Lors de son audition par le Sénat, le 1ᵉʳ février, avant de prendre ses fonctions de chef de l'US Pacific Fleet, l‘amiral Samuel Paparo Jr a dressé un tableau alarmiste de l’évolution du rapport de forces entre l'US Navy et la marine de l’Armée Populaire de Libération. "Nous ne sommes pas dépassés mais je n'aime pas la trajectoire prise", a concédé l'amiral, témoignant de l'inquiétude de la marine US face à une flotte chinoise qui aligne désormais 370 bâtiments (contre 291 pour l'US Navy) et qui va encore grossir.
Comme l'a aussi rappelé le sénateur républicain de l'Alaska, Dan Sullivan, " numériquement, (les Chinois) ont une marine plus importante que la nôtre (...). L'an dernier, ils ont fait entrer en service 30 bâtiments dont 15 navires de surface de type croiseur, destroyer et porte-avions. Nous, nous en avons ajouté deux". Et les projections ne sont guère meilleures: 135 bâtiments de plus pour la Chine en 2030! Aux navires s'ajoute une présence invasive des Chinois dans toutes les mers du monde, avec l'installation de points d'appui loin des bases continentales chinoises.
Au-delà du déséquilibre, c'est aussi la question de la protection des emprises US dans le Pacifique qui inquiète l'amiral. Sa priorité sera Guam, la position US la plus excentrée, où deux milliards de dollars seront investis pour bâtir une système de défense antiaérien.
Aux déclarations de l'amiral s'ajoute un long document du Congressional Research Service, intitulé "China Naval Modernization: Implications for U.S. Navy Capabilities—Background and Issues for Congress".
Ce document de 67 pages détaille les avancées chinoises et les type de bâtiments qui entrent en service. On le lira avec intérêt (texte et tableaux compris).
Petit point de production.
Le groupement momentané d’entreprises (GME) engin blindé multi rôles (EBMR), composé de Nexter, Thales et Arquus, a livré, l'an dernier, 123 véhicules Griffon et 22 véhicules Jaguar à la Direction générale de l’armement (DGA).
Le GME EBMR a notamment assuré en 2023 les premières présentations de Griffon Sanitaire (SAN) destinés au Service de santé des Armées. Dix exemplaires de cette version, qualifiée en 2022, seront livrés aux forces au cours du premier trimestre.
Par ailleurs, la DGA a qualifié, le 16 juin 2023, la version Véhicule d’Observation d’Artillerie (VOA) du Griffon et le 3e régiment d’artillerie de marine (3e RAMa) a perçu ses premiers exemplaires. Le Griffon VOA remplace le VAB OBS. Une quinzaine d'exemplaires ont été livrés.
Ces livraisons portent le total des véhicules livrés depuis 2019 à 575 Griffon et 60 Jaguar.
(B2) Un bateau de pêche yéménite, dénommé Emarat 2, a été détourné à 13 km au nord d'Eyl (Puntland) signalent les autorités maritimes samedi (23 décembre). Le dhow long de 17 mètres avait été vu pour la dernière fois se dirigeant vers le nord, le long de la côte yéménite la veille (22 décembre). Selon les autorités militaires, le navire pourrait être utilisé pour de futures attaques de piraterie. Cette attaque des pirates somaliens s'ajoutent aux nombreuses attaques par drone et missiles, ainsi que plusieurs approches « suspectes » signalées ces derniers jours entre Djibouti et le Yémen, dans le sud de la mer Rouge.
(B2) Face aux attaques désormais quotidiennes des Houthis sur les navires marchands dans le détroit de Bab el Manded, entre Yémen et Djibouti, et dans le sud de la mer Rouge, les Européens et Alliés renforcent leurs moyens dans la zone
Les Américains qui ont le 'lead' dans la zone ont demandé à leurs alliés de renforcer leurs moyens et leur patrouilles dans la zone. Du côté européen, plus que jamais, l'alerte est donnée. L'idée d'une coordination européenne a été lancée, notamment par le président français Emmanuel Macron lors du Conseil européen du 15 décembre (lire : [Actualité] Face à la menace Houthis, une coordination maritime européenne en mer Rouge ?).
