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Union européenne

Euro: "Super Mario" tire son dernier coup

Coulisses de Bruxelles - Fri, 13/09/2019 - 19:57

Mario Draghi a tiré son dernier coup monétaire à la tête de la Banque centrale européenne (BCE), et quel coup ! L’Italien, qui va laisser la place à Christine Lagarde le 1er novembre, est une nouvelle fois passé sur le corps des banquiers centraux allemands et néerlandais pour soutenir une activité dangereusement faiblarde en décidant de réactiver le «quantitative easing» européen (QE, assouplissement quantitatif), un programme de rachats des dettes publiques et d’obligations privées mis en sommeil en décembre dernier. En clair, Francfort va recommencer à faire tourner la planche à billets. Il a aussi annoncé que le principal taux d’intérêt de l’institut d’émission (le Refi) resterait à zéro aussi longtemps que l’inflation n’aurait pas «solidement convergé» vers son objectif de 2%, ce qui annonce une longue période de taux faibles. La BCE confirme donc son choix de sacrifier les épargnants au profit des travailleurs.

A l’annonce de ces mesures, jeudi après-midi, les Bourses ont bondi, l’euro a faibli (1,10 dollar) et les taux des emprunts des Etats de la zone euro se sont encore détendus. Donald Trump a immédiatement réagi par un tweet rageur en accusant les Européens de «déprécier l’euro», ce qui nuit «TRÈS FORT» (en majuscule d’origine) aux exportations américaines. Le président américain menace ainsi implicitement de frapper d’un droit de douane supplémentaire les importations européennes, en particulier les voitures allemandes. Il s’en est aussi pris une nouvelle fois à la Réserve fédérale, dont les membres sont désormais traités de «crétins» par le locataire de la Maison Blanche : elle «reste assise sans rien faire», a-t-il écrit sur Twitter.

«Faiblesse de longue durée»

Pourtant, il y a une différence de taille entre les deux rives de l’Atlantique : si aux Etats-Unis la croissance est forte, elle ralentit de plus en plus en zone euro et l’inflation reste désespérément proche de 1%, en dépit de toutes les liquidités injectées par Francfort depuis quatre ans. La BCE a ainsi revu jeudi une nouvelle fois à la baisse ses prévisions de croissance : 1,1% en 2019 et 1,2% l’an prochain avec une inflation de 1,2% cette année et de 1% l’an prochain. Pour Mario Draghi, il faut s’attendre à une «faiblesse de longue durée» de l’économie de la zone euro à cause de la «faiblesse continue du commerce international dans un environnement d’incertitudes mondiales prolongées». En clair, le monde commence à payer les guerres commerciales de Trump.

Le premier QE lancé par la BCE en mars 2015, en dépit de l’opposition de la Bundesbank, visait à lutter contre le spectre de la déflation qui menaçait alors les 19 pays de la zone euro. Durant un an, elle a racheté 60 milliards d’euros par mois de bons du Trésor sur le marché secondaire, celui de la revente, avant de porter son volume de rachat à 80 milliards par mois en mars 2016 tout en l’étendant aux obligations d’entreprises.

En octobre 2017, elle a réduit ce volume à 30 milliards par mois avant de stopper le QE en décembre 2018. En tout, elle détient dans ses coffres 2 600 milliards d’euros d’obligations publiques (d’une maturité moyenne de huit ans) et privées, soit plus de 20% du PIB de la zone euro. Des titres qui seront renouvelés à leur échéance afin de ne pas perturber le marché. Ces rachats massifs, qui s’apparentent à une mutualisation de facto des dettes publiques nationales, ont permis de faire baisser le coût de l’argent, plus la plus grande joie des Etats, des entreprises et des ménages emprunteurs, et de dégager des liquidités censées être réinjectées dans l’économie réelle.

Limiter la casse

Evidemment, les épargnants ont particulièrement souffert de cette politique, les placements non risqués ne rapportant désormais plus rien quand ils ne sont pas rongés par l’inflation. Mais cela a aussi touché la rentabilité des banques. La réactivation du QE à partir du 1er novembre pour une durée non précisée, même si le volume est plus restreint que précédemment (20 milliards d’euros par mois), ne va pas arranger leurs affaires. D’autant que la BCE fait payer depuis 2016 les dépôts au jour le jour que les banques font à ses guichets.

Elle a même décidé de faire passer ce prélèvement de -0,40% à -0,50%. L’idée est de contraindre les banques à prêter leurs excès de liquidités plutôt que de les mettre à l’abri. Mais le poids de ce taux négatif est important : il est estimé, pour 2018, à 7,5 milliards d’euros, principalement supporté par les banques allemandes et françaises.

Pour limiter la casse, Mario Draghi a annoncé qu’une partie des liquidités excessives des banques serait à l’avenir exemptée de ce taux négatif. Dernier élément de ce paquet de mesures de relance, la BCE va lancer dès le 19 septembre une troisième série de prêts géants (TLTROIII) aux banques à des taux négatifs (et sur trois ans) afin de les encourager à prêter aux entreprises et aux ménages.

