le HMS Vanguard (crédit : UK Royal Navy)
(BRUXELLES2) Jusqu’au dernier moment les sondages ont fait traîner un leurre, le « Remain » l’emportant assez largement. Jusqu’à minuit on était encore à des sondages gagnant à 52% (YouGov) voire à 54% (IpsosMori). Avant de battre en retraite piteusement. Le Brexit s’installait durablement durant la nuit au fur et à mesure des dépouillements dans l’Angleterre traditionnelle. Les pro-européens ont dû déchanter. Le ‘Leave » avait gagné. Mon analyse tranche sans doute avec la plupart des commentaires apitoyés. Mais je ne suis pas sûr que le Brexit — qui pose toute une série de questions — soit le désastre annoncé… pour plusieurs raisons. C’est un saut certain dans l’inconnu… Mais un saut contrôlé !
Le résultat était-il une totale surprise ?
Le contraire aurait été surprenant. Cela fait des années que les principaux journaux à gros tirage (Daily Mail, Daily Telegraph, Daily express) montrent, exemples à l’appui (souvent les plus farfelus…) que l’Europe n’est pas une bonne chose et qu’il serait bien meilleur d’être tout seul. Ils ont fait une campagne intense en faveur du Brexit. Cela fait des années, aussi, que de nombreux responsables politiques pointent du doigt Bruxelles pour éviter de s’interroger. David Cameron n’ayant pas été le dernier dans ce sport de l’ ‘Europe Bashing’. Sa volte-face pro-européenne, aurait constitué un véritable tour de force s’il avait réussi.
Est-ce une catastrophe pour l’Europe ?
Ce n’est pas sûr. D’une part il y aura un accord avec le Royaume-Uni pour permettre aux Européens et aux Britanniques de continuer à commercer et à se financer ensemble. La City, l’industrie, l’économie britannique ont besoin des débouchés européens. Et vice-versa. Il y a une convergence très nette d’intérêts qui va pousser dans le sens d’un accord permettant au Royaume-uni de continuer à s’arrimé économiquement au continent. Cette solution convient d’ailleurs aux Britanniques : bénéficier sans participer. Lire : Après le Brexit : fini le marché unique et tout le reste ? Raison gardons ! Scénarios… Ensuite tout dépend de la réaction des pays fondateurs qui, jusqu’à présent, sont restés (depuis une dizaine d’années) très timides (un mot gentil !) sur la construction européenne.
Un accord est-il facilement négociable ? Rapidement ?
L’accord ne sera pas facile à négocier. Car il y a une série de liens à dénouer et … à renouer. C’est un peu une procédure d’élargissement à l’envers. Dans cette négociation, il reste deux atouts majeurs : 1) le Royaume-Uni reste membre des autres organisations européennes (OCDE, Conseil de l’Europe, OTAN, OSCE) et il peut revenir à l’AELE qu’il avait contribué à créer. 2) Le Royaume-Uni ne participe déjà pas à la moitié des politiques européennes (Euro, Espace Schengen, Coopération policière et judiciaire). Il n’est pas membre ainsi de la Banque centrale européenne, de l’Agence Frontex. En matière de défense européenne, il reste un ‘outsider’.
Peut-on arriver rapidement à un accord ?
Ce sera difficile. Mais on peut penser que la négociation pourrait être plus rapide que prévu, au moins sur l’essentiel : l’économie. Il est hors de question pour le Royaume de laisser planer une quelconque incertitude pour les investisseurs étrangers, et pour tous les secteurs économiques (finances, commerce maritime, industrie, immobilier…) essentiels à l’économie britannique et sensibles aux mouvements extérieurs. Les derniers temps, ceux-ci ont retenu leur signature, ou inséré une « clause Brexit » de révision possible du contrat. Ce serait arrêter toute la machine économique britannique. Dès l’annonce du Brexit, les bourses ont chuté. Si l’incertitude se prolongeait, ce mouvement superficiel, de mauvaise humeur pourrait, lui aussi, se prolonger et endommager gravement l’économie britannique. Un accord, au moins transitoire, devrait donc être annoncé rapidement. La City insiste ainsi pour une solution provisoire.
