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Updated: 4 days 2 hours ago

Le Fonds européen de défense : est-ce un changement de paradigme ?

Fri, 02/07/2021 - 12:30

(B2) 1,2 milliard d’euros de budget, 23 domaines prioritaires, voila à quoi ressemblera la première année du Fonds européen de défense qui démarre maintenant. Est-ce un vrai saut ?

Le commissaire Thierry Breton au lancement du Fonds européen de défense (crédit : Commission européenne)

L’Europe prend son destin en main

C’est « un changement de paradigme clair » s’est écrié le commissaire européen en charge du Marché intérieur, le Français Thierry Breton lors de la cérémonie de lancement mercredi (30 juin). « L’Europe prend son destin en main », s’est-il félicité. De la création et du lancement Fonds européen de défense (FEDef en abrégé), le commissaire y voit trois atouts : premièrement, « c’est une contribution absolument essentielle à une plus grande souveraineté européenne », deuxièmement, « l’Union européenne doit compléter son soft power par du hard power pour devenir progressivement un acteur de la sécurité au niveau mondial ». Enfin, « Le Fonds contribue à faire de nous un partenaire crédible vis-à-vis des partenaires et dans l’OTAN en particulier ».

Un changement de paradigme ?

Il y a sans conteste une évolution notable. Voir les Européens financer, avec le budget commun de l’Union européenne, la recherche et le développement de nouvelles armes, de nouveaux équipements de défense, létaux ou non létaux, de l’artillerie de précision aux drones, en passant par les capacités de lutte contre les menaces bactériologiques, chimiques ou nucléaires (NRBC), est tout sauf évident et anodin pour une organisation a priori dédiée sur des tâches civiles. Le changement de paradigme est donc évident.

Une pierre à la souveraineté européenne : à voir

Dire que cela contribuera à la souveraineté européenne, cela reste encore à prouver. On le verra au bout de la période de sept ans où le Fonds européen de défense se déroulera. Mais c’est bien parti. Deux dangers menacent les Européens : 1. céder à la tentation de rester avant tout liés aux Américains (un point clé important pour nombre de pays européens), la souveraineté acquise serait alors inutile. 2. se tromper de domaine de dépendance. Ne pouvant mener la bataille sur tous les fronts, les Européens devront bien déterminer les secteurs ou domaines où il importe d’être indépendants.

Devenir un acteur de sécurité mondiale ? Illusoire

Sur ce point, on peut se dire que c’est plutôt un volontarisme très avancé et pour le moins erroné. Ce n’est pas en faisant de la recherche ensemble pour se doter de nouveaux équipements militaires ni même en se dotant (ensuite) de nombreuses capacités militaires que l’Europe deviendra un acteur de sécurité. Cette qualité s’acquiert davantage par une stratégie politique et militaire claire, une capacité politique de décision (rapide si possible), une réactivité aux crises, une volonté d’agir, suivie d’actions concrètes. On peut avoir les meilleurs capacités au monde : si elles restent dans les hangars ou dans les ports, c’est de l’argent perdu. Les exemples récents (Syrie, Haut Karabagh, Ukraine) montrent un paysage contrasté. L’Europe, incapable d’agir (comme l’OTAN d’ailleurs) préfère s’abstenir. Et dans les différents opérations et missions déployées par l’UE (Atalanta, Irini, EUTM Somalia, EUTM Mali, etc.), il manque encore certaines capacités et quelques personnels…

Une Europe plus crédible vis-à-vis de l’OTAN ? Sans aucun doute

Sur la crédibilité de l’UE vis-à-vis de l’OTAN, on pourra discuter d’une notion qui reste très subjective. Mais il y a une réalité. La création du Fonds a réveillé l’intérêt des Américains comme de l’OTAN qui ont soudainement des « yeux de chimène » pour les Européens, lorgnant vers un instrument très intéressant à leurs yeux (OTAN), voire concurrentiel et dangereux (USA). Le temps où l’Europe quémandait à l’OTAN des moyens pour mener des opérations s’est sinon renversé, du moins rééquilibré. C’est aujourd’hui l’OTAN qui est intéressé par les capacités européennes (en matière industrielle). L’Alliance est en passe de mettre en place un fonds de soutien à l’innovation. Mais cela reste (pour l’instant) fondé sur des contributions volontaires.

(Nicolas Gros-Verheyde, avec Aurélie Pugnet)

Lire aussi sur B2 Pro :

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Categories: Défense

Un véhicule suicide contre la Minusma : douze militaires allemands et un Belge blessés (v3)

Fri, 25/06/2021 - 19:24

(B2) Il était 6h30, au Mali, vendredi matin (25 juin), quand un véhicule suicide a foncé sur une base opérationnelle temporaire des Casques bleus au nord de Gao

Hélicoptère Mi8 de la Minusma en évacuation médicale (Minusma 2018- Archives B2)

L’évènement a eu lieu près du village d’Ichagara, dans la commune de Tarkint, à 180 km au nord de Gao. Les militaires avaient formé une base opérationnelle temporaire quand un véhicule suicide (SVBIED) a explosé.

Au moins quatre blessés graves

Douze soldats allemands ont été blessés, « dont trois grièvement » a rapidement confirmé la Bundeswehr. Un militaire belge a aussi été « gravement blessé », comme l’a indiqué la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder par tweet. « Sa famille reçoit l’aide de nos services sociaux et de nos psychologues. […] Un deuxième soldat belge, présent sur les lieux, n’a pas été blessé. » Les circonstances exactes de l’attaque « font l’objet d’une enquête » précise-t-on du côté allemand.

Prise en charge par les équipes médicales allemandes, chinoises et françaises

Les blessés ont reçu des soins médicaux sur place, puis ont été transportés sur les hôpitaux militaires de Gao par hélicoptère (un hélicoptère contracté et un hélicoptère Mi8 de l’ONU). Ils ont été pris en charge par les équipes médicales « allemande, française et chinoise », a indiqué la ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer. NB : les deux bases (Minusma et Barkhane) sont colocalisées sur la même zone.

Un blessé en urgence vitale

L’état de deux soldats plus sérieusement blessés est « stable » a assuré AKK qui est intervenue devant la presse en fin d’après midi (à 17h30, à écouter ici en allemand). Quant au troisième, il est « actuellement opéré. Nous avons une pensée particulière pour lui ». NB : propos très prudent, ce qui suppose une urgence vitale.

Rapatriement en cours par A400M

Les blessés devraient être ont été rapatriés rapidement en Allemagne, à commencer par les plus graves. Un avion A400M équipé en mode évacuation médicale et soins intensifs (StratAirMedevac) a décollé samedi matin de Wuntstorf indique la NDR (télévision allemande). Direction : Gao. Il a pris en charge les blessés les plus graves pour les rapatrier sur Cologne. Ils ont été hospitalisés à l’hôpital de la Bundeswehr de Coblence. « Tous sont actuellement dans un état stable » précise le ministère. Un second avion A310 a pris en charge les autres blessés et les a acheminés vers Stuttgart.

Das medizinische Evakuierungsflugzeug ist in Köln gelandet. Der A400M hat die schwerverwundeten Soldaten aus #Mali nach Deutschland gebracht. Alle sind derzeit stabil und werden jetzt weiter im Bundeswehrkrankenhaus des @SanDstBw in Koblenz behandelt. pic.twitter.com/uhkbP1WlPS

— Verteidigungsministerium (@BMVg_Bundeswehr) June 26, 2021

Parmi eux, le militaire belge qui a ensuite été évacué par ambulance sur Bruxelles. « Son état de santé est rassurant, il pourra donc quitter l’hôpital sous peu et continuera de recevoir des soins à domicile. » a indiqué la ministre belge de la Défense.

Quinze blessés selon la Minusma

En tout il y a « quinze casques bleus ont été blessés » avait d’abord annoncé la MINUSMA. Il reste donc un doute sur le bilan exact de l’attaque. Soit la nationalité de ces deux autres blessés reste à préciser (le principe en opération multinationale est que c’est l’État concerné qui communique en premier en cas de perte). Soit finalement, ils n’ont pas été blessés ou leurs blessures ont été si légères qu’on ne les retient pas dans le bilan final.

Ce matin, une base opérationnelle temporaire de la Force de la MINUSMA près du village d'Ichagara, dans la commune de Tarkint, région de #Gao, a été la cible d’une attaque au véhicule piégé. 15 #Casquesbleus ont été blessés, leur évacuation est en cours. pic.twitter.com/l40GsrLFzd

— MINUSMA (@UN_MINUSMA) June 25, 2021

Qu’est-ce qu’une base temporaire ?

Une base opérationnelle temporaire est généralement formée autour de véhicules blindés, disposés en cercle (comme le veut la tradition dans le désert ou far west) qui protègent ainsi le camp. Cette base avait été établie pour « sécuriser le passage de la 3e compagnie du bataillon de l’armée malienne reconstituée (BAR) en route pour Kidal », précise la MINUSMA. Une compagnie qui a fait l’objet la veille d’une attaque par un engin explosif improvisé (IED).