Une frégate française en renfort
La frégate FREMM Languedoc rejoint l'opération européenne EUNAVFOR Atalanta. Cela permettra à l'opération « d'accroître la présence en mer Rouge et la capacité de partage d'informations avec nos partenaires de la sécurité maritime, notamment les forces maritimes combinées (CTF) » a confirmé à B2 un responsable de l'opération. Un soutien apprécié au moment de la recrudescence d'actes de piraterie des Somaliens (lire : [Actualité] Nouvelle alerte aux pirates dans le Golfe d’Aden. Un navire malto-bulgare capturé ?) comme des tirs et sommations des Houthis yéménites (cf. ci-dessous).
En soutien associé
La frégate sera en mode « soutien associé ». C'est-à-dire opérant dans le cadre du mandat d'EUNAVFOR, sous son autorité. Mais pas automatiquement de façon permanente. D'autres actions « pourraient ainsi être menées », mais dans le cadre de décisions et sous une chaine de commandement nationales.
Même si un soutien français à l'opération européenne n'est pas exceptionnel, ce n'est plus aussi régulier qu'en 2010 lors des temps critiques de la lutte anti-piraterie (1).
Un destroyer britannique dans la zone
Le gouvernement britannique a décidé de déployer le destroyer HMS Diamond (D34) dans la zone. Parti de Plymouth, fin novembre, il est venu ainsi rejoindre (et relayer) le HMS Lancaster, déployé dans la région l'année dernière pour sécuriser le golfe, et trois chasseurs de mines (le HMS Bangor, le HMS Chiddingfold le HMS Middleton et le navire de soutien auxiliaire de la Royal Fleet RFA Cardigan Bay). Navires déployés dans le cadre de l'opération permanente Kipion et sous le commandement de la composante maritime britannique (UKMCC) à Bahreïn.
Objectif : « renforcer les patrouilles de la Royal Navy » dans la région et « maintenir ouvertes les routes commerciales critiques » comme l'a expliqué le ministre Grant Shapps dans un communiqué. « Il est essentiel que le Royaume-Uni renforce sa présence dans la région, pour protéger la Grande-Bretagne et nos intérêts d’un monde plus instable et plus contesté. »
Les Allemands se tâtent
Les États-Unis ont demandé à la marine allemande si elle serait en mesure de fournir un soutien en mer Rouge. Mais la réponse à Berlin reste pour l'instant très floue, comme l'a noté notre collègue Thomas Wiegold de Augengeradeaus. Interrogé par la presse, vendredi soir (15 décembre), en marge d'une visite à la base aérienne de Wunstorf, le ministre de la Défense Boris Pistorius a été elliptique : « Nous étudions actuellement la demande et les options disponibles. Mais nous ne sommes pas encore au bout », a-t-il répondu à l'agence de presse DPA.
Les attaques continuent
Les attaques via drone ou missile, ou les sommations faites aux navires circulant dans la zone de se détourner de leur route pour aller dans un port yéménite, sont désormais quotidiennes.
Ce lundi (18 décembre), un tanker norvégien — apparemment le MT Swan Atlantic qui faisait route de France vers La Réunion selon son propriétaire— a été l'objet d'une approche agressive par trois petits bateaux avec du personnel armé à bord à 63 nautiques au nord-ouest de Djibouti. Attaque déjouée par un navire de la coalition maritime allié (américain), qui se trouvait à proximité. Un autre navire — apparemment le MSC Clara, un porte-containers battant pavillon panaméen — a aussi l'objet d'une attaque à 24 nautiques au nord-ouest du port yéménite de Mokha, signalant une explosion forte étant survenu à babord. Sans dégât au bateau ni aux hommes. Les Houthis ont revendiqué l'attaque sur ces deux navires.