Quand démarre la négociation ?
Officiellement il faut attendre la notification par le gouvernement britannique de sa décision de sortir de l’Union européenne et de faire jouer la procédure prévue à l’article 50 du traité européen (Lire : Brexit ! Quelle procédure pour le retrait ? Quand est-ce applicable ?). Dans les faits, point besoin d’attendre. Dès maintenant, juristes et sherpas sont au travail pour bâtir une solution convenable pour tout le monde. Si aucun délai n’est fixé pour la notification dans les traités, on peut se demander si une notification qui est juste la transcription des résultats d’un vote populaire peut vraiment tarder plusieurs mois. C’est douteux juridiquement et, surtout, très dangereux politiquement et… économiquement.
Quelles conséquences sur le gouvernement britannique ?
Il va être secoué. Ce référendum est une décision propre, personnelle, de David Cameron. Une promesse de campagne. Rien ne justifiait ni au niveau politique ni au niveau juridique la mise en place d’un référendum sur l’Union européenne. Le Premier ministre britannique s’est engagé pleinement dans la campagne, énergiquement. Mais il va désormais devoir assumer ce qui est, avant tout, sa défaite, personnelle. Il a d’ailleurs annoncé sa démission… d’ici le mois d’octobre, le temps de trouver un remplaçant. Les Tories vont sortir affaiblis de la bataille qui les a divisés.
Quelles conséquences pour le Royaume-Uni ?
C’est une vraie question. L’Ecosse, proprement européenne, pourrait être tentée par l’aventure solitaire et rejoindre de façon indépendante l’Union européenne. Ce qui est juridiquement tout à fait possible à condition que ce soit politiquement possible (avec un second référendum sur l’indépendance en Ecosse). Il suffit de négocier un accord dans l’accord pour permettre la continuation des Ecossais aux accords liant le Royaume-Uni à l’Union européenne. En soi, la question écossaise n’est pas très préoccupante pour la stabilité européenne… Le problème plus inquiétant, et souvent minoré, est l’Irlande du Nord. L’accord de paix signé en Ulster n’est pas encore parfaitement consolidé. L’idée d’une Irlande réunifiée est évoquée aujourd’hui clairement par certains partis comme le Sinn Fein (gauche, ancienne branche politique de l’IRA).
Quelles conséquences pour l’Europe ?
Elles sont difficiles à estimer. Mais ce qui est sûr aujourd’hui, c’est que l’Union européenne va sérieusement devoir réfléchir à son fonctionnement. La méthode du « vélo » semble morte. Les institutions européennes sont déconnectées de la population. Et la faute n’en revient pas au Royaume-Uni mais … aux pays fondateurs.
Quelles conséquences pour la défense européenne ?
Aucune ! (Lire : Brexit. Le Britannique est-il nécessaire à l’Europe de la défense ? (et article à suivre)
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : God save the Queen ! L’Europe à la veille d’une révolution politique ?
et notre dossier N°38. Brexit ou Remain. Quand le Britannique se tâte sur l’Europe
L’équipe d’abordage des Finlandais (crédit : Bundeswehr / Achim Winkler)
(B2) La relève allemande pour l’opération Sophia (EUNAVFOR Med) est en route. Le navire de transport Werra (A-514) et le chasseur de mines Datteln ont quitté leur base de Kiel pour rejoindre la Méditerranée centrale. Ils vont venir relayer le ravitailleur Frankfurt et la frégate Karlsruhe. Relais normalement prévu le 1er juillet.
N’oubliez pas !