NB : C’est la seconde attaque au véhicule piégé en quelques jours. Les Français de Barkhane avaient été visés lundi dernier (lire : L’opération Barkhane atteinte par un véhicule suicide).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Mis à jour samedi 26.6 (précisions sur le départ A400M et sort du deuxième militaire belge présent) et dimanche 27.6 (état des rapatriements et état de santé du militaire belge)

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Categories: Défense

La présidence française de l’UE percutée de plein fouet par un accident électoral

Thu, 24/06/2021 - 18:15

(B2) La France doit assurer sa présidence de l’UE au premier semestre 2022. Problème : les élections présidentielles et législatives doivent se tenir sur la même période. Le président français, Emmanuel Macron, a pourtant refusé de permuter avec un autre État membre comme c’est l’usage dans ce cas de figure. Il pourrait s’en mordre les doigts

Emmanuel Macron au Conseil européen (par visio-conférence) de février 2021 (Conseil de l’UE)

Le pire moment pour une présidence

La présidence française de l’UE qui doit démarrer le 1er janvier prochain et se terminer le 30 juin 2022 à minuit, pourrait être stoppée nette à mi-course. Le premier tour des élections présidentielles doit se tenir le 10 avril et le second tour le 26 avril. C’est-à-dire juste au moment où une présidence européenne commence à tourner à plein régime. Avant, ce sera la campagne électorale qui tournera à plein régime. Après, quelle que soit l’issue du premier tour, viendra le temps des législatives, en juin 2022. Autrement dit, tous les esprits seront tournés ailleurs que vers le travail de l’Union européenne. L’Europe sera prise dans la ligne de mire de débats partisans. Quelle que soit l’issue du vote, un nouveau gouvernement devra se mettre en place, qui ne sera pas automatiquement celui qui aura démarré la présidence, voire sera radicalement différent (cf. encadré).

Le poids toujours irremplaçable d’une présidence

Certes, une présidence du Conseil de l’Union européenne n’a plus l’importance qu’elle avait avant le Traité de Lisbonne. La présidence portée par un État membre ne conduit plus les débats au Conseil européen (rendez-vous des chefs d’Etat et de gouvernement donnant les grandes impulsions politiques), elle ne préside plus le Conseil des Affaires étrangères ni l’Eurogroupe, car ses présidents sont permanents. Ses impulsions potentielles sont aussi plus mesurées à 27 qu’à 12 ou à 15 (et à quand la présidence revenait tous les six ou sept ans). Mais la présidence — avec ses ministres et ses diplomates —reste irremplaçable pour pousser des dossiers, négocier des compromis, débloquer des sujets. L’Europe reste encore un ‘objet’ politique où les rapports humains ont de l’importance. Un point souvent sous-estimé. Il y a souvent des échanges entre ministres sur le mode : « je te soutiens là, tu me soutiens plus tard ». En 2022, la crédibilité des ministres français sera quasi-nulle… Car comment faire confiance à quelqu’un qui a des chances de ne plus être là dans quelques semaines ?

Un choix délibéré

Il a cependant été proposé à plusieurs reprises au président de la République de permuter sa présidence avec un autre État membre — soit passer plus tôt ou plus tard dans le calendrier. C’est l’usage d’ailleurs souvent suivi quand une présidence de l’Union européenne arrive pendant des élections nationales. L’Allemagne et la Finlande avaient ainsi échangé leurs présidences en 2006 et 2007. Personne, en effet, au niveau européen n’a intérêt à voir une équipe gouvernementale occupée par sa réélection ou, pire, partir en plein milieu d’une présidence et remplacée par une autre qui n’a pas vraiment été initiée aux choix faits ou manœuvres en cours. L’Élysee a cependant refusé tout net, assumant, revendiquant même, de pouvoir exercer une présidence en pleine campagne électorale, nous ont confirmé plusieurs sources. Un choix de stratégie, et de communication politique, qui pourrait s’avérer néfaste aujourd’hui. C’est dommage pour la France, une présidence, c’est seulement tous les 13 à 14 ans aujourd’hui. Et, surtout, c’est dommage pour l’Europe.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Un président qui risque de valser en avril prochain. Le résultat des dernières élections — municipales et surtout régionales — même ramené à l'aune locale et de l'abstention — laisse planer plus qu'un doute sur la reconduction du président de la République de la République en marche dans ses fonctions. À droite, les Républicains relèvent la tête. À gauche, les Verts s'installent dans le paysage. Tandis qu'à l'extrême-droite, même affaibli, le Rassemblement national reste ancré dans les 20% de voix minimum, disent les élections passées comme les sondages. Le parti du président (LREM) n'a pas réussi à sortir de l'étiage habituel où était le parti centriste (Modem), autour de 10-12%. En l'état des lieux aujourd'hui, Emmanuel Macron n'est plus assuré de passer le cap du premier tour. Il reste en effet un animal politique, doué pour semer le trouble parmi ses adversaires, pour s'imposer ensuite dans un champ de ruine (ex. en 2017). Mais la donne pourrait être différente dans un an.

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L’opération Barkhane atteinte par un véhicule suicide (v2)

Mon, 21/06/2021 - 14:28

(B2) Un véhicule de l’opération Barkhane a été victime lundi (21 juin), d’une attaque dans la région de Gossi, au Mali

L’incident s’est produit, « en début de matinée » confirme l’état-major des armées. Un VAB (véhicule de l’avant-blindé) du groupement tactique désert (GTD) ‘Tigre’ l’armée française se trouvait « en mission de reconnaissance pour sécuriser les alentours de la base opérationnelle avancée (BOA) de Gossi », quand un véhicule suicide « bourré d’explosifs » a explosé à son passage.

Plusieurs blessés

Six militaires français et quatre civils maliens (dont un enfant) ont été blessés dans l’explosion du véhicule suicide. Ils ont été évacués vers l’hôpital militaire de Gao et l’hôpital de Gossi (pour les civils). Leur « pronostic vital n’est pas engagé » indique-t-on du côté français. Des hélicoptères d’attaque Tigre et des avions Mirage 2000 sont intervenus pour « appuyer les troupes au sol » et permettre l’évacuation des blessés.

(NGV)

Mis à jour avec le nombre de blessés

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Janša, prénom Janez. Un insubmersible à la tête de la présidence slovène de l’UE

Mon, 21/06/2021 - 11:44

(B2) Le Premier ministre slovène va bientôt passer au premier plan de l’Union européenne, six mois durant, à compter du 1er juillet. Il n’en est pas à son coup d’essai. Il sait diriger. Et celui qui pourra le faire plier devra s’y reprendre à plusieurs reprises

Janez Janša en uniforme de la jeune armée slovène (crédit : Janez Janša – Facebook)

Un ‘rouge’, anar

Janša n’était pas un homme de droite… au départ. Il se situait plutôt à l’autre bout de l’échiquier : à la gauche. Même très à gauche. C’est un Rouge, anar, anti-militariste, adepte de Mao, dans un pays, la Yougoslavie, dominée par un parti unique (la Ligue communiste de Yougoslavie), qui affiche l’autogestion socialiste, tiers-mondiste, et une certaine distance avec Moscou, mais sait aussi pourchasser, de façon sévère, les opposants à la ligne.

Un passage par les jeunesses communistes

Janez est de ces opposants. Il se montre très critique. Président de la commission de défense de l’association de la jeunesse socialiste de Slovénie, il met en cause la direction dans l’hebdomadaire des jeunesses communistes Mladina, réputé pour son esprit alternatif, et est exclu du parti. Avec son acolyte David Tasić (1), ils mettent les autorités en émoi. Tasić publie ‘La nuit des longs couteaux‘ qui décrit (à l’aide d’un enregistrement) la façon dont le comité central de la Ligue communiste envisageait l’arrestation des militants de la société civile. D’autres articles sont publiés sur les plans militaires de l’armée yougoslave.

Le JBTZ, lanceur de la carrière de Jansa

Suite à cette affaire, ils sont arrêtés en 1988, avec un militaire Ivan Borštner, ainsi que le rédacteur en chef de Mladina, Franci Zavrl. Les quatre sont traduits en cour martiale. Janša est condamné à dix-huit mois de prison. Leur procès, médiatisé, se déroule en plein mois de juillet 1988. Une formidable erreur du pouvoir de Belgrade ! Ceux qu’on a appelé le groupe JBTZ passent à la célébrité. Des comités de soutien ‘Free Janša’ jaillissent. Ils cristallisent comme jamais le ressentiment slovène, sel de cristallisation de l’indépendance future. Pour Janša, c’est la bascule, vers ce qui restera sa passion : l’arène politique.

La fondation du parti d’opposition

En 1989, quand la Slovénie rompt le monopole du parti unique, Janša fonde le SDZ, l’Union démocratique slovène, le premier parti d’opposition et en devient le vice-président. En 1990-1991, durant la phase d’émancipation de la Slovénie, il occupe le poste clé de ministre de la Défense de la toute jeune république slovène, encore yougoslave. C’est à lui qu’incombe de forger la défense de la république indépendante, à partir des forces territoriales, peu équipées et peu formées, plus proches du garde-champêtres que des forces spéciales. Des structures parallèles sont mises en place, par rapport au commandement officiel. Des équipements sont achetés.

Nous sommes en guerre

Le 27 juin 1991, quand l’armée yougoslave passe à l’offensive, deux jours après la proclamation de son indépendance par Ljubljana, le tout jeune ministre proclame devant la télévision nationale : « Nous sommes en guerre ». Personne ne veut parier sur le gagnant. Pourtant, avec ses armes anti-chars, la toute jeune armée inflige à la puissante armée populaire yougoslave une défaite. Celle-ci laisse au tapis de nombreux chars et plusieurs hélicoptères, et plusieurs centaines de prisonniers. C’est à partir de cette victoire que Janša se propulse au premier plan. La troïka européenne dépêchée sur place, en urgence, obtient un accord de compromis.

La brigade spéciale Moris

L’envers du décor parait un peu moins glorieux. En décembre 1990, une brigade spéciale est mise en place, la brigade Moris (alias Ministrstvo za Obrambo Republike Slovenije), qui préfigure l’armée slovène. Une unité militaire directement subordonnée au ministre de la Défense (Janez Janša) et chargée de ce qu’on pourrait appeler toutes les opérations spéciales comme ‘under cover‘. Elle est particulièrement active en 1991 lors de l’accession à l’indépendance. Mais aussi après. Elle a ainsi « prêté » des armes et des munitions aux municipalités croates voisines, pour se défendre contre les Serbes. Ce qui contrevient alors à l’embargo décrété au niveau international par le Conseil de sécurité des Nations unies en septembre 1991 (2). Le gouvernement yougoslave de Belgrade, dirigé essentiellement par les Serbes (après le départ des Slovènes et des Croates) a fait de même auparavant, fournissant matériels et équipements en nombre aux Serbes de Croatie. La brigade Moris est aussi chargée de certaines missions de renseignement, écoutant et espionnant à la fois les politiciens et les journalistes, et au besoin pour les mettre à l’écart.

