Alors que la guerre en Ukraine dure depuis huit ans, une nouvelle étape a été franchie dans l’escalade lors de la semaine du 21 février 2022. En effet, alors qu’environ 150 000 soldats russes étaient massés aux frontières de l’Ukraine depuis plusieurs mois, Moscou a fait le choix de passer à l’offensive en reconnaissant dans un premier temps l’indépendance des Républiques séparatistes de Donetsk et de Louhansk le 21 février, puis en envahissant militairement l’Ukraine à partir du 24 février dans un second temps.
Déjà après l’annonce de Vladimir Poutine sur la reconnaissance des territoires séparatistes ukrainiens, l’UE a condamné sans attendre puis décidé d’atteindre la capacité de la Russie à accéder aux marchés des capitaux et services financiers européens. Parmi les cibles : les banques qui ont contribué à financer les opérations militaires russes dans le Donbass. De même que les personnalités politiques ayant contribué à reconnaître les zones sécessionnistes, telles que les députés de la Douma.
À LIRE AUSSIGuerre en Ukraine : chronologie des événements Sommet européen extraordinaireAprès l’invasion de l’Ukraine par la Russie, acte que le président français Emmanuel Macron a qualifié d’ ”atteinte la plus grave à la paix en Europe depuis des décennies”, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE se sont réunis jeudi 24 février au soir pour un Conseil européen extraordinaire à Bruxelles.
A l’issue de ce sommet, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré que “les dirigeants russes devront faire face à un isolement sans précédent”. Les Vingt-Sept se sont mis d’accord sur les sanctions les plus sévères jamais mises en œuvre par l’Union européenne, a ainsi affirmé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Pour sa part, le président du Conseil européen Charles Michel a qualifié les sanctions prises par les Européens de “massives et douloureuses à l’égard du régime russe”.
Dans les conclusions rendues par le Conseil européen à l’issue de ce sommet, il est en effet expressément indiqué que les sanctions européennes auront “des conséquences lourdes et massives” pour l’économie et l’élite politique de la Russie. Il est précisé que ces sanctions concernent notamment le secteur financier, les secteurs de l’énergie et des transports, les exportations… Pour sanctionner l’implication de la Biélorussie dans l’agression contre l’Ukraine, les Vingt-Sept se sont aussi mis d’accord sur l’adoption de mesures de rétorsion individuelles et économiques à son encontre.
À LIRE AUSSIGuerre en Ukraine : quel rôle joue l’Union européenne ? De lourdes sanctionsUrsula von der Leyen a détaillé les sanctions prises : “ce paquet comprend des sanctions financières qui réduisent l’accès de la Russie aux marchés de capitaux les plus importants. Nous visons désormais 70 % du marché bancaire russe, mais aussi les principales entreprises publiques, y compris dans le domaine de la défense”. Elle a également expliqué que les sanctions européennes vont augmenter les coûts d’emprunt de la Russie et éroder sa base industrielle. Aussi, les banques de l’UE auront interdiction d’accepter des dépôts de citoyens russes de plus de 100 000 euros et plusieurs entreprises étatiques russes se verront bloquer l’accès aux financements européens.
En ce qui concerne l’énergie, une interdiction d’exportation touchera le pétrole en rendant impossible pour la Russie de moderniser ses raffineries. Il y aura aussi une interdiction de vente d’avions, de pièces détachées et d’équipements aux compagnies aériennes russes. Ce qui limitera l’accès de la Russie aux technologies nécessaires à la fabrication de semi-conducteurs et d’autres technologies de pointe. Enfin, concernant les visas, les diplomates et les hommes d’affaires n’auront plus d’accès privilégié à l’Union européenne.
En revanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait demandé de bloquer l’accès de la Russie au système de transferts d’informations financières Swift pour l’isoler financièrement du reste du monde. Quelque 300 banques et institutions russes utilisent Swift pour leurs transferts de fonds interbancaires. Mais cette réclamation n’a pas été suivie par les Vingt-Sept : des Etats membres tels que l’Allemagne, l’Italie, la Lettonie ou la Hongrie sont très dépendants du gaz russe et cette mesure pourrait entraîner un risque élevé d’un arrêt de livraisons de gaz et d’autres matières premières en Europe.