Liquider l’héritage

«Super Mario» va donc laisser à Christine Lagarde une BCE qui n’a plus rien à voir avec celle qui a présidé au lancement de l’euro en 1999 : l’héritage de la Bundesbank a été liquidé, et Francfort se comporte désormais comme toutes les autres grandes banques centrales du monde. Mais la politique monétaire ne pourra à elle seule régler les déséquilibres de la zone euro qui expliquent la faiblesse de son activité : au-delà des réformes structurelles que les Etats doivent mener pour remettre leurs économies d’aplomb, la monnaie unique souffre de l’égoïsme allemand (et néerlandais), des Etats qui n’investissent plus depuis dix ans leurs excédents d’épargne au sein de la zone euro, mais en Chine ou aux Etats-Unis et de leur refus de relancer les investissements publics. «Super Mario» a d’ailleurs appelé ces pays à en finir avec leur rigueur budgétaire d’un autre temps. L’Allemagne, première bénéficiaire de la monnaie unique et de la construction communautaire, estime qu’elle n’a aucune responsabilité vis-à-vis de ses partenaires alors qu’elle serait la première à souffrir d’un éclatement de l’euro. Jens Weidmann, le patron de la Buba, a une nouvelle fois fait la démonstration de cet autisme germanique en estimant dans le quotidien Bild Zeitung, que la BCE avait «dépassé les bornes» en relançant le QE, estimant tout à la fois que cette politique faisait souffrir les épargnants (allemands) et brouillait «la ligne de démarcation entre politique monétaire et politique budgétaire» en permettant aux Etats endettés de se refinancer à bon compte. Autant dire que la solution des problèmes de la zone euro ne passe pas par Francfort, mais par Berlin.

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Publications - Maria Arena déplore l'arrestation de Karim Tabbou - Subcommittee on Human Rights

Suite à l'arrestation de l'opposant politique algérien Karim Tabbou, la Présidente de la sous-commission des droits de l'homme du Parlement européen Maria Arena a déclaré:

« C'est avec un profond sentiment d'inquiétude que nous apprenons l'arrestation à son domicile de M. Karim Tabbou, une des figures populaires et respectées par les manifestants algériens.

Nous condamnons cet acte arbitraire qui intervient après une vague récente d'arrestations de citoyens, d'étudiants et de militants unis par leur détermination de construire une Algérie libre et démocratique.


Press statement in full
Source : © European Union, 2019 - EP
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Publications - Statement by DROI Chair on the dismissal of Kurdish mayors - Subcommittee on Human Rights

"Ignoring the will of the people is unacceptable", said Maria Arena (S&D, BE), after the Turkish authorities recent decision to replace legitimately elected mayors.

I am dismayed by the recent Turkish police operation against HDP representatives in southeast Turkey. The decision to replace the legitimately elected mayors of Diyarbakir, Van and Mardin over terrorism-related investigations is disturbing. I express my full solidary with Adnan Selçuk Mızraklı, Ahmet Türk, and Bedia Özgökçe Ertan, who were elected by overwhelming majorities in the 31 March 2019 local elections.


Press statement in full
Source : © European Union, 2019 - EP
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La Commission von der Leyen, une armée mexicaine?

Coulisses de Bruxelles - Fri, 13/09/2019 - 01:01

Clap de fin pour la crépusculaire « commission de la dernière chance » du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker (2014-2019). Alors que les crises des années 2008-2015 qui ont secoué l’Europe se sont apaisées, Ursula von der Leyen, la présidente élue de la Commission, entend rompre avec le discours apocalyptique de ces dernières années. En présentant hier sa nouvelle équipe et la répartition des portefeuilles entre ses vingt-six commissaires, elle a souhaité que le nouvel exécutif, qui doit prendre ses fonctions le 1er novembre, soit simplement « agile et moderne ». Signe le plus évident de cette modernité revendiquée : pour la première fois, la Commission est présidée par une femme et le collège, comme elle l’avait demandé aux États, est paritaire (14 hommes et 13 femmes, les Britanniques en plein « Brexit drama » n’ayant désigné personne). La commission Juncker, elle, ne comptait que 9 femmes.

Une commission bureaucratisée

Mais la structure que l’ex-ministre de la défense allemande a dévoilée hier semble aller à l’encontre de son objectif d’agilité : afin d’essayer de faire fonctionner un collège qui compte bien trop de commissaires pour les compétences limitées dévolues à l’Union, elle a fait le choix de le hiérarchiser à l’extrême et partant de le bureaucratiser. En théorie, les commissaires, qui sont désignés par leur gouvernement respectif, sont égaux et les votes sont acquis à la majorité simple. Autrement dit, nul n’est maitre de son dossier et chaque commissaire peut dire son mot sur ceux de ses collègues. Mais depuis la Commission Prodi (1999-2004), la tendance est à la présidentialisation et à la spécialisation. Il est désormais rare que des votes aient lieu : le commissaire traite avec le président ou plutôt avec son chef de cabinet et l’affaire est close. Juncker avait été plus loin en créant des postes de vice-présidents chargés de coordonner le travail de plusieurs commissaires (« cluster » en anglais), mais sans autorité directe sur les directions générales de la Commission (et donc les fonctionnaires) qui restaient contrôlées par le commissaire en titre.