Victoires et défaites, un acharné du pouvoir

Jansa continuera ainsi à évoluer, au fil des années, entre l’ombre et la lumière, entre le succès et l’opprobre. Il exerce les fonctions de ministre de la Défense jusqu’à 1994, avant d’être écarté par le président d’alors Janez Drnovšek. Le tabassage d’un de ses anciens collaborateurs en pleine rue sonne sa fin… Mais il reviendra. Il revient au pouvoir, son parti – devenu le SDS – ayant remporté les élections d’octobre 2004, et devient premier ministre. Poste qu’il occupe jusqu’en 2008, assurant notamment la première présidence de l’Union européenne pour la Slovénie. Les élections de 2008 le font chuter, à un siège près. Il doit céder sa place à ses ennemis jurés, les sociaux-démocrates dirigés alors par Borut Pahor. Il passe à l’opposition, mais revient au pouvoir à la faveur d’une nouvelle coalition en 2012-2013.

L’affaire Patria

En juin 2013, il est atteint dans une sombre affaire de corruption pour l’achat des blindés à l’industriel finlandais Patria. Une affaire remontant à son précédent mandat de Premier ministre (2004-2008). Un des plus gros contrats que l’armée slovène (278 millions d’euros) ait jamais conclu, qui comporte apparemment une annexe discrète : le versement de commissions sonnantes et trébuchantes au SDS, le parti au pouvoir. Il est condamné à deux ans de prison. Condamnation confirmée en appel en avril 2014. Janša passe alors par la ‘case prison’ une deuxième fois ! La délivrance survient en avril 2015, avec l’annulation du jugement à l’unanimité par la Cour constitutionnelle en avril 2015. Il est libéré au bout de neuf mois de prison. L’homme en gardera, une certaine amertume, dénonçant un « complot politique ».

Un habitué de la joute politique

Aujourd’hui, Janša est un des hommes politiques slovènes qui a le plus duré, ayant traversé tous les temps. À la tenacité, il allie une rancune, souvent tenace, toujours exacerbée. Il a gardé un goût pour les joutes verbales, et autres. Adepte du twitter, à la mode Trump, il envoie ses banderilles par rafales. La modération n’est pas son fort. Il ne va pas dans la tendresse. Il pilonne ses adversaires, n’hésitant pas à sortir l’artillerie la plus lourde, et les attaques personnelles au-dessous de la ceinture (3). Peu importe l’argument, l’important est de taper. À la pacification, il préfère le champ de bataille, choisissant son terrain d’affrontement, comme le rappelle son ancien journal Mladina.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Proclamé meilleur journaliste en 1986, il quitte Mladina en 1989 et fonde en 1991 une maison d’édition indépendante ‘Založba Karantaanija’.
  2. Sur la question de l’embargo sur les armes vers la Yougoslavie, lire cette étude.
  3. Sa cible préférée est la télévision publique. En mars mars 2016, il accuse par tweet deux journalistes d’être des « prostituées délabrées à 30 et 35 euros ». Ce qui suscite une enquête de la plateforme de protection des journalistes du Conseil de l’Europe. Plus récemment, où il les accuse d’être des incapables et des profiteurs. Nouvelle enquête du Conseil de l’Europe.

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Categories: Défense

À Melsbroek, l’unité binationale A400M. Un modèle du genre

Sun, 20/06/2021 - 21:40

(B2) Belges et Luxembourgeois ont choisi de mettre en pool leurs avions de transport. Initiative intéressante à plus d’un titre. Une première pour le Luxembourg qui ne disposait pas jusqu’à présent d’avion de transport militaire

Au premier plan, les cinq C-130 restants, qui vont quitter le tarmac de Bruxelles d’ici la fin de l’année. Au fond, l’A400M luxembourgeois (© NGV / B2)

Une flotte de huit appareils à terme

Le pool compte déjà trois avions (deux Belges et un Luxembourgeois). À terme, il en comptera huit. Trois appareils supplémentaires seront encore livrés cette année 2021, et le dernier en 2024. Ils remplacent la flotte belge de C-130, à bout de souffle. Le dernier appareil quittera le tarmac d’ici la fin de l’année (voire avant).

Tout est nouveau

La base aérienne du 15e Wing, aussi, est en cours de transformation, avec de nouveaux hangars conçus pour accueillir les nouveaux avions (plus longs que les anciens). « Ici tout est nouveau » indique le commandant du 15e Wing. « Nous ne devons pas seulement apprendre à voler, mais c’est tout un environnement nouveau qu’on doit découvrir. »

Une unité binationale

Tout est aussi multinational. La formation des pilotes a lieu en France, en Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne. Les Belges échangent ainsi avec les Français sur l’electronic warfare (guerre électronique) — « qui ont beaucoup d’expérience sur ce sujet » dixit un officier belge —, ainsi que la maintenance des moteurs (un contrat a été passé). Il y a des échanges sur les équipages avec les Britanniques, des informations et un entraînement techniques avec les Allemands. Une nécessité.

Une première pour le Luxembourg

« C’est nouveau d’avoir cette capacité » confirme à B2 François Bausch, le ministre de la Défense (et Vice-Premier ministre) du Grand-Duché. Le Luxembourg n’avait pas d’aviation de transport jusqu’ici. « C’est un investissement très intéressant. Cela permet de combler une lacune dans nos besoins, de remplir des besoins réels au niveau de l’UE comme au niveau de l’OTAN. » « Cette capacité peut être employée de différentes façons, de façon militaire ou civile. » Au niveau de l’aide humanitaire également.

François Bausch (© NGV / B2)

Une capacité à multiples usages pour le Grand-Duché

« Nous sommes très engagés dans la zone Sahel, que ce soit au niveau militaire ou de la coopération au développement. » Et en cas de problème, l’avion luxembourgeois pourra voler directement Jusqu’à présent. le Luxembourg dépendait des autres. « C’est « important pour nous d’avoir une certaine priorité, si on en a besoin, par exemple en cas d’évacuation » confirme le ministre. Et s’il n’est pas utilisé par les Luxembourgeois, l’avion reste dans le pool européen d’aviation de transport (EATC) pour être mis à disposition des autres pays.

Une équipe totalement intégrée

Les six pilotes et six logisticiens luxembourgeois sont d’ailleurs intégrés totalement dans le staff belge sur l’aéroport de Melsbroek (l’aéroport militaire de Bruxelles). Ils peuvent effectuer toutes sortes de missions comme leurs collègues belges. Les équipages peuvent donc être mixtes. Et les nationaux des uns voler sur l’appareil de l’autre.

(Nicolas Gros-Verheyde, à Melsbroek)

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Categories: Défense

Les Tchèques de Takuba confrontés à un IED. Pas de blessés

Sun, 20/06/2021 - 21:14

(B2) Un véhicule militaire tchèque des forces spéciales a heurté un IED (un engin explosif improvisé) samedi matin (19 juin) au Mali.

Véhicules des forces tchèques en patrouille pour EUTM Mali (Armée tchèque / Archives B2)

« Tous les soldats vont bien. Personne n’a été blessé », a indiqué l’armée tchèque sur Twitter. Le véhicule « effectuait une tâche opérationnelle » dans le cadre de la task-force Takuba sans vouloir donner « davantage d’informations sur le type de mission » effectué.

V sobotu 19. června v dopoledních hodinách najelo české vojenské vozidlo při plnění operačního úkolu mise Takuba na výbušninu. Všichni vojáci jsou v pořádku bez zranění. Další informace s ohledem na druh mise nebudeme sdělovat.

— Armáda ČR (@ArmadaCR) June 19, 2021

Selon Wassim Nasr, l’incident a eu lieu à proximité du camp de Menaka.

(NGV)

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Categories: Défense

En vol avec l’A400M belge. Quelle machine !

Sat, 19/06/2021 - 10:13

(B2 à Melsbroek) Nous avons pu monter à bord du nouvel appareil de transport européen pour un vol de deux heures. Récit

l’A400M sur le tarmac de l’aéroport de Melsbroek (© NGV / B2)
  • Cet appareil équipe les armées française, allemande, britannique, espagnole, turque, belge… et luxembourgeoise. Ces deux pays ont formé une unité commune (articles à suivre) qui aura à terme huit appareils.

Il fait chaud, presque étouffant, sur le tarmac ce jour là. L’appareil, siglé de la cocarde belge, est prêt au décollage. Porte arrière ouverte. Une haie d’honneur, formée par les hommes du SOR (Special Operations Regiment), attend les hôtes de la journée, le Haut représentant de l’UE (Josep Borrell), le ministre luxembourgeois de la Défense (François Bausch) et le général Fréderik Vansina, qui représente la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder, « retenue à la Chambre » (1).

Les parachutistes du SOR en haie d’honneur avant départ (© NGV /B2)

Harnachés

Sièges en toile placés sur le côté (comme le classique d’un avion de transport militaire), ceintures attachées (un peu plus compliquées que les antiques ceintures des C-160 Transall), nous sommes assis comme les parachutistes. Au centre, la carlingue parait presque vide. On peut y faire rentrer plusieurs véhicules blindés, voire un hélicoptère. Pour cette fois, c’est juste un ‘petit’ véhicule, la Jeep Fox utilisée par les paracommandos comme le Special Operations Regiment.