A la suite des premières mesures énoncées plus tôt, les Vingt-Sept se sont également accordés pour sanctionner le président russe Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en gelant les avoirs qu’ils possèdent au sein de l’Union européenne. Ils ont aussi ajouté au paquet de sanctions la suppression de la faculté de voyager sans visa dans l’UE pour les porteurs de passeport russe.
Ce nouveau train de sanctions s’ajoute à celui décidé le 22 février 2022 qui, outre les mesures de gel des avoirs et d’interdiction de pénétrer sur le territoire européen pour une série de personnes et d’entreprises russes, avait déjà fermé les marchés et les services financiers européens à l’Etat russe et à sa banque centrale.
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Le 24 février 2022, la Russie a lancé une vaste offensive militaire à l’encontre de l’Ukraine, en y envoyant son armée et bombardant plusieurs villes du pays, y compris sa capitale Kiev. Cette attaque brutale survient trois jours après la reconnaissance de l’indépendance des territoires séparatistes pro-russes du Donbass par Vladimir Poutine, un acte déjà suivi de l’envoi de soldats dans la région. L’invasion russe est unanimement condamnée par les Etats membres et les institutions de l’Union européenne, qui annonce de très lourdes sanctions contre Moscou.
Quelles sont les origines du conflit ?Le conflit ukrainien trouve son origine en septembre 2013, quand le président Viktor Ianoukovitch décide de se retirer unilatéralement d’un accord d’association avec l’Union européenne. En réaction, des manifestations s’organisent spontanément sur la place de l’indépendance de Kiev (dite Maïdan) par des partisans d’un rapprochement avec l’UE. La répression policière est féroce, et les manifestants fédèrent de plus en plus de soutiens. L’escalade de la violence, début 2014, conduit à la mort de plusieurs manifestants, mais aussi de policiers.
En février 2014, les ministres des Affaires étrangères allemand, français et polonais ainsi que des représentants russes tentent de trouver une sortie de crise avec le pouvoir ukrainien. Mais le 21 février 2014, Viktor Ianoukovitch fuit la capitale ukrainienne. Accusé de violations des droits de l’homme, il est destitué le lendemain par le Parlement ukrainien.
L’Assemblée prévoit des élections présidentielles pour le 25 mai 2014, et nomme un président par intérim. Toutefois, les régions de l’est de l’Ukraine, majoritairement russophones et opposées au mouvement de Maïdan, ne reconnaissent pas les nouvelles institutions. En réaction, le Parlement retire le statut de langue officielle aux langues régionales, dont le russe, ce qui met le feu aux poudres.
En mars 2014, une insurrection armée menée par des forces non identifiées prend le pouvoir dans la région autonome ukrainienne de Crimée, et réclame le rattachement à la Russie. Après l’organisation d’un référendum local, la région signe un traité avec la Russie pour sceller son appartenance à la fédération. Le résultat du référendum n’est pas reconnu par l’Ukraine ni par l’Union européenne.
Les révoltes prennent de l’importance dans la région orientale de l’Ukraine, le Donbass, jusqu’à l’intervention de l’armée ukrainienne pour lutter contre une insurrection armée pro-russe. Les premiers combats éclatent alors que les provinces (“oblast”) de Donetsk et Louhansk (Lougansk en russe), qui forment le Donbass, s’autoproclament “républiques populaires” indépendantes, respectivement le 7 et le 27 avril 2014. Aucun Etat n’a reconnu ces déclarations d’indépendance, à l’exception de la Russie le 21 février 2022 par la voix de son président Vladimir Poutine, qui s’en était pourtant abstenu pendant près de huit ans.
Si les combats avaient baissé en intensité depuis leur apogée en 2014, se stabilisant autour d’une ligne de front fixe, les différentes trêves ont rarement été respectées plus de deux semaines. Avant l’intervention russe du 24 février 2022, la guerre avait déjà causé la mort d’environ 14 000 personnes.