Comme c’était prévisible, les luttes de pouvoirs se sont multipliées à l’image de celles, homériques, qui ont opposé le Français Pierre Moscovici, chargé des affaires économiques et monétaires, et le Letton Valdis Dombrovkis, le vice-président censé le superviser. D’autres vice-président ont carrément renoncé et se sont laissé marginaliser, comme le Néerlandais Frans Timmermans qui s’est contenté de gérer le dossier polonais… Bref, le bilan de cette expérience est clairement négatif.

Pourtant, Ursula von der Leyen a décidé d’aller plus loin : à ses côtés, un premier vice-président (Frans Timmermans, chargé du « Green deal ») qui présidera la commission en son absence, deux vice-présidents de rang supérieur (Vladis Dombrovskis, chargé de l’économie, et Margrethe Vestager responsable de « l’Âge numérique »), quatre vice-présidents ordinaires (le grec Margaritis Schinas chargé de « protéger notre mode de vie européen », le Slovaque Maros Sefcovic qui entretiendra les relations avec les autres institutions et gérera la prospective, la Tchèque Vera Jourava qui veillera aux valeurs européennes et à la transparence, et la Croate Dubravka Suica, responsable de la protection de l’État de droit), le ministre des affaires étrangères (l’Espagnol Josep Borrel) qui a aussi le statut de vice-président et enfin un commissaire qui dépendra directement d’elle, l’inamovible Autrichien Johannes Hahn nommé au budget et à l’administration. Soit en tout huit vice-présidents, soit le tiers des commissaires…

Conflits

Pour ajouter un zeste de complexité, les trois vice-présidents de premier rang auront la gestion directe d’une direction générale (DG) à la différence des autres vice-présidents : Timmermans hérite de la DG climat, Vestager garde la concurrence, ce qui lui assure un record de longévité à ce poste, et Drombroskis gère la DG services financiers…

Le découpage des portefeuilles a aussi été revu et pas dans le sens de la simplicité. Ainsi, la Française Sylvie Goulard hérite du marché intérieur, comme Michel Barnier avant elle, mais sans les services financiers et avec le marché numérique et la nouvelle direction générale de la défense et de l’espace. Ou encore, l’élargissement et la politique de voisinage (confié au Hongrois Laszlo Trocanyi) sont séparés des « partenariats internationaux » (gérés par la Finlandaise Jutta Urpilainen) et du commerce (récupéré par l’Irlandais Phil Hogan qui va gérer la relation future avec Londres)…

Des conflits de compétences, d’égos et de nationalité risquent donc de se multiplier. D’autant que l’équilibre politique de la Commission est complexe. On compte pour la première fois plus de socio-démocrates (10) que de conservateurs (9), 5 libéraux, un apparenté vert, un indépendant (Slovénie) et un eurosceptique (Pologne). Si les querelles ont été violentes entre Moscovici et Dombrovskis, c’est aussi parce que l’un était socialiste d’un grand pays et l’autre ultra-conservateur d’un petit pays. Au passage, ce dernier va devoir une nouvelle fois composer avec un social-démocrate, Ursula von der Leyen ayant attribué le portefeuille des affaires économiques à l’Italien Paolo Gentiloni.

Mais tout n’est pas joué : il va maintenant falloir que les commissaires désignés passent un grand oral devant les commissions spécialisées du Parlement européen au début du mois d’octobre. Ceux dont les portefeuilles sont vastes, comme celui de Sylvie Goulard, vont devoir comparaitre devant plusieurs commissions. L’exercice n’est pas que de pure forme. Dans le passé, plusieurs impétrants ont dsoit rentrer chez eux, soit changer de portefeuille. Et le règlement intérieur du Parlement prévoit désormais que chaque commissaire doit être approuvé par une majorité des deux tiers des voix de commission, ce qui facilite les minorités de blocages, mais aussi les marchandages. D’ores et déjà, les auditions de la Française, du Polonais et du Hongrois s’annoncent houleuses. La première devra s’expliquer sur plusieurs affaires financières embarrassantes (lire par ailleurs). Le second, Janusz Wojciechowski, actuel membre de la Cour des comptes européenne, fait l’objet d’une enquête de l’OLAF, l’office anti-fraude de l’Union, pour avoir triché sur ses frais de transport (plusieurs dizaines de milliers d’euros)… Le troisième sur les lois liberticides qu’il a couvertes en tant que ministre de la Justice de Viktor Orban.

N.B.: article paru dans Libération du 11 septembre

Photo: AP

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Latest news - Subcommittee on Human Rights - Subcommittee on Human Rights

The next meeting of the Subcommittee on Human Rights will take place on Wednesday 25 September 2019 from 09.00 to 12.30, and from 14.30 to 18.30 and on Thursday 26 September from 09.00 to 12.30 in meeting room PHS 5B001.