En vol (© NGV / B2)

Direction Florennes

Les moteurs chauffent, accélèrent. L’avion roule sur la piste. On sent la poussée des moteurs qui font monter dans les tours. Mais quand les roues quittent le sol, le frémissement est à peine perceptible. Quelques secondes plus tard, comme à la parade, l’avion vire, direction : Florennes (près de Namur) et sa base aérienne. Une ou deux passes à droite et à gauche, histoire de montrer l’appareil en manœuvre. On reste ‘gentil’. L’avion se stabilise à 1000 pieds environ. On voit les champs et les maisons d’assez près. « On pouvait voler plus bas. Mais il y avait beaucoup de trafic aujourd’hui. Et on a préféré être un peu plus haut » confie le pilote à l’issue du vol.

Dans la cabine de l’A400M – briefing après vol – à l’arrière plan, le général Vansinna (© NGV B2)

Posé tactique pour déposer hommes et matériels

On est en vue de l’aéroport de Florennes. Il est 17H43. Cela ne traîne pas. Aussitôt l’avion posé, la porte arrière se déploie. Sitôt la porte arrière qui touche le sol, les commandos mettent pied à terre. Le véhicule léger, un Fox (fabriqué par le Britannique Jankel) qui a remplacé les anciennes Jeeps, suit. Mission accomplie pour les hommes de l’air. La porte de l’avion se referme. Le temps de relancer à fond les moteurs, de rouler sur la piste. Et on redécolle. Deux minutes au plus se sont passées depuis le posé !

On descend le Fox (© NGV / B2)

Un appareil tout terrain

C’est une des missions types de cet appareil : faire du dépôt rapide de matériels. Il peut aussi déployer des containers. Il y a en bien d’autres : le transport de logistique ou de personnel sur une longue distance, la vision de nuit, l’évacuation médicale, le largage de personnels derrière les lignes parachutistes ou le drop de containers. « On peut larguer 34 containers, en tout 15 tonnes, en 30 secondes » nous explique un officier. « C’est un avion polyvalent, rapide, qui peut se déployer en milieu hostile ».

(Crédit : Armée belge – Sedeyn-Ritchie)

Deux fois plus vite, plus loin, plus fort que les C130

« C’est bien simple » — résume Frederik Vansina, ancien chef de la composante Air belge et actuel sous-chef d’état-major chargé de la stratégie (ACOS Strat), « avec cet appareil, on emporte deux fois plus, deux fois plus vite et deux fois plus loin » que les anciens C-130 qui vont quitter l’ensemble de la flotte belge d’ici la fin de l’année. « C’est une grosse amélioration pour nous » confirme un officier, sans ambages. « Pour une longue distance, par exemple pour aller en RD Congo, nous pouvons faire cela en une journée, avec un seul équipage. Avec un C-130, cela nous prenait deux – trois jours » sans compter les escales et relais.

Bluffant !

Au retour, les VIP sont bluffés. Les ‘aériens’ ont marqué un point.

Quelle machine !

« Quelle machine, hein » s’écrie Josep Borrell quand je lui demande ses impressions à l’arrivée. « Les avions déjà c’est beau. Mais, là, c’est merveilleux. C’est vraiment un des beaux résultats, un fleuron de l’industrie aéronautique européenne. » Le chef de la diplomatie européenne est tellement enthousiaste, qu’il ne cesse avec son GSM de photographier toutes ses coutures l’appareil, plantant là les photographes qui aimeraient une pause. L’enthousiasme ne semble pas feint.

Les photographes soumis à rude concurrence (© NGV / B2)

Ma jeunesse dans l’armée de l’Air

Pour démontrer sa capacité en vol, les deux personnalités à bord (Josep Borrell et François Bausch) ont eu droit à l’ouverture de portes latérales réservées aux parachutistes. Ils sont harnachés. L’air frémit… « C’est une expérience impressionnante surtout quand on a ouvert la porte pour le parachutage » racontera ensuite l’Espagnol. « Cela m’a rappelé ma jeunesse. J’ai fait mon service militaire dans l’armée de l’air. On faisait la même chose. Bon, l’avion était plus petit, un peu moins moderne. Mais la sensation de l’air qui coule autour de soi, quand vous êtes près de la porte, qui vous oblige à faire un effort pour sauter, était la même. »

Un des fleurons de l’industrie aéronautique européenne

Cet appareil est « un des fleurons de l’industrie aéronautique européenne ». C’est un « remarquable exemple de la coopération européenne » poursuit le chef de la diplomatie européenne dans un à propos plus politique. Avoir tous ces avions placés sous égide de l’EATC à Eindhoven, « est un exemple pratique de la façon dont on bâtit l’Europe de la défense. Si on veut dépenser mieux, il faut dépenser de manière plus coordonnée. La fragmentation de la capacité militaire en Europe nous coûte beaucoup. On pourrait faire davantage si on utilisait ensemble nos capacités, nos industries… »

… Mais on pourrait faire encore davantage

« Il ne faut pas simplement coopérer en achetant des avions, mais aussi en les utilisant. Tous les pays peuvent participer à ce projet d’avion aussi en l’utilisant. » Ce qu’on appelle le pooling. Autre chose « importante » : les missions et opérations. « C’est une bonne école pour nos soldats, pour qu’ils travaillent ensemble. Pas seulement pour servir leur pays, mais aussi pour partager leurs vues entre Européens, pour pas-à-pas créer une capacité européenne. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

A suivre : l’unité binationale belgo-luxembourgeois, un modèle du genre

  1. La ministre s’est un peu empêtrée dans l’affaire Jurgen Conings et s’est faite ‘accrocher’ par plusieurs députés de l’opposition, mais un peu aussi de la majorité pas très satisfait de ses réponses, mais aussi des conditions de communication du rapport (qui a déjà en partie fuité dans la presse).

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Une agence de l’OTAN va construire le camp de Menaka

Thu, 17/06/2021 - 15:42

(B2) L’agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA) a signé avec la France un accord en vue de fournir un soutien logistique à la Task-force Takuba.

Un camp pour 500 personnes

Ce soutien consistera en la construction d’un camp pour la force à Menaka, dans l’Est du Mali, pouvant accueillir 500 personnes. L’accord prévoit également la couverture, par la NSPA, des besoins logistiques du camp, ainsi que les transports terrestres et aériens intra-théâtre. Le personnel ‘NSPA’ chargé de la coordination du projet est attendu sur place d’ici à la fin de l’été.

Une triple première

C’est la première fois qu’une organisation internationale vient prêter concours à la task-force Takuba. C’est également la première fois que la France, en tant que « nation-cadre » d’une force multinationale, fait appel à cette aide. C’est également « la première fois que cette agence de l’OTAN apporte une aide à une force non-OTAN » précise-t-on à Luxembourg, le siège de la NSPA. La task-force Takuba est une force multinationale. Et à Menaka, ce sont surtout les Suédois qui sont présents. NB : l’accord a été signé le 9 juin, mais n’a fait l’objet d’une communication publique qu’après le sommet de l’OTAN, le 15 juin.

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Les Roumains à bord de Takuba, les Italiens en route lentement (v2)

Thu, 17/06/2021 - 12:35

(B2) Un contingent de 45 personnels va être envoyé par la Roumanie dans la task-force de forces spéciales déployée dans le Liptako malien

« Maintenir le profil opérationnel », c’est un des enjeux de la participation roumaine à Takuba (Armée Roumaine / Archives B2)

Le parlement roumain a approuvé mercredi (16.06) la participation à la mission de forces spéciales au Mali, sous commandement français, par « 346 voix ‘pour’, 2 ‘contre’ et 2 abstentions » indique l’agence AgerPress. Cela suit le feu vert approuvé, à l’unanimité, par les commissions de défense de la Chambre des députés et du Sénat réunies mardi (15.06).

Arrivée au 4e trimestre 2021

Selon le rapport approuvé par le Parlement, et lu par B2, Bucarest fournira un contingent de 50 personnels maximum (45 selon le ministère français des Armées) à partir du quatrième trimestre 2021 « dans la région du Liptako, aux confluents du Mali, Niger et Burkina Faso » (ce qu’on appelle la zone des trois frontières). Le financement sera assuré sur le budget des armées pour 2021, précise-t-on à Bucarest.

Un enjeu politico-militaire pour la Roumanie

Cette participation de l’armée roumaine « contribuera au maintien de son profil opérationnel » indique la lettre du président de la République. NB : le retrait de la mission de l’OTAN en Afghanistan laisse les forces (terrestres) surtout en absence de terrain d’opération important. Autres motivations avancées : cela « apportera une visibilité internationale accrue à notre pays, ainsi que des bénéfices importants, politiquement et politico-militaires, vis-à-vis de la France »

Une bonne nouvelle

Pour Paris, c’est un réel soulagement. Aussitôt la nouvelle connue, la ministre française des armées, Florence Parly, a tweeté : « La mobilisation des Européens au Sahel continue. Merci à nos amis roumains pour leur engagement. » La « taskforce qui rassemble des forces spéciales européennes pour mener des opérations de contre-terrorisme avec les armées maliennes » comme le définit la ministre, retrouve ainsi un peu d’air.

Une mobilisation qui peine à se faire

La mobilisation des Européens au Sahel continue : la Roumanie déploiera 45 militaires dans Takuba, la taskforce qui rassemble des forces spéciales européennes pour mener des opérations de contre-terrorisme avec les armées maliennes. Merci à nos amis roumains pour leur engagement.

— Florence Parly (@florence_parly) June 17, 2021

En effet, seuls trois pays participent aujourd’hui réellement à l’opération (Estonie, Tchéquie et Suède). La Belgique et les Pays-Bas, ainsi que l’Allemagne et l’Espagne, ont dit poliment ‘Non’. Seuls quelques officiers d’état-major ont été envoyés par Bruxelles et La Haye.