Vendredi (15 décembre), le porte-conteneurs allemand Al Jasrah de la compagnie Hapag-Lloyd est touché par un missile. Un incendie se déclare à bord. Un coup de semonce en Allemagne au point que les armateurs comme certains responsables politiques demandent à l'Allemagne de s'engager dans la zone avec des navires. Le même jour, le destroyer britannique HMS Diamond abat un drone d'attaque présumé ciblant un navir dans la mer Rouge, détruisant la cible avec un missile Sea Viper (alias Aster), confirme la défense britannique.
La veille, jeudi (14 décembre), le porte containers danois MV Maersk Gibraltar (de la compagnie AP Moller-Maersk), qui navigue sous pavillon de Hong Kong, parti de Jebel Ali (Émirats arabes unis) vers Djeddah (Arabie Saoudite), est visé par un missile en mer Rouge. Le même jour, le porte-conteneurs MSC Palatium 3, naviguant sous pavillon libérien, est aussi touché par un missile, près du port yéménite de Mokha. Tandis qu'un autre navire de la compagnie, le MSC Alanya qui avait aussi pour destination Djeddah, est sommé par les Houthis de changer de cap.
Mercredi (13 décembre), c'était un chimiquier battant pavillon des Iles Marshall, le MV Ardmore Encounter (de la compagnie Ardmore shipping), qui avait subi une attaque combinée humaine et de missile. Les forces yéménites ont « d'abord tenté d'aborder le pétrolier via des skiffs. Cette tentative n’ayant pas abouti, deux missiles ont été tirés depuis les zones du Yémen contrôlées par les Houthis sur le navire. Elles ont tous deux manqué leur cible » raconte la marine US qui est intervenu. Enfin, alors qu'il répondait à l'appel de détresse, l'USS Mason (DDG 87) a « abattu un drone également lancé depuis les zones contrôlées par les Houthis Û qui se dirigeait vers le navire.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : [Actualité] La menace Houthis en mer Rouge continue. Un pétrolier norvégien atteint par un missile
Mis à jour : précisions sur les attaques du 18 décembre et du 13 décembre
(B2) Un navire battant pavillon maltais a été capturé par les pirates en plein Océan indien jeudi (14 décembre). Il a rejoint la côte somalienne suivi à la trace par la frégate espagnole de l'opération européenne Atalanta.
Le Centre d'opérations conjoint de la force navale de l'Union européenne (EUNAVFOR) a reçu jeudi (14 décembre) une alerte sur le détournement possible du MV Ruen, un cargo battant pavillon maltais et géré par une compagnie bulgare. L'incident s'est produit en plein Océan indien, à environ 500 Nautiques à l'Est de l'île de Socotra. Parti de Gwangyang (Corée du Sud) avec une cargaison de métaux, avec pour destination Gemlik en Turquie, il a été capturé, comme l'a confirmé son capitaine aux forces maritimes.
La frégate espagnole Victoria, a reçu l'ordre de mettre les moteurs et « se rapprocher le plus vite possible » du navire marchand. Objectif affiché : « recueillir davantage d'informations » et « évaluer d'autres actions ». Les forces maritimes combinées de la CTF sont également averties.
L'officier de sécurité de la compagnie affirme n'avoir plus de contact avec l'équipage. Le navire aurait mis le cap sur Bossaso en Somalie, dont il se trouve à environ 680 nautiques, selon les dernières indications.
Le 15 janvier, dès les premières heures, un avion de patrouille maritime indien a repéré le navire marchand, et réussi à établir des communications radio avec l'équipage. Les 18 membres de l'équipage se portaient alors bien, enfermés dans la citadelle. Mais, quelques heures plus tard, la situation a totalement changé. Les pirates avaient réussi à s'introduire dans la citadelle et fait prisonnier l'équipage.