Representatives of NGOs as well as other organisations are requested to accede to the EU Transparency Register and follow the procedures therein for access to the European Parliament.
Further information
Watch the meeting live
Draft agenda and meeting documents
Press statements issued by the DROI Chair
Source : © European Union, 2019 - EP
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Vidéo d'une réunion d'une commission - Lundi 9 septembre 2019 - 16:32 - Sous-commission "droits de l'homme"

Durée de la vidéo : 62'
Vous pouvez télécharger manuellement cette vidéo au format WMV (409Mb)

Clause de non-responsabilité : L'interprétation des débats facilite la communication mais ne constitue en aucun cas un enregistrement authentifié des débats. Seuls le discours original ou la traduction écrite révisée du discours original peuvent être considérés authentiques.
Source : © Union européenne, 2019 - PE
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BCE: Christine Lagarde dans les pas de "super Mario"

Coulisses de Bruxelles - Fri, 06/09/2019 - 20:33

Cela a été une promenade de santé pour Christine Lagarde. Auditionnée (pour avis) par la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen, mercredi matin, la présidente désignée de la Banque centrale européenne (BCE) n’a, à aucun moment, été mise en difficulté par des eurodéputés. Ils semblaient s’être passé le mot pour éviter toutes questions embarrassantes, notamment sur son passé judiciaire… En réalité, une grande majorité d’entre eux aurait été conquise par n’importe quel candidat à condition qu’il ne soit pas Allemand. Chacun avait bien conscience que si Jens Weidmann, le très rigide patron de la Bundesbank, avait obtenu le poste à la place de la Française, le temps des politiques accommodantes et de l’argent gratuit aurait été révolu : l’homme n’a cessé de combattre la politique menée par l’actuel président de l’institut de Francfort, l’Italien Mario Draghi, depuis sa prise de fonction, le 1ernovembre 2011, y compris devant les tribunaux.

Plusieurs eurodéputés ont d’ailleurs tenu à souligner que c’est « Super Mario » - et non les États - qui a sauvé l’euro et les pays menacés de faillite par les marchés en lançant, le 25 juillet 2012 son fameux : « la BCE est prête à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l’euro. Et croyez-moi ce sera suffisant ». Il a ensuite convaincu une majorité des gouverneurs des banques centrales de la zone euro, mais pas Jens Weidmann, de se lancer dans des politiques dites « non conventionnelles », comme le rachat sans limites des obligations souveraines (OMT) attaquées par les marchés. C’est aussi lui qui a amené les taux de la BCE à zéro et a lancé, en mars 2015, un « quantitative easing » (QE, assouplissement quantitatif) afin de contrer avec succès la menace déflationniste. En clair, il a fait tourner la planche à billets afin de relancer l’activité économique et donc l’inflation. Résultat : Francfort a désormais dans ses coffres l’équivalent de 20 % du PIB de la zone euro et certains Etats empruntent à des taux négatifs sur les marchés. Draghi sera donc parvenu à liquider l’héritage de la Bundesbank qui a marqué les débuts de la BCE… C’est dire si l’homme est détesté outre-Rhin.

Comme les eurodéputés l’espéraient, Christine Lagarde, 63 ans, s’est résolument placée dans ses pas. « Sans la plasticité novatrice de la BCE, la crise de la zone euro aurait été bien plus profonde », a assumé celle qui vient de passer huit ans à la direction générale du Fonds monétaire international (FMI). Elle a reconnu, au passage, que les Banques centrales, vu la gravité de la crise de 2008-2012, ont dû « transgresser les traités ». Voilà qui va faire grincer des dents outre-Rhin. En dépit des critiques de plusieurs députés allemands et néerlandais sur « l’euthanasie des épargnants », elle a exclu tout retour à l’orthodoxie monétariste, « l’environnement actuel de basse inflation » dessinant un nouveau monde que personne ne comprend encore. « Au vu des menaces, il faut une politique monétaire qui s’adapte pour une longue période de temps ». Elle n’a d’ailleurs pas exclu que la BCE adopte de nouvelles mesures non conventionnelles même si les analystes estiment que sa boite à outils est vide : « personne n’aurait pu imaginer les nouveaux instruments inventés à l’époque » de la crise de la zone euro, a rappelé, un rien mystérieuse, Christine Lagarde. Pour elle, l’activité économique doit continuer à passer avant l’épargne, même si elle a reconnu qu’il fallait étudier « l’impact à long terme des politiques non conventionnelles », notamment sur la rentabilité des banques, l’épargne et le marché immobilier.

Elle a égratigné à plusieurs reprises l’Allemagne lors de son audition : « les banques centrales ne sont pas les seuls acteurs en ville. Certains pays de la zone euro peuvent faire usage de leurs marges budgétaires » afin de soutenir l’activité. Premières visées : l’Allemagne et les Pays-Bas. De même, elle a critiqué les plans d’assainissement appliqués à la Grèce largement inspirés par Berlin : elle a expliqué qu’elle s’était opposée à plusieurs mesures contreproductives. Elle estime notamment que le surplus primaire de 3,5 % du PIB exigé par l’Eurogroupe (les dix-neuf ministres des Finances de la zone euro), mais surtout par l’Allemagne, est intenable et risque d’étouffer la reprise économique… Elle ne s’est pas arrêtée en si bon chemin en souhaitant la création d’un vrai budget de la zone euro, de bons du trésor européen, et l’achèvement rapide de l’union bancaire qui passe notamment par un fonds européen de garantie des dépôts, toutes innovations refusées en bloc par Berlin. « Il manque des maillons pour que l’euro soit un succès », a-t-elle souligné.