La Lituanie suivant sur la liste

Les espoirs d’un effectif supplémentaire se tournent donc aujourd’hui plutôt vers Vilnius, avec l’envoi d’un détachement lituanien, sorte de contrepartie à l’engagement français dans la surveillance de l’air balte (Baltic Air Policy). On mentionne souvent aussi la Serbie. Mais Belgrade observe (depuis les guerres yougoslaves) une politique de stricte neutralité et ne peut engager des forces de combat à l’extérieur de ses frontières. Les Serbes sont très actifs cependant au plan international, mais ils participent en envoyant des équipes médicales ou de soutien, ils fournissent ainsi systématiquement une équipe médicale aux missions de formation EUTM (en Somalie, notamment).

En attendant les Italiens

L’Italie a décidé de participer il y a presque un an. Mais la mise en place traine. Un premier détachement de reconnaissance est arrivé au printemps. Le ministre de la Défense Lorenzo Guerini leur a rendu visite le 20 mai dernier. A terme, un contingent de 200 hommes, 20 véhicules terrestres et 8 hélicoptères au Sahel, devrait être engagé. Leur arrivée est imminente, dit-on à Rome. Paris attend impatiemment : ce renfort, le plus important au plan européen, permettrait de donner un véritable souffle d’air à Takuba. Il sera opérationnel « à l’été » promet le ministère français des Armées.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Précisions données sur le contingent italien.

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Deux militaires français de Barkhane blessés dans le Liptako malien (v2)

Wed, 16/06/2021 - 10:16

(B2) L’incident s’est produit au cours d’une action de combat, menée en commun par les Français et Nigériens, dans la région du Liptako au Mali, proche du Niger

Militaire français du GTD Bison en action dans le Liptako (Archives B2 – crédit : état-major des armées)

Lors d’une mission de reconnaissance « menée dans la région du Liptako malo-nigérien ( »), mardi (15 juin), les militaires commandos de la force Barkhane (1) et de la 114e compagnie de sécurité intérieure nigérienne ont été « pris à partie par un important » groupe armé, indique l’état-major des armées dans une information mise à disposition de la presse dont B2, mercredi (16 juin).

Sur le territoire du Mali

L’accrochage s’est produit « sur le territoire malien » à environ une douzaine de kilomètres de la frontière nigérienne, « dans le secteur d’In Araban », qui se situe entre Menaka et Inates. Mais ce sont bien les forces nigériennes qui étaient déployées (en vertu d’accords bilatéraux entre les deux pays, apparemment).

Le groupe armé neutralisé

« Cherchant à s’exfiltrer dans une zone boisée, le groupe armé terroriste a été poursuivi ». Appuyés par des aéronefs de la force Barkhane (hélicoptères d’attaque et avions de chasse), les militaires français et nigériens ont « neutralisé » le groupe. Environ une dizaine de combattants adverses ont ainsi été tués.

Coté allié, 3 blessés (2 Français et 1 Nigérien) et 1 tué (Nigérien)

Durant cette action de combat, un militaire nigérien a perdu la vie, un second a été blessé. Deux militaires français des commandos ont également été blessés (par balles). Ils ont été « évacués et pris en charge par l’hôpital militaire de Gao ». L’état-major ne veut pas indiquer davantage sur leur état. Mais « leur pronostic vital n’est pas engagé ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Le dispositif a été réorganisé le groupement commandos dépend désormais directement du commandant de la force, et composé de commandos montagne ou parachutistes, avec des éléments d’appuis.

Mis à jour avec des précisions sur la géographie des lieux et les forces intervenantes.

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De nouveaux noms à la tête de l’armée et à la présidence de la République. La Légion prend le lead

Sun, 13/06/2021 - 17:30

(B2) Cet été sera propice à de nombreux changements dans les armées françaises. Changements loin d’être anodins quand on connait l’organisation militaire française, ‘à la verticale’ du président vers les armées

Un nouveau chef d’état-major des armées

T. Burkhard (crédit : DICOD)

Le général Thierry Burkhard, actuel chef de l’armée de terre, va remplacer le général François Lecointre après la fête nationale du 14 juillet, à compter du 21 juillet. Celui qui dirige les armées françaises depuis juillet 2017, ayant pris le relais ex abrupto du général de Villiers (lire : François Lecointre, nouveau commandant des armées françaises. Les opérations pas le budget), a souhaité quitter ses fonctions cette année, ne souhaitant pas être prolongé. Entre autres, il avait été un des premiers chefs de la mission européenne de formation militaire des FAMA (Lire : EUTM Mali. Une mission à prolonger).

Issu de la Légion, le 2e régiment étranger de parachutistes puis le 4e régiment étranger, le général Burkhard a été un des pivots du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) entre 2015 et 2019 d’abord comme chef de conduite puis commandant du CPCO, après avoir été porte-parole ‘opérations’ de l’état-major des armées (de 2010 à 2013) et conseiller militaire du coordonnateur national du renseignement (Alain Zabulon).

Jean de Monicault (Crédit : DICOD / Armée de terre

Un autre légionnaire à l’état-major particulier du président

Le colonel Jean de Monicault va devenir le prochain adjoint au chef d’état-major particulier du président de la République (Emmanuel Macron). Il remplacera à compter du 1er juillet 2021, le général de brigade Valéry Putz (1). Ce légionnaire, a fait une bonne partie de sa carrière au 2e REP, le régiment étranger de parachutistes, basé à Calvi (onze ans en tout), avant d’en être le chef de corps. Il rejoint l’état-major de l’armée de terre, notamment comme adjoint au chef du bureau « programmation-finances-budget ». Durant sa carrière il a servi sur plusieurs d’opérations en Côte d’Ivoire, en Bosnie-Herzégovine, en Macédoine, en Afghanistan (au sein de la task-force Lafayette) et au Mali (voir son CV).

L’aide de camp

Quant au poste d’aide de camp (Terre), un autre poste clé, car il accompagne tout le temps le chef d’État, dans ses déplacements, et doit être disponible, de jour comme de nuit, pour les tâches les plus importantes, comme les plus humbles, il va être confié au lieutenant-colonel Cédric Lavisse qui vient remplacer le colonel Vincent Minguet (2). Issu de l’infanterie de marine, Lavisse a notamment servi dans les forces armées en Guyane (FAG) à la tête de la section des commandos de recherche et d’action en jungle (CRAJ).

L’état-major particulier, un rôle clé

Dans la hiérarchie militaire française, le chef d’état-major particulier occupe un poste clé. C’est en fait le conseiller en chef et le ‘cerveau’ militaire du président de la République qui est, constitutionnellement, le Chef des Armées. Il y a plusieurs aides de camps, représentant chacun des grands corps de l’armée (Air, Terre, Mer).

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. La nouvelle a été officialisée par deux arrêtés publiés au journal officiel.
  2. Le colonel Vincent Minguet va prendre le commandement du 27e BCA (bataillon de chasseurs alpins) à compter du 27 août, lors d’une cérémonie de passation des pouvoirs avec le col. Ivan Morel, actuellement déployé au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane comme l’indique Le Dauphiné

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Sous l’eau et sur l’air. Un sous-marin allemand et un drone français dans l’opération Irini

Sat, 12/06/2021 - 18:15

(B2) Un sous-marin va prêter main forte à l’opération européenne de contrôle de l’embargo au large de la Libye

Départ du sous-marin de sa base de Eckernförde (crédit : Deutsche Marine)

Sous l’eau, un petit sous-marin

Engagé sur zone d’ici trois semaines

Le sous-marin ‘U 35’, de la première escadre de sous-marins, a quitté son port d’attache d’Eckernförde ce samedi (12 juin) pour prendre la route de la Méditerranée centrale. Arrivée sur place : d’ici trois semaines, après un arrêt pour ravitaillement à Rota (au Sud de l’Espagne). Durée de la mission : quatre mois.

Objectif : assurer la surveillance sur une assez vaste zone opérationnelle qui s’étend du sud de l’île de Sicile jusqu’aux eaux territoriales de la Libye et de la Tunisie. Entre les plongées, le U-boat sera basé sur plusieurs ports en Italie (NB : en Sicile notamment) et sur l’île de Malte. Une escale plus longue est plus prévue sur l’île grecque de Crète, au milieu de l’été, avec regroupement pour les familles.

À bord, 29 marins, sous le commandement du capitaine de corvette Oliver Brux (34 ans) et quelques étudiants de l’escadron, qui vont profiter de cette expérience « pour une formation intensive aux opérations à bord » comme le précise la marine allemande. La capacité maximale de 36 personnes ce petit sous marin est ainsi pleinement exploitée.

En l’air, un drone français

Un Reaper parti de Cognac pour surveiller la zone

De son côté, l’armée de l’Air française a annoncé jeudi avoir engagé un drone Reaper MQ-9 au profit de l’opération européenne. Cet appareil, qui peut voler plus de 24 heures en autonomie, est parti de la base aérienne 709 de Cognac samedi dernier (5 juin) et a évolué « dans des corridors aériens dédiés, jusqu’en Méditerranée centrale » précise le communiqué de l’armée de l’Air. Commandé en temps réel depuis le CDAOA (commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes) de Lyon, ce vol « réaffirme l’attachement de la France et de ses alliés au respect du droit international dans la région ».

Un test opérationnel et technique

Pour l’armée de l’air, cette mission est aussi un test grandeur nature. Il « permet d’envisager un haut niveau de surveillance » notamment en cas de vol combiné du Reaper avec un AWACS, « deux vecteurs parfaitement complémentaires ». Les données ainsi recueillies sur les trafics maritimes et aériens dans la zone sont transmises aux responsables de l’opération, qu’ils soient nationaux ou alliés. Il permet aussi de « répondre à de nombreuses questions tant techniques qu’opérationnelles » avant d’envisager, « si nécessaire, ce type de mission dans d’autres cadres d’engagement ».