Le 16 janvier, aux premières heures du 16, un navire de la marine japonaise, le destroyer Akebono (DE-201), sous le commandement des forces maritimes combinées (Combined Task Force 151), et le navire de la marine indienne, le destroyer INS Kochi (D64), sont arrivés à proximité du navire détourné, rejoignant le Victoria. Des échanges continus d’informations ont eu lieu entre les navires ^résents.
Au petit matin du 18 janvier, un membre de l'équipage du bateau piraté a dû être évacué vers l'INS Kochi, pour y être soigné. L'équipe médicale de la frégate espagnole restant « en soutien, disponible, si nécessaire » précise le QG d'Atalanta à Rota.
Mardi (19 décembre), selon les dernières informations, le MV Ruen se trouvait entre Eyl et la péninsule de Xaafun (Somalie). La frégate espagnole a pu le suivre en permanence, même à l'intérieur des eaux territoriales somaliennes, grâce à « une autorisation ad hoc accordée par le gouvernement fédéral somalien ». Dans l'après-midi, il a quitté la zone pour des raisons logistiques, dans l'après-midi.
(Nicolas Gros-Verheyde)
V2 - mis à jour avec les informations de suivi entre le 15 et 19 janvier
Lors de ses deux dernières auditions parlementaires, à aucun moment le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, n’a évoqué la participation éventuelle de l’Italie au programme MGCS [Main Ground Combat System / Système principal de combat terrestre], mené en coopération avec l’Allemagne. Et encore moins une possible « alliance stratégique » entre KNDS et un industriel transalpin. Et...
Cet article MGCS : Le ministère des Armées se « félicite » du partenariat stratégique entre KNDS et Leonardo est apparu en premier sur Zone Militaire.
Quand il fut déclaré pleinement opérationnel par l’amiral Pierre Vandier, alors chef d’état-major de la Marine nationale, en novembre 2022, l’avion de patrouille maritime Atlantique 2 porté au standard 6 n’avait pas encore toutes les capacités de détection qu’il était censé posséder. Pour rappel, grâce à ce nouveau standard, l’Atlantique 2 est passé au « tout...
Cet article La DGA a testé le déploiement des nouvelles bouées acoustiques SonoFlash depuis un Atlantique 2 est apparu en premier sur Zone Militaire.
Associée au développement du standard Mk3 de l’hélicoptère d’attaque et de reconnaissance Tigre, aux côté de la France et de l’Espagne, l’Allemagne a finalement décidé de retirer progressivement du service les 51 exemplaires encore en dotation au sein de ses forces armées [Bundeswehr], en expliquant que leur disponibilité était insuffisante. Pendant un temps, l’hypothèse d’un...
Cet article L’Allemagne commande 62 hélicoptères légers d’attaque H145M pour remplacer ses Tigre est apparu en premier sur Zone Militaire.
En août, l’annonce de la participation de Krauss-Maffei Wegmann [ou KNDS Allemagne], Rheinmetall, Leonardo [Italie], Saab [Suède] et Indra [Espagne] à l’appel d’offres « Future Main Battle Tank » [FMBT] lancé par la Commission européenne avait été perçue comme étant une initiative pouvant concurrencer le char franco-allemand de nouvelle génération devant être issu du programme MGCS [Main...
Cet article Le groupe franco-allemand KNDS et l’italien Leonardo s’allient pour le char de combat du futur est apparu en premier sur Zone Militaire.
En mars 2022, via son magazine interne, le Service de santé des armées [SSA] fit savoir que le remplacement de ses Land Rover Defender en version sanitaire [SAN] avait été « initié avec le programme « Véhicule léger tactique polyvalent non protégé version santé » [VLTP-NP SAN], qui est dédié au soutien de la mise en condition opérationnelle...
Cet article La Direction générale de l’armement a commandé 103 véhicules sanitaires auprès de Ford et de BSE est apparu en premier sur Zone Militaire.