La présidente désignée veut enfin exercer son mandat en adoptant une vision plus large de la politique monétaire qui, selon elle, doit tenir compte des nouveaux défis que sont le changement climatique, l’intelligence artificielle et la remise en cause du multilatéralisme. En particulier, elle souhaite que la BCE élimine « progressivement » les titres financiers des entreprises polluantes qu’elle détient à la suite du QE.

Reste à savoir quelle présidente sera Christine Lagarde : elle a plaidé pour la concertation et pour le compromis. Or si Draghi a pu imposer sa politique, c’est en jouant du rapport de force brutal et en n’hésitant pas à passer sur le corps du patron de la Bundesbank. Chercher le compromis avec l’Allemagne, c’est la certitude du surplace…

Photo: AFP

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Sylvie Goulard : un choix risqué et contestable

Coulisses de Bruxelles - Mon, 02/09/2019 - 20:40

Emmanuel Macron ne pouvait pas, a priori, choisir personnalité plus idoine pour occuper le poste de commissaire européen que Sylvie Goulard, l’actuelle sous-gouverneure de la Banque de France : militante fédéraliste convaincue, elle a fait l’essentiel de sa carrière sur les questions européennes à Paris et à Bruxelles. D’abord à la Commission auprès de Romano Prodi, puis au Parlement européen où elle a été députée «libérale» entre 2009 et 2017. Et pour ne rien gâcher, cette énarque de 54 ans parle parfaitement allemand, anglais et italien, et connaît sur le bout des doigts l’Allemagne, un pays dont elle est très proche. Personne ne pourra mettre en doute ses compétences.

Mais, et c’est un énorme risque pris par le chef de l’Etat, il y a un côté obscur chez Sylvie Goulard, qui rend sa confirmation par le Parlement européen pour le moins incertaine. Après avoir rallié Macron dès octobre 2016, lui ouvrant son carnet d’adresses européen, Goulard avait dû démissionner de son poste de ministre des Armées, le 21 juin 2017, à peine un mois après y avoir été nommée, en raison de son implication dans le scandale des assistants parlementaires européens présumés fictifs du Modem. Or cette affaire n’est toujours pas jugée, ce qui donne la désagréable impression que ce qui empêche d’être ministre à Paris ne serait pas un obstacle pour occuper une fonction européenne. L’eurodéputé EE-LV Yannick Jadot l’a illico souligné sur Twitter.

Affaire gênante

A l’époque, la rapidité avec laquelle Goulard avait démissionné avait surpris. D’autant qu’elle a alors contraint François Bayrou, le ministre de la Justice et patron du Modem à qui elle devait son poste, à jeter l’éponge à son tour. Pour mieux se défendre, comme elle l’affirmait ? Ou pour éviter d’embarrassantes questions sur une autre affaire : ses liens avec un sulfureux milliardaire américain, Nicolas Berggruen, un «financier vautour» selon le magazine Forbes comme le rappelle Mediapart ? Entre 2013 et 2016, alors qu’elle était eurodéputée et donc rémunérée 8 760 euros brut mensuels, elle a touché «plus de 10 000 euros brut par mois»versés par un «think tank» financé par Berggruen. Pour quelles tâches ? Nul ne le sait. Ce n’était pas vraiment un secret, puisqu’elle l’avait signalé sur la «déclaration d’intérêts» que doivent remplir tous les eurodéputés. Mais un tel niveau de rémunération, sans être illégal, n’est pas anodin, Sylvie Goulard étant alors l’une des figures de proue du Parlement sur les questions économiques et financières. Une affaire pour le moins gênante pour celle qui clamait en octobre 2014, après avoir bataillé contre la nomination de Pierre Moscovici comme commissaire aux Affaires économiques et monétaires au motif qu’«il ne faut accepter que des personnalités incontestables, sinon les opinions publiques nous le reprocheraient».

Nul doute que les eurodéputés s’en souviendront alors qu’ils sont déterminés à rappeler aux Etats qu’ils disposent du pouvoir de confirmer ou non les commissaires proposés par les gouvernements. Beaucoup d’entre eux n’ont pas digéré que Macron ait réussi à tuer le système des «Spitzenkandidaten» en convainquant le Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement, en juillet, de désigner l’outsider Ursula von der Leyen. La faible majorité que la ministre de la Défense allemande a ensuite obtenue devant le Parlement européen le 16 juillet (383 voix contre 327) est un bon indicateur du malaise ambiant. La tentation sera donc forte de faire payer à Goulard, proche du chef de l’Etat, la facture que celui-ci a laissée. D’autant qu’elle a su se constituer de solides inimitiés au Parlement européen et au-delà, notamment Moscovici, Sandro Gozi, actuel conseiller d’Edouard Philippe, Guy Verhofstadt, ancien président du groupe libéral, François Bayrou, etc. Elle se montre volontiers méprisante avec ceux qu’elle ne juge pas à sa hauteur.