Commentaire : des outils d’une discrétion absolue

Ces deux moyens ont un gros avantage : assurer en toute discrétion la surveillance sur une vaste zone, avec une large autonomie. Le sous-marin, opérant en plongée, peut suivre en toute discrétion, des mouvements de navires suspects, y compris de navires militaires, en pleine mer et au plus près des côtes notamment. Idem pour le drone qui a l’avantage de couvrir une plus vaste zone, notamment les ports et aéroports, y compris sur le territoire libyen… La performance des capteurs est un atout indéniable pour l’opération IRINI.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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L’armée française tue un responsable d’AQMI au Nord Mali

Fri, 11/06/2021 - 18:11

(B2) Baye ag Bakabo, un « chef d’AQMI » (Al-Qaïda au Maghreb islamique), a été « neutralisé » au Mali par l’armée française, indique un communiqué officiel publié ce vendredi (11 juin).

Une opération de « vive force » a été lancée le 5 juin dans la journée contre « un groupe armé terroriste, qui s’apprêtait à déclencher des tirs de mortier sur une emprise » occupée par le bataillon tchadien de la Minusma (ONU), basé à Aguelhok (Mali). Cette opération a conduit à la « neutralisation de quatre terroristes », dont Baye ag Bakabo. Celui-ci était « considéré comme responsable » dans l’enlèvement et l’assassinat des journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon à Kidal le 2 novembre 2013.

(Jean-Stanislas Bareth, st.)

Lire le communiqué
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Le Barkhane Exit de Emmanuel Macron. Sauve-qui-peut opérationnel ou raisonnement politique ? (v2)

Fri, 11/06/2021 - 02:01

(B2) Plusieurs raisons de politique africaine, internationale, comme opérationnelles semblent motiver la décision du président français, tout autant qu’un certain opportunisme électoral

Emmanuel Macron lors de la conférence de presse (crédit : Elysée)

Annoncée ce jeudi (10 juin) au détour d’une conférence de presse dédiée à présenter la position française au G7 et au sommet de l’OTAN, la décision de mettre fin à Barkhane a pu surprendre… Les mots employés par Emmanuel Macron, parlant d’un « sentiment d’usure » ou de « perdre le fil de pourquoi nous sommes là » — étaient en effet loin des communiqués de victoire d’il y a quelques mois (lire : Exit Barkhane. Vive Takuba et EUTM Mali. Emmanuel Macron décide de faire bouger les lignes).

Une décision repoussée à plusieurs reprises

On se souvient d’une décision attendue pour la fin 2020. Finalement, la décision avait été reportée. Le président français n’ayant pas réussi à trancher. Pour Emmanuel Macron, il était donc temps d’avancer une stratégie de sortie, pour tenter de se dégager de ce qui peut être analysé au bas mot comme une impasse militaire, avant de devenir un bourbier. À l’impression de sauve qui peut, on peut avancer cependant quelques raisons, solides, qui motivent cette décision, réfléchie longuement (trop longuement sans doute).

Les raisons de cette décision sont multiples

L’enlisement militaire

Tout d’abord, malgré les communiqués tambourinant des victoires sur l’ennemi terroriste, malgré un surge (décidé au sommet de Pau), les coups durs portés et les dizaines de ‘terroristes’ neutralisés — 859 tués pour le seul État islamique au Grand Sahara en un peu plus d’un an, depuis le sommet de Pau, disait le directeur du renseignement militaire (DRM) aux parlementaires —, les mouvements rebelles et terroristes ne semblent pas faiblir ni manquer de troupes. Ce n’est pas un échec. Les forces françaises ont marqué des succès tactiques. Mais elles ont failli sur l’objectif stratégique : éviter l’emprise terroriste sur le Sahel. Sur place, la joie et la bonne humeur qui avaient salué leur intervention en 2013 se sont évanouis, laissant place à une certaine lassitude, voire une hostilité. On peut donc dire que c’est un semi-échec.

La nouvelle donne politique africaine

Les coups d’État successifs au Tchad et au Mali ont précipité la décision de réajustement des troupes — même si le président français s’en défend. La situation à N’Djamena inquiète particulièrement. C’est là que se trouve le quartier général et une bonne partie de la logistique aérienne de l’opération. Le virage vers une instabilité chronique pourrait à la fois menacer le fonctionnement du QG, mais aussi la venue des Européens sur le théâtre, voire même en appui. La tentation du putsch militaire reste toujours vive. Elle pourrait gagner d’autres pays. La situation politique au Burkina Faso demeure tout aussi fragile.

L’échec de la montée en puissance européenne de Takuba

L’idée de mettre en place une opération européenne composée de forces spéciales européennes a, pour l’instant, échoué. La ministre des Armées a beau tous les trois mois bomber le torse et annoncer des arrivées futures. Force est de le reconnaitre : la France n’a pas réussi à convaincre, au-delà des premiers acteurs venus dès le début, Estoniens et Tchèques, rejoints ensuite par les Suédois, les autres contributions se font attendre. Les Italiens se font tirer l’oreille. Ni les Néerlandais ni les Belges ne comptent venir. Encore moins les Allemands, les Britanniques ou les Espagnols… Cela tient à plusieurs facteurs : la lenteur de mobilisation traditionnelle des Européens, un certain manque d’engouement pour un théâtre lointain et dangereux, etc. Mais il ne faut pas oublier aussi l’ambiguïté entretenue par les Français sur le commandement et les objectifs de Takuba. Le format ‘task-force‘ peine à convaincre. Ce n’est pas tout à fait une opération multinationale à part entière, mais une simple force dans un dispositif français.

La nécessité de convaincre les partenaires européens et de l’OTAN

Pour convaincre à la fois les responsables politiques et les élus nationaux des autres pays, il faut un format plus solide, plus multinational, plus africain. D’où la dissolution annoncée de ‘Barkhane’, trop connotée ‘OPEX à la française’ (1), destinée à renaitre sous un autre nom. En fait, on fusionne en une seule opération ‘Barkhane’, ‘Takuba’ et la force du G5 Sahel. Cette annonce (juste avant les sommets du G7 et de l’OTAN) a pour ambition, aussi, de convaincre les alliés de l’OTAN en premier lieu, et d’autres partenaires européens, et africains de rejoindre Takuba.

Le retrait US d’Afghanistan

Le retrait décidé rapidement par Joe Biden des Américains d’Afghanistan (qui entraîne celui des Alliés de l’OTAN) a joué également dans cette décision, un peu comme un exemple et une opportunité. Il ouvre à la fois un espace pour une nouvelle opération au Sahel — des effectifs militaires devenant ‘disponibles’ après être rentrés ‘à la maison’ — mais faisait aussi de Barkhane un symbole évident de l’interventionnisme militaire. Il fallait donc bouger les lignes.

L’échéance électorale

Enfin, il ne faut pas oublier la proximité de l’échéance électorale française de mai 2022. L’opération au Sahel n’a plus vraiment les faveurs des Français. Il était urgent de commencer un retrait en bon ordre, avant d’éventuelles nouvelles pertes inéluctables. Si celles-ci tombaient en pleine campagne présidentielle, elles ne pourraient pas être imputées uniquement à la fatalité…

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. D’où l’insistance du président de la République à tourner la page des opérations extérieures

Précisions sur certaines tournures de phrases et ajout de l’argument du retrait américain.

Exit Barkhane. Vive Takuba et EUTM Mali. Emmanuel Macron décide de faire bouger les lignes

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L’Alliance atlantique en pleine forme avec Joe Biden. La France prise à revers

Thu, 10/06/2021 - 18:05

(B2) Outre les retrouvailles avec le boss, le président américain Joe Biden, le sommet de l’OTAN, du 14 juin pourrait être le signal d’un nouvel élan pour l’Alliance atlantique. Si renforcement militaire et politique il y a, ce sera de manière classique. Au grand dam de ceux tels Emmanuel Macron, qui souhaitaient une vaste réforme de l’Alliance

Joe Biden pour ses premiers pas sur le sol européen en tant que président américain au Royaume-Uni (tradition oblige), devant les militaires de l’US Air Force de la base de Mildenhall (crédit : White House)

America is back, Nato is back

L’arrivée de Joe Biden est un signal important. Le retour des États-Unis à une position plus traditionnelle, plus prévisible rend la tournure des débats plus paisible, plus classique avec l’ensemble des Alliés. Ceux-ci pourraient ainsi s’empresser de retourner dans la position du foetus, confortable, placé sous l’ombrelle américaine. Les velléités d’un pilier européen dans l’Alliance, d’une refonte complète telle que le président français Emmanuel Macron l’avait sinon rêvée, du moins proclamée, sont en train de s’effondrer.

Finie l’agitation et la rivoluzione

Le président américain Joe Biden l’a dit clairement en arrivant sur le sol anglais, mercredi 9 juin, devant le personnel de l’US Air force rassemblé sur la base de la RAF de Mildenhall : « L’Alliance transatlantique reste une source de force vitale pour le Royaume-Uni, l’Europe et les États-Unis ». Quant à la clause de défense mutuelle : « l’engagement des États-Unis envers notre Alliance de l’OTAN et l’article 5 est solide comme le roc. C’est une obligation sacrée ». Il n’est plus ainsi question de mettre en doute cette clause comme avait semblé le faire son prédécesseur Donald Trump. Pas plus que n’est venu le temps de dresser « le bilan de l’Alliance », voire même de « pense[r] en propre la défense, la sécurité des Européens » comme le souhaitait le président français (lire : L’OTAN en état de mort cérébrale dixit Emmanuel Macron).