Carte de l’Ukraine. A l’Est, les provinces de Louhansk et Donetsk formant le Donbass. La partie hachurée est contrôlée par la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lougansk. L’Ukraine contrôle l’ouest et le nord de ces provinces. Au Sud, la Crimée contrôlée par la Russie. Crédits : pop_jop / iStock
Ukraine : Pour le gouvernement ukrainien, il est indispensable de retrouver le contrôle sur l’intégralité de son territoire, et donc la Crimée et la partie est du Donbass. Dans les faits, récupérer les régions séparatistes semble difficile pour l’Ukraine, qui devrait composer avec une population souvent plus favorable à la Russie. Mais une grande partie des Ukrainiens souhaitent les voir revenir dans le giron de Kiev.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, élu en avril 2019, souhaite un rapprochement avec l’Union européenne. Une volonté partagée par les institutions européennes. “Nous voulons aller encore plus loin dans notre relation avec l’Ukraine”, a affirmé le président du Conseil européen Charles Michel à l’issue du sommet UE-Ukraine du 6 octobre 2020, l’avant-dernier en date. Le 22 février, au lendemain de l’annonce de la reconnaissance de l’indépendance des territoires séparatistes pro-russes en Ukraine par Vladimir Poutine, le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kouleba a demandé à l’UE de donner à Kiev des garanties de sa future adhésion.
L’Ukraine souhaite également adhérer à l’Otan, ce qui impliquerait l’intervention des pays membres de l’Alliance atlantique en cas d’agression militaire. Une perspective à laquelle s’oppose la Russie, qui demande aux Etats-Unis et à leurs alliés des assurances juridiques excluant tout élargissement de l’Otan à l’Ukraine. Si les membres de l’organisation militaire sont peu enclins à accueillir un nouveau membre ukrainien dans l’immédiat, étant donné l’impact géopolitique d’une telle décision, ils rejettent cependant la demande du Kremlin et maintiennent que Kiev rejoindra à terme l’Alliance atlantique.
À LIRE AUSSIOtan / Union européenne : quelle coopération ?Russie : La Russie craint donc une éventuelle adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan), qu’elle voit comme une organisation concurrente menaçant sa sécurité, ainsi que le rapprochement des anciennes républiques soviétiques d’Europe avec l’Union européenne. Dès lors, l’influence exercée par la Russie sur les régions séparatistes ukrainiennes a constitué un moyen de peser sur la politique internationale de Kiev, afin de garder l’Ukraine dans la sphère russe.
En ce sens, l’implication russe en Ukraine s’inscrit dans la lignée de précédentes interventions militaires dans l’espace post-soviétique, comme en Abkhazie et en Ossétie du Sud (Géorgie) ou en Transnistrie (Moldavie). L’objectif est de soutenir les populations russes ou pro-russes de ces pays pour garantir leur autonomie politique vis-à-vis des Etats centraux. La Russie a agi de la même sorte en Crimée, en déployant ses troupes officielles à l’appel des dirigeants de la région, même si le résultat final est cette fois une intégration de la région dans l’Etat russe. De même que dans le Donbass, en reconnaissant les territoires sécessionnistes, puis en frappant militairement l’ensemble du territoire ukrainien.
Fin 2021, la Russie dépêche des militaires à sa frontière ukrainienne : des mouvements de troupes qui impliqueraient plus de 150 000 soldats fin février 2022. Des exercices militaires ont lieu près de cette frontière ainsi qu’en Crimée. De même que sur le territoire de la Biélorussie, alliée du Kremlin. Le 21 février, Vladimir Poutine ordonne, officiellement pour y maintenir la paix, l’envoi de soldats russes dans les territoires séparatistes de Louhansk et de Donetsk. Une escalade qui franchit donc un pallier supplémentaire d’une ampleur inattendue via l’offensive militaire massive lancée trois jours plus tard.
Union européenne : La France et l’Allemagne ont jusqu’à maintenant joué un rôle de premier plan dans la diplomatie européenne sur la crise en Ukraine. Les deux alliées sont impliquées dans la résolution de ce conflit depuis une réunion informelle de 2014, en marge des célébrations du débarquement de Normandie. Les dirigeants ukrainien, russe, français et allemand avaient alors pu ouvrir des négociations à l’initiative du président français François Hollande. Ces rendez-vous à quatre ont depuis pris le nom de “format Normandie” .
En février 2015, en présence des représentants des républiques populaires auto-proclamées de Donetsk et Louhansk, ces dirigeants sont notamment parvenus à l’accord de Minsk II, censé concrétiser le cessez-le-feu signé par les belligérants en septembre 2014 (protocole de Minsk). Le nouvel accord prévoit également un retrait des armements lourds, ainsi que des engagements politiques en faveur d’une plus grande autonomie du Donbass. Mais sept ans après sa signature, le texte n’a jamais été pleinement appliqué. Notamment le cessez-le-feu qu’il implique, dont les violations sont régulières. Et l’invasion de l’Ukraine lancée par Vladimir Poutine le 24 février rend l’accord complètement caduc.