Déontologie

Alors que la date limite du dépôt des candidatures était fixée à dimanche, Macron a fait connaître sa décision avec deux jours de retard. Ce qui trahit de grandes hésitations, quoiqu’en dise le chef de la délégation française «Renaissance» au Parlement européen, Stéphane Séjourné, qui osait saluer mercredi «le choix de l’évidence»… Si tel était le cas, cette désignation serait intervenue dès juillet. En fait, le chef de l’Etat a exploré jusqu’au bout d’autres pistes : les noms des ministres Florence Parly (Armées) et Bruno Le Maire (Economie et finances) ont circulé avec insistance, tout comme celui de Benoît Cœuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne. Le choix final a été arrêté en concertation avec la présidente élue de la Commission, l’Allemande Ursula von der Leyen. «Goulard sera dans les mains des Allemands» se désolait mercredi un député du Modem. De fait, plusieurs élus d’outre-Rhin pourraient être tentés de soutenir cette Française qui a toujours défendu la vision économique et budgétaire de Berlin. Au fond, les eurodéputés devront dire s’ils privilégient l’engagement européen et la compétence des candidats… ou plutôt leur déontologie, comme le souhaitait Sylvie Goulard en 2014 ?

N.B.: article paru dans Libération du 29 août

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Highlights - DROI Activity Report 2014-2019 - Subcommittee on Human Rights

Throughout the 2014-2019 legislature the Subcommittee on Human Rights consolidated its role in keeping human rights at the heart of the EU's agenda in external relations and parliamentary diplomacy. The Activity Report summarises the Subcommittee's work in carrying out this role.
Further information
DROI Activity Report 2014-2019
Source : © European Union, 2019 - EP
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Boris Johnson ou le déclin de l'Empire britannique

Coulisses de Bruxelles - Wed, 31/07/2019 - 09:46

Voici la version française de mon article paru dans The Guardian du 16 juillet.

La scène se passe le 16 juin 1998 à Cardiff. Le Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement clôturant la présidence britannique de l’Union vient de se terminer et le Premier ministre Tony Blair donne sa conférence de presse. Le dépenaillé rédacteur en chef adjoint du Daily Telegraph, Boris Johnson, qui va fêter ses 34 ans, prend la parole et se lance dans une longue tirade qui est davantage un éditorial qu’une question. Blair, de 10 ans son ainé et qui a fréquenté les mêmes écoles que Johnson, ironise : « Boris, vous devriez être Premier ministre ! » L’anecdote prend tout son sel 21 ans plus tard alors que l’ancien journaliste conservateur devenu un politicien retord pourrait bien faire son entrée au 10 Downing street

L’ascension de cet europhobe opportuniste laisse sans voix à Bruxelles où l’on garde un souvenir douloureux de celui que l’on surnomme encore ici le « bouffon ». Fils d’un ancien fonctionnaire européen - et même eurodéputé de 1979 à 1984 -, il s’y est fait connaitre comme correspondant du Daily Telegraph dans la capitale de l’Union entre 1989 et 1994. Tous ceux qui l’ont connu à cette époque en gardent un souvenir ému, car c’est lui qui a inventé un genre journalistique, les « Euromyths » que l’on appellerait aujourd’hui « Fake news ». Il n’a pas hésité, avec l’approbation de sa rédaction en chef, à travestir la réalité, voire à inventer de toutes pièces des histoires, afin de donner de l’Europe l’image d’un monstre bureaucratique prenant des décisions les plus absurdes. Comme me l’a alors expliqué ce jeune homme de 28 ans qui portait toujours des vestes froissées à la propreté douteuse et une chemise à moitié sortie du pantalon (so british !) : « il ne faut jamais laisser les faits arrêter une bonne histoire ». On peut citer, parmi celles-ci, la police visant à vérifier la courbure des bananes, la standardisation des cercueils, l’interdiction des cocktails de crevettes ou encore le mode de vie forcément somptuaire d’eurocrates surpayés et ne payant pas d’impôt.

Pour les Européens, Boris Johnson était et reste l’incarnation de ce qui se fait de pire dans l’élite anglaise (et non britannique) formée dans les Public schools et « Oxbridge », c’est-à-dire subtilement arrogante, totalement cynique, gentiment xénophobe, sûre de sa supériorité culturelle. Sur ce dernier point, et contrairement à l’image populaire qu’il aime à se donner, Johnson est un homme fin et d’une culture immense qui faisait pâlir d’envie ses collègues. Ainsi, un journaliste espagnol se souvient l’avoir vu lire un livre en grec ancien lors d’un voyage en avion. Il a même un jour posé une question en latin en salle de presse, à une époque où seul le français y était autorisé, à propos d’un soi-disant projet de directive visant à imposer les noms latins des poissons afin de faciliter la politique commune de la pêche... Boris Johnson en salle de presse de la Commission, c’était le spectacle assuré.

Humainement, Johnson était un dilettante qui s’assumait, un bon camarade, bon vivant, toujours prêt à donner un coup de main. Et surtout, il était toujours à l’affut de « la » bonne histoire. Son antienne quotidienne, prononcée d’une voix de Stentor qui résonne encore dans ma tête était : « what’s the story today, Jean ? » Mieux valait peser ses mots pour éviter de retrouver une histoire délirante et non sourcée dans le Telegraph… Il était totalement désarmant, car il ne s’agissait pas d’un idéologue hargneux pour qui l’Europe était le mal absolu, le nouveau Reich de mille ans. Non, plus simplement, c’était un homme sans conviction que tout amusait et qui ne se préoccupait absolument pas des conséquences de ce qu’il écrivait ou du mal qu’il faisait. Doté d’un solide sens de l’humour, il savait faire taire rapidement les critiques les plus virulentes : comment combattre un homme qui assume ses mensonges et n’a aucune illusion sur un métier qu’il n’exerçait que pour obtenir de l’influence. De ce point de vue, sa réussite a été totale : il a réussi l’exploit de transformer durablement la presse britannique, et pas seulement la presse conservatrice, qui a couru après le succès des Euromyths, une presse qui a pavé le chemin du Brexit. Un ancien correspondant du Times (un journal qui avait pourtant viré Johnson au début de sa carrière pour mensonge) pleurait presque en racontant que ses articles étaient totalement réécrits à Londres afin de coller aux préventions europhobes locales. Mais il est vrai que la vérité est souvent moins spectaculaire et ne fait pas vendre.

Voir cet enfant gâté, qui ment comme un enfant, à l’idéologie aussi molle qu’un caramel par temps de canicule, aux portes du pouvoir donne le sentiment aux partenaires de Londres d’assister au « déclin de l’Empire britannique », pour paraphraser le titre d’un film québécois (« le déclin de l’Empire américain »). Une sorte d’épiphanie d’une séquence politique ouverte avec la décision d’un condisciple de Johnson, David Cameron, d’organiser un référendum sur l’appartenance de son pays à l’Union qui a ridiculisé pour longtemps aux yeux du monde un Royaume-Uni incapable de sortir de l’Union.

Au fond, Boris Johnson est à l’image de la classe politique britannique : un politicien qui joue cyniquement avec l’avenir de ses concitoyens et de son pays pour s’emparer du pouvoir. Mais sa force est aussi d’être dépourvu de vraies convictions, ce qui le rend imprévisible. On considère à Bruxelles qu’il est capable de tout, même de renoncer au Brexit s’il y voit son intérêt personnel. Après tout, ne s’est-il pas longtemps opposé au Brexit avant de prendre la tête de la campagne du « leave », n’hésitant pas à mentir, et à l’admettre, ou à insulter ses partenaires européens avant de faire marche arrière… Tout compte fait, mieux vaut un « bouffon » pragmatique qu’un idéologue fanatique. Mais attention : il peut trouver amusant de précipiter son pays dans le précipice, bien loin du sens de l’État d’un Churchill dont il a été un bon biographe.

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Activity report (8th legislature, 2014-2019) - PE638.721v02-00

Activity report (8th legislature, 2014-2019)
Sous-commission "droits de l'homme"

Source : © Union européenne, 2019 - PE
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Vacances

Coulisses de Bruxelles - Fri, 19/07/2019 - 20:47

Et voilà, le temps des vacances est venu. Je disparais jusqu’au 22 août prochain.

L’année a été particulièrement riche en actualité et en évènements personnels: mon nouveau livre, «Il faut achever l’euro», la parution de la seconde édition de mes «salauds de l’Europe», deux prix de journalisme (Prix «mieux comprendre l’Europe» et prix catalan Ernest Udina de la trajectoire européenne), un documentaire, «Qu’est-ce qu’un bon impôt?», etc. Le tout couronné par la chute de Martin Selmayr, le secrétaire général de la Commission, dont j’ai démontré l’illégalité de la nomination et révélé ses manoeuvres dignes de Frank Underwood. Mais rien de personnel, comme le montre ce photomontage que je dois à @Berlaymonster ;-)

Je soupçonne votre frustration d’avoir vu disparaitre, en septembre dernier, les commentaires de ce blog à la suite d’un gros problème technique sur le serveur de Libération qui n’est toujours pas réglé à ce jour. J’espère qu’ils reviendront... En attendant, vous pouvez commenter sur Twitter (@quatremer) et sur mes trois pages Facebook (deux «Jean Quatremer» et une «Coulisses de Bruxelles»).

En attendant de vous retrouver, dans le journal, sur le net, à la télévision, je vous souhaite de bonnes vacances.

Fidèlement votre.

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Ursula von der Leyen s'offre la tête de Martin Selmayr

Coulisses de Bruxelles - Fri, 19/07/2019 - 20:08

Ursula von der Leyen, la présidente élue de la Commission, a fait tomber sa première tête, et pas n’importe laquelle : celle de Martin Selmayr, le sulfureux secrétaire général de l’exécutif européen, le poste le plus important de l’administration communautaire. C’est lundi soir, à la veille du vote d’investiture de la ministre de la Défense allemande, que Selmayr a annoncé à ses collaborateurs son départ effectif dès la semaine prochaine. Officiellement, selon le site Politico, à qui il a réservé la primeur de la nouvelle, afin d’éviter que les deux postes les plus importants de la Commission soient occupés par des Allemands.

Si cet élément a sans doute compté, il n’y avait en réalité aucune urgence à son départ puisque la nouvelle Commission ne prendra ses fonctions que le 1er novembre. Celui que Jean-Claude Juncker surnomme «le monstre» aurait donc pu rester en place jusque-là et continuer à placer ses affidés à tous les postes de direction comme il le fait depuis 18 mois. Les vraies raisons de ce départ précipité sont autres. Ce sont, en effet, les chefs d’Etat et de gouvernement qui ont exigé son départ le 2 juillet, lors du sommet consacré aux nominations des dirigeants de l’Union. Une première depuis 1958, les Etats ne se mêlant jamais directement des affaires internes des institutions communautaires. Mais cette fois, il en allait différemment, les Vingt-huit ayant pris conscience de la place démesurée prise par cet Allemand de 49 ans à qui Jean-Claude Juncker, le président sortant de la Commission, a littéralement confié les rênes du pouvoir. Sa nomination illégale au poste qu’il occupe, en février 2018, révélée par Libération, et dénoncée tant par le Parlement européen, qui a même réclamé à deux reprises sa démission, que par la médiatrice européenne, et ses abus de pouvoir manifestes ne l’ont pas ébranlé. Rien ne semblait pouvoir le déboulonner.

Manœuvres disqualifiantes

Mais il a franchi la ligne rouge en encourageant, le 30 juin, les chefs de gouvernement des pays de l’Est à refuser la nomination à la présidence de la Commission du socialiste néerlandais Frans Timmermans, comme le proposait Angela Merkel, la chancelière allemande, afin de promouvoir la candidature de «son» candidat, le Premier ministre croate, Andrej Plenkovic. En effet, il savait que le Néerlandais, qui le déteste cordialement, le virerait sans état d’âme, alors qu’un ressortissant d’un petit pays, débordé par l’ampleur de la tâche, le laisserait agir à sa guise. Pour ne rien arranger, durant tout le sommet du 30 juin au 2 juillet, il s’est comporté comme un chef de gouvernement, essayant d’influencer les négociations, ce qui a achevé de le discréditer.

Pour ne rien arranger, il a essayé de faire trébucher Ursula von der Leyen devant le Parlement européen afin de remettre Plenkovic dans la course. Il est presque arrivé à ses fins puisqu’elle lui doit largement sa faible majorité (383 voix alors qu’il lui en fallait 374). De fait, il lui a fourni une équipe de transition particulièrement faible qui l’a mal préparéе aux réalités européennes et il lui a donné des consignes de prudence totalement contre-productives : ses auditions devant les groupes politiques, la semaine dernière, ont été catastrophiques. Il a fallu que Paris et Berlin interviennent directement, d’où la qualité exceptionnelle de son discours mardi matin à Strasbourg qui lui a sans doute sauvé la peau.

Grand ménage

La coupe était dès lors pleine : Ursula von der Leyen, qui n’a jamais hésité à faire le ménage dans les différents ministères qu’elle a occupé, n’ayant pas pour habitude de se laisser diriger par des technocrates, a exigé la tête de Selmayr. L’homme va donc quitter la Commission par la petite porte, totalement discrédité. Mais il n’a pas dit son dernier mot : il compte bien rebondir ailleurs. Ainsi une rumeur le donne secrétaire général (un poste qui n’existe pas...) de Christine Lagarde à la Banque centrale européenne (BCE). Mais on imagine mal cette dernière s’encombrer d’une personnalité aussi nocive au risque d’apparaître comme une marionnette de Selmayr… En attendant, le collège des commissaires devrait le nommer, mercredi 24 juillet, directeur du bureau de la Commission à Vienne, certes une chute spectaculaire dans la hiérarchie, mais qui lui permettra de conserver son salaire de 17.000 euros par mois.

En attendant, les eurocrates de l’entourage du secrétaire général déchu ont commencé à retourner leur veste : chacun fait valoir ses actes de «résistance» face à l’autocrate pour sauver sa peau… Or, seul, l’Allemand ne serait pas arrivé là où il est. En particulier, il a pu compter sur le soutien indéfectible du directeur général du service juridique, l’Espagnol Luis Romero Requena : c’est lui qui a organisé sa nomination en violation du statut de la fonction publique européenne, un texte qu’il est censé faire respecter comme gardien du droit. Bref, von der Leyen a du ménage à faire. Elle devra s’appuyer sur un secrétaire général fidèle à l’institution plus qu’à ses propres intérêts : le nom du Français Olivier Guersent, le directeur général «services financiers» de la Commission, un haut fonctionnaire dont personne ne conteste les grandes qualités, est le plus souvent cité.

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[Revue de presse] Libre-échange : les opposants au CETA tentent d'empêcher sa ratification en France

Toute l'Europe - Wed, 17/07/2019 - 12:00
L’Assemblée nationale doit se prononcer, ce mercredi 17 juillet dans l'après-midi, sur l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada (CETA). De nombreuses associations, organisations et élus, tentent de convaincre les parlementaires français de s'y opposer. Les conséquences du traité pour l'environnement, la santé ou l'agriculture sont en effet pointées du doigt.
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