Les Alliés en position du foetus

Passé l’épisode Trump, la plupart des pays européens n’ont pas envie de révolutionner leur belle Alliance. Au contraire, ils veulent lui donner un coup de peinture, sans changer les fondamentaux. Les menaces sont à l’Est, voire éventuellement à l’extrême-Est (alias la Chine). L’Alliance doit être « globale » traitant à la fois les aspects militaires traditionnels (air, terre, mer et espace) et de nouveaux domaines : cyber, technologies disruptives, changements climatiques etc. Et l’OTAN doit être l’espace — le « forum » dit-on au QG de l’Alliance — où toutes les questions de sécurité doivent être débattues, au besoin en toute franchise. Bref, comme le dit le secrétaire général de l’Alliance, sans être vraiment contredit : l’OTAN doit être « forte militairement, politiquement plus forte » et unie.

Ce qu’il faut attendre du Sommet de Bruxelles de l’OTAN (14 juin 2021)

Paris rentre dans le droit chemin ?

Pour la France qui avait envie d’affirmer la place européenne dans la sécurité, ce retour aux fondamentaux n’est pas une très bonne nouvelle. Paradoxalement, du temps de Donald Trump, Paris occupait une place de choix et pouvait davantage donner de la voix. Malgré leurs différences, le Français libéral et l’Américain républicain, allaient dans le même sens, partageant le constat sur l’obsolescence de l’Alliance. Ce discours n’est plus dans l’air du temps. Et Paris va devoir donner des gages de bonne foi dans une Alliance recentrée, autour de son chef (à Washington), notamment sur l’augmentation des coûts communs de l’OTAN. Dans un grand dialogue engagé avec les Américains, la France ne pourra pas se battre sur tous les fronts : la position vis-à-vis de la Chine, la taxation des GAFA, l’engagement sur les vaccins Covid-19… et l’Europe de la défense. Au-delà des grands mots, celle-ci pourrait donc faire les frais des « retrouvailles » euro-atlantiques (1). Et avec elle l’ambition d’une « autonomie stratégique » largement idolatrée à Paris.

L’idée d’autonomisation européenne morte-née

Les Américains frappent déjà à la porte de tous les outils de défense de l’UE : la coopération structurée permanente, l’agence européenne de défense et le fonds européen de défense (FEDef). Avec un danger : l’alignement sur une seule planète de tous ces outils, officiellement autonomes. Le risque existe de voir se transformer le FEDef — sous couvert de compétitivité industrielle — en un outil permettant aux États membres de développer des capacités « interopérables » avec leurs équivalents américains (autrement dit servant leurs objectifs). L’autonomie stratégique européenne théorisée deviendrait alors encore plus difficile à atteindre. Autrement dit, on reviendrait à l’axiome traditionnel : le ‘hard défense‘ (défense côté militaire) et les orientations militaires à l’OTAN, le ‘soft‘ (industries, sécurité intérieure) à l’Union européenne.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. L’absence d’une réunion au sommet OTAN-UE, en marge du sommet même de l’OTAN, comme c’était devenu une habitude depuis Varsovie en 2016, tient beaucoup à l’agenda ‘serré’ de Joe Biden. Mais ce symbole illustre bien ce changement de tropisme.

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Dernières nouvelles des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE – PSDC (mai 2021)

Sun, 06/06/2021 - 19:35

(B2) Un entraînement sur des routes accidentées, un projet sur la protection du patrimoine, une nouvelle compagnie mobile de contrôle au frontières et une opération de déminage. Retour sur l’actualité du mois de mai au sein des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE-PSDC

Ras Ajdir (Libye). Aux frontières entre la Tunisie et la Libye

Ras Ajdir est le poste frontière avec la Tunisie « le plus fréquenté de Libye ». En moyenne, 5 000 personnes passent par là chaque jour, et parfois jusqu’à 11.000. La mission d’assistance frontalière à la Libye (EUBAM Libya) ne s’y était pas aventuré depuis 2014. Mi-mai, la première d’une série de visites a pu avoir lieu. D’autres sont prévues. L’enjeu est de mener une évaluation complète des besoins de ce poste, afin de savoir comment la mission peut aider au mieux les diverses agences libyennes de sécurité et de gestion des frontières sur place. Détails ici

Visite du poste frontière de Ras Ajdir, à 170 km de Tripoli, par le chef des opérations et des chefs des unités de gestion des frontières et de maintien de l’ordre (crédit : EUBAM Libya)

Irak. La sécurité passe aussi par la protection du patrimoine 

La mission d’assistance à la réforme du secteur de la sécurité (EUAM Iraq) se lance dans deux nouveaux projets. L’un porte sur la protection du patrimoine culturel, convoité par le crime organisé et le terrorisme pour ses atouts autre que culturels… (1) L’autre vise à la mise en œuvre d’un « concept professionnel de leadership stratégique de haut niveau et de gestion du changement de la réforme du secteur de la sécurité (RSS) » au sein du ministère de l’intérieur irakien. L’Allemagne vient d’apporter un soutien (financier) à ces deux projets. Détails ici

L’ambassadeur d’Allemagne en Irak, Ole Diehl, a signé les deux accords de projet avec le chef de la mission EUAM Irak, Christoph Buik. (crédit : EUAM Irak)

Kladanj (Bosnie-Herzégovine). Opération déminage

2,18 km². Le bout de terre n’est pas immense, mais vallonné, boisé et parsemé de mines… L’opération de déminage qui y a débuté début avril, prendra donc du temps. Elle ne se terminera qu’en mai 2022. Deux équipes de déminage manuel des forces armées de Bosnie-Herzégovine se chargent de la préparation mécanique du sol. Le général de division Alexander Platzer de l’opération militaire de l’UE de stabilisation en Bosnie Herzégovine (EUFOR Althea) s’est rendu sur place. Détails ici

(crédit : EUFOR Althea)

Kati (Mali). Sortie de route maîtrisée ! 

S’entrainer à la conduite hors route. Cela fait partie des cours pratiques suivis par douze sous-officiers de l’armée malienne (FAMa). La formation, de trois semaines, a été assurée par des instructeurs de la mission de formation de l’UE de l’armée malienne (EUTM Mali), à l’école de conduite de l’armée malienne de Kati, dans la région du Koulikouro. Détails ici

La conduite sur terrains accidentés ne s’improvise pas toujours… (crédit : EUTM Mali)

Niamey (Niger). Nouvelle compagnie mobile de contrôle des frontières

Afin d’assurer une meilleure surveillance de la frontière entre le Niger et le Burkina Faso, un protocole d’accord a été signé le 4 mai, pour la création de la troisième compagnie mobile de contrôle des frontières (CMCF) entre la mission de l’UE de soutien aux forces de sécurité intérieures (EUCAP Sahel Niger) et le ministère de l’Intérieur du Niger. Dans la phase initiale, l’Allemagne fournit un montant de 2,7 millions € pour une réalisation totale estimée à 10 millions €. Détails ici

(crédit : EUCAP Sahel Niger)

Kiev (Ukraine). Formation aux méthodes d’interrogatoire pour mineurs

La mission de conseil aux forces de sécurité intérieure ukrainiennes (EUAM Ukraine) a présenté ce mois-ci aux policiers et aux juges ukrainiens les meilleures méthodes pour interroger des mineurs dans le cadre de procédures pénales. Cette formation a été donnée par des experts de la police finlandaise spécialisés dans les enquêtes sur les crimes contre les enfants. L’événement en ligne a réuni des représentants des forces de l’ordre de la région de Kharkiv (deuxième plus grande ville d’Ukraine). Détails ici

Les experts de la police finlandaise (crédit : EUAM Ukraine)

Méditerranée. Assistance médicale à bord

L’assistance en cas d’urgence sanitaire en mer, c’est vital. Et c’est l’enjeu de accord signé entre l’opération européenne de contrôle de l’embargo vers la Libye (EUNAVFOR MED Irini) et la Fondazione Rava. Celle-ci va lui fournir du personnel médical, paramédical et de l’expertise. La première étape sera la dispense d’un cours BLSD (Basic Life Support and Defibrillation) en faveur du personnel du quartier général de l’opération. Détails ici

Le Commandant de l’opération IRINI, l’amiral Fabio Agostini, et Mariavittoria Rava, présidente de la  Fondazione Francesca Rava (crédit : EUNAVFOR Med Irini)

Golfe d’Aden. Premier exercice trilatéral tactique entre forces navales

20 heures durant, le navire amiral de l’opération de l’UE EUNAVFOR Atalanta, l’ITS Carabinier, le destroyer JS Setogiri de la force d’autodéfense maritime japonaise, les patrouilleurs des garde-côtes djiboutiens et la marine djiboutienne ont participé à un exercice conjoint en haute mer. Leur objectif est de renforcer les procédures tactiques entre les marines en cas de piraterie maritime. Sur le terrain, les équipes mettent déjà en pratique du renforcement souhaité par l’Union des activités conjointes pour promouvoir la sécurité maritime dans la région indo-pacifique. Détails ici

(crédit : EUNAVFOR Atalanta)

(informations recueillies par Emmanuelle Stroesser et Jean-Stanislas Bareth, st.)

  1. Lire aussi l’article paru sur B2 (La politique étrangère de l’UE s’envole au secours de l’héritage culturel) qui explique que la protection de l’héritage culturel doit être un moyen de gestion des crises et des conflits pour le service européen pour l’action extérieure (SEAE)

NB : Pour tout connaitre des dernières évolutions de la politique de défense européenne, n’hésitez pas à vous procurer la nouvelle ‘boîte à outils’ de la défense européenne, qui vient de paraître, ainsi que notre ouvrage de référence sur la PSDC

Lire aussi sur le B2 Pro (parus en mai) :

Et sur le blog : 

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La France stoppe sa coopération avec l’armée malienne. La task-force Takuba stoppée dans son élan (v2)

Fri, 04/06/2021 - 12:58

(B2) La France a décidé de suspendre sa coopération avec l’armée malienne que ce soit au niveau de l’opération Barkhane ou du conseil, afin de protester contre le coup d’État militaire, a fait savoir la ministre des Armées Florence Parly, jeudi (3 juin) en fin de soirée. Coup de bluff ou réelle volonté ? En tout cas, c’est un pari risqué

L’annonce française signifie un ‘stop’ à la task-force Takuba, et aux belles photos comme celle-ci avec les ministres de la Défense française (F. Parly), estonien (K. Laanet) et tchèque (L. Metnar) en visite au Mali (crédit : MOD Tchéquie)

Un avertissement à la junte militaire de Bamako

Ce message envoyé à certains journalistes, dans un communiqué non officiel (1), tient en trois éléments :

  • Des exigences et des lignes rouges ont été posées par la CEDEAO (communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et par l’Union africaine pour clarifier le cadre de la transition politique au Mali. Il revient aux autorités maliennes d’y répondre rapidement.
     