L’Union européenne a, elle aussi, plusieurs fois condamné l’insurrection pro-russe au Donbass et souligné son attachement aux accords de Minsk. Plusieurs sanctions économiques et politiques ont également été prises à l’encontre de la Russie dès le début du conflit, “en réponse à l’annexion illégale de la Crimée et à la déstabilisation délibérée d’un pays souverain frontalier par la Fédération de Russie”. Des sanctions qui ont eu un lourd impact sur l’économie russe, mais qui pour l’heure ne semblent pas avoir infléchi la position de Moscou. Il est par ailleurs parfois difficile pour les Vingt-Sept de porter une position commune, entre les partisans de la négociation (France et Allemagne) et ceux souhaitant une plus grande fermeté, comme les Etats baltes et la Pologne.
Comment les Européens agissent-ils vis-à-vis de l’Ukraine et de la Russie ?Au début du conflit, la politique européenne vis-à-vis de Moscou s’est donc principalement illustrée par des sanctions. Le 17 mars 2014, comme les Etats-Unis, l’Union européenne a annoncé le gel de possessions financières et des interdictions de voyager de personnalités russes. Le 24 mars de la même année, la fédération de Russie a été exclue du sommet du G8 (redevenu le G7). Et le 10 avril, ses droits de vote avaient été suspendus au Conseil de l’Europe, une mesure finalement levée en juin 2019.
Un deuxième volet de sanctions est décidé par l’UE contre la Russie en septembre 2014, suite au crash de l’avion de Malaysia Airlines. Le 17 juillet 2014, un Boeing 777 de la compagnie reliant Amsterdam à Kuala Lumpur avait été abattu en plein vol au-dessus du Donbass, faisant 283 victimes, majoritairement hollandaises. Le train de sanctions consiste en un embargo contre des entreprises, notamment des fournisseurs d’énergie, un secteur clé de l’économie russe.
Mais même reconduites tous les six mois par l’Union européenne, les sanctions à l’égard de la Russie n’ont pas eu tout l’effet escompté et l’UE a ainsi beaucoup misé sur la négociation pour parvenir à une sortie de crise.
Un nouveau pas européen est réalisé en direction de la Russie en juin 2019, quand le Conseil de l’Europe approuve la réintégration de la fédération dans son assemblée parlementaire. Une décision soutenue par Angela Merkel et Emmanuel Macron. Ce dernier soutient également le retour de la Russie au sein du G7 après avoir rencontré Vladimir Poutine fin août 2019 en France.
Les diplomaties françaises et allemandes sont aussi à l’origine de la tenue du sommet Normandie du 9 décembre 2019 à Paris, le premier de ce type en trois ans. Elles y ont tenu le rôle de médiateur, pour ce qui constituait la première rencontre entre Vladimir Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Sur le plan économique, Kiev et Bruxelles se sont rapprochées. L’accord d’association signé en 2017 a permis de faire bondir les échanges entre l’Ukraine et l’UE de 65 %. Pour faire face à la crise du Covid-19, l’exécutif européen a également déboursé 190 millions d’euros pour l’aide médicale d’urgence ainsi qu’1,2 milliard d’euros pour lutter contre les conséquences économiques de la pandémie dans le pays. Depuis 2014, l’Union européenne a mobilisé près de 17 milliards d’euros en subventions et prêts afin d’assister l’Ukraine dans son programme de réformes. En janvier 2022, la Commission européenne propose une aide d’urgence de 1,2 milliard d’euros pour soutenir l’Ukraine face aux coûts engendrés par le conflit avec la Russie. Une décision ensuite approuvée par les Etats membres et le Parlement européen.
Comment les différentes tentatives de sortie de crise ont-elle échoué ?Le 21 avril 2019, l’élection d’un nouveau président en Ukraine avait été considérée comme une réelle opportunité pour mettre fin au conflit. Le président sortant Petro Porochenko s’était quant à lui vu largement défait. Son rival, le jeune comédien Volodymyr Zelensky, avait obtenu plus de 70 % des suffrages au second tour. Ce dernier était connu du grand public comme l’acteur principal de la série télévisée Serviteur du peuple, diffusée entre 2015 et 2019, dans laquelle il incarnait un professeur d’histoire devenu président de l’Ukraine par accident. De langue maternelle russe, il avait principalement axé sa campagne contre la corruption et pour le renouvellement de la classe politique. S’il s’était montré ouvert au dialogue avec la Russie et l’UE, il avait néanmoins choisi Bruxelles en mai 2019 comme premier voyage présidentiel, où il avait été reçu au sein de la Commission européenne et de l’Otan.
En décembre 2019, un sommet quadripartite au format Normandie avait permis de relancer le dialogue entre Ukrainiens et Russes. Plusieurs prisonniers avaient par exemple été échangés entre les deux pays. En revanche, les négociations sur les sujets politiques, tels que le contrôle de la frontière orientale ou le désarmement des séparatistes, avaient échoué. Initialement prévu en mars 2020 mais reporté en raison de la pandémie de Covid-19, un sommet entre l’Union européenne et l’Ukraine s’était déroulé à Bruxelles le 6 octobre 2020, puis un nouveau, le 23ème et dernier en date, à Kiev le 12 octobre 2021. Des rencontres qui avaient permis à l’UE de réaffirmer sa résolution à renforcer les liens politiques et économiques avec l’Ukraine et de condamner encore l’atteinte de la Russie à son intégrité territoriale.
A partir de décembre 2021, des échanges entre Américains et Russes avaient eu lieu à plusieurs reprises au sujet de la montée des tensions vis-à-vis de l’Ukraine, mais ils n’avaient pas permis de réelles avancées. Washington et Moscou semblaient camper sur leurs positions, le premier ayant demandé des garanties qu’aucune opération n’allait être lancée contre Kiev, le second ayant voulu s’assurer que l’Otan ne s’élargirait jamais à l’Ukraine.
Jusqu’à début 2022, l’Europe avait quant à elle été largement exclue des pourparlers, la Russie prétendant ne pas considérer “l’Union européenne comme un interlocuteur à part entière”, analysait Cyrille Bret, maître de conférences à Sciences Po et chercheur associé à l’institut Jacques-Delors, lors d’un webinaire le 26 janvier. Pour autant, les Européens n’avaient pas entendu s’effacer dans la résolution d’un conflit qui les concernent au premier plan et avaient fait montre de leur unité, malgré les divergences pouvant exister entre eux. Ils avaient également affiché leur fermeté, annonçant de lourdes sanctions à l’encontre la Russie en cas de nouvelle agression militaire de l’Ukraine.
“Plus largement, c’est au feu de cette épreuve avec la Russie que l’Union européenne a commencé à définir ses intérêts stratégiques”, qui ne coïncident pas exactement avec ceux des Etats-Unis et de l’Otan, et pris conscience de son droit à les défendre, estime Cyrille Bret. Cette vision stratégique doit notamment être portée par la boussole stratégique, un “livre blanc” qui vise à définir les grandes orientations de la sécurité et de la défense européennes jusqu’en 2030, et dont l’adoption est prévue en mars 2022.
À LIRE AUSSISécurité et défense : qu’est-ce que la boussole stratégique de l’Union européenne ?En recevant Emmanuel Macron au Kremlin le 7 février, Vladimir Poutine semblait être revenu sur sa position qui faisait des Etats-Unis le seul interlocuteur à réellement considérer dans le cadre de cette crise. Si leur rencontre n’avait pas abouti à des avancées majeures pour la résoudre pacifiquement, les deux dirigeants avaient fait part de leur volonté d’éviter un conflit armé et s’étaient déclarés prêts à accepter des compromis. Surtout, ce rendez-vous avait témoigné d’un retour de la France, et de manière plus générale des Européens, à la table des négociations. Un retour confirmé par la visite du chancelier allemand Olaf Scholz à Moscou le 15 février.
Mais ces efforts diplomatiques n’ont pas empêché l’annonce de la reconnaissance des territoires séparatistes par Vladimir Poutine moins d’une semaine plus tard, le 21 février, ainsi que l’envoi de soldats. Une décision en “violation flagrante du droit international” selon l’UE, qui a pris de nouvelles sanctions visant la Russie, tout comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Cette escalade prend ensuite une ampleur inédite lorsque Moscou lance une invasion de l’Ukraine, déployant ses soldats et bombardant le pays. Une offensive militaire suivie par l’annonce d’un second train de sanctions en une semaine, bien plus sévères que les précédentes, par les Européens.
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