Avant leur départ, le ministre de l’Intérieur du Schleswig-Holstein, Stefan Studt (SPD), a voulu rappelé le côté humain de cet engagement. « Partout dans le monde, des familles fuient la violence. Les chiffres sont impressionnants. Mais il ne faut pas oublier que ce sont des mères et des pères, des filles et des fils. Ce sont des gens comme vous et moi, que la guerre a forcés à fuir ».
Des Allemands en diminution
En termes de militaires, cela représente cependant une décrue très nette du nombre de militaires allemands engagés. Le « Werra » compte un équipage de 67 personnes (commandant : Mirko Preuss) et le Datteln 40 membres d’équipage (commandant Björn Fischer). Soit à peine plus de 100 officiers/sous-officiers et matelots.
Des Finlandais toujours engagés
A bord du Werra, va embarquer une équipe de 12 militaires… finlandais spécialement formés. Ils vont composer une équipe d’abordage à même soit d’aller au secours des migrants soit d’assurer le contrôle des navires « suspects ». Ce n’est pas une nouveauté en soi. Les Finlandais sont déjà présents depuis décembre dernier à bord des navires allemands. Au départ, ils ont été embarqués sur le navire de soutien Berlin, puis ont été transférés sur son navire jumeau Frankfurt am Main.
Des codes à la place de l’anglais
Achim Winkler, l’officier de presse du Frankfurt am Main, en témoigne. « Leur intégration avec l’équipage allemand a parfaitement bien fonctionné. Ces gars parlent tous un anglais excellent. Pourtant, les défis ont surgi auxquels personne n’avait vraiment pensé à l’avance. Les Finlandais ne pouvaient pas comprendre les annonces en allemand faites sur les haut-parleurs du navire et ont loupé donc quelques alarmes. Pour y remédier, une liste de codes a été créé. Les messages allemands ont donc été modifiés avec des codes comme « Bravo deux », « Alpha trois » ou « Papa one » »
Une méthode bien répétée
Lors de l’évacuation des canots de fortune où s’entassent les migrants et les réfugiés, l’équipe se divise. « Une partie monte dans les deux vedettes du navire à la rencontre des occupants du canot. « Ils donnent une main » pour aider les passagers en détresse à monter à bord « mais gardent une autre libre, prêts à réagir immédiatement en cas de danger, si nécessaire par la force des armes. A l’arrière, une équipe de tireurs d’élite sécurise les propres soldats. Il ne peut jamais être exclu qu’un terroriste se soit glissé parmi les réfugiés et veuille mener une attaque au milieu des gens sur le bateau surchargé. Un des officiers d’embarquement, sur la piste de pont du navire, est en contact radio constant avec ses hommes. Les soldats restants sont répartis sur les points de récupération à bord du navire pour garder leurs camarades en vue ou pouvoir répondre en cas de chute. »
L’équipe d’abordage ou VPD : une spécialité finlandaise ?
Les Finlandais sont des habitués de ce type d’engagement. Ils avaient constitué une équipe de VPD autonomes pour accompagner les navires du PAM (le programme alimentaire mondial) dans l’opération anti-piraterie de l’UE (EUNAVFOR Atalanta). Ils ont aussi embarqués à bord de la frégate « Augsburg » et « Schleswig-Holstein » en 2014 pour assurer l’escorte du navire spécial américain ‘Cape Ray’, assurant le convoyage es armes chimiques syrienne pour être détruites.
(NGV)
Gel de commandes et de travaux de modernisation, mise en sommeil potentielle de certaines stations… Sans une réévaluation rapide des subventions publiques pour 2017, la Société Nationale de Sauvetage en Mer devra faire de douloureux sacrifices. L’association, qui compte 7000 bénévoles (dont 4400 sauveteurs embarqués), réalise 5000 interventions par an, permettant de secourir plus de 7000 personnes. C’est un maillon essentiel du dispositif de secours en mer, la SNSM réalisant la moitié des sauvetages au large des côtes françaises.