  • Dans l’attente de ces garanties, la France, après information de ses partenaires et des autorités maliennes, a décidé de suspendre, à titre conservatoire et temporaire, les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes ainsi que les missions nationales de conseil à leur profit.
     
  • Ces décisions seront réévaluées dans les jours à venir au regard des réponses qui seront fournies par les autorités maliennes.

Concrètement cela signifie que les militaires français de l’opération Barkhane entend continuer ses opérations anti-terroristes à travers le Mali, mais en ‘solo’, sans la coopération de l’armée malienne.

Les missions européennes continuent

Du côté de l’Union européenne, jusqu’à présent, il avait été décidé de poursuivre les missions de conseil et de formation de leur mission (EUTM Mali) de formation des FAMA, les forces armées maliennes, comme de celles dédiées aux forces de sécurité intérieure (EUCAP Sahel Mali). Le Haut représentant de l’UE, Josep Borrell, l’avait confirmé à l’issue de la réunion informelle des ministres de la Défense, vendredi dernier (28 mai), à Lisbonne (Lire : Coup d’État au Mali. Les Européens condamnent. La mission EUTM Mali continue).

… mais la situation est suivie de près, et la posture sera adoptée en conséquence

Aujourd’hui, après l’annonce française, la prudence semble être de mise. « Les deux missions PSDC qui ont un mandat non exécutif et ne sont pas impliquées dans des opérations conjointes, suivent de près l’évolution de la situation et adaptent leur posture en conséquence. Les prochaines étapes dépendront de l’évolution de la situation sur le terrain » a indiqué à B2 ce vendredi, Nabila Missrali, la porte-parole du Haut représentant de l’UE.

NB : précisons que la mission EUTM Mali est actuellement dirigée par un général espagnol, Fernando Gracia Herreiz, qui doit être relayé d’ici le 7 juillet par un général allemand Jochen Deuer. Tous deux membres de l’Eurocorps, le corps européen, basé à Strasbourg.

Quelques éléments de commentaires

Un second coup d’État très mal accepté par Paris

On peut remarquer la rapidité de décision entre l’annonce du coup d’État lundi (24 mai), le premier coup de semonce donné par le président Macron dans une interview au Journal du dimanche le week-end dernier, et cette annonce de l’arrêt. Le premier coup d’État avait été perçu, par plusieurs responsables européens et français, avec une espèce de soulagement, finalement. Car il mettait fin à un certain immobilisme et une certaine atonie du pouvoir central malien. Ce second coup d’État, en moins d’un an, menée par le colonel Goïta, est beaucoup moins bien perçu. Si la méthode du coup d’État militaire est condamnée, on peut remarquer les deux poids – deux mesures, entre ce coup d’État au Mali et ce qu’il faut bien appeler un coup d’État au Tchad.

La nomination de Maïga et le bourbier malien

Ce qui semble troubler l’Élysée est la proximité de certains militaires avec les milieux islamistes. L’annonce de la nomination de Choguel Maïga, le président du comité stratégique du M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques), réputé proche de l’imam conservateur Mahmoud Dicko, comme Premier ministre, ne réjouit pas précisément l’Élysée. Et cette annonce ressemble tout autant à une ‘sommation politique’ contre cette nomination que contre les auteurs du coup d’État.

La crainte d’un tir fratricide et le bourbier malien

Au plan strictement militaire, on pourrait craindre également des tirs fratricides dans le cas où un militaire malien en opération ou en formation ne retourne tout d’un coup ses armes contre ses camarades militaires français. Ce qu’on appelle dans la terminologie OTAN, des attaques ‘Green on blue‘. Une pratique très courante durant l’engagement en Afghanistan, plus rare au Mali. Décidément, le Mali commence véritablement à ressembler pour les Français à l’Afghanistan des Américains, un petit bourbier où il est facile de s’enliser. Avancer plus avant est difficile, reculer est compliqué, rester immobile est risqué…

La suspension de la task-force Takuba ou son arrêt ?

Au niveau européen, cette décision est un coup dur pour la task-force Takuba. Cette task-force qui associe des forces spéciales françaises et européennes aux forces maliennes, pour agir dans la zone des trois frontières au Mali, doit également stopper ses opérations. Elle pourrait même lui porter un coup fatal, si la décision se prolongeait. De nombreux pays européens étaient déjà réticents à venir se mettre dans le bourbier malien, dans une opération mise en place, conduite et dirigée par la France, sans réel contrôle ni d’une organisation internationale (OTAN, Union européenne…) ni d’un dispositif parlementaire. Cette suspension qui était nécessaire montre toute la fragilité d’un dispositif brinquebalant, ni vraiment national ni vraiment européen.

Opérer en solo dans un territoire étranger ?

Au plan interne du Mali, cette décision n’est pas sans risque pour la France. La contradiction est en effet assez intense. La France refuse de reconnaitre le coup d’état militaire, et le possible gouvernement civil qui en serait issu (s’il ne lui agrée pas), refuse tout contact avec l’armée régulière de ce pays, mais continue d’opérer de façon autonome sur un territoire qui n’est pas situé sous sa juridiction. Au plan des principes comme du droit international, la position est pour le moins difficilement tenable. Les dénonciations de quelques opposants maliens criant à la force d’occupation (qui n’avaient pas de réalité jusqu’ici) pourraient trouver là une base plus solide au plan politique (comme juridique).

Un coup de bluff risqué

Au niveau géopolitique, aussi le pari est risqué. C’est considérer que sans l’armée française, l’armée malienne va s’effondrer et ne pourra pas tenir. Une réalité certainement sur le terrain (au plan technique comme matériel). Mais c’est faire peu de cas de l’orgueil naturel de toute armée. C’est surtout ne pas tenir compte de l’environnement international. D’autres pays, tels la Russie toujours aux aguets dans l’Afrique noire (voire la Turquie), pourraient s’afficher à être prêts à reprendre le relais. Pour la Russie, la lutte contre l’État islamique — déclarée ‘organisation terroriste’ (comme prend bien soin de rappeler dans chacun de ses articles le site officiel Russia Today) — est aussi un objectif. Et les relations entre les militaires maliens et russes ne sont pas inexistantes. Au contraire, plusieurs de ses hauts gradés ont été formés en Russie (comme en France) d’ailleurs. De façon assez logique, devant ce coup de force de la France, les Africains pourraient être très tentés par cette alternative, sinon à court terme, du moins à moyen terme. Le coup de bluff d’Emmanuel Macron se retournerait alors contre la France : contrainte de rester pour contrer l’influence russe (comme en Centrafrique), ou de partir réellement…

(Nicolas Gros-Verheyde)

Une communication très étrange. La façon dont cette information a été répandue — un simple message envoyé par une boucle What's app — interpelle. La communication de la ministre française des Armées, Florence Parly, dirigée par Grégoire Devaux, a choisi ce mode de communication, moderne, mais sélectif et évanescent. C'est pour le moins très étonnant pour une nouvelle de cette importance qui aurait à tout le moins pu prendre la forme d'un communiqué écrit de la ministre des Armées, voire de l'Elysée, comme c'est l'habitude dans toutes les décisions opérationnelles (par exemple en cas de décès ou victime sur le champ de bataille). Un message what's app peut en effet se supprimer et reste privé, tandis qu'un communiqué écrit demeure.

Mis à jour (samedi 5.06) avec les deux derniers aspects du commentaire. Et réécriture de l’encadré)

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Au bilan d’Atalanta ces derniers mois

Fri, 04/06/2021 - 11:19

(B2) L’opération navale de l’Union européenne de lutte contre la piraterie et les trafics dans le golfe d’Aden et l’océan indien (EUNAVFOR Atalanta) vient de faire le bilan des cinq premiers mois de l’année, entre janvier et mai 2021

(crédit : EUNAVFOR Atalanta)

Sa frégate ITS Carabiniere (F-593) — qui est l’unique navire actuellement de l’opération — a protégé et escorté 78 navires du Programme alimentaire mondial (PAM), permettant l’acheminement de 76 520 millions de tonnes d’aide humanitaire vers la Somalie. Elle a mené 171 ‘approches amicales’ (Friendly Approaches). Quant à l’avion de surveillance maritime P-3M Orion, de la marine espagnole, a effectué 222 heures de vols de surveillance. Enfin, l’opération a conduit cinq opérations plus ciblées (focused Ops).

(ES)

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Nouvelle inspection en Méditerranée par le FGS Berlin

Thu, 03/06/2021 - 12:49

(B2) Le navire allemand de l’opération européenne de contrôle de l’embargo au large de la Libye (EUNAVFOR Med Irini), le FGS Berlin, a procédé mercredi (2.06) à une inspection sur le MV Nivin, un navire battant pavillon panaméen. Contrôle effectué en application des résolutions de l’ONU sur l’embargo sur les armes en Libye. « Rien de suspect n’a été trouvé et le navire a été autorisé à poursuivre son voyage » précise l’opération. (NGV)

(crédit : EUNAVFOR Med Irini)

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