher une dynamique ». Tout le défi de cet attelage sera de « distancer et amenuiser la liste de la France insoumise » menée par Sophia Chikirou, projette un cadre de l’union.
Ce qui n’est pas le cas en ce début de campagne. Pour l’heure, malgré cette union, la députée LFI et tête de liste du parti de Jean-Luc Mélenchon obtiendrait tout de même 13 % des votes. De quoi se maintenir au second tour et perturber les plans des anciens adjoints d’Anne Hidalgo.
Une union de la gauche, hors LFI donc, qui n’inquiète pas l’entourage de Rachida Dati. « Ce sont deux candidats très en retrait qui s’additionnent. On peut s’interroger sur le résultat final quand on voit qu’ils ont du mal à cohabiter sur ce dernier mandat. Ce sera projet contre projet », considère David Alphand, bras droit de Dati, qui s’interroge déjà sur la pérennité de cette alliance.
« Ni la personnalité du candidat socialiste, ni celle de l’écologiste, ne sont marquantes dans cette campagne. On voit qu’ils souffrent d’un déficit, pas que de notoriété, mais de tempérament », tacle l’élu (LR) du XVIe pour qui « cela ne change pas fondamentalement la donne ».
Le narcotrafic, contre lequel l’exécutif a promis une bataille sans merci, fera l’objet d’un débat suivi de vote à l’Assemblée nationale mercredi après-midi, dans le cadre d’une série de discussions parlementaires annoncées par le gouvernement face aux difficultés à s’accorder sur le budget.
Ces débats, suivis d’un vote non contraignant pour l’exécutif et menés en parallèle de l’examen du budget, doivent permettre de dégager des consensus par thème et de montrer l’importance de financer certaines priorités, espère le gouvernement.
À l’issue d’une première discussion consacrée aux enjeux de défense le 10 décembre, les députés avaient largement approuvé, de façon symbolique, le principe d’une hausse des moyens consacrés à cette question.
Après la mort de Mehdi Kessaci à MarseilleIls plancheront cette fois sur le narcotrafic, sujet omniprésent depuis l’assassinat le 13 novembre à Marseille du jeune Mehdi Kessaci, tué sans doute pour intimider son frère Amine, militant anti-drogue.
L’exécutif a promis une bataille sans merci en la matière, semblable à celle menée contre le terrorisme.
Pour l’illustrer, Emmanuel Macron s’est rendu à Marseille mardi, notamment pour inaugurer un commissariat et l’agrandissement de la prison des Baumettes.
Les trafiquants de drogue « sont en train de perdre la bataille », a-t-il affirmé, assurant de sa volonté de traquer les têtes de réseaux qui opèrent depuis l’étranger et de sévir plus durement contre les consommateurs de stupéfiants, portant à 500 euros l’amende qui leur est infligée.
Le même débat sur le narcotrafic est prévu dans la soirée au Sénat.
Parmi les autres thèmes évoqués par le Premier ministre Sébastien Lecornu pour ces débats, figure l’énergie, ou encore l’agriculture.
Il tente toujours en parallèle de trouver un compromis sur le budget de l’État avant la date butoir du 31 décembre, une tâche qui s’annonce ardue. Une réunion cruciale de sénateurs et de députés est prévue vendredi dans le but très incertain de dégager un accord entre les forces politiques.
L’image peut laisser penser qu’Annie Genevard a besoin de soutien. Il est 19 heures, ce mardi 16 décembre, dans la cour de Matignon (Paris, VIIe), la ministre de l’Agriculture prend la parole, entourée de quatre de ses collègues au gouvernement. À l’issue d’une nouvelle réunion sur la crise agricole, elle annonce une « accélération généralisée de la vaccination des bovins », dans les dix départements du Sud-Ouest touchés par la dermatose nodulaire contagieuse. L’Ariège, l’Aude, la Haute-Garonne, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Orientales, récemment concernés par des foyers, voient s’ajouter ceux du cordon sanitaire — le Gers, les Landes, les Pyrénées-Atlantiques et maintenant, l’Hérault et le Tarn — pour protéger le reste du pays.
La ministre promet une « mobilisation exceptionnelle des vétérinaires volontaires », la nomination d’un préfet coordinateur et un plan de soutien de plus de 10 millions d’euros pour les petits éleveurs. Au total : 750 000 animaux vont être rapidement vaccinés. Ces derniers jours, elle avait déjà annoncé une fourchette entre 600 000 et un million. Ces 750 000 vaccins sont déjà en stock et un million de doses supplémentaires ont été commandées. « Les 1 000 exploitations de l’Ariège seront entièrement vaccinées au 31 décembre », promet Annie Genevard.
C’était un choix assumé. Celui de ne pas vacciner massivement le cheptel français pour protéger nos exportations de l’épizootie de dermatose nodulaire contagieuse. Et lui préférer l’abattage des troupeaux touchés par la maladie au premier cas détecté. Un protocole pensé dans l’intérêt général, appliqué avec succès l’été dernier en Savoie, qui a finalement viré au psychodrame. La raison face à l’émotion.
La faute à qui ? Mardi, urgence oblige, Sébastien Lecornu s’est emparé du dossier. Le Premier ministre a convoqué une première réunion de crise à Matignon, puis une deuxième. Du bon sens à la manœuvre, un peu d’écoute et des mots apaisants pour répondre à une détresse légitime : « La stratégie sanitaire ne se fera pas par la force ». Comme un début d’excuse.
Le projet de loi de finances pour la Sécurité sociale (PLFSS) semblait condamné avant même d’avoir commencé, il a été définitivement adopté, ce mardi 16 décembre, par l’Assemblée nationale. Une issue qui signe une première victoire de la méthode Lecornu.
Deux mois après que le Premier ministre a annoncé dans sa déclaration de politique générale qu’il ne déclencherait pas un 49.3 pour passer les textes budgétaires ― ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait osé depuis 2022 ― les députés ont voté, par 247 voix contre 232, le budget de la Sécu pour 2026. Une issue positive, à quinze voix près, après 180 heures de débats tendus, dans « des conditions inédites », a reconnu le ministre du Travail Jean-Pierre Farandou.
Dans un hémicycle au grand complet et peu agité, malgré une motion de rejet préalable déposée par les Insoumis (largement rejetée), les députés ont ainsi eu le dernier mot sur la copie finale, identique à la virgule près à celle qu’ils avaient adoptée une semaine plus tôt.
Un déficit ramené à 24 milliardsAutrement dit, sans « surprise, ni retournement, ni nouvel arbitrage », a clarifié le président du groupe Liot (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires), Christophe Naegelen, au perchoir. Vendredi, le Sénat avait refusé d’examiner le texte, reprochant au gouvernement un « compromis à sens unique » avec l’Assemblée nationale, selon les mots de la sénatrice Corinne Imbert (LR).
Alors que le déficit de la Sécurité sociale se serait creusé à 30 milliards d’euros sans le PLFSS, les députés ont entériné une copie qui le ramène à 24 milliards d’euros (hors transferts de l’État). Ce que n’a pas manqué d’applaudir Sébastien Lecornu sur X, absent de l’hémicycle pour ce vote final : « (Ce texte) freine la dérive budgétaire et fixe une orientation financière sincère en engageant une première réduction du déficit, après plusieurs années de dégradation continue. »
Le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 a été définitivement adopté ce soir.
Après un débat exigeant, sans utilisation de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, l’Assemblée nationale a su faire émerger un texte de compromis. Celui-ci freine…
Surtout, cette adoption ― scellée 80 ans après la création de la Sécurité sociale ― permet au Premier ministre de franchir une première haie : celle d’une non-censure, obtenue par d’âpres discussions avec les députés du bloc central et des bancs socialistes. Parmi les sujets : l’épineuse question de la réforme des retraites, que l’adoption de ce PLFSS suspend officiellement, permettant à 650 000 personnes, calculait début décembre le député socialiste Jérôme Guedj, de partir plus tôt à la retraite, en 2026 et 2027.
« Le plus difficile » reste à venirAutres mesures phares du texte : la hausse d’un peu plus d’un point de l’Ondam (Objectif national de dépenses d’assurance maladie) ― en l’absence de laquelle les Écologistes promettaient de rejeter le texte ―, la création d’un congé supplémentaire de naissance, d’un réseau « France Santé » ou une hausse remaniée de la CSG (contribution sociale généralisée) sur les revenus du capital.
Mais le gouvernement attendra les fêtes pour célébrer son succès, car le « plus difficile » reste à faire, a reconnu Sébastien Lecornu sur X, alors qu’une commission mixte paritaire ― composée de sept députés et sept sénateurs ― tentera ce vendredi de dégoter un nouveau compromis sur l’inflammable projet de loi de finances (PLF). Un nouveau texte sur lequel, s’inquiète Lecornu, « les positions de l’Assemblée nationale et du Sénat sont ― à ce stade ― très éloignées ».
La cour d’appel de Douai (Nord) a condamné mardi le président divers droite de la métropole européenne de Lille (Mel) à une peine de deux ans d’inéligibilité avec exécution provisoire pour abus de confiance et détournement de fonds publics. Damien Castelain, 58 ans, a également été condamné à 18 mois de prison avec sursis et à 20 000 euros d’amende.
C’est un jugement plus sévère qu’en première instance, où M. Castelain avait été condamné en 2024 à un an de prison avec sursis, 20 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité, mais sans exécution provisoire à l’époque.
« Conformément aux obligations légales attachées à cette condamnation, M. Damien Castelain est contraint de se démettre de l’ensemble de ses mandats électifs » au sein de la métropole européenne de Lille, a expliqué la Mel dans un communiqué.
Nouvelle élection en janvierLe premier vice-président de cette importante intercommunalité, Éric Skyronka, va assurer l’intérim avant une nouvelle élection du président qui se tiendra en janvier, a ajouté la Mel. Sollicités par l’AFP, Damien Castelain et l’une de ses conseils, absents lors du délibéré à Douai, n’ont pas souhaité réagir dans l’immédiat.
Sur X, le ministre de la Justice Gérald Darmanin, qui est par ailleurs conseiller de la Mel pour la ville de Tourcoing, a assuré à Damien Castelain de son « soutien dans ce moment difficile », mais « sans commenter d’aucune manière une décision de justice », a-t-il tenu à préciser.
Maire de Péronne-en-Mélantois, une petite commune près de Lille, Damien Castelain avait été propulsé à la présidence de la Mel en 2014, après un accord avec la maire PS de Lille d’alors, Martine Aubry, présidente sortante de l’intercommunalité, afin d’empêcher l’UMP (aujourd’hui LR) de s’emparer de la collectivité.
Ces jours-ci, à Bruxelles, la France n’est pas en odeur de sainteté. Emmanuel Macron a profondément agacé en se prononçant, dimanche 14 décembre, pour un report du vote sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), prévu en fin de semaine.
Honni par les agriculteurs français et rejeté par la quasi-totalité de la classe politique tricolore, ce traité commercial, très attendu par les industriels européens (constructeurs automobiles allemands en tête), doit créer un marché intégré de 750 millions de consommateurs en abaissant de 90 % les droits